Abdülmecid II (29 mai 1868 – 23 août 1944) a été le dernier calife ottoman, le seul calife de la République de Turquie et le chef de la famille Osmanoğlu de 1926 à 1944.
Contrairement aux califes précédents, il utilisait le titre de Halîfe-i Müslimîn (calife des musulmans), au lieu de Emîrü’l-Mü’minîn (commandeur des croyants). En tant que calife, il fut le 101e à succéder à Abu Bakr.
Le 4 juillet 1918, son cousin germain Mehmet VI est devenu sultan et Abdülmecid prince héritier en vertu de la règle successorale selon laquelle c’est le plus âgé qui accède au trône. Il reçoit le titre de général de l’armée ottomane. Mehmet VI fut déposé le 1er novembre 1922 et l’Empire ottoman fut aboli, laissant la place à la République de Turquie.
Cependant, le 19 novembre 1922, le prince héritier fut élu calife de l’islam par l’Assemblée nationale turque à Ankara. Son « règne » spirituel dura moins d’un an et demi. Le 3 mars 1924, le régime républicain de Mustafa Kemal notifia à Abdülmecid II l’acte de décès du califat. Le dernier calife fut alors expulsé du pays avec sa famille.
La Turquie d’Atatürk devant être un État laïque, il n’y avait plus de place pour un calife. La désintégration de l’Empire ottoman a contribué à la fragmentation du monde musulman, qui s’est scindé en États-nations, dont beaucoup étaient à l’époque sous contrôle européen (en fait, seuls l’Arabie saoudite et l’Iran étaient indépendants et l’Iran, en tant qu’État chiite, n’avait aucun intérêt pour le califat). Plusieurs États musulmans se considérèrent comme les « leaders » du monde musulman et il existait un certain degré de concurrence entre ces États.
Tant qu’il y avait un calife, il pouvait être reconnu, mais une fois que la Turquie a cessé de parrainer le califat, il devint de facto difficile de trouver un autre mécanisme pour choisir ou maintenir le calife. En fait, entre 1258, date à laquelle les Mongols ont mis à sac Bagdad, et 1517, date à laquelle les Ottomans ont conquis l’Égypte, les califes abbassides n’avaient pas d’État propre et avaient été maintenus en tant que marionnettes par les sultans mamelouks d’Égypte.
Toutefois, à cette époque, le monde musulman, bien que divisé politiquement en entités distinctes, était beaucoup plus uni qu’il ne l’était après la Première Guerre mondiale. Ces entités étaient unies par des croyances communes, une foi commune, une loi commune et valorisaient encore le rôle du calife en tant que symbole de cette unité. Le monde musulman de 1924 était différent de celui de 1324 ou de 1424.
Un calife dépourvu de toute autorité ou de tout pouvoir politique pouvait-il tenter d’assurer un leadership moral et spirituel à la place ? On peut dire que le défi était difficile à relever pour le calife, car il n’était pas tant un chef religieux que le chef d’une communauté religieuse. Dans la conception sunnite, le rôle du calife était de diriger la communauté, mais au-delà de ce rôle, il devait symboliser l’unité. Par ailleurs, le calife n’avait pas le droit privilégié de dire aux musulmans comment interpréter l’islam, alors que le pape a le droit de dire aux catholiques comment ils doivent comprendre leur foi.
Certains musulmans voulaient restaurer ou faire revivre le califat. Ce fut notamment le cas en Inde, où un mouvement de préservation du califat a vu le jour dès 1919.
Le choix d’un calife était toutefois problématique à cause des rivalités entre les candidats potentiels de pays rivaux. Même les Britanniques auraient pu être favorables au maintien du califat, si le titre avait été porté par un client-roi tel que le roi de Jordanie nouvellement installé, qui se trouvait dans la sphère britannique convenue. En effet, les Britanniques tentaient d’amener l’Islam « sous l’emprise de la Grande-Bretagne ». Un sommet s’est tenu en Égypte en 1926 pour faire revivre le califat, mais aucun accord n’a été conclu et aucune mesure n’a été prise.
Mustafa Kemal Ataturk, fondateur de l’État-nation turc, tenait à éloigner le peuple turc de ses anciens dirigeants. Ce faisant, la Turquie, alliée de l’Empire allemand, évita d’être punie pour son rôle dans la guerre par les vainqueurs de la Première Guerre mondiale, qui s’est achevée le 11 novembre 1918.
En abolissant le sultanat et en permettant aux alliés de prendre le contrôle de toutes les anciennes colonies ottomanes, Atatürk s’est assuré que la Turquie ne serait pas accablée par de lourdes réparations, comme l’a été l’Allemagne.
Quant à Abdülmecid, il reçut 2000 livres anglaises en liquide, puis s’embarqua sur l’Orient-Express à destination de la Suisse. Il finit par s’installer à Paris.
N’ayant aucun moyen de subsistance mais continuant à se proclamer calife, sa situation financière précaire devint une source d’embarras pour certaines personnes du monde musulman, dont le Nizam d’Hyderabad, qui était à la fois le premier prince de l’Inde britannique et l’un des hommes les plus riches du monde.
Il obtint du gouverneur général de l’Inde l’autorisation de verser une allocation mensuelle à Paris pour l’entretien d’Abdülmecid II et de sa famille.
En 1931, le Nizam décida de demander la main de la fille d’Abdülmecid, Dürrühsehvar sultane, pour son fils et héritier présomptif Nawab Azam Jah, prince de Berar.
Il envoya des émissaires en France pour négocier le mariage, qui découvrirent que le shah de Perse et les rois d’Irak et d’Égypte étaient également intéressés par une alliance avec la famille de l’ancien calife.
Finalement, ce fut grâce à un accord généreux avec Abdülmecid que le fils du Nizam épousa la princesse ottomane.
Président de la Société des artistes ottomans, Abdülmecid II était un peintre de talent. Il est considéré comme l’un des peintres les plus importants de la période tardive de l’art ottoman.
Ses peintures du Harem, montrant un rassemblement musical moderne, et d’une femme lisant le Faust de Goethe ont été présentées lors d’une exposition de peintures ottomanes à Vienne en 1918. Son autoportrait personnel est exposé à Istanbul Modern.
Le 23 août 1944, Abdülmecid II décéda à son domicile du boulevard Suchet, à Paris. Il fut enterré à Médine, en Arabie Saoudite.
On peut soutenir qu’il fut calife jusqu’à sa mort. Cependant, une fois que la Turquie cessa de payer pour l’entretien de sa fonction, l’envoyant au loin sans aucun moyen visible de soutien, le titre n’avait plus aucune signification réelle.
Le soutien du Nizam n’incluait pas l’établissement d’une base organisationnelle ou d’un bureau à partir duquel Abdülmecid II aurait pu jouer un rôle significatif de leader ou même de conseiller dans les affaires du monde musulman. L’intention ayant toujours été de combiner le leadership spirituel et politique, la question était de savoir si ce dernier pouvait être exercé si son détenteur ne possédait en fait aucun pouvoir.
Ce défi est similaire à celui auquel la papauté a été confrontée pendant la longue période de l’histoire chrétienne où les papes ont revendiqué l’autorité temporelle et spirituelle suprême.
Dans leur cas, ils ont acquis les États pontificaux comme une plate-forme à partir de laquelle ils pouvaient prétendre s’exprimer en tant que souverain temporel. Avec la perte de ces États à la suite de l’unification italienne, les papes ont réalisé que le leadership qu’ils devaient offrir était moral et spirituel.
En tant que dernière personne à avoir porté le titre de calife, l’héritage d’Abdülmecid II est, à certains égards, celui du califat lui-même. Pendant 1400 ans, le calife a symbolisé l’unité des musulmans. Le calife symbolisait également l’unité de la religion et de l’État, de la direction spirituelle et politique. Même lorsque le monde musulman s’est fragmenté en entités distinctes, la plupart des dirigeants musulmans ont obtenu la reconnaissance du calife afin de légitimer leur règne. Quelques-uns ont choisi de ne pas le faire.
D’autres ont revendiqué le titre de calife. Néanmoins, personne n’a bénéficié d’autant de soutien que les 101 successeurs officiels de la fonction de « délégué du prophète de Dieu « .
En l’absence de calife, il n’existe aucun système de ce type pour légitimer le pouvoir musulman. Techniquement au moins, le calife pouvait refuser la légitimité à un dirigeant qui ne remplissait pas les obligations de bonne gouvernance, telles qu’elles sont décrites dans la loi islamique.
vec la montée en puissance des États-nations, les gouvernements tirent leur légitimité de leur constitution et de leur appartenance aux Nations unies, et non d’un calife. On peut affirmer qu’il n’existe aucun système au sein du monde musulman pour contrôler la légitimité islamique.
L’Organisation de la conférence islamique, fondée en 1969, pourrait exercer cette fonction et on peut dire qu’elle a remplacé la reconnaissance du calife par l’adhésion à une agence intergouvernementale. Abdülmecid II lui-même n’était pas tant un acteur de l’histoire qu’un spectateur, observant les événements qui se déroulaient autour de lui et qui ont mis fin à son propre monde et à son propre rôle au sein de ce monde.
L’événement n’avait rien d’anodin et les conséquences de l’abolition du califat ottoman se font toujours sentir 100 ans plus tard. (Merci à Actarus)
Bambou
3 mars 2024 @ 06:38
Exilés en Suisse puis Paris, dans les beaux quartiers…ben voyons…..!
Pascal Hervé
3 mars 2024 @ 09:22
Au vu des richesses immenses et tangibles qu’il avait laissées derrière lui votre commentaire…
D’ailleurs vous ne semblez pas avoir bien lu l’article d’Actarus.
Nemausus
3 mars 2024 @ 10:00
c’est tout ce que vous avez retenu de cet article ?….. juste pour le plaisir de polémiquer !
Bambou
4 mars 2024 @ 13:22
J’ai quand même raison….
Philibert
3 mars 2024 @ 11:22
Abdülmecid II fut quand même le 101e à succéder à Abu Bakr, ce qui implique une succession sur de nombreux siècles.
Il aurait été inconvenant de le voir vivre à Paris dans une maison ouvrière : cela aurait pu en faire un martyr, ce qui n’aurait été dans l’intérêt de personne.
Laure
3 mars 2024 @ 12:30
Et donc?
NX
5 mars 2024 @ 19:10
Commentaire riducule. L’immense tresor des sultans dont une petite partie que l’on peut aujourdhui voir a Topkapi etait au nom du calife qui pouvait emporter ce qu’il voulait legalement. Or, le calife, tres honnete et pieux n’emporta rien et fit constater par un huissier que toutes les pieces du tresor etaient toujours la lors de son depart.
Vassili
3 mars 2024 @ 06:54
Merci beaucoup Actarus. C’est tres interessant.
Guizmo
3 mars 2024 @ 06:56
Merci beaucoup Actarius pour cet article intéressant, d’autant plus que cette année à l’université où je suis des cours, il y a un cycle sur l’empire ottoman. Actuellement nous en sommes à la stabilisation des possessions sur les Balkans et à la mise en place d’une administration ottomane. Je garde votre article précieusement. Bonne journée.
Pascal Hervé
3 mars 2024 @ 07:35
J’ai lu cet article phrase après phrase , sincèrement intéressé tout en me demandant qui avait bien pu écrire cet article au ton nouveau sur N&R .
Et à la fin : Merci Actarus !
On dirait presque que vous l’avez connu personnellement.
C’est un beau cadeau pour un Dimanche matin .
DEB
3 mars 2024 @ 08:00
Oui, très intéressant.
Baboula.
3 mars 2024 @ 08:08
Beau compliment mérité pour Actarus.
Actarus
3 mars 2024 @ 22:12
Cher Pascal, la civilisation ottomane me fascine depuis que j’ai visité Istanbul en mon adolescence. J’y ai même célébré le 21 juillet (clin d’œil à nos amis belges).
Il me reste à découvrir Hyderabad.
Entre-temps, je me repasserai les versions de « Kismet » que j’ai dans ma cinémathèque.
J’ai noté quelques « anniversaires » d’événements sur mon calendrier et, avec la permission de Régine, reviendrai vous faire plaisir plus tard cette année.
Pascal Hervé
4 mars 2024 @ 12:10
J’ai beaucoup apprécié l’évocation du Nizam d’Hyderabad et je regrette qu’on ne parle pas davantage des familles princières de l’Inde sur N&R !
Michel de Grèce en évoque quelques unes sur son blog .
On pourrait aussi parler des royaumes d’Afrique.
Était-ce que j’ai lu quelques choses sur le nombre de coups de canon qui saluaient les radjahs lors des cérémonies à Delhi ?
Hyderabad avait droit à 21 coups de canon ,le nombre le plus élevé.
Très révélateur cependant le fait qu’il ait du demander l’autorisation du gouverneur .
Jean Pierre
3 mars 2024 @ 08:07
Le calife était au fond le commandeur des croyants de l’époque, titre que porte aujourd’hui e roi du Maroc.
Pascal Hervé
3 mars 2024 @ 09:28
J’ai essayé de comprendre comment s’articulaient les deux fonctions (au moment où on parlait beaucoup du ”califat” à propos de la Syrie) mais je n’y suis pas parvenu.
Je crois que pour être ”Commandeur des Croyants” il fait descendre du prophète Mohammed ?
Mais c’était aussi la qualification de certains califes ?
Pascal Hervé
4 mars 2024 @ 14:16
Apparemment rien à voir avec le fait de descendre de Mohamed.
carmina burana
5 mars 2024 @ 09:37
Oui Hassam II est bien le descendant du prophete,le 35 EME plus precisement.
Framboiz 07
3 mars 2024 @ 22:26
JPierre, Hassan II s’est donné ce titre pour obtenir plus de pouvoir face à l’islamisme menaçant…Grand merci à Actarus!Très « califié » ,dans le domaine du califat !!
Elisabeth-Louise
3 mars 2024 @ 08:22
Article passionnant et complexe, qui incite à la réflexion ! merci beaucoup Actarus, je vais le relire attentivement, car ceci n’est pas sans conséquence actuellement encore.
Paquita
3 mars 2024 @ 16:37
Merci, Actarus, pour cette contribution fort intéressante.
Alvise Badoer
3 mars 2024 @ 08:59
Il faut relire Jean Lacouture dont les commentaires sur la suppression du califat sont remarquables et… prémonitoires. Bravo au rédacteur du présent article.
Alice
3 mars 2024 @ 09:02
Merci pour cet article très intéressant. Je constate qu’il ne peignait pas les femmes voilées ce calife ….M. Erdogan doit conspuer son art!
mary71
3 mars 2024 @ 09:08
Article très intéressant sur un sujet que je connaissais peu. Merci Actarus et bonne journée à tous.
Gab-Pnth
3 mars 2024 @ 10:17
Bel article, d’un style élevé, très au-dessus des récits lénifiants qui nous sont parfois servis sur tel ou tel autre monarque déchu, ou jamais parvenu.
Merci Actarus, nous en redemandons!
Cosmo
3 mars 2024 @ 10:24
Comme la disparition de l’empire d’Autriche-Hongrie, le démantèlement de l’empire ottoman fut une catastrophe. Les deux furent organisés par le Royaume-Uni, la France et les Etats-Unis dans une vue d’intérêts politiques et économiques à court terme avec les conséquences dont nous payons le prix aujourd’hui.
Agnese
3 mars 2024 @ 10:54
Très intéressant.
Merci Actarus.
Francky
3 mars 2024 @ 11:12
Bravo Actarus pour cet article passionnant qui m’a absorbé en ce dimanche matin.
C’est un personnage que je ne connaissais pas et dont j’ignorais l’existence: il a vu s’effondrer le monde dans lequel il était né et il s’est éteint au cours d’une autre guerre mondiale qui a bouleversé le monde elle aussi.
Savez-vous s’il a une descendance et si l’un d’eux se revendique comme chef de famille ?
Un très grand merci pour vos recherches, vos illustrations et cet agréable moment que vous m’avez permis de passer.
Actarus
4 mars 2024 @ 22:57
Le seul fils d’Abdülmecid II, le prince Şehzade Ömer Faruk, n’a pas eu de fils. Il a cependant eut trois filles. Il n’y a donc pas de descendant du dernier calife qui puisse être chef de famille.
Comme vous le savez peut-être, la succession au trône impérial ottoman et à la dignité de calife de l’islam qui lui était accolée se fait selon une dévolution très particulière : c’est l’aîné (au sens du plus âgé) de la famille qui en est ipso facto le chef.
C’est la raison pour laquelle l’actuel chef de la maison d’Osman (ou dynastie ottomane) a 92 ans !
Depuis 2021, il s’agit du prince Harun Osman Osmanoğlu, un arrière-petit-fils du sultan Abdülhamid II (1842-1876-1909-1918).
Avant lui, le chef de famille fut pendant quatre ans (2017-2021) son frère aîné le prince Dundar Ali Osman Osmanoğlu.
Avant eux, c’était le prince Osman Bayezid Osmanoğlu (« Bayezid III » 2009-2017).
Pour faire court, le prince Harun est le 9e successeur du dernier calife (et donc le 10e du dernier sultan).
Marsac
3 mars 2024 @ 12:26
Quel article instructif et intéressant ce jour ! Merci beaucoup et compliments à Actarus.
Marsac
3 mars 2024 @ 12:31
Quel article instructif et passionnant ce jour ! Merci et compliment à Actarus
Laure
3 mars 2024 @ 12:33
Merci beaucoup Actarus pour cet article, non seulement fort bien écrit mais excellemment documenté.
Marie-Caroline de Bretagne
3 mars 2024 @ 12:42
Passionnant article. Bravo et merci à Actarus !
Carolibri
3 mars 2024 @ 14:13
Merci beaucoup pour cet article intéressant Actarus
Leonor
3 mars 2024 @ 14:22
Merci, Actarus.
La lecture de votre article fera mon miel ce soir .
Je ne doute pas de son intérêt. C’est même pour cela que je me le réserve pour un moment vraiment tranquille.
Esquiline
3 mars 2024 @ 17:18
Article très intéressant que je dois relire encore au moins une fois pour mieux connaître le sujet.
Cousin Pons
3 mars 2024 @ 20:17
Passionnant ! Merci.
Geoffroy
3 mars 2024 @ 22:18
Ouais, il y a beaucoup de choses très contestables là dedans. L’idée que le monde musulman était plus uni avant est une vue de l’esprit. Des le Xe siècle il y avait un second calife à Cordoue, et peu après les fatimides d’Égypte, chiites, ne reconnaissaient plus non plus l’autorité de Bagdad. Même après la réunification de l’islam méditerranéen par les Ottomans, l’Iran, l’Afghanistan, l’empire moghol et les sultanats d’Asie Centrale, ceux d’Indonésie, vivent leur vie. Et la fin du califat n’a rien à voir avec la possibilité des alliés de s’installer dans les anciens territoires turcs, c’est seulement vrai pour l »Iraq, la Syrie et l’Arabie, toute l’Afrique du Nord était déjà perdue depuis presque un siècle.
Pascal Hervé
6 mars 2024 @ 12:41
Ce qui me paraît contestable c’est une vision très occidentale, très psychorigide de l’unité.
jual
4 mars 2024 @ 09:32
Est-ce qu’il avait plusieurs épouses? A Paris, je veux dire…
Laurent F
4 mars 2024 @ 12:35
Au moins 4 : Chehsuvar, Hayrünissa, Atiyye et Bihruz Kadın
Actarus
4 mars 2024 @ 12:38
Il avait effectivement plusieurs épouses, dont deux eurent un enfant de lui.
La première était Şehsuvar Hanım, dont le nom signifie « Héroïne intrépide ». Elle avait 15 ans lorsqu’il l’épousa en 1896. Elle eut un fils, le prince Şehzade Ömer Faruk (1898-1969). Elle suivit le calife dans son exil et mourut un an après lui, en 1945. Elle fut inhumée au cimetière de Bobigny.
Notons aussi Mehisti Hanım (1892-1964), issue de la noblesse abkhaze dans le Caucase. Elle fut la mère de la princesse Dürrüşehvar. Après la mort d’Abdülemecid, elle s’est installée à Londres où elle mourut en 1964. Elle est enterrée au cimetière de Brookwood où sa fille l’a rejointe en 2006.
Laurent F
4 mars 2024 @ 12:30
Parmi les alliances de membres de la famille impériale ottomane avec d’autres membres de dynasties du Moyen-Orient, j’ai recensé ceux-ci :
– Nilufer Hanoum Sultane fille d’Adilé Sultane, elle même fille du prince Mehmed Selaheddine, fils du Sultan Mourad V épousa le second fils du Nizam d’Hayderabad, Moazzam Jah.
– Une petite-fille d’Abdul-Medjid, Neslishah Sultane épousa le prince Abdel Moneim d’Egypte, fils du Khedive Abbas Hilmi II et dernier régent d’Egypte après le départ du roi Farouk. Dernière des sultanes à être nées avant l’abolition du sultanat, elle avait la particularité d’être également la petite-fille du dernier Sultan et avant dernier calife de l’empire ottoman, Mehmed VI Vahideddine.
– Une petite fille de Mourad V, Selma Raouf épousa le Rajah Hussein Ali de Kotwara en 1937, Ce sont les parents de l’écrivaine Kenizé Mourad.
– Mehemed Abib Effendi, fils du Sultan d’Abdul-Hamid II épousa en 1937 la princesse Senijé Zogou, une des soeurs du roi Zog d’Albanie.
Il en existe surement d’autres.
Laurent F
4 mars 2024 @ 13:04
Les deux soeurs de Neslishah, Hanzade et Nejla Sultane épousèrent également des princes de la dynastie égyptienne. La fille d’Hanzade Sultane, Fazileh Ibrahim était fiancée au roi Faycal II d’Irak lorsque ce dernier a été assassiné en 1958.
Kamila
5 mars 2024 @ 09:45
Merci pour cet article intéressant, Actarus.
Une descendante de cette famile a écrit des livres sur cette histoire grandiose: Kenizé Mourad. Je recommande particulièrement : « de la part de la princesse morte » écrit d’une très belle plume pour ceux qui sont sensibles au style d’un auteur.
Actarus
5 mars 2024 @ 13:54
J’ai ce livre dans ma bibliothèque, ainsi que « Le dernier sultan », de Michel de Grèce et, sur le même sujet, la biographie d’Abdülhamid II par François Georgeon.
Bastide
6 mars 2024 @ 08:53
Très bonnes remarques, Geoffroy.
Pour l’Afrique du Nord c’est même plus d’un siècle puisque le califat de Cordoue a été maintenu par les troupes berbères du Maroc actuel.
Bastide
6 mars 2024 @ 09:45
Toujours pour appuyer Geoffroy.
Les Balkans perdus aussi comme la Crimée donc l’empire ottoman avait aussi perdu la Mer Noire.