Ce tableau de Renoir immortalise Irène Cahen d’Anvers, jeune enfant, qui fut mariée en premières noces au comte Moïse de Camondo. Le tableau fut accroché pendant ses années de mariage dans l’hôtel particulier de Camondo rue de Monceau. Récupéré après la Deuxième Guerre Mondiale où elle perdit sa fille Béatrice de Camondo et ses petits-enfants dans les camps de concentration, Irène Cahen d’Anvers le vendit. Il est aujourd’hui dans la collection de la fondation Bührle à Zurich.
Corsica
30 janvier 2015 @ 07:15
Cette jolie enfant n’imaginait pas les souffrances que lui réservait le destin … Elle dût affronter la mort de ses deux enfants ( Nissim mourut durant la Première guerre alors que sa fille et ses petits enfants furent exterminés dans les camps de la mort), je n’ose imaginer son chagrin .
D’après un célèbre oncle du net, elle était la petite fille de Joseph-Meyer, cofondateur de Paribas . Titré comte par le prince Charles-Albert de Savoie-Carignan, roi de Piémont, il ajouta « d’Anvers » à son patronyme sans y être autorisé puisqu’un décret de 1808 interdisait aux juifs qui fixaient leur nom, d’adopter celui d’une ville . Je suppose que Cahen est une variante de Cohen .
Arielle de T
31 janvier 2015 @ 22:40
Cohen, Cahen, Kohn, Khan, Kaplan, Kats…
… sont des « Kohanim », dans le Judaïsme ils sont les descendants des « Prêtres » qui avaient la charge du Temple de Jérusalem.
A la Synagogue ils ont la priorité sur les places du premier rang, ils ont aussi certains devoirs…
Corsica
1 février 2015 @ 23:35
Merci Arielle .
Arielle
30 janvier 2015 @ 09:15
Très beau tableau. Triste et fascinante histoire de famille. Le musée Nissim de Camondo est une splendeur. a lire absolument ; LE DERNIER DES CAMONDO, par Pierre Assouline. Merci Régine.
Arielle de T
31 janvier 2015 @ 22:45
Je m’appelle Arielle (aussi) et j’approuve ce message !
Plus sérieusement, c’est plus triste que fascinant.
Gibbs
30 janvier 2015 @ 09:28
Ce tableau est une merveille mais quel triste destin pour cette petite fille …
Caroline
30 janvier 2015 @ 10:03
Les Camondo n’ont pas eu la chance des Rothshild qui n’ont pas connu les camps de concentration!
J’aurais aimé que ce beau tableau revienne à l’hotel des Camondo!
Arielle de T
31 janvier 2015 @ 23:05
Non, la Baronne Philippe de Rothschild née Élisabeth Pelletier de Chambure, mère de feu la Baronne Philippine, est morte dans les camps.
Elle n’a pas fui pensant que sa religion Catholique pourrait la protéger.
Les Rothschild n’ont pas eu de chance mais du bon sens.
Palatine
30 janvier 2015 @ 11:04
La rue de Monceau fut après la chute du 2d Empire l’endroit où vinrent s’établir de riches familles juives venant d’Allemagne, d’Odessa et même d’Istanbul. Les frères Pereire ont loti cette partie de Paris, proche du Parc Monceau.
flabemont8
30 janvier 2015 @ 12:49
Une œuvre magnifique …mais une famille au destin tragique !
Camille Gilbert
30 janvier 2015 @ 14:13
Il émane de ce portrait une tristesse, profondeur, et gravité inhabituelles dans les jeunes filles de Renoir, comme si le destin tragique de cette famille y était déjà inscrit. Ce tableau est particulièrement émouvant, les longs cheveux couvrant les épaules, loin de signifier l’innocence de l’enfance, portent déjà le poids du monde.
Danielle
30 janvier 2015 @ 14:33
J’aime beaucoup Renoir, ainsi que le musée de Camondo qui est très beau.
COLETTE C.
30 janvier 2015 @ 16:58
Admirable tableau !
Claude-Patricia
30 janvier 2015 @ 19:56
Bonsoir à tous,
C’est l’un des tableaux que l’on voit dans le film Monuments men.
marianne
31 janvier 2015 @ 07:32
Je mets RENOIR bien au-dessus de tous les impressionnistes .
Rosiane
31 janvier 2015 @ 09:51
La petite et le tableau ont une histoire commune surprenante. Irène Cahen d’Anvers à toujours détestée ce tableau, il lui suivra toute sa vie.
Le portrait de Mademoiselle Irène Cahen d’Anvers, peint par Renoir en 1880, aujourd’hui unanimement reconnu comme un pur chef-d’œuvre. Traduisant avec délicatesse la rêverie mélancolique d’une jeune fille, ses grands yeux ingénus, sa chevelure rousse déployée sur le dos et ses mains sagement posées sur les genoux, ce tableau n’eut pourtant pas une vie facile. Dès sa conception, l’œuvre déplaît fortement à la famille Cahen d’Anvers, et plus encore à la jeune Irène, qui déteste ce portrait d’elle-même et le détestera toute sa vie. Le chef-d’œuvre, comble d’infamie, sera relégué dans un placard, avant d’être recueilli, en 1910, par la propre fille d’Irène, Béatrice, offert par sa grand’mère la Comtesse Cahen d’Anvers.
Renoir et les Cahen d’Anvers se séparèrent dans de mauvaises conditions. Mécontents du travail de l’artiste, ils firent accrocher ces 2 tableaux (le pendant étant les 2 sœurs Elisabeth et Alice – Rose et Bleu) dans les communs de leur hôtel. On ne pouvait être plus méprisant, il mirent du retard à régler Renoir, d’autant plus qu’aucun prix n’avait été fixé par avance. Finalement avec mauvaise grâce, ils lui firent remettre1500 francs (1880). C’était plus qu’il n’avait jamais touché, mais nettement moins que ce qui se pratiquait ailleurs. D’autant plus que les Cahen d’Anvers étaient parmi les commanditaires présentés les plus riches.
Fort déçu de tant de pingrerie Renoir en eut des accès de mauvaise humeur antisémite que seule put tempérer la présence du portrait d’Irène dans une expositionà la galerie Durand-Ruel deux ans après.
Pour la petite fille au ruban bleu ce fut le début d’une presque légende.
Irène Cahen d’Anvers se laissa épouser par le comte Moïse de Camondo, à 19 ans le 15 octobre 1891. Elle se sépara du comte Moïse de Camondo, se convertit au catholicisme pour épouser celui qui avait entraîné les chevaux des écuries des Camondo, le comte Charles Sampieri.
C’est ainsi que la toile retourna dans la famille Cahen d’Anvers.
Trois décennies plus tard, la guerre s’abat sur les Cahen d’Anvers et les nazis raflent familles et tableaux. Le portrait de Mademoiselle Irène Cahen d’Anvers, dont la valeur, entre-temps, est devenue inestimable, tombe entre les mains de Goering, qui le cède à un certain Georg Bührle, riche industriel suisse d’origine allemande, pourvoyeur d’armes lourdes pour la Wermacht et gros acheteur de tableaux volés. Léon Reinach époux de Béatrice de Camondo tente en vain de récupérer le tableau.
Mais à la Libération, Irène Cahen d’Anvers, ex-de Camondo et désormais comtesse de Sampieri, découvre dans l’exposition
« Chefs-d’œuvre des collections françaises retrouvés en Allemagne » une liste d’objets d’art pillés, la trace de son Renoir, et entreprend de le récupérer. La spoliation est manifeste, pour un tableau aussi connu et maintes fois exposé, et dont les légitimes propriétaires, Béatrice et Léon Reinach, ont disparu dans les camps. Aussi Irène héritière de sa fille, récupère-t-elle son tableau, mais c’est pour s’apercevoir qu’il lui déplaît toujours autant..
L’ex-épouse de Moise de Camondo, Irène devenue catholique et comtesse de Sampieri, échappa aux nazis. Elle récupéra la fortune des Camondo par l’héritage Reinach après la guerre, et la dilapida.
Rarement œuvre fut plus haïe par son modèle ! En 1949, elle le met en vente dans une galerie parisienne. Un amateur, aussitôt, s’en porte acquéreur. C’est… Georg Bürhle. Le portrait reprend le chemin de la Suisse, en toute légalité cette fois, et c’est ainsi qu’il se trouve aujourd’hui à Zurich, à la Fondation Bührle.
Marnie
31 janvier 2015 @ 10:43
Merci beaucoup pour toutes ces précisions, Rosiane ! on se demande comment on peut ne pas aimer un tel portrait… pauvre petite fille riche…
ML
31 janvier 2015 @ 12:19
C’est pourtant un très beau portrait . Curieux de ne pas l’aimer .
Arielle de T
31 janvier 2015 @ 23:09
Le « riche » du « pauvre petite fille riche » est de trop.
Marnie
2 février 2015 @ 11:54
Ah bon ? les Cahen d’Anvers n’étaient pas riches ?
blague à part, vous n’avez pas compris le sens de ma remarque : elle pointait cette mélancolie ou tristesse visible dans l’expression du visage de la jeune fille portraiturée qui a tout mais qui ne semble pas heureuse. Ce n’est pas une critique, un simple constat : la richesse, une vie confortable et sans souci ne rendent pas forcément heureux. Cependant, je reconnais avoir peut-être extrapolé car il ne faut peut-être pas lire ici de la tristesse mais simplement le sérieux d’une enfant sage et/ou réservée.
En revanche, je n’irai pas jusqu’à dire comme Camille Gilbert ci-dessus que le destin de cette jeune fille est marqué dans son attitude… il ne faut pas interpréter un tableau à la lumière d’événements plus récents et dont les protagonistes en 1880 étaient très loin d’avoir l’idée !
Clara
31 janvier 2015 @ 10:48
Merci pour ces explications
bianca
31 janvier 2015 @ 13:12
Grand merci Rosiane pour l’histoire de cette famille et du tableau !
flabemont8
31 janvier 2015 @ 13:28
Merci pour ces explications, Rosiane ! Quelle étrange attitude ! Le tableau est pour moi magnifique .
Corsica
31 janvier 2015 @ 14:14
Merci pour ces informations passionnantes .
cerise
31 janvier 2015 @ 14:37
Oh merci beaucoup pour ce récit! Cela a aiguisé ma curiosité. Je suis décidée à chercher quelque littérature sur cette pauvre femme. Le seul truc que je ne comprends pas, c est pourquoi elle a autant détesté ce tableau……..
bl-r
31 janvier 2015 @ 22:04
Merci Rosiane!
Lady Chatturlante
1 février 2015 @ 10:05
Les mêmes mots, publiés ici en 2009. Seriez-vous Elisabeth ou une adepte du CTRL+C / CTRL + V ?
http://elisabeth.blog.lemonde.fr/2009/08/11/la-petite-fille-au-ruban-bleu/
marianne
1 février 2015 @ 17:54
Ainsi, le modèle n’ aimait pas son portrait ?
Quel manque total de goût !
Claude-Patricia
1 février 2015 @ 18:38
Merci beaucoup pour ces informations.
David Gardner
13 octobre 2018 @ 12:57
Ce recit et tiré directement du passionant histoire d’Assouline, « Le Dernier des Camondos ». Vous ferez mieux de le citer.
Rosiane
31 janvier 2015 @ 09:54
Autres informations sur ce tableau, qui est vite devenu une légende.
En 1880, Pierre-Auguste Renoir traverse une période difficile, ses tableaux se vendant mal. C’est le riche banquier parisien, Cahen, qui lui commande le portrait de sa fille alors âgée de huit ans.
Le portrait représente une petite fille en position assise, le regard tourné vers la gauche. L’artiste allie les vêtements raffinés et la coiffure élégante au regard innocent de l’enfance. Le contraste entre la fluidité des cheveux roux et les touches du buisson en arrière-plan d’un côté et la précision avec laquelle sont peints les traits du visage de la petite fille de l’autre est particulièrement bien rendu. Renoir y fait preuve de la précision acquise lors de formation de peintre sur porcelaine avant de poursuivre son apprentissage dans l’atelier parisien du peintre suisse Charles Gleyre.
Libellule
31 janvier 2015 @ 16:42
Merci à vous ,Rosiane ,pour votre très intéressant commentaire.
Ce tableau d’une grande finesse ,délicatesse me fascine.
Bon WE .
Libellule.
domilys
31 janvier 2015 @ 21:02
Merci pour vos deux articles ,je les ai trouvés très intéressants .
Un tableau sublime !
Lady Chatturlante
31 janvier 2015 @ 12:54
On dirait moi à 15 ans.
Caroline
1 février 2015 @ 10:16
Lady Chatturlante,vous plaisantez!lol!
C’est ma soeur à 15ans avec sa magnifique chevelure aux reflets roux!
Camille Gilbert
31 janvier 2015 @ 13:14
Rosiane, vos commentaires sont passionnants! Merci de partager vos connaissances qui donnent encore plus de vie à ce tableau.
Palatine
1 février 2015 @ 22:28
Merci pour ces précisions Rosiane. C’était très intéressant.
David Gardner
13 octobre 2018 @ 12:59
Petite infos: Irène n’ai jamais mis pieds dans l’hotel du rue de Monceau. Le couple se séparent en 1903, cet demeure fut construit à partir de 1910, quand Moïse à hérité de sa mère.
Bonnor
14 décembre 2019 @ 13:47
Si quelqu un veut bien m’éclairer j ai bien compris qu’Irene a détesté la toile de Renoir.
Mais quand elle l’à récupère en 1946 et faut l avouer que ça n a pas été facile pour elle de remettre la main dessus. La voilà 3 ans plus tard qu’ ellle revend la toile ! J’avoue ne pas comprendre les raisons ? A t elle besoin d’argent ? J ai cru comprendre qu’ elle était dépensière après j ai du mal à croire que c est parce qu elle n aimait pas le tableau qu’elle l’ à revendu ?