Le Mobilier National présentera l’exposition « Palais disparus de Napoléon » à la Galerie des Gobelins du 15 septembre 2021 au 15 janvier 2022 et vous fera redécouvrir les Tuileries, Saint-Cloud et Meudon.
Le catalogue de l’exposition. (merci à Anne)
Beque
10 mai 2021 @ 08:41
La « semaine sanglante » sous la Commune eut lieu du 21 au 29 mai 1870. Le mobilier des Tuileries est emporté entre le 6 et le 8 mai 1871. Les gardes nationaux y donnent des concerts. Le 22 mai, les Fédérés occupent le palais et l’incendient, le 23, après y avoir déchargé du pétrole, du goudron liquide, de l’essence de térébenthine et de la poudre. L’incendie s’arrêtera le 27. Les planchers, les lambris, les combles du palais sont partis en fumée mais les murs ont résisté. Le jardin reste un lieu très fréquenté. Haussmann qui voulait restaurer seulement le pavillon central pour y établir la bibliothèque nationale s’oppose à la reconstruction du palais. Ses ruines sont maintenues telles quelles pendant 8 ans et, finalement, mises aux enchères en 1882. Elles sont achetées pour 33.000 francs par Picard, un entrepreneur de démolition, qui organise, jusqu’en 1884, un négoce de pierres, de vestiges et de fragments de façade. « Le Figaro » acquiert les marbres des cheminées qu’il fera débiter en presse-papiers pour ses abonnés ; le couturier Worth achète fenêtres, portiques et colonnes pour son jardin de Suresnes ; Jérôme Pozzo di Borgo fait construire son château de la Punta en Corse avec des fragments des Tuileries et de l’Hôtel de Ville. Charles Garnier emporte des fragments pour sa villa de Bordighera.
Beque
10 mai 2021 @ 11:23
Napoléon mit le château de Meudon à la disposition de Madame Mère, en juin 1811. Durant l’été 1812, la reine de Westphalie, épouse de Jérôme Bonaparte, séjourne à Meudon avec Madame Mère. Elle fit un nouveau séjour du 24 mars au 14 novembre 1813. Il semble que le roi Jérôme y vint souvent puisque je lis dans des mémoires familiales : « j’accueillis avec bonheur une invitation du prince [le roi Jérôme} qui me disait de venir à Meudon passer huit jours avec mon mari. La vie à Meudon était fort agréable. La princesse Clotilde était là et c’était pour être avec elle que le prince m’avait invitée. Nous faisions beaucoup de parties de volant puis, tout à coup, elle disparaissait. Elle était allée dire ses oraisons. Le prince était enchanté d’avoir sa belle-fille chez lui. On était en toilette décolletée et le jardinier portait dans nos chambres de magnifiques fleurs que nous mettions sur nos têtes et nos corsages ».
Gérard
10 mai 2021 @ 18:59
Merci à Anne et merci à Beque.
Beque
10 mai 2021 @ 21:41
Merci, Gérard. Un de mes amis m’a confié le journal de son ancêtre dont l’époux était officier d’ordonnance du Prince Napoléon (Plon-Plon) et sénateur. Il avait rendu visite à Napoléon III en Angleterre et assisté aux funérailles de celui-ci ainsi qu’à celles du Prince Impérial. C’est un document unique, il me semble.
Gérard
11 mai 2021 @ 15:39
C’est formidable et très émouvant.
Beque
10 mai 2021 @ 22:03
Après les palais des Tuileries et de Meudon, je termine par celui de Saint-Cloud.
Marie de Médicis offre en 1577 à Jérôme de Gondi, financier florentin, une maison à Saint-Cloud dans laquelle Henri III sera assassiné par Jacques Clément. Autour de cette maison il fait bâtir un château avec vue sur la Seine. Le domaine passe ensuite, en 1635, à Barthelemy d’Hervard qui l’agrandit. En 1685, Monsieur achète le château et en fait une résidence fastueuse. Deux ailes abritent l’une la Galerie d’Apollon, décorée par Mignard, l’autre les salons de Venus, de la Vérité et de Mercure décorés par Lemoyne et Coypel. Le Notre dessine les parterres et Le Pautre construit la Grande Cascade. C’est au château de Saint Cloud que meurt, le 30 juin 1670, Henriette d’Angleterre. A la mort de Monsieur, Saint Cloud devient la propriété du Régent qui y reçoit Pierre le Grand en 1717. En 1785, Louis XVI offre le château à Marie-Antoinette qui confie à Mique le soin d’édifier une nouvelle chapelle et de renouveler le décor des appartements privés.
A l’issue des Cent Jours, le palais est occupé par le maréchal Blücher. Il tient sa vengeance en s’essuyant les pieds sur les rideaux. Il n’avait jamais accepté la double humiliation de l’invincible armée prussienne à Iéna et Auerstadt et l’arrivée triomphale de Napoléon à Berlin juché sur un cheval blanc, le 27 octobre 1806.
Napoléon III fait construire pour le Prince Impérial un réseau de chemin de fer de jardin dans le parc. Le couple impérial reçoit la reine Victoria et le prince Albert en 1855 à l’occasion de l’Exposition Universelle.
En 1870, l’impératrice Eugénie donne l’ordre de faire transporter à Paris les tableaux et les objets d‘art les plus précieux mais on n’a pu enlever les fresques et les plafonds de Mignard, de Coypel, de Lemoyne et de Nocret qui brûlent dans l’incendie du 13 octobre. Comme pour les Tuileries, le gros oeuvre du château était toujours debout et les ruines pouvaient être remises en état. Mais, vingt ans plus tard, c’est la démolition complète. Le fronton est réemployé par le roi Ferdinand de Bulgarie pour son château d’Euxinograd et deux bas-reliefs échouent au musée de Philadelphie.
aubert
11 mai 2021 @ 13:52
Je n’ai jamais lu un texte où Blücher ne passe pas pour un homme désagréable. Est-ce parce qu’on attendait Grouchy ?
Phil de Sarthe
11 mai 2021 @ 09:07
Un grand Merci, Bèque, pour toutes ces anecdotes qui complètent fort agréablement les sujets!😊
Beque
11 mai 2021 @ 12:22
Merci, Phil de Sarthe, de me lire !