Du 5 septembre au 16 octobre 2018, la Chapelle expiatoire à Paris présente l’exposition « Chauveau-Lagarde. Défenseur de Marie-Antoinette ». (Merci à Anne)
Ce superbe portrait est passé en vente aux enchères chez Maître Osennat en mars 2017. Il est dû à Césarine Davin-Mirvault (1773-1844) qui fut élève de David, la notice par Madame de Sabran dit qu’il fut longtemps non localisé.
Le défenseur au péril de sa liberté et de sa vie de Marie Antoinette et de Charlotte Corday (il avait été dénoncé par Marat) comme de Madame Élisabeth qu’il ne fut autorisé à voir que la veille du procès ou de Joséphine de Beauharnais et des Girondins, porte sa robe d’avocat et la Légion d’honneur de 1814. Il fut lui-même accusé de complot royaliste, condamné à mort par contumace.
Il est connu pour son grand talent, son esprit, son courage, son dévouement et sa modestie. Il était très apprécié de ses confrères et il fut président du conseil de l’ordre des avocats au Conseil du Roi et à la Cour de cassation sous la Restauration.
Devant la Cour de cassation en 1826 ils soutint la cause des hommes libres de couleur de Martinique.
Fils et descendants de perruquiers de Chartres il fut autorisé par ordonnance royale en 1815 à joindre les noms de ses deux parents. Louis XVIII l’anoblit en 1814.
Il eut la faveur de Charles X mais au début de la Restauration il fut critiqué par les Ultras pour ne pas avoir dans ses plaidoiries sous la Terreur suffisamment dénoncé les atteintes aux droits de la défense comme si l’on pouvait tout dire sous la Terreur.
Il est inhumé au cimetière du Montparnasse où les Amis de Marie-Antoinette ont fait restaurer sa stèle.
Sa descendance qui comprendrait le peintre Christian Chauveau-Lagarde (en ligne féminine je suppose car la ligne masculine semble éteinte) a fait verser ses archives aux Archives nationales où elles ont été recensées par Suzanne d’Huart.
Merci pour cette information.
Accusé d’avoir mis trop d’ardeur à défendre la Reine, il fut également chargé de la défense de plusieurs autres personnes dont Madame Elisabeth, Charlotte Corday, Madame Roland, égérie des Girondins…
Il échappa lui même plusieurs fois à l’échafaud.
Lagarde est le nom de sa mère qu’il fît rajouter à son patronyme. Ils se maria, à Chartres sous la Grande Terreur. Un de ses fils, Urbain est devenu juge à Paris.
Il a vécu jusqu’à l’âge de quatre-vingt cinq ans, je crois qu’il a écrit ses mémoires mais je ne sais pas si elles ont été publiées.
Quel courage eut cet homme , quelle intelligence et quelle finesse, aussi.
Etre avocat pendant la Révolution; oser défendre des causes pareilles, jugées d’avance : il en fallait du cran.
Quelqu’un qui fait honneur à sa profession, et à la Justice. Rare.
Non pas rare. La plupart des avocats font honneur à leur métier et à la justice mais évidemment heureusement ce n’est pas toujours au péril de leur vie.
D’accord, d’accord, Gérard. C’est … parfois … vrai. Selon mon expérience, pas souvent.
Idem pour les juges. Idem pour … les procureurs.
Entre autres : J’ai un jour salement affronté un jeune substitut , qui racontait en plein prétoire des c… plus grosses que lui . Je regrette encore aujourd’hui de ne pas l’avoir encore plus secoué, pour incompétence, interprétation tendancieuse des textes, et abus de pouvoir.
J’aimerais pouvoir dire la même chose que vous, mais, las …
Leonor, effectivement il fallait du cran à ceux qui ont défendu le Roi et la Reine et tous me l’ont pas eu. C’est ainsi que le premier choix du roi, Target, se récusât en prétextant le poids de ses 60 années alors que le second, Tronchet, pourtant âgé de six ans de plus acceptât. Quant à Malesherbes, 71 ans, il se portât volontaire en écrivant au président de la Convention : « J’ignore si la Convention nationale donnera à Louis XVI un conseil pour le défendre, et si elle lui en laissera le choix. Dans ce cas-là je désire que Louis XVI sache que, s’il me choisit pour cette fonction, je suis prêt à m’y dévouer ». Le troisième conseil, de Sèze, coopté par les deux précédents, fût celui qui plaida devant la Convention avec fougue tout en sachant que les jeux étaient quasiment faits : « je cherche parmi vous des juges, et je n’y vois que des accusateurs. Vous voulez vous prononcer sur le sort de Louis, et c’est vous-même qui l’accusez. Vous voulez vous prononcer sur le sort de Louis, et vous avez déjà émis votre voeu ». Il était à peine âgé de 45 ans.
Le roi qui lui aussi n’était pas dupe de l’issue du procès était très conscient du risque que prenait ses conseils. C’est ainsi qu’il écrivit à Malesherbes : « Votre sacrifice est d’autant plus généreux que vous exposez votre vie et que vous ne sauverez pas la mienne ». Seul Monsieur de Malesherbes perdit sa tête avec une grande partie de sa famille pour complicité avec les émigrés, tandis que pour avoir défendu le roi, de Sèze fit un an et demi de prison à la Force et Tronchet rentrât quelque temps en clandestinité pour échapper à un avis de recherche lancé contre lui.
On se souvient bien entendu des dernières paroles de Chrétien de Malesherbes lorsqu’il monta dans la charrette qui le conduisait à l’échafaud où il fut exécuté le même jour que sa fille, sa petite fille et son mari et deux de ses secrétaires. Son pied heurta une pierre et dans un demi sourire il dit : « Voilà un mauvais présage, à ma place un Romain serait rentré chez lui.»

Effectivement, mais son attitude stoïque face à ce qui les attendait, lui et sa famille, est tout à fait romaine. Je crois que sa sœur a été exécutée en même temps que Madame Elisabeth.
J’ai lu des documents écrits par Chauveau – Lagarde car, apparemment, les plaidoiries des avocats de la reine n’existent plus.
Procès inique où il fallait que la haine se déverse.
Si Chauveau- Lagarde défendait la reine contre l’accusation d’intelligence avec l’etranger, son confrère Tronson du Coudray la défendait pour les affaires intérieures.
Tous deux furent arrêtés à l’audience, interrogés et relâchés.
Chauveau – Lagarde fut encore incarcéré à la conciergerie pendant la terreur où, fort heureusement,on l’oublia.
Il eut donc la vie sauve mais, après le coup d’état du 18 fructidor an V, Tronson du Coudray,soupçonné de sympathie royaliste, fut envoyé en Guyane, où il décéda un an plus tard.
Quelques uns des juges de ce procès furent guillotinés et bien sûr l’affreux Fouquier Tinville fut du lot.
Na ! Dirait un enfant !
Antoine Fouquier-Tinville semble avoir été plus qu’affreux. Des travaux modernes l’ont donné pour sociopathe, ce qui reste débattable tant le terme est vaste mais repose sur l’alignement de l’histoire personnelle et des actes de cet homme, démontrant une large propension à la violence, des comportements désorganisés, une existence à la marge. J’imagine qu’un diagnostic post-mortem est complexe, sans doute même impossible. Une chose reste certaine, Antoine Fouquier-Tinville était sans doute dérangé, peut-être fou. Le lot de la plupart des révolutionnaires, sur cette période comme avant ou après.
Au moins la Reine a contemplé quelques heures avant sa Mort une belle âme et un beau visage Mâle. Elle qui avait tant aimé le Beau dans tous les arts !!
Si le mot courage a un sens !!!!
Cette période ignominieuse a néanmoins pu
faire ressortir certaines âmes
Il fallait un cran extrêmement grand pour défendre
une condamnée d’avance
Mary
25 août 2018 @ 10:07
Pas mal , le monsieur ! Il lui a sûrement fallu du courage pour défendre une reine que tous voulaient exécuter.
Gérard
25 août 2018 @ 10:21
Ce superbe portrait est passé en vente aux enchères chez Maître Osennat en mars 2017. Il est dû à Césarine Davin-Mirvault (1773-1844) qui fut élève de David, la notice par Madame de Sabran dit qu’il fut longtemps non localisé.
Le défenseur au péril de sa liberté et de sa vie de Marie Antoinette et de Charlotte Corday (il avait été dénoncé par Marat) comme de Madame Élisabeth qu’il ne fut autorisé à voir que la veille du procès ou de Joséphine de Beauharnais et des Girondins, porte sa robe d’avocat et la Légion d’honneur de 1814. Il fut lui-même accusé de complot royaliste, condamné à mort par contumace.
Il est connu pour son grand talent, son esprit, son courage, son dévouement et sa modestie. Il était très apprécié de ses confrères et il fut président du conseil de l’ordre des avocats au Conseil du Roi et à la Cour de cassation sous la Restauration.
Devant la Cour de cassation en 1826 ils soutint la cause des hommes libres de couleur de Martinique.
Fils et descendants de perruquiers de Chartres il fut autorisé par ordonnance royale en 1815 à joindre les noms de ses deux parents. Louis XVIII l’anoblit en 1814.
Il eut la faveur de Charles X mais au début de la Restauration il fut critiqué par les Ultras pour ne pas avoir dans ses plaidoiries sous la Terreur suffisamment dénoncé les atteintes aux droits de la défense comme si l’on pouvait tout dire sous la Terreur.
Il est inhumé au cimetière du Montparnasse où les Amis de Marie-Antoinette ont fait restaurer sa stèle.
Sa descendance qui comprendrait le peintre Christian Chauveau-Lagarde (en ligne féminine je suppose car la ligne masculine semble éteinte) a fait verser ses archives aux Archives nationales où elles ont été recensées par Suzanne d’Huart.
Marie-E
29 août 2018 @ 20:57
Merci pour ces précisions!
septentrion
25 août 2018 @ 11:45
Merci pour cette information.
Accusé d’avoir mis trop d’ardeur à défendre la Reine, il fut également chargé de la défense de plusieurs autres personnes dont Madame Elisabeth, Charlotte Corday, Madame Roland, égérie des Girondins…
Il échappa lui même plusieurs fois à l’échafaud.
Lagarde est le nom de sa mère qu’il fît rajouter à son patronyme. Ils se maria, à Chartres sous la Grande Terreur. Un de ses fils, Urbain est devenu juge à Paris.
Il a vécu jusqu’à l’âge de quatre-vingt cinq ans, je crois qu’il a écrit ses mémoires mais je ne sais pas si elles ont été publiées.
marianne
25 août 2018 @ 11:53
Ce fut un avocat très courageux ! Il échappa de justesse à la guillotine .
Muscate-Valeska de Lisabé
25 août 2018 @ 13:25
Personnellement, j’ai connu à Paris un descendant de Tronson du Coudray,autre avocat de Marie-Antoinette, je crois.
Gérard
25 août 2018 @ 22:16
En 1828 Charles X le nomma conseiller à la Cour de cassation.
Leonor
26 août 2018 @ 08:31
Quel courage eut cet homme , quelle intelligence et quelle finesse, aussi.
Etre avocat pendant la Révolution; oser défendre des causes pareilles, jugées d’avance : il en fallait du cran.
Quelqu’un qui fait honneur à sa profession, et à la Justice. Rare.
Gérard
26 août 2018 @ 10:58
Non pas rare. La plupart des avocats font honneur à leur métier et à la justice mais évidemment heureusement ce n’est pas toujours au péril de leur vie.
Leonor
29 août 2018 @ 09:41
D’accord, d’accord, Gérard. C’est … parfois … vrai. Selon mon expérience, pas souvent.
Idem pour les juges. Idem pour … les procureurs.
Entre autres : J’ai un jour salement affronté un jeune substitut , qui racontait en plein prétoire des c… plus grosses que lui . Je regrette encore aujourd’hui de ne pas l’avoir encore plus secoué, pour incompétence, interprétation tendancieuse des textes, et abus de pouvoir.
J’aimerais pouvoir dire la même chose que vous, mais, las …
Corsica
26 août 2018 @ 18:16
Leonor, effectivement il fallait du cran à ceux qui ont défendu le Roi et la Reine et tous me l’ont pas eu. C’est ainsi que le premier choix du roi, Target, se récusât en prétextant le poids de ses 60 années alors que le second, Tronchet, pourtant âgé de six ans de plus acceptât. Quant à Malesherbes, 71 ans, il se portât volontaire en écrivant au président de la Convention : « J’ignore si la Convention nationale donnera à Louis XVI un conseil pour le défendre, et si elle lui en laissera le choix. Dans ce cas-là je désire que Louis XVI sache que, s’il me choisit pour cette fonction, je suis prêt à m’y dévouer ». Le troisième conseil, de Sèze, coopté par les deux précédents, fût celui qui plaida devant la Convention avec fougue tout en sachant que les jeux étaient quasiment faits : « je cherche parmi vous des juges, et je n’y vois que des accusateurs. Vous voulez vous prononcer sur le sort de Louis, et c’est vous-même qui l’accusez. Vous voulez vous prononcer sur le sort de Louis, et vous avez déjà émis votre voeu ». Il était à peine âgé de 45 ans.
Le roi qui lui aussi n’était pas dupe de l’issue du procès était très conscient du risque que prenait ses conseils. C’est ainsi qu’il écrivit à Malesherbes : « Votre sacrifice est d’autant plus généreux que vous exposez votre vie et que vous ne sauverez pas la mienne ». Seul Monsieur de Malesherbes perdit sa tête avec une grande partie de sa famille pour complicité avec les émigrés, tandis que pour avoir défendu le roi, de Sèze fit un an et demi de prison à la Force et Tronchet rentrât quelque temps en clandestinité pour échapper à un avis de recherche lancé contre lui.
Gérard
27 août 2018 @ 20:17
On se souvient bien entendu des dernières paroles de Chrétien de Malesherbes lorsqu’il monta dans la charrette qui le conduisait à l’échafaud où il fut exécuté le même jour que sa fille, sa petite fille et son mari et deux de ses secrétaires. Son pied heurta une pierre et dans un demi sourire il dit : « Voilà un mauvais présage, à ma place un Romain serait rentré chez lui.»

Corsica
28 août 2018 @ 15:06
Effectivement, mais son attitude stoïque face à ce qui les attendait, lui et sa famille, est tout à fait romaine. Je crois que sa sœur a été exécutée en même temps que Madame Elisabeth.
Leonor
29 août 2018 @ 09:43
Merci pour ces récits documentés, Corsica et Gérard. Je connais assez mal la Révolution française.
DEB
26 août 2018 @ 09:37
J’ai lu des documents écrits par Chauveau – Lagarde car, apparemment, les plaidoiries des avocats de la reine n’existent plus.
Procès inique où il fallait que la haine se déverse.
Si Chauveau- Lagarde défendait la reine contre l’accusation d’intelligence avec l’etranger, son confrère Tronson du Coudray la défendait pour les affaires intérieures.
Tous deux furent arrêtés à l’audience, interrogés et relâchés.
Chauveau – Lagarde fut encore incarcéré à la conciergerie pendant la terreur où, fort heureusement,on l’oublia.
Il eut donc la vie sauve mais, après le coup d’état du 18 fructidor an V, Tronson du Coudray,soupçonné de sympathie royaliste, fut envoyé en Guyane, où il décéda un an plus tard.
Quelques uns des juges de ce procès furent guillotinés et bien sûr l’affreux Fouquier Tinville fut du lot.
Na ! Dirait un enfant !
DEB
26 août 2018 @ 10:52
Il fallait lire jurés et non pas jugés.
PataClems
27 août 2018 @ 11:19
Antoine Fouquier-Tinville semble avoir été plus qu’affreux. Des travaux modernes l’ont donné pour sociopathe, ce qui reste débattable tant le terme est vaste mais repose sur l’alignement de l’histoire personnelle et des actes de cet homme, démontrant une large propension à la violence, des comportements désorganisés, une existence à la marge. J’imagine qu’un diagnostic post-mortem est complexe, sans doute même impossible. Une chose reste certaine, Antoine Fouquier-Tinville était sans doute dérangé, peut-être fou. Le lot de la plupart des révolutionnaires, sur cette période comme avant ou après.
DEB
27 août 2018 @ 13:12
Oui je suis d’accord avec vous Pataclems.
Cyrille ROBERT
26 août 2018 @ 16:28
Au moins la Reine a contemplé quelques heures avant sa Mort une belle âme et un beau visage Mâle. Elle qui avait tant aimé le Beau dans tous les arts !!
Francois
26 août 2018 @ 17:24
Si le mot courage a un sens !!!!
Cette période ignominieuse a néanmoins pu
faire ressortir certaines âmes
Il fallait un cran extrêmement grand pour défendre
une condamnée d’avance
SEBASTIEN
22 septembre 2019 @ 23:06
Bel hommage a mon ancêtre