Le Ring et le Parlement vers 1900
Ornée d’effigies d’historiens antiques, une large rampe surplombe des Dresseurs de chevaux en bronze sculptés par Josef Lax en 1901 et conduit au portique d’entrée surélevé par rapport à l’avenue. Au sommet de la façade, décorée de statues d’érudits et d’hommes d’État, des Victoires ailées conduisent des quadriges.
Depuis 1902, la fontaine d’Athéna dessinée par Karl Knudmann est dominée par une immense sculpture de la déesse grecque de la sagesse devant le bâtiment. C’est là que les députés proclamèrent le 11 novembre 1918, après le démembrement de l’empire des Habsbourg par les vainqueurs de la Première Guerre mondiale, la fondation de la République d’Autriche allemande. Elle changea de nom en 1919 pour prendre celui de République d’Autriche.
Durant la Seconde Guerre mondiale, la moitié du Parlement fut entièrement détruite. La reconstruction en fut achevée en juin 1956, mais la restauration de certaines œuvres d’art endommagées n’a débuté que dans les années 1990.
L’hôtel de ville a été conçu par l’architecte Friedrich von Schmidt dans le style néogothique et construit entre 1872 et 1883 durant la période de construction des grands monuments du Ring. Au sommet de sa tour principale, le Rathausmann, l’un des symboles de la ville, culmine à 97,9 mètres.
Le style gothique du bâtiment fait référence aux premières communes bourgeoises des Flandres et à leurs beffrois. Le bâtiment possède son propre parc, le Rathauspark, et se situe en face du Burgtheater.
Le Burgtheater a été inauguré en 1888 par François-Joseph. Élevé par les architectes Karl von Hasenauer et Gottfried Semper, il mêle éléments néo renaissance et néo baroque. En remplaçant le théâtre de la cour fondé en 1741 sous Marie-Thérèse sur la Michaelerplatz, il devient l’un des théâtres les plus importants d’Europe.
À la fin de la dernière guerre, une bombe ravagea le bâtiment principal, n’épargnant que les ailes des escaliers d’honneur. La restauration prit dix ans mais fut si réussie qu’en 1955, à la réouverture, il était difficile de reconnaître les parties neuves de celles d’époque.
Non loin de là, l’église votive a été édifiée lors de la destruction des remparts. L’architecte de seulement 28 ans, Heinrich von Ferstel, la construisit dans un style néo-gothique en s’inspirant des cathédrales construites 7 siècles plus tôt en France.
Elle fut érigée à l’initiative de l’archiduc Ferdinand-Maximilien (futur empereur Maximilien Ier du Mexique), frère de l’empereur François-Joseph, pour remercier Dieu d’avoir épargné l’empereur au cours d’un attentat manqué contre ce dernier le 18 février 1853 à cet endroit même.
Après l’échec de l’attentat ourdi par le Hongrois János Libényi, l’archiduc appela tous les peuples de la monarchie habsbourgeoise à participer à cette souscription nationale : 300 000 sujets contribuèrent à l’érection du bâtiment.
Ses tours culminent à 99 mètres et ont limité à 98 mètres la hauteur de celle de l’hôtel de ville. Elle est aussi la deuxième église la plus haute de Vienne après la cathédrale.
Unique bâtiment religieux du Ring, elle montre l’importance de la religion dans la vie et le règne de François-Joseph.
Ainsi, le Ring exprime-t-il l’émergence d’un ordre nouveau, fondé sur le droit constitutionnel et des références plus laïques que religieuses. Tout contribue à l’image d’une société stable et prospère dont la 2e moitié du XIXe siècle marque un certain âge d’or. (Merci à Francky pour cet article – Photos : Francky et DR)
Guizmo
3 novembre 2016 @ 07:28
Merci beaucoup Régine pour ce travail formidable
Régine
3 novembre 2016 @ 12:23
Surtout merci à Francky
Ghislaine
3 novembre 2016 @ 09:43
Merci Franky je redécouvre Vienne grâce à vos reportages vraiment intéressants .
beji
3 novembre 2016 @ 12:37
Vienne cette magnifique ville avec cette ambiance de douceur de vivre! Merci Francky.
Nous préparez-vous un nouvel article pour jeudi prochain?A bientôt.
Pierre-Yves
3 novembre 2016 @ 13:39
Très belle promenade historico-architecturale le long du Ring.
Francky offre aux lecteurs de N&R de magnifiques et riches sujets et je suis admiratif et reconnaissant du soin et du temps qu’il y consacre. Merci à lui.
Corsica
5 novembre 2016 @ 10:16
Pierre-Yves, si vous le permettez, je fais mien votre commentaire car vous avez parfaitement exprimé ma pensée.
ciboulette
3 novembre 2016 @ 16:46
Merci , Francky , vos articles sont toujours si intéressants ! Beaucoup de villes allemandes ou sous influence allemande ont repris aussi la construction d’un » ring » qui faisait le tour du centre ville .
A Vienne , j’ai vu le Prater , sorte de fête permanente installée en bordure du Ring , savez-vous s’il existait déjà du temps de François-Joseph ?
Francky
3 novembre 2016 @ 17:53
ciboulette,
Le Prater était déjà un vaste parc arboré du temps de François-Joseph: les Habsbourg (à commencer par Sissi) aimaient beaucoup y faire du cheval. C’était un lieu de détente et de promenade très prisé des Viennois.
Il y avait certes moins d’attractions qu’aujourd’hui mais la célèbre Grande roue du Prater fut érigée en 1896-97 par l’ingénieur anglais Walter Basset et rencontra un succès fou ! A la fin du XIXe siècle, les roues panoramiques faisaient fureur et celle de Vienne ne constituait pas à l’époque une pièce unique.
Nous avions notre Tour Eiffel pour admirer la capitale, les Viennois ont eu leur Grande Roue qui est encore aujourd’hui l’un des symboles de la capitale autrichienne, tout comme notre belle vieille tour est le symbole de Paris.
ciboulette
4 novembre 2016 @ 17:54
Merci, Francky !
COLETTE C.
3 novembre 2016 @ 17:42
Merci, FRANCKY, lors de ma visite à Vienne, j’avais été impressionnée par l’Hôtel de Ville.
Gérard St-Louis
3 novembre 2016 @ 20:12
Mon vieux professeur d’évaluation foncière me disait que les deux plus belles capitales du monde étaient Vienne…et Paris. Comme le chantait Joséphine Baker, « J’ai deux amours… »
Francky
4 novembre 2016 @ 13:11
Gérard St-Louis
Moi aussi, comme Joséphine, j’ai 2 amours…!
vieillebranche
3 novembre 2016 @ 20:28
oui le Prater existait déjà, mais avec un goût de lieu de « perdition » , liberté des comportements , fréquenté par des milieux sociaux mêlés, ce qui n’ était pas courant à l’époque.Merci pour le reportage et j’avoue n’avoir pas noté à l’époque le côté très récent de l’église!
Caroline
3 novembre 2016 @ 22:37
Francky,
Encore merci pour votre magnifique article!
Cosmo
3 novembre 2016 @ 22:40
Cher Francky,
Je crois qu’il ne faut pas oublier qu’un certain nombre d’immeubles Sécession ou le métro de Vienne ont eu aussi l’aval de François-Joseph. En effet, les projets des bâtiments publics, comme la Sparkasse et autres, ou certaines stations du métro, devaient être acceptés par le Grand-Maître de la Cour.
Il est étonnant qu’un souverain aussi conservateur ait accepté une expression si visible de la modernité. Mais peut-être François-Joseph n’était pas si conservateur ou avait-il conscience du nécessaire changement, même s’il ne l’a pas appliqué dans sa politique, hélas.
Le style François-Joseph se retrouve partout sur le territoire de l’ancien empire, de Vienne à Trieste, en passant par Lvov, Prague ou Cracovie. Il en fut de même du style Marie-Thérèse.
Amicalement
Cosmo
Francky
4 novembre 2016 @ 13:19
Cosmo,
Vous avez raison. Lorsqu’on est à Trieste ou à Zagreb, on se croirait à Vienne !
Et même des villes de moindre importance comme Varajdin, au nord de Zagreb, nous replongent dans l’ambiance de l’Empire défunt avec leurs églises rococo, leurs façades colorées et baroques.
Quant à l’ouverture d’esprit de François-Joseph sur la Sécession, il avait ses limites: lorsque la maison Loos a été terminée face à l’entrée Saint-Michel de la Hofburg, il a refusé dorénavant de passer par cette porte et n’entrait plus dans la Hofburg que par le Burgtor.
Bien à vous.
Francky
Caroline
4 novembre 2016 @ 13:46
Cosmo,
Ayant été deux fois à Trieste, la ville natale de ma belle-fille, je peux vous confirmer ce que vous avez évoqué le style François-Joseph dans la belle ville de Trieste, le seul débouché maritime de l’ancien empire austro-hongrois avec l’Italie du Nord-Est. On y remarque partout les figures sculptées avec des moustaches à l’autrichienne sur les façades des demeures d’antan !
Bon week-end!