Du 3 septembre 2020 au 3 janvier 2021, le château de Chantilly présentera l’exposition « La fabrique de l’extravagance. Porcelaines de Meissen et de Chantilly ». En voici le descriptif : « Le XVIIIe siècle fut celui de la course à la porcelaine, considérée comme un « or blanc ».
Deux princes, Auguste le Fort, électeur de Saxe et roi de Pologne, et Louis-Henri de Bourbon, prince de Condé, premier ministre du roi Louis XV, atteints de la même « maladie de la porcelaine » et amateurs de céramiques importées à grand prix depuis l’Extrême-Orient, souhaitèrent tour à tour créer leur propre manufacture pour rivaliser avec les productions asiatiques et, ce faisant, asseoir leur prestige tout en assouvissant leur passion.
C’est cette histoire comparée et inédite de deux des plus importantes fabriques de porcelaine de la première moitié du XVIIIe siècle, celles de Meissen et de Chantilly, qui sera explorée au Domaine de Chantilly.
Pour la première fois, une exposition d’ampleur se propose d’éclairer le dialogue entre des productions qui ont marqué les arts décoratifs du Siècle des Lumières. Organisée au sein des prestigieux Grands Appartements du château, datant eux-mêmes du XVIIIe siècle, et servie par une scénographie spectaculaire de Peter Marino, elle permet d’admirer des pièces d’une virtuosité technique rarement atteinte et d’une somptuosité assortie à la légèreté du siècle de l’art de vivre.
La rareté, l’exotisme de leurs formes et de leurs décors, la translucidité et la pureté de leur blancheur rangeaient les porcelaines parmi les objets les plus recherchés des amateurs de la première moitié du XVIIIe siècle. Grâce aux importations de porcelaines chinoises puis japonaises effectuées majoritairement par la Compagnie hollandaise des Indes orientales, les productions asiatiques emplissaient les boutiques des marchands merciers et les cabinets des collectionneurs.
C’était le cas à Dresde et à Chantilly, chez nos deux princes collectionneurs. L’exposition donnera à voir parmi les plus beaux exemplaires de porcelaines asiatiques amassés par Auguste le Fort, encore conservés à Dresde. De même, pour la première fois, les plus belles porcelaines chinoises et japonaises présentes à Chantilly jusqu’à la Révolution française vont revenir au château, dans les lieux mêmes où le prince les disposait avec goût.
Nos deux princes collectionneurs ne s’arrêtèrent pas là et voulurent à leur tour créer leur propre fabrique. Meissen, en Saxe, fut ainsi la première manufacture à produire de la porcelaine à pâte dure en dehors de la Chine et du Japon, dès 1710. Lorsque la manufacture de porcelaine tendre de Chantilly fut créée en 1730, sous le patronage du prince de Condé, c’était d’ailleurs pour entrer en compétition avec la grande fabrique à succès de l’époque, celle de Meissen.
L’esthétique développée par Meissen et Chantilly était résolument tournée vers l’Extrême-Orient: ces manufactures jouèrent un rôle de premier plan en faveur du développement de la chinoiserie dans le domaine des arts décoratifs. La porcelaine, matière exotique par excellence, en était l’un des principaux vecteurs.
À Chantilly comme à Meissen, c’était notamment aux productions japonaises de style dit Kakiemon qu’il fallait faire référence, avec des motifs japonisants stylisés, disposés sans symétrie ni perspective, mettant en valeur la blancheur de la porcelaine.
L’exposition s’attardera sur ces échanges incessants avec les modèles asiatiques, sur le dialogue entre les productions de Chantilly et de Meissen, mais aussi sur la créativité de ces dernières, qui s’appuyait également sur des recueils de modèles. Des assemblées de riantes pagodes, ces statuettes d’inspiration bouddhique bedonnantes et hautement exotiques, inviteront le visiteur – à l’instar de l’amateur du XVIIIe siècle – à une Chine de fantaisie.
Les animaux n’étaient pas en reste : les singes de porcelaine regagneront leur singerie, tandis qu’une ménagerie et d’extraordinaires volières de porcelaine vont susciter la surprise et l’émerveillement des visiteurs.
Ce sera un véritable événement que de voir présentés à Chantilly parmi les objets les plus spectaculaires du siècle, les oiseaux en porcelaine de Meissen grandeur nature créés par les Johann Joachim Kändler, provenant de la galerie des animaux d’Auguste le Fort au Palais japonais de Dresde, et exceptionnellement prêtés par les Staatliche Kunstsammlungen de Dresde et le musée national de Céramique de Sèvres.
L’histoire de la porcelaine est aussi celle du commerce du luxe. Bien des marchands merciers parisiens vendaient à la fois les productions de Chantilly et de Meissen, les acclimatant au goût des amateurs par le biais de montures en bronze doré. On combinait porcelaines de Chantilly ou de Meissen avec de riches montures en bronze doré et des fleurs en pâte tendre, montées sur des tiges métalliques, pour former pendules, cartels, écritoires, flambeaux, fontaines, etc.
D’éminents collectionneurs particuliers ont prêté leurs plus belles pièces montées pour permettre de se plonger dans un univers de luxe et de raffinement, où le goût de l’objet d’art fut porté à son sommet.
Le château de Chantilly conserve le décor unique en France des appartements du prince de Condé qui créa la manufacture de Chantilly. C’est dans ces pièces rocaille, aux boiseries blanches et or, que sont exposées les porcelaines, sur un mobilier d’époque de premier ordre, comme au temps des princes. Le visiteur sera ainsi invité à une expérience de visite immersive, pour découvrir, voire apprendre à apprécier, des pièces qui prennent tout leur sens dans leur environnement de présentation originel.
Le grand architecte new-yorkais Peter Marino a mis toute sa créativité pour servir cette ambition et imaginer une scénographie extravagante, inspirée par les dispositifs de présentation d’époque.
Grâce aux prêts de musées nationaux et internationaux, et d’un grand nombre de pièces exceptionnelles provenant de collections privées, l’exposition, par ailleurs l’une des seules jamais consacrées en France à l’extraordinaire production de la manufacture allemande de Meissen, permettra de redécouvrir des trésors d’art et de technique, et de s’immerger dans un monde aussi extravagant que raffiné. » (merci à Bertrand Meyer)
Régine ⋅ Actualité 2020, Châteaux, Expositions, France, Saxe 5 Comments
Ghislaine-Perrynn
18 juin 2020 @ 08:02
la technique était très élaborée , le résultat parfois surprenant mais à Chantilly pourquoi pas ?
ciboulette
18 juin 2020 @ 14:33
Qu’est – ce que ça représente exactement ?
ciboulette
18 juin 2020 @ 14:34
Ah oui, » un oiseau au long bec emmanché d’un long cou ! «
Gilan
18 juin 2020 @ 18:39
La pendule au rhinocéros photographiée sur ce site est absolument splendide, Sotheby’s a vendu une oeuvre similaire le 16/06/2020 à vrai dire sans rien à voir sauf la grosse bête.
https://www.richardreddingantiques.com/sold/categories/5/9554/
Hervé J. VOLTO
20 juin 2020 @ 16:49
Rapportée par les Italiens qui la rapportent de Chine au XV° siècle, la porcelaine est entré du patrimoine artisitiqe Français.Considérée comme « l’or blanc » du XVIIIe siècle, la porcelaine est désirée par les plus grands princes de l’Europe baroque. Les techniques de fabrication de la porcelaine atteignent leur perfection en France, à Limoges, au XVIII°siècle.
L’oiseau au long bec emmanché d’un long cou semble rapporter à une fable de la fontaine…