Exposition “Le goût de Marie Leszczynska” dans les appartements de la Dauphine à Versailles. Voici le descriptif donné par le communiqué de presse : « Au cours de ses 42 années passées à Versailles, Marie Leszczyńska a fortement influencé l’aménagement du Château ainsi que la vie artistique de son époque. De quoi inspirer cette exposition dédiée, actuellement ouverte au public.
S’il ne reste que peu de traces de ses 42 années passées au Château – la plupart d’entre elles ayant été effacées par les aménagements de Marie-Antoinette – l’épouse du roi Louis XV s’y est pourtant affirmée à travers ses commandes artistiques ou encore la création d’espaces privés.
L’exposition rassemble une cinquantaine d’œuvres, peintures et objets d’art provenant en majeure partie des collections du Château, dont plusieurs acquisitions récentes et de première importance pour le musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, afin d’illustrer l’évolution de son goût personnel tout au long de son règne et ainsi, mieux la connaître.
Durant tout son règne, Marie Leszczyńska se plie aux impératifs du cérémonial dans le Grand appartement de la reine, s’appliquant à toujours mener une vie exemplaire dénuée d’intrigues. En ce qui concerne l’aménagement même du Château, elle souhaite, dès 1725, mettre sa chambre au goût du jour : des boiseries, exécutées par Vassé, prennent place au-dessus de la cheminée dont on renouvelle le marbre par le choix d’un sarrancolin.
Quant aux virtuoses Verbeckt, Dugoulon et Le Goupil, ils sculptent le décor entre les fenêtres. Les dessus-de-porte, toujours en place aujourd’hui, sont commandés pour la Reine en 1734 : par Jean-François de Troy, La Gloire des princes s’empare des Enfants de France, figurant le Dauphin et ses deux sœurs aînées, et par Charles-Joseph Natoire, La Jeunesse et la Vertu présentent les deux princesses à la France.
En 1735, le plafond est repeint : Apollon au milieu des Heures par Gilbert de Sève disparaît au profit d’un décor géométrique orné des chiffres entrelacés du couple royal. Au même moment, la Direction des Bâtiments du Roi, sur ordre de Louis XV, demande à François Boucher d’orner les voussures de quatre grisailles représentant des Vertus : La Prudence, La Piété, La Charité et La Libéralité. Mais Marie Leszczyńska doit attendre près de trente ans pour qu’en 1764 la dorure, si fanée, soit restaurée sous la direction de François Vernet.
Derrière son appartement de parade, la reine qui aspire à vivre, ne serait-ce que quelques heures par jour, en simple particulière, fait aménager des cabinets privés où elle se retirait plusieurs heures chaque jour pour prier, méditer, lire et recevoir son cercle le plus intime.
Marie Leszczyńska éprouve une attirance particulière pour la Chine. En 1747, elle installe un Cabinet chinois dans son « laboratoire », au cœur de son appartement intérieur. Elle décide, dès 1761, de le remplacer par un ensemble de toiles dit Cabinet des Chinois. Les tableaux sont exécutés par cinq peintres du Cabinet du roi : Coqueret, Frédou, de La Roche, Prévost et Jeaurat, ainsi que par la reine elle-même. Ces toiles montrent une Chine pittoresque, inspirée des recueils de voyageurs au pays de Cathay. Préparation du thé, évangélisation des Chinois par les Jésuites, foire à Nankin… sont autant de thèmes abordés par ces représentations. Architectures, costumes et paysages y sont décrits avec minutie ; la perspective à vue d’oiseau s’inspire de la peinture chinoise
Durant les quinze dernières années de son règne, se développe en France un nouveau courant artistique, connu dès le XVIIIe siècle sous le nom de goût « à la grecque ». Ce courant qui constitue la première phase du mouvement néoclassique se fonde sur le rejet des formes de la rocaille jugées démodées, sur un retour affiché à la simplicité de l’antique et sur l’usage d’un répertoire décoratif et de thèmes puisés dans l’art grec. La Reine participe à sa manière à ce mouvement.
En 1753, elle commande, par exemple, à celui qui doit devenir le chef de file de ce style dans le domaine de la peinture, Joseph Marie Vien (1716-1809), un dessus-de-porte pour son cabinet, représentant Saint François-Xavier arrivant en Chine. Plus tard, en 1766, elle confie à Richard Mique (1728-1794) la réalisation d’un projet qui lui tient particulièrement à cœur : la construction à Versailles du couvent de chanoinesses de Saint-Augustin, dédié à l’éducation des jeunes filles (actuel lycée Hoche).
Le plan choisi pour la chapelle du couvent est celui d’une croix grecque, inscrite dans un carré précédé d’un portail d’entrée, orné d’un péristyle à colonnes ioniques, surmonté d’un fronton triangulaire. La chapelle est achevée après la mort de la Reine grâce à la détermination de sa fille, madame Adélaïde.
La manufacture royale de porcelaine de Sèvres adopte également dès le début des années 1760, le nouveau style dans le domaine des pièces de service comme dans celui des vases et de la sculpture. Étienne- Maurice Falconet (1716-1791), responsable de l’atelier de sculpture de 1757 jusqu’en 1766, donne de très nombreux modèles de biscuits et de vases, d’allure néoclassique.
Par ses aménagements architecturaux, ses goûts et par dessus tout sa façon d’être reine, Marie Leszczyńska a opéré, à sa manière, une révolution discrète. » (Source : Château de Versailles – Copyright photo : EPV/Th.Garnier)
Robespierre
20 avril 2019 @ 06:26
ces appartements sont bien vides, et on ne voit pas le décor où Marie L. a vécu. Ses meubles et objets personnels. On voit des tableaux sur les murs mais rien de personnel. Les parquets sont magnifiques.
Leonor
20 avril 2019 @ 07:52
Bravo pour cet article de si bonne tenue. Merci .
Antoine
20 avril 2019 @ 09:26
Article très intéressant. Reine discrète, pieuse, vertueuse, irréprochable et intelligente. Elle a souffert en silence des infidélités de son époux qui lui vouait beaucoup de tendresse et de respect. Mais pour un coeur aimant comme le sien, ce ne devait pas être suffisant. L’amour divin l’a comblé au-delà de l’humain.
Alinéas
20 avril 2019 @ 14:04
Un grand merci pour cet article fort bien détaillé !!!
Francois
21 avril 2019 @ 07:02
Une femme discrète qui resta effacée
Mais qui éleva une tres nombreuse progéniture
Elle avait son cercle mais n’intrigua jamais
Chose étonnante elle aimait jouer
Il lui arrivait de perdre pas mal
Elle jouait à Cavagnole
Robespierre
21 avril 2019 @ 22:56
Et elle aimait aussi manger, parfois comme un goinfre. Le nombre de plats qu’elle engloutissait est ahurissant; Mais c’était une gentille femme et elle n’a jamais fait de mal à personne (sauf à son foie).
Juliette
21 avril 2019 @ 12:48
Merci pour ce descriptif de cette exposition. Le Trianon accueille régulièrement de fort intéressantes expositions. Aller les voir est aussi l’occasion de revoir les magnifiques jardins et certains lieux choisis du château.
Clara
21 avril 2019 @ 13:58
Elle n’eleva elle-même quasiment aucun des membres de sa propre progéniture. Une partie fut expédiée au couvent et le reste donné aux gouvernantes, gouverneurs et autres responsables… Son job à elle était tout autre.
Antoine
22 avril 2019 @ 09:45
Dans les villes, dès l’instant où l’on avait une petite aisance, on n’élevait pas non plus ses enfants chez soi. Ils étaient mis en nourrice à la campagne où l’on pensait le lait meilleur et l’air plus pur. Le rapport à l’enfant au XVIIIe siècle était très différent de ce qu’il est de nos jours. Jusqu’à une époque récente, si l’on habitait la campagne les enfants étaient également internes durant de longues années. C’est ce qui m’est arrivé et je ne me suis pas pour autant senti abandonné.
Leonor
22 avril 2019 @ 13:15
Marie Leczinska. Un destin improbable.
Fille d’un ex-roi polonais privé de sa Pologne lors d’un tric-trac politique européen, et à qui on donna la Lorraine en compensation, ce qui nous vaut la splendide place Stanislas de Nancy, le non moins délicieux baba au rhum, et les petites madeleines .
Dauphine de France par défaut et à défaut d’autres candidates politiquement potables. (*)
Mais néanmoins fort bonne personne.
Le dauphin en question , futur Louis XV, ne lui en fit pas moins dix enfants en dix ans. Ce qui était courant à l’époque, mais néanmoins exténuant. Harassée, la brave dame fit savoir à son Bien-Aimé que ça allait bien comme ça et qu’il pouvait momentanément aller se faire cuire un oeuf. Le beau Louis ne se le fit pas dire deux fois, et s’en alla visiter quelques poulaillers, habitude dont il ne devait jamais plus se départir.
On eut ainsi Mme de Pompadour, puis Mme du Barry, entre autres bien entendu, dont la délicieuse Mademoiselle O’Murphy au popotin si douillettement rembourré.
Aussi inspirée en matière gastronomique que son père , Marie inventa la Bouchée à la Reine, pour récupérer son roi, dit la légende, à l’aide de ce puits d’amour culinaire . Il ne semble pas que la stratégie ait eu du succès, vu l’allongement ultérieur de la liste des maîtresses du roi, proportionnel à l »élargissement de la taille de la reine.
Néanmoins, ils restèrent bons amis, chacun des deux vaquant à ses occupations préférées.
(*) C’est un lundi de Pâques que le roi Stanislas reçut un courrier du duc de Bourbon, qui lui demandait sa fille en mariage au nom de Louis XV . ( Source: Wkpd)
Jean Pierre
22 avril 2019 @ 20:09
Bien avant de lui donner la Lorraine, un brave bougre l’hebergea pendant 5 ans à Wissembourg. C’est là qu’arriva l’improbable demande en mariage.
C’est aujourd’hui le collège…..Stanislas.