Cette huile sur toile de Michel-Barthélémy Ollivier, « Le Thé à l’anglaise servi dans le salon des Quatre-Glaces au palais du Temple » (1766) immortalise un concert donné chez le prince de Conti par le jeune Mozart, tout juste âgé de neuf ans, accompagné à la guitare par Pierre Jélyotte, l’un des fameux chanteurs de l’opéra du moment. Dans l’antichambre transformée à l’occasion en salon de compagnie, le prince et ses invités prennent le thé « à l’anglaise », c’est-à-dire en se servant eux-mêmes de boissons et de pâtisseries. (Copyright : © Château de Versailles, Dist. RMN-GP / © Ch.Fouin)
Artistocrate
25 juillet 2020 @ 07:51
Se servir eux-mêmes? Quelle décadence! Pas étonnant que tout cela ait fini en révolution, on ne peut pas se faire respecter du peuple si on ne se respecte pas soi-même.
JE
25 juillet 2020 @ 15:20
Pauvre de vous. Les Anglais vivent toujours avec une monarchie tandis que chez vous, elle se cache sous les ors de la république. Malgré la révolution qui a cherché à se débarasser de ses anciens maîtres, vous vous êtes donné d’autres sous différentes attricures.
Mer déchaînée 🌊
25 juillet 2020 @ 18:48
Même système que de nos jours appeler.
🥞☕ Buffet de dessert et boisson à volonté à disposition de la clientèle .
🥛🍰 .
Mais,jamais vu dans les salons de thé privés de France où l’ont nous sert . en toute discrétion en font une légère musique classique .👀⚘
Robespierre
28 juillet 2020 @ 06:01
Le plafond est très haut. Quel casse-tête pour chauffer.
Gérard
29 juillet 2020 @ 22:54
Dans ce tableau, si l’on regarde de la droite vers la gauche on reconnaît grâce à Eudore Soulié qui fut conservateur à Versailles et qui s’appuyait sur une réplique du tableau conservée au château de Neuilly jusqu’à son pillage et son incendie en février 1848 :
le bailli de Chabrillant assis à une table avec le mathématicien d’Ortous de Mairan auquel verse à boire la princesse de Beauvau debout. Sur le devant le comte de Jarnac et le comte de Chabot, debout, le premier tenant un plat et le deuxième mangeant un gâteau, puis la comtesse de Boufflers (Marie-Charlotte Hippolyte de Campet de Saujon) la maîtresse de Conti, qu’on appelait parfois « l’idole du Temple », et qui habitait un petit hôtel particulier de l’enclos du Temple, et qui ici sert d’un plat posé sur un réchaud, ensuite le président Hénault qui était le président du Parlement de Paris,vêtu de noir, assis devant un paravent, puis la comtesse d’Egmont la jeune née Richelieu qui tient une serviette et porte un plat et la comtesse d’Egmont mère vêtue de rouge et qui coupe un gâteau. Près d’elle Monsieur Pont de Vesle appuyé sur le dossier d’un fauteuil. Le prince d’Hénin est debout, il appuie la main sur le dossier d’une chaise sur laquelle est assise la maréchale de Luxembourg (la protectrice de Rousseau) tenant une soucoupe ; entre eux se trouve, de profil, Mademoiselle de Boufflers (Marie-Amélie de Boufflers fille du dernier duc et qui épousa en 1766 le duc de Lauzun par la suite duc de Biron, elle fut guillotinée le 27 juin 1794).
La maréchale de Mirepoix verse du thé à Madame de Vierville. Mademoiselle Bagarotti célèbre chanteuse est assise toute seule devant un petit guéridon près duquel est une bouilloire posée sur un fourneau portatif. Le prince de Conti est vu de dos debout près de Trudaine puis à gauche Mozart enfant est au clavecin et Pierre de Jélyotte debout chante en s’accompagnant de la guitare. Derrière Mozart se trouve le chevalier de la Laurency, gentilhomme du prince de Conti, et le prince de Beauvau assis lit une brochure.
Le salon est orné de grandes glaces et de dessus-de-porte représentant des portraits de femmes. Un violoncelle et des cahiers de musique sont posés dans l’angle de gauche et on lit sur un papier :
« De la douce et vive gaieté
Chacun icy donne l’exemple,
On dresse des autels au thé ;
Il méritoit d’avoir un temple. »
À l’époque Conti était éloigné de la cour par Madame de Pompadour mais il voulait sans doute montrer qu’il n’était pas éloigné du monde de la pensée, il logeait Rousseau, il pensionnait Beaumarchais. Il invitait à souper généralement le lundi dans son palais qu’il occupait depuis 1749 comme grand prieur de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, ce qui lui permettait des franchises, le droit d’asile et d’exemptions par rapport à la justice royale et dans cet enclos du Temple il avait fait construire des lotissements où il logeait des nobles et des débiteurs de l’Ordre.
Ce salon était réputé nourrir la critique à l’égard de Versailles.
Louis XVI plus tard appelait son cousin
« mon cousin l’avocat » parce qu’il demandait toujours quelque chose pour quelqu’un. Horace Walpole disait que le palais du Temple rassemblait ceux qui n’avaient rien à espérer du roi.
Le prince était très anglophile, hostile à toute alliance avec l’Autriche, ce qui était à l’origine de sa disgrâce, et il servait bien entendu du thé, venu de Chine en Europe depuis le XVIIe siècle, qui avait supplanté en Grande-Bretagne à la ville ou à la campagne le café, alors qu’il était encore peu répandu en France sinon dans les milieux anglophiles de Paris et de Bordeaux. Madame de Genlis, la maîtresse du duc d’Orléans trouvait Conti snob : « Il prend le thé deux fois par jour et il se croit le mérite de Locke ou de Newton ».
La toile s’intitule Le Thé à l’anglaise servi dans le salon des Quatre-Glaces au palais du Temple à Paris en 1764, elle fut achevée en 1766 par Michel Barthélemy Olivier (1712-1784),graveur et peintre d’histoire et de genre, qui fut l’élève de Charles-André Van Loo et après un séjour à la Cour de Madrid, il revint en France au début des années 1760 et fut reçu à l’Académie de Saint-Luc et à l’Académie royale de peinture. Il fut peintre ordinaire du prince de Conti, Louis François de Bourbon (1716-1776), officier prestigieux et petit-fils du Grand Condé.
Cette toile formait en quelque sorte un triptyque avec Fête donnée par le prince de Conti au prince héréditaire de Brunswick-Lunebourg, à L’Isle-Adam, et Le Souper du prince de Conti au Temple (dans un salon XVIIe très décoré).
Le salon des Quatre-Glaces était une antichambre, située dans l’aile nord du palais du Temple, et magnifiquement ornée.
Mozart avait huit ans, il accomplissait sa première tournée européenne qui dura de 1762 à 1766 et il séjourna à Paris du 18 novembre 1763 au 10 avril 1764 puis du 10 mai au 9 juillet 1766. Conti favorisa toujours les artistes, organisant de nombreux concerts.
Le tableau Le Thé à l’anglaise est à Versailles. Cette huile sur toile a une hauteur de 530 cm sur une largeur de 680.
Je me réfère à Philippe Bourdin, professeur d’histoire moderne à l’Université Blaise Pascal de Clermont, Le thé à l’anglaise, Histoire par l’image.
Largement dépecé au cours des temps l’enclos du Temple a disparu pratiquement et le palais du Temple a été détruit sous Napoléon III en 1854. Le lieu fut donc longtemps le dernier vestige du Temple et la duchesse d’Angoulême s’y rendit sous la Restauration pour y prier et y planter un saule pleureur là où se trouve aujourd’hui rue de Picardie l’hôtel du Vieux Saule. Le palais devint ministère impérial des Cultes sous Napoléon Ier et fut alors réhabilité, puis couvent des Augustines sous la Restauration puis caserne durant la Seconde République avant sa destruction sous Napoléon III en raison des projets du baron Haussmann.
Le palais occupait l’ouest du square du Temple actuel.
Il avait son entrée dans la rue du Temple qui donnait sur une colonnade de 13 couples de colonnes plus tard remplacée par une allée de tilleuls. Puis se trouvait le corps de logis d’une longueur de 50 m. On comptait 5000 m² de jardins.
Après la mort en 1776 du prince de Conti le duc d’Angoulême lui avait succédé comme grand prieur et au nom de son fils le comte d’Artois s’y installa et embellit le bâtiment. On conserve certains des meubles qui furent commandés par son intendant des bâtiments Louis Boullé dont le boudoir turc de Jacob qui a fait l’objet d’un legs au Louvre en 1965.
Du temps du comte d’Artois il y avait également beaucoup de beaux tableaux dont Junon demandant à Vénus de lui prêter sa ceinture magique, toile de Madame Vigée Le Brun de 1781 qui devait ensuite rejoindre la collection de la famille de Ribes.

L’enclos du Temple était déjà devenu bien national en 1790 et Napoléon avait fait démolir la tour en 1808 afin d’éviter qu’elle ne devienne un lieu de pèlerinage royaliste. La démolition de la tour fut achevée en 1811.
L’hôtel du grand prieur du Temple a été construit de 1665 à 1667 par Pierre Delisle-Mansart, petit-neveu de François, pour le grand prieur Jacques de Souvré et c’est ce palais que nous voyons ici représenté sur ce tableau de 1764 sous le grand prieur le prince de Conti.