Du 4 mars au 8 juin 2025, le musée Thyssen-Bornemisza de Madrid présentera une exposition consacrée à l’importance de l’art dans l’œuvre de Marcel Proust (Auteuil, 1871 – Paris, 1922).
Elle explorera les idées esthétiques développées par Proust, les cadres artistiques, architecturaux et paysagers qui l’ont entouré et qu’il a recréés dans ses écrits, ainsi que les artistes contemporains ou antérieurs qui l’ont inspiré. Elle met en lumière les liens profonds entre l’art et la vie de Proust.
Pour comprendre Proust, il est essentiel de se plonger dans le Paris de la Troisième République, une capitale cosmopolite et effervescente marquée par les transformations urbaines du Baron Haussmann, l’arrivée de l’électricité, des automobiles, des spectacles publics, des restaurants et des cafés. Fasciné par cette modernité naissante, Proust s’est également inspiré des œuvres des peintres impressionnistes qui ont capturé l’essence de ce Paris en pleine mutation, une esthétique moderne au cœur même de son œuvre.
Un tableau impressionnant de Georges Clairin, prêté par le Petit Palais de Paris, mettra en avant l’importance du théâtre dans l’œuvre de Proust. Il représente Sarah Bernhardt, source d’inspiration pour le personnage de Berma dans son roman.
L’exposition explore également la fascination de Proust pour des villes comme Venise, les cathédrales gothiques, et ses connexions méconnues avec des artistes espagnols tels que Mariano Fortuny y Madrazo.
Des vêtements et tissus dessinés par Fortuny illustrent l’importance de la mode dans l’univers proustien.
Outre des peintures de Rembrandt, Vermeer, Van Dyck, Watteau, Turner, Fantin Latour, Manet, Monet, Renoir et Whistler, l’exposition présente une sculpture d’Antoine Bourdelle, des créations de Fortuny et des ouvrages de Proust issus de collections prestigieuses comme la Bibliothèque nationale de France, le Musée du Louvre, le Musée d’Orsay et d’autres institutions internationales. (Merci à Bertrand Meyer)
Régine ⋅ Actualité 2025, Espagne, Expositions, France, Mode 12 Comments
23 janvier 2025 @ 09:29
Y verra t-on des tableaux d’Elstir ?
23 janvier 2025 @ 11:47
Jean Pierre, je n’ai pas compris si le nom d’ Estir a été inspiré à Proust par Harrison (qu’il avait rencontré à Beg-Meil où il écrivit la première partie de « Jean de Santeuil ») alors que le nom est l’anagramme français de Whistler.
25 janvier 2025 @ 10:29
Je n’avais jamais fait le rapprochement entre « Elstir » et Whistler et j’aurais donc appris quelque chose aujourd’hui;
Merci Passiflore.
25 janvier 2025 @ 11:33
Jean-Pierre, j’ai appris cela lors d’une conférence faite par un des spécialistes de Proust (qui n’était pas Antoine Compagnon qui, lui, professait au Collège de France).
23 janvier 2025 @ 09:33
Dans « A la recherche du temps perdu » nombreux sont les moments de contemplation d’oeuvres d’art, toujours en écho à une expérience en situation : l’amour que Swann éprouve pour Odette n’existe que par la sublimation qu’il en fait à travers une ou plusieurs oeuvres d’art, la ressemblance d’Odette avec Zephora par exemple.
23 janvier 2025 @ 12:03
Je me rappelle qu’Odette lui faisait penser à une peinture, mais j’ai oublié laquelle. Si Swann avait été moins cultivé, il ne se serait pas fourré dans des situations pareilles.
23 janvier 2025 @ 09:57
Les peintres les plus cités dans « La recherche du temps perdu » sont : Carpaccio, Titien, Vermeer et Rembrandt. La visite de Proust au Louvre était centrée sur Chardin et Rembrandt.
Fortuny était le contemporain de Proust. Dans « Le manteau de Fortuny », Gérard Macé relit le grand œuvre de Proust en y suivant le fil du nom de Fortuny, célèbre couturier de Venise et seul artiste vivant qui figure dans « La Recherche ». Proust fait porter à Albertine ce manteau offert par le narrateur.
23 janvier 2025 @ 09:59
Vermeer était pour Proust « son peintre préféré depuis l’âge de 20 ans », d’après Vaudoyer. Au musée de La Haye il avait admiré « Vue de Delft, en 1902 et en 1921 : « Depuis que j’ai vu « Vue de Delft » au musée de La Haye, j’ai su que j’avais vu le plus beau tableau du monde », disait-il. Fin avril 1921, il y eut une exposition du tableau de Vermeer au Jeu de Paume. Proust demanda à Vaudoyer de le conduire à l’exposition. Vaudoyer écrit : « Ce matin-là, au Jeu de Paume, Proust était extrêmement souffrant. Vous imaginez l’effort : 11 heures du matin au jardin des Tuileries ». Devant le Vermeer il est ébloui par un petit pan de mur jaune, « une beauté qui se suffisait à elle-même ». Dans « La Recherche », il fait murmurer à Bergotte mourant : «C’est ainsi que j’aurais dû écrire, disait-il ; mes derniers livres sont trop secs : il aurait fallu passer plusieurs couches de couleur, rendre ma phrase en elle-même précieuse comme ce petit pan de mur jaune».
23 janvier 2025 @ 11:46
Y aura-t-il le fameux petit pas de mur jaune ?
23 janvier 2025 @ 16:28
« 11 heures le matin aux Tuileries » effectivement !
Proust était une chauve-souris, un nyctalope qui sortait la nuit rencontrer ses fréquentations. Céleste gardait les rideaux tirés toute la journée.
Mais il fut le romancier le plus fin de la littérature française. On ouvre un livre de Proust à n’importe quelle page, et on déguste ! Ce plaisir du texte ne vieillira jamais.
24 janvier 2025 @ 10:56
Proust est pour moi, une incarnation vivante de cette évanescence de l’Art.
24 janvier 2025 @ 12:17
Je n’aime pas la partie avec Albertine, c’est tellement invraisemblable. Il faut mettre les choses dans leur contexte historique et surtout sociologique.
Je n’aime pas non plus la partie « un amour de Swann » parce que je n’aime pas voir un homme intelligent se conduire comme un c… »
Par contre ce qui est bien observé, c’est que quand Swann se promène avec Gilberte, le duc de Guermantes fait semblant de ne pas la voir. Socialement, elle n’existe pas.