Du 28 mars au 29 juin 2015, le château de Fontainebleau accueillera l’exposition « Pie VII face à Napoléon. La tiare dans les serres de l’Aigle« . En voici le descriptif : « Le château de Fontainebleau a accueilli par deux fois le pape Pie VII, comme hôte sur le chemin du sacre en 1804, puis comme prisonnier entre 1812 et 1814. L’appartement des Reines-Mères, baptisé depuis lors « appartement du Pape », en conserve aujourd’hui le souvenir.
Fontainebleau est à cet égard l’un des lieux qui incarne le mieux les relations tumultueuses entre Rome et Paris, dont l’une des expressions est la « guerre d’image » que se livrent les deux puissances, de 1796 à 1814.
L’exposition évoque d’abord la mainmise des Français sur quelques-uns des trésors de la collection pontificale, la célébration du concordat de 1801 par l’imagerie officielle ou encore l’iconographie subtile des cadeaux diplomatiques lors du sacre de 1804. La guerre de propagande, qui atteint son paroxysme avec l’invasion des États pontificaux en 1808 et l’arrestation de Pie VII en 1809, est ensuite décryptée à travers l’image d’une Rome antique renaissant grâce au « César moderne ». Le Pape, retenu à Savone depuis 1809, est conduit à Fontainebleau en 1812, où les deux protagonistes s’affrontent. L’Empereur parvient à arracher en janvier 1813 un éphémère concordat au Pape qui, libéré en 1814, est accueilli à Rome par une imagerie triomphaliste. Près de 130 œuvres, parmi lesquelles des acquisitions inédites, ainsi que des prêts exceptionnels des musées du Vatican ou de la Sacristie pontificale, illustrent un affrontement où se combinent enjeux religieux, politiques et artistiques. » (Source : site du château de Fontainebleau – merci à Anne P.)
Zeugma
9 mars 2015 @ 10:14
L’histoire pluriséculaire des relations entre l’église et la France est un sujet passionnant et toujours d’actualité.
Nous verrons encore une fois l’influence du saint-siège, à partir du mardi 10 mars, quand l’Assemblée nationale française entamera la discussion en séance publique d’une proposition de loi « créant de nouveaux droits en faveur des malades et des personnes en fin de vie ».
(Il s’agit bien sûr du droit à l’euthanasie et au suicide assisté.)
Le concordat de Bologne qui régit les relations entre le Saint-Siège et le roi de France entre 1516 et la Révolution se mit en place avec difficultés. A tel point que François Ier fut obligé de tenir un lit de justice pour le faire enregistrer par le parlement de Paris.
Le concordat de 1801 – toujours en vigueur en Alsace et Moselle – réconcilia la France et la religion catholique dans le contexte politique post révolutionnaire jusqu’à la loi de séparation des églises et de l’État de 1905 sur laquelle nous vivons encore aujourd’hui en France.
L’exposition que nous annonce « Noblesse & royautés » sera très intéressante à n’en pas douter.
aubert
9 mars 2015 @ 15:07
Il ne fait pas de doute que l’Eglise catholique conserve en France une certaine influence. Si le nombre de ses fidèles n’est plus ce qu’il était ceux-ci sont probablement plus convaincus qu’il y a quelques décennies et plus disposés à promouvoir leurs idées.
Les manifestations qui ont suivies la discussion sur la reconnaissance du mariage pour tous, largement inspirées par l’épiscopat même s’il s’est fait plus discret au fil des semaines en est la preuve. Cette discrétion étant due en partie aux divergences à l’intérieur même de l’épiscopat.
On peut penser aussi que le pouvoir actuel assez éloigné de la pratique religieuse n’a pas conscience que depuis quelques années cette dernière connaît une recrudescence chez les jeunes catholiques.
Mais bien d’autres influences existent aujourd’hui et semble-t-il ce n’est pas le catholicisme qui cause le plus de tourments au pouvoir politique.
Gérard
10 mars 2015 @ 03:09
Influence en effet de l’Église composée de tous les fidèles chrétiens et influence des grandes religions plus qu’influence du Saint-Siège face à des influences contraires puissantes.
Zeugma
10 mars 2015 @ 19:23
Il vous arrive d’être plus clair …..
Gérard
11 mars 2015 @ 16:24
Chez Zeugma, vous avez sans doute raison mais vous nous avez habitué à comprendre très vite.
Je veux dire que la position qui est exprimée n’est pas seulement celle du Saint-Siège mais de l’Église tout entière, composée de clercs et de laïcs (les fidèles chrétiens, christifideles) qui dans leur majorité sont opposés à une extension de la loi Leonetti pour la France. Et nous avons vu qu’une position commune a été adoptée en outre et à nouveau par les représentants des trois grandes traditions religieuses monothéistes (Juifs, Chrétiens, Musulmans),
« […] conscients des évolutions qui traversent notre société, des nouvelles situations qu’elles génèrent et de la nécessité de rechercher des adaptations, voire des améliorations, des dispositifs législatifs et réglementaires pour accompagner ces évolutions, [nous] considérons qu’une telle recherche doit être le fruit d’un débat serein, démocratique et respectueux de la personne humaine et de sa dignité.
« Le contexte actuel manque de lisibilité, et la période que nous traversons est difficile, secouée par des crises à répétition, politique, économique, financière et morale. Un nouveau débat sur la fin de vie risque d’y ajouter de la confusion.
« Il y a moins de dix ans, la République française avait tranché la question par la voix unanime de ses parlementaires, quand fut votée la loi Leonetti, le 22 avril 2005. « Rien ne pourra jamais justifier le droit de donner la mort à un homme » : ni sa santé, ni son inconscience, ni son extrême vulnérabilité, ni même son désir de mourir. Le caractère inviolable de la vie humaine avait franchi une nouvelle étape. Et c’est sur ce socle commun que s’est consolidé l’acte médical face à l’euthanasie […]. »
Le texte publié dans Le Monde est signé Philippe Barbarin (cardinal, archevêque de Lyon), François Clavairoly (président de la Fédération protestante de France), monseigneur Emmanuel (métropolite de France, président de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France), Haïm Korsia (grand rabbin de France) et Mohammed Moussaoui (président de l’Union des mosquées de France et président d’honneur du Conseil français du culte musulman).
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/03/09/nous-hauts-dignitaires-religieux-demandons-a-ce-que-soit-preserve-l-interdit-de-tuer_4589691_3232.html#cXs9Arr5WaF4VrHK.99.
Ce texte évidemment ne vous est pas inconnu puisque vous le citez justement plus bas.Vous pensez que les religions doit demeurer dans la sphère privée la plus stricte. Sans vouloir le moins du monde être exhaustif je me contenterai de citer à cet égard quelques mots récents (29 janvier 2015) de Mgr Claude Dagens, évêque d’Angoulême, membre de l’Académie française : « […] Il serait mal venu de se réclamer alors du communautarisme religieux, mais il serait juste de reconnaître que les réalités religieuses ne peuvent pas être contenues dans la seule « sphère du privé », comme l’on dit, puisqu’elles font partie de l’existence entière des personnes qui les vivent, en paroles et en actes publics.
« Sans doute faut-il aller plus loin et reconnaître aussi que ces réalités religieuses font partie intégrante de notre vie sociale, tout autant que les réalités économiques et financières. On sait que le philosophe Martin Heidegger, dans un texte fameux, a opposé jadis la « pensée calculante » et la « pensée méditante». Il est trop évident que nos sociétés dites modernes font un usage habituel et parfois excessif des « pensées calculantes », quand il s’agit de pratiquer le culte des performances et les impératifs de la rentabilité technique ou financière. Dans ce contexte culturel où le calcul est roi et où la loi des quantités domine le travail de la pensée, la méditation est rare, ou difficile, ou marginalisée. Les artistes, les poètes et les philosophes sont peu considérés, à moins qu’ils ne se plient aux règles du marché et de la concurrence mondiale. Voyez le marché de l’art ! […] »
Ce 11 mars, Jean-Louis Bianco, président de l’Observatoire de la laïcité, socialiste, s’inquiète d’un courant actuel : « […] Il s’agit d’un dévoiement de la laïcité dans une version intégriste, punitive et, même si ses promoteurs s’en défendent, anti-musulmane, anti-religions. Notre pays est traversé par des difficultés énormes. Un sondage récent révèle que seulement 22% des Français estiment que l’on peut faire confiance à quelqu’un qu’on ne connaît pas […]. »
Les religions n’imposent rien à l’État et ne peuvent rien imposer. Les religions font valoir leur point de vue comme tous les philosophes qui ne manquent pas d’être actifs en ce moment, de même que toutes les obédiences. Les religions ont fait valoir leur point de vue dans les différents pays démocratiques qui sont cités plus bas. Comme comme le disait l’année dernière le premier ministre Manuel Valls avec sagesse à propos du mariage pour tous, c’était leur droit et c’était peut-être même leur devoir ; les religions monothéistes en particulier considèrent que la vie humaine est le bien le plus précieux sur cette terre et qu’il faut la préserver toujours sauf dans quelques cas exceptionnels, pour empêcher une autre mort, et c’est pourquoi elles défendent la vie de son origine à sa fin. Si elles n’accomplissaient pas ce qui est leur mission, si elles n’étaient pas fidèles à leurs engagements, elles n’auraient aucune légitimité et se comporteraient de manière irresponsable et ce même si certains pensent que leur pensée est erronée. Je dirais, même si elles ont tort (ce qui n’est pas mon opinion en l’espèce mais ceci importe peu).
En Occident par exemple l’apport du Christianisme ou de ce qu’on parfois le judéo-christianisme avec les Dix Commandements, avec le message évangélique du Christ, est évidemment à l’origine d’une considération de la vie de chaque individu qui a entraîné toute notre civilisation actuelle avec certes aussi d’autres apports mais qui eux-mêmes étaient influencés par la religion même s’ils s’en défendaient parfois, mais il n’est pas nécessaire d’enfoncer ici des portes ouvertes.
La christianisation de l’Empire romain entraîna la fin de l’esclavage en Europe et en partie la fin des combats de gladiateurs. L’évangélisation entraîna aussi dans des contrées plus reculées la fin des sacrifices humains. On pourrait naturellement multiplier les exemples, citer le catholicisme social, l’éducation et la santé depuis le Moyen Âge, etc.
Il y eut certes des dérives comme dans toutes les institutions et les communautés humaines. Mais les grandes religions ont en quelque sorte canalisé l’aspiration au droit naturel que les individus peuvent ressentir.
Zeugma
10 mars 2015 @ 10:32
Le quotidien français « Le Monde » paru lundi (daté du mardi 10 mars 2015) titrait : « Chrétiens, juifs, musulmans : l’appel des religions contre la loi sur la fin de vie » (sic).
La France, Etat laïc, est donc encore aujourd’hui soumise à la pression de certaines religions qui estiment que le citoyen n’est pas libre de choisir le moment de partir.
Corsica
10 mars 2015 @ 21:37
Zeugma, je regrette cette intrusion de la religion dans les choix de vie des gens . Je déplore que nous n’ayons pas la sagesse de la Belgique, des Pays Bas ou de certains États Américains où l’euthanasie (injection létale pratiquée par un médecin) est autorisée . Ce n’est pas parce qu’elle est permise qu’il y a des excès . Tous les patients ne veulent pas mourir, loin de là, mais ceux qui le décident devraient pouvoir être entendus et leurs choix respectés . Je refuse que, dans un état laïc, les religions imposent à la collectivité leurs valeurs empêchant la mise en place d’une législation qui respecterait le libre arbitre des individus .
aubert
12 mars 2015 @ 13:42
Certains catholiques croient vivre encore en Chrétienté.Tant que la loi autorise mais n’oblige pas il n’y a pas matière à des protestations qui voudraient au contraire obliger.
Pour vivre en chrétien aujourd’hui il y a la conscience. Elle vaut mieux que le bûcher où la crainte de l’enfer et vaut bien 20° siècles de galimatias empilés par des théologiens avides de tout sauf de charité qui ignorent, comme le plus humble mortel, la mesure de la balance divine.
Gérard
14 mars 2015 @ 01:35
Le Christ a fondé l’Église pour maintenir ce qu’il a apporté et 2000 après c’est la seule institutition qui ait subsisté. La conscience quand on vit tout seul suffit mais nous vivons en société où il faut protéger les plus faibles.
flabemont8
9 mars 2015 @ 21:01
Le concordat peut amener à faire des constats étranges : vous remarquerez ainsi que les trains , en France , roulent à gauche ( construits sous licence anglaise )…mais pas en Alsace , ni en Moselle , où ils roulent à droite ( construits par les Allemands à cette époque )