Du 14 octobre au 24 décembre 2014, le joaillier Verdura exposera plus de 150 de ses créations dans sa boutique au 745 de la Cinquième avenue à New York avec une scénographie de la styliste Carolina Herrera.
Né en 1898 au sein de l’aristocratie de Palerme, le comte Fulco di Verdura se lance dans la joaillerie avec succès et crée des modèles et accessoires pour Coco Channel. Installé ensuite aux Etats Unis où il ouvre sa première boutique au n° 712 de la Cinquième avenue le jour de la déclaration de la Deuxième Guerre Mondiale, il s’attire rapidement un clientèle de la Haute société newyorkaise comme les soeurs Cushing ou Diana Vreeland.
Il séduit aussi les stars de Hollywood et collabore sur une collection avec Salvador Dali.
Décédé en 1978, le comte avait remis ses affaires en 1973. Depuis la maison Verdura continue à occuper une place importante dans le monde de la joaillerie aux Etats-Unis.
En juin 1997, quelques semaines avant sa mort, la princesse Diana faisait une apparition lors de la présentation par la maison Christie’s de ses robes de soirée qui allaient être mises en vente aux enchères pour des oeuvres de bienfaisance.
La princesse portait ce jour-là des bijoux de Verdura dont ce bracelet en or et diamants. (Copyright photos : Verdura, corbis & DR)
Claudia
3 août 2014 @ 08:58
Je n’aime pas du tout ces créations, seul le bracelet porté par Diana n’est pas mal, et encore…
Danielle
3 août 2014 @ 09:51
Créations originales, j’aime bien.
Dominique Charenton
3 août 2014 @ 10:07
Extrait des souvenirs de Fulco Santostefano della Cerda duc di Verdura 1899-1978
in » Une enfance sicilienne » d’Edmonde Charles Roux
» A vrai dire, on aurait du mal à trouver ailleurs qu’en Sicile une assemblée de personnes comparables à celles qui inspiraient notre mythologie familiale . Parmi elles, il y avait la marquise de San Giorgio née della Cerda, connue pour ses singularités. Sa silhouette élancée était contredite par un visage cauchemardesque. Pas de quoi s’étonner, les membres de la casa Cerda, je l’ai dit ne brillaient pas par leur beauté, et le manque d’attraits de ladite personne était compensé par ses qualités d’esprit, la vivacité de ses ripostes, les mots spirituels dont on la savait capable . Il n’était pas facile de lui clouer le bec. Elle était de ces femmes dont on dit en Sicile qu’elles n’ont pas de poil sur la langue .
Sa vertu ne faisait aucun doute. Devenue veuve, elle ne se limita pas au port du deuil, elle refusa de suivre la mode et resta en crinoline tout le reste de sa vie, c’est à dire de 1861 jusqu’aux premières années de notre siècle. Jamais crinoline n’avait fait si longue carrière ! C’était un mérite de plus car son époux n’était qu’un bon à rien, un vrai coq de salon, toujours prêt à satisfaire ses furieux penchants avec la première femme venue, et de surcroît grand trousseur de cotillons ancillaires.
Le hasard, juste une fois , donna à la marquise l’occasion de s’en venger ( là, l’auteur raconte comment la marquise de San Giorgio alors qu’elle se promenait dans Palerme se fit « poursuivre » par son propre époux qui ne s’en rendait pas compte, contrairement à la marquise qui l’ayant reconnue le fit marcher jusqu’au moment où se trouvant dans une impasse elle dut se retourner à la grande
surprise de son mari qui avait cru sa bonne fortune arrivée et s’en trouva donc stupide ! )
….Je ne résiste pas à l’envie de raconter comment la même dame, décidément passée maîtresse dans l’art de surprendre acquit une réputation inquiétante auprès des paysans pour
avoir eu la fantaisie d’interpeller l’un deux qui passait à proximité de son jardin.
La marquise était assise sur le bord d’un bassin et jetait du pain aux poissons rouges. Un moissonneur « » avec ce masque d’indifférence orientale qui est la caractéristique du paysan
sicilien « » rentrait des champs en compagnie de son âne et de son chien. Elle l’arrêta et, s’adressant à lui en dialecte, lui dit avec un sourire affable :
– Dites moi, vous qui êtes un homme de la terre, il y a des choses que vous devez savoir et que je ne sais pas
– A vos ordres, Voscenza ( = Excellence )
– Eh bien voilà ! C’est une question que je me suis toujours posée,sans trouver la réponse. Que savez vous du sexe des poissons ?
– Des ânes et des chiens, je sais des choses et puis en rendre compte à Votre Excellence, si elle le désire, dit l’homme, en surmontant sa surprise, mais pour ce qui est des poissons….
( Unn u sacciu, ma si Voscenza vuole sapiri di scecchi e di cani ciu pozzo diri )
– Je ne suis pas aveugle, répliqua t elle. Le sexe des ânes et des chiens se voit bien assez comme ça….et je n’ai besoin de personne. Seul le sexe des poissons m’intéresse.
( Unn e ca sugnu orba di scecchi e di cani u pozzo vidiri, io vurrei sapiri di pisci )
Et l’homme continua sa route , sans doute au comble de l’ahurissement car rien ne peut être comparé à la stupeur d’un paysan sicilien devant lequel une dame fait allusion au sexe fût ce d’un
poisson .
…….La marquise de San Giorgio mourut comme elle avait vécu : comme personne.
Je ne sais plus quelle maladie l’avait clouée au lit pendant de nombreux mois. Elle était fort mal en point, bougeait à peine et ne pouvait plus parler. Ce triste état de santé posait à sa famille un
grave problème de conscience. Personne n’osait lui faire comprendre que le moment était venu de recevoir l’extrême onction. La difficulté venait de ceci : quelque piété qu’ait manifestée au cours de sa vie la marquise de San Giorgio, elle ne s’était jamais départie de ses superstitions. Toujours sur le qui vive et prête à exorciser le mauvais oeil, elle faisait les cornes à tout bout de champ et plus
particulièrement sur le passage des prêtres . A l’église, elle les jugeait indispensables et par conséquent des plus tolérables; rencontrés hors des lieux où ils remplissaient les devoirs de
leur charge, dans une maison ou dans la rue, les mêmes gens d’église devenaient porteurs du mauvais oeil, d’où la nécessité de les éviter et de se prémunir contre d’éventuels maléfices en fourbissant rapidement son arme : trois doigts repliés au creux de la paume, tandis que l’auriculaire et l’index, fermement pointés, imitaient deux cornes tendues en direction de la noire fatalité.
Mon père, encore tout jeunot, eut la témérité d’offrir ses bons offices pour aller affronter la formidable vieille dame. Offre aussitôt acceptée par le conseil familial. On le fit pénétrer dans la chambre. Sur un lit monumental, ruisselant de blancheur, reposait la terrible marquise sous une accumulation de lingerie et tout enveloppée de voiles, comme une fantomatique momie d’ivoire. Le seul signe de vie que donnât le corps de la malade,raide et figée dans son immobilité de statue, était son regard : deux yeux de diablesse, rapides comme l’éclair et d’un noir de charbon.
Un peu intimidé, son jeune visiteur prit place à son chevet, assis au bord d’une chaise . Ici se situe un monologue spectral.
Lui – Chère Zia, tu le sais, n’est ce pas que tu es très malade ?
Elle – ( imperceptibles signes d’exaspération comme pour dire : » Bien sûr que je le sais, pauvre crétin » )
Lui – Et pourtant ton docteur dit qu’il te trouve un peu mieux
Elle – ( nouvelle contraction des muscles du visage pour signifier : « Encore plus crétin que toi, celui là »
Lui – Nous avons pensé que pour remercier le Seigneur de cette amélioration , nous pourrions tous communier ensemble
Elle – ( rapide battement de paupières en signe d’assentiment )
Lui – Voilà qui va rendre tout le monde heureux . Je cours appeler le prêtre.
A ce mot fatal, le corps de la malade fut pris de tremblements, son visage prît une expression d’horreur, sa propre bouche de guingois laissa échapper des grognements furieux, elle roula des yeux, tandis qu’au prix d’un effort qui semblait surhumain, émergeait de la blancheur des draps une main décharnée qui faisait les cornes.
Lui – ( très décontenancé ) – Mais la communion , Zia tu veux la faire oui ou non ?
Elle – ( signes d’assentiment des paupières et cornes aussitôt rentrées à la main droite )
Lui – Ma come si fa ? Tu veux la communion, Zia et tu ne veux pas voir le…Et tu ne veux pas voir celui qui t’apporte à domicile la Sainte Hostie ?
Elle – ( expression mitigée comme pour signifier : « » tu n’as pas dit le mot, mais tu l’as dit quand même… » » Alors à tout hasard au prix d’un effort inouï, cornes à nouveau sorties à la main droite.
Lui – Zia, tu veux ménager la chèvre et le chou, hein ? Tu veux communier tout en évitant de voir certaine personne ?
Elle ( signes d’acquièsement des paupières)
Lui – Tu le sais, Zia, que tu es impossible ? A force de ne pas te forcer à voir….enfin à recevoir certaine personne, tu auras mal ménagé la chèvre et pas mangé le chou.Et nous tu nous fait tourner en bourrique.
Elle – ( esquisse d’un sourire énigmatique sur la pauvre bouche de guingois comme pour dire : « »Débrouillez vous ce n’est plus mon problème « »
Après des heures de discussion, de propositions et de contre propositions, le dilemne fut résolu au mieux. La solution adoptée par le conseil familial tenait compte avec lucidité et ironie des exigences de la religion et de celles de la superstition.
Un paravent fut transporté dans la chambre de la mourante, placé auprès de son lit et déployé selon un angle stratégique . Un prêtre invisible se retrancha derrière ce meuble, comme à l’abri d’une clôture. La communion fut donnée à l’intraitable marquise de San Giorgio au bout d’une longue gaule, pendant que l’assistance glissait dans ses prières des directives à l’intention du prêtre ( « » Trop haut « »…. » » Trop bas « »…. » » Plus à droite « » …. » » Plus à gauche « »… » » Dieu soit loué « »… » » Amen « » )
C’est par des traits de ce genre que l’on mesure ce qu’il y avait de violent et d’irrévérencieux dans nos rapports avec les gens d’église «
Dominique Charenton
3 août 2014 @ 10:09
Autre extrait :
Je n’ai jamais trouvé ailleurs qu’en Sicile une attention comme celle qui était portée chez nous aux disgrâces physiques de tel ou tel de nos parents. Cette franchise aurait été jugée en d’autres pays le comble de l’indécence, alors que chez nous il n’y entrait que froide ironie.
On parlait sans ambage de l’infirmité de la grand tante Giovannina,devenue par mariage comtesse Trigona, choisissant d’emblée les mots les plus crus pour décrire ce qui, en fait, était une pénible infirmité : elle avait une poitrine colossale. Une confusion sans appel m’envahissait et je rougissais jusqu’à la racine des cheveux lorsque j’entendais mes parents, ironiser sur des seins, qui à les en croire, se présentaient comme les deux énormes moitiés d’une gigantesque mappemonde. Pour tenir debout sans être entraînée en avant par le poids de ses avantages, notre grande tante devait réussir à ficeler ces massives protubérance, exercice exténuant qui équivalait à une demi heure de gymnastique, après quoi, elle comprimait fortement le paquet et parvenait à introduire l’ensemble dans le corset.
Une nuit, la comtesse Trigona fut éveillée par une odeur de roussi et s’aperçut que les courtines de son lit étaient en feu. Toutes sortes de détails étaient donnés sur la façon dont elle était parvenue à s’arracher de sa couche sans rien brûler de son opulente personne, et à actionner avec sang froid la sonnette. On louait la rapidité avec laquelle elle jugea qu’elle n’aurait jamais le temps de mener à bien l’opération d’empaquetage quotidien et comment elle alla, sans corset, titubante ( toujours à cause du poids énorme des deux moitiés de mappemonde ) jusqu’à l’autre bout de la chambre et là, comment elle avait eu l’idée simple mais magistrale de poser la masse des deux blocs sur la cheminée.
La famille parlait de la tante Giovannina face à la cheminée comme d’un monument historique.
La stabilité de sa position une fois reconnue, elle mit en oeuvre toute son autorité : « » Réveillez les enfants….Appelez les pompiers….Apportez des seaux d’eau….Pas de panique » » et sauva sa famille d’une mort certaine. A la lumière de certaines photos, on peut douter que son mari, Cicéron Trigona, lui ait été, en cette circonstance, de quelque secours que ce soit. Individu combien bizarre ! Parmi les documents que j’eus l’occasion de consulter, l’un deux représentait le comte Trigona en jaquette et chapeau de forme, assis sur son pot »
Cet extrait des souvenirs de Fulco Santostefano della Cerda, duc di Verdura 1899-1978, in Une enfance sicilienne par Edmonde Charles Roux me fait souvenir à une scène d’un film de Fellini : Amarcord
Pelikan du Danube
2 novembre 2022 @ 12:28
Je ne sais comment vous eûtes le courage de recopier tout cela mais vous avez bien fait ,ce livre (mis en forme par madame Edmonde) avait été conseillé ici et je l’ai tellement apprécié que je l’ai fait relier.
Mais je me permettrai de conseiller aussi de l’auteur du ”Guépard ” le ”professeur et la sirène ” et les nouvelles qui sont souvent publiées à sa suite .
Le professeur et la sirène nous emmène dans un monde poétique, esthète et sensuel que symbolise extrêmement bien les deux premiers bijoux présentés ; je trouve le tout premier absolument magnifique !
Dominique Charenton
3 août 2014 @ 10:13
voir aussi ce superbe ouvrage :
http://www.thamesandhudson.com/Verdura/9780500287200#seeInside
A wonderful evocation of long-gone elegance and art’
The exquisite creations of Fulco di Verdura stand out from the designs of other 20th-century jewelers for their exuberance and refined glamour.
His devoted admirers included Cole Porter and his wife Linda, Marlene Dietrich and Greta Garbo, along with prominent society figures such as the Duchess of Windsor, Diana Vreeland and Mona Bismarck. They not only collected Verdura’s jewelry but his wit and erudition were in great demand at their dinner tables.
Patricia Corbett documents Verdura’s fascinating career.
Born into the Sicilian nobility in 1898, he left his ancestral home in the mid-1920s, moving to Paris where he hoped to be a painter, but his true vocation was revealed once he began designing jewelry for the discriminating customers of Chanel.
The author has been given access to all of Verdura’s archives and has interviewed many of his surviving patrons. Wonderful colour photography, as well as illustrations of the celebrities who wore his pieces, convey the irresistible genius of his designs.
This book is also available from our USA website
Patricia Corbett is an art historian and curator. She was the European editor of Connoisseur and her articles have appeared in The New York Review of Books, Atlantic Monthly, Condé Nast Traveller and the New York Times. Amy Fine Collins is a Special Correspondent to Vanity Fair, where she writes about design, art, fashion, culture and society.
Caroline
3 août 2014 @ 21:52
Malgré le très beau travail du joaillier Verdura,je n’aimerais pas porter ses bijoux trop lourds pour moi!Par contre,j’apprécie le bracelet plus classique de Lady Di!
Shandila
4 août 2014 @ 12:49
Beaux bijoux, mais trop imposants, un peu lourds à mon goût, hormis le bracelet de Diana. J’admire le travail, l’originalité, mais même si j’avais les moyens de me les offrir, j’irai voir ailleurs.
Gérard
11 août 2014 @ 14:37
Merci Cher Dominique ne nous avoir ainsi transporté quelques instants à nouveau en Sicile, dans cette Sicile où rien n’avait changé. Amitiés à tous les amoureux de la Sicile et aux admirateurs de Fulco di Verdura, du prince de Lampedusa et de Visconti bien sûr et spécialement à Cosmo.