En cette semaine où les commémorations du bicentenaire de la bataille de Waterloo vont battre leur plein avec la venue en Belgique du roi et de la reine des Pays-Bas mais aussi du prince de Galles et de la duchesse de Cornouailles, une exposition est présentée jusqu’au 31 juillet prochain dans les écuries du site de Waterloo (chaussée de Bruxelles,38 à 1410 waterloo). Vous y découvrirez les grands moments de la célèbre bataille et ses protagonistes en Lego de même qu’une reconstitution du château de Malmaison.
Zeugma
15 juin 2015 @ 09:17
Le très distingué quotidien français « Le Monde » daté du dimanche 14 juin 2015 consacre une page entière à Waterloo et aux séries télévisées qui vont lui être consacrées (« Une campagne médiatique »).
Dans une interview titrée « Les Français ont un problème avec leur histoire », l’historien français Patrice Gueniffy tente d’expliquer les raisons pour lesquelles la France ne commémore quasiment rien qui soit antéreur à la première guerre mondiale « dans une perspective qui reste moins politique ou historique qu’affective et mémorielle ».
Les Français – en tout cas, les autorités – ignorent Waterloo alors que cette bataille sanglante fonda la stabilité de l’Europe pour un siècle.
« Les Français échouent à regarder leur passé en face, ce que les Anglais n’ont aucun mal à faire ».
Philippe gain d'enquin
16 juin 2015 @ 15:53
Il n’en demeure pas moins que le culte irrationnel que les Anglais vouent à l’Empereur est inversement proportionnel au peu d’estime que l’on dit qu’ils éprouvent/éprouveraient pour nous. Napoléon fut grand quand John Wellesley, médiocre stratège profita d’un concours de circonstances. Quant à déplorer la situation dans laquelle se trouvent l’enseignement de l’Histoire et sa perception par nos élites, qu’en dire… Sauf à penser que lorsque l’on travaille à créer « l’Homme Consommateur », celui qui vit dans l’instant, les priorités sont ailleurs…
Marie de Bourgogne
16 juin 2015 @ 17:10
Waterloo ! Waterloo ! morne plaine !
Comme une onde qui bout dans une urne trop pleine,
Dans ton cirque de bois, de coteaux, de vallons,
La pâle mort mêlait les sombres bataillons.
D’un côté c’est l’Europe, et de l’autre la France !
Choc sanglant ! des héros Dieu trompait l’espérance
Tu désertais, victoire, et le sort était las.
O, Waterloo ! je pleure, et je m’arrête, hélas !
Car ces derniers soldats de la dernière guerre
Furent grands; ils avaient vaincu toute la terre.
Chassés vingt rois, passé les Alpes et le Rhin,
Et leur âme chantait dans les clairons d’airain !
Le soir tombait; la lutte était ardente et noire.
Il avait l’offensive et presque la victoire;
Il tenait Wellington acculé sur un bois.
Sa lunette à la main, il observait parfois
Le centre du combat, point obscur où tressaille
La mêlée, effroyable et vivante broussaille,
Et parfois l’horizon, sombre comme la mer.
L’Empereur Soudain, joyeux, il dit: Grouchy ! – C’était Blücher !
L’espoir changea de camp, le combat changea d’âme.
La mêlée en hurlant grandit comme une flamme.
La batterie anglaise écrasa nos carrés.
La plaine où frissonnaient les drapeaux déchirés,
Ne fut plus, dans les cris des mourants qu’on égorge,
Q’un gouffre flamboyant rouge comme une forge;
Gouffre où les régiments, comme des pans de murs,
Tombaient, ou se couchaient comme des épis mûrs,
Les hauts tambours-majors aux panaches énormes,
Où l’on entrevoyait des blessures difformes!
Carnage affreux ! moment fatal ! L’homme inquiet
Sentit que la bataille entre ses mains pliait.
Derrière un mamelon, la garde était massée,
La garde, espoir suprême et suprême pensée !
-Allons, faites donner la garde, cria-t-il ! –
Et lanciers, grenadiers aux guêtres de coutil,
L’Empereur Dragons que Rome eût pris pour des légionnaires,
Cuirassiers, canonniers qui traînaient des tonnerres,
Portant le noir colback ou le casque poli,
Tous, ceux de Friedland et ceux de Rivoli,
Comprenant qu’ils allaient mourir dans cette fête,
Saluèrent leur Dieu debout dans la tempête,
Leur bouche, d’un seul cri, dit : « Vive l’Empereur ! »
Puis, à pas lents, musique en tête, sans fureur,
Tranquille, souriant à la mitraille anglaise,
La garde impériale entra dans la fournaise.
Hélas ! Napoléon, sur sa garde penchée,
Regardait et, sitôt qu’ils avaient débouché
Sous les sombres canons crachant des jets de soufre,
Voyait, l’un après l’autre, dans cet horrible gouffre,
Fondre ces régiments de granit et d’acier,
Comme fond une cire au souffle d’un brasier.
Ils allaient, l’arme au bras, fronts hauts, graves, stoïques
Pas un ne recula. Dormez, morts héroïques !
L’EmpereurLe reste de l’armée hésitait sur leurs corps
Et regardait mourir la garde. – C’est alors
Qu’élevant tout à coup sa voix désespérée,
La Déroute géante à la face effarée,
Qui, pâle, épouvantant les plus fiers bataillons,
Changeant subitement les drapeaux en haillons,
A de certains moments, spectre fait de fumées,
Se lève grandissant au milieu des armées,
La Déroute apparut au soldat qui s’émeut,
Et, se tordant les bras, cria : Sauve qui peut!
Sauve qui peut ! affront ! horreur ! toutes les bouches
Criaient à travers champs, fous, éperdus, farouches,
Comme si quelque souffle avait passé sur eux,
Parmi les lourds caissons et les fourgons poudreux,
Roulant dans les fossés, se cachant dans les seigles,
Jetant shakos, manteaux, fusils, jetant les aigles,
Sous les sabres prussiens, ces vétérans, ô deuil!
Tremblaient, hurlaient, pleuraient, couraient. – En un clin d’œil
Comme s’envole au vent une paille enflammée,
S’évanouit ce bruit qui fut la grande armée,
L’Empereur Et cette plaine, hélas! où l’on rêve aujourd’hui,
Vit fuir ceux devant qui l’univers avait fui!
Quarante ans sont passés, et ce coin de la terre,
Waterloo, ce plateau funèbre et solitaire,
Ce champ sinistre où Dieu mêla tant de néants,
Tremble encor d’avoir vu la fuite des géants!
Napoléon les vit s’écouler comme un fleuve ;
Hommes, chevaux, tambours, drapeaux; – et dans l’épreuve
Sentant confusément revenir son remords,
Levant les mains au ciel, il dit : – Mes soldats mort,
Moi vaincu! mon empire est brisé comme verre.
Est-ce le châtiment cette fois, Dieu sévère ?
Alors parmi les cris, les rumeurs, le canon,
Il entendit la voix qui lui répondait : non!
Victor HUGO (1802-1885: Châtiments)
clement
15 juin 2015 @ 09:40
j’espère que la France ne commémorera pas Waterloo, si oui ,pourquoi pas en profiter pour fêter Azincourt !!!
clement
15 juin 2015 @ 10:24
pardon :pourquoi ne pas en profiter….
clement
15 juin 2015 @ 12:13
les Français n’ont plus le sens patriotique, il y a trop de civilisations mêlées dans notre pays que notre passé n’intéresse pas ! pour cause de laïcité, nous abandonnons notre culture .De même , l’abolition du service national qui aurait appris la discipline et l’esprit de corps à nos jeunes n’a pas contribué à renforcer le respect dû à de notre pays ……l’enseignement aussi a sa part de faute en occultant l’enseignement de l’histoire !
quelles que soient les conséquences de Waterloo, restons Français ! c’est une défaite pour nous ! et si l’Empereur a eu des torts que je ne conteste pas, nous n’allons tout de même pas fêter une défaite…il est vrai que la stabilité est revenue en Europe suite au Congrès de Vienne…mais que serions nous devenus si Talleyrand n’avait pas été là ….dépecés par les vainqueurs !
Zeugma
15 juin 2015 @ 18:57
« il y a trop de civilisations mêlées dans notre pays » écrivez-vous.
Connaissez-vous une civilisation « pure » ?
Ne sommes-nous pas – entre autres – les enfants des civilisations grecque et romaine ? et du christianisme, une religion venue d’orient ?
Buonaparte n’était-il pas issue d’une famille génoise ?
Vos propos nous renvoient aux distinctions que Claude Lévy-Strauss faisait entre les « sociétés foides » et les « sociétés chaudes ». Nous vivons – avec tous les avantages et les inconvénients – dans une « société chaude » et non dans une tribu isolée au milieu de l’Amazonie.
C’est ainsi.
Marie de Bourgogne
16 juin 2015 @ 19:43
Grecque et romaine sont des civilisations européenne.
Quand au Christianisme il nous est parvenu grâce au romain St Paul.
Gêne se trouvait également en Europe.
Rien à voir avec ce que nous vivons actuellement et qui, effectivement comme le souligne Clément, notre passé n’intéresse pas.
Francine du Canada
17 juin 2015 @ 14:12
Loin de moi l’idée de partir une polémique Marie de B., Saint Paul, s’il est mort à Rome, il était né à Tarse (Turquie) qui est en Asie et non en Europe et Zeugma a raison; le christianisme est venu d’Orient. Ceci dit, ça n’a pas grande importance de nos jours puisque personne ne questionne la laïcité de l’Europe n’est-ce pas? Bonne journée, FdC
clement
15 juin 2015 @ 12:18
les Allemands ne fêtent pas le 11novembre et c’est normal…faisons comme eux ! préparons nous plutôt à fêter Austerlitz le 2 décembre prochain !
flabemont8
15 juin 2015 @ 14:02
J’ai cru comprendre que la princesse Napoléon serait là avec son petit-fils Jean-Christophe ?
Des autocars entiers partent aujourd’hui de plusieurs régions de France , affrétés par des associations napoléoniennes .
LPJ
15 juin 2015 @ 20:12
Il est prévu que le Prince Napoléon (Jean-Christophe) assiste aux cérémonies officielles du 18 pour représenter sa famille. Symboliquement il est prévu une poignée de main avec les descendants des belligérants (Duc de Wellington, Prince von Blucher). A noter que si le Prince ne descend pas directement de Napoléon 1er, il descend du frère de celui-ci, Jérôme, qui combattit à Waterloo. Et par les différentes alliances des Bonaparte, il est apparenté aux familles royales de la plupart des pays coalisés à Waterloo contre Napoléon 1er.
Normalement son père sera présent la veille à l’inauguration du musée.
Les Princes ne seront pas dépaysés en Belgique puisqu’ils descendent en ligne directe de la branche ainée de la famille royale belge, leur aïeul étant le roi Léopold II.
Caroline
15 juin 2015 @ 15:03
Formidable et éducatif à la fois!
Moi-meme,une grande fan des briques Lego!
JAusten
15 juin 2015 @ 18:17
bon peut-être ne pas « fêter » Waterloo, mais participer aux cérémonies ne serait-ce que parce qu’aujourd’hui nous sommes en Europe et en paix avec tous ces pays.
C’est toutefois un truc que je comprendrais jamais chez mes compatriotes : zapper tout ce qui antérieure, au pire, à la première guerre mondiale …. peut-être parce que avant cette guerre toutes les autres qu’elles soient des défaites ou des victoires ont été menées par des rois ou des empereurs ? Les festivités pour la première guerre mondiale sont quasiment passées à la trappe à cause des élections municipales et/ou régionales … le maire sortant n’ayant pas particulièrement envie que son successeur prenne tout le mérite, alors que pourtant de mon point de vue, la France s’est sortie avec plus d’honneurs de la WWI que de la WWII pour laquelle nous n’étions qu’un « pays vaincu mais libéré » … enfin bref.
Claude-Patricia
15 juin 2015 @ 18:22
C’est adorable, l histoire avec des légos…pour mieux faire passer la défaite française? Pourquoi pas des Ken habillés comme les héros? Non, après tout…
Claude-Patricia
15 juin 2015 @ 18:23
J’oubliais les touts récents orphelins : les playmobiles!!
Libellule
15 juin 2015 @ 20:49
J’y vais ce vendredi…enfin si j’y arrive » bon pied,bon œil »
oulala,moi qui ai horreur des foules .Enfin ,on verra.
Bien à vous.
Libellule.
Philippe gain d'enquin
16 juin 2015 @ 15:56
Si vous n’aviez pas « bon oeil », d’un battement d’aile ou d’un bon pas, filez à Beloeil, c’est aussi en Belgique,..
Francine du Canada
17 juin 2015 @ 14:20
Et ne dormez que d’un œil ;-)))
Philippe gain d'enquin
17 juin 2015 @ 20:03
Et dire que si Libellule est « emportée par la foule qui la traîne, et l’entraîne » (chanson bien connue) et s’est perdue, Régine va nous dire, à vous, à moi, aux autres : « mais, vous l’aviez pourtant à … . » Ceci dit : « Vive l’Empereur »!