Voici la dernière partie du sujet consacré sous la plume de Patrick Germain à Johann-Baptist von Lampi avec une galerie de portraits.
Elena Alexandrovna Narychkina (1785-1855), princesse Suvorova (ci-dessus) par son premier mariage, et princesse Golitsyna par son second mariage, était la fille d’Alexandre Lvovich Naryshkine, grand chambellan de la cour et de Maria Alekseevna Senyavina, dame d’honneur de l’impératrice Catherine.
Si elle était de naissance plus glorieuse que la comtesse Potocka, sa vie n’en fut pas moins exceptionnelle.
Bien qu’ils aient été très mondains, menant une existence somptueuse à Saint-Petersbourg, les Naryshkine ont donné à leur fille une excellente éducation. Dotée d’un beau timbre de voix, elle étudia la musique et le chant. Elle brillait par sa beauté dans les réceptions de la capitale à commencer par celles données, sans cesse, par ses parents.
Les Narychkine, sans être titrés, appartiennent à l’une des plus anciennes familles de la noblesse russe. La mère de Pierre Ier le Grand était une Narychkine.
La famille refusa le titre de prince, se considérant supérieure aux familles princières russes. Néanmoins elle porta parfois à l’étranger le titre de prince, qui ne lui était pas nécessaire en Russie, tant elle était connu.
Leur fortune était très importante. En 1917, avant de partir en exil, ils avaient caché les pièces les plus importantes de leur argenterie et leur objets précieux dans leur palais de Saint-Petersbourg.
En 2012, le trésor fut découvert lors de travaux effectués dans l’immeuble. Depuis 2019, deux mille objets en argent massif et vermeil sont exposés à Tsarkoïe Sélo, pour une valeur estimée à moins de 3 millions d’euros.
Une petite partie de l’argenterie Narychkine
Alexandre Narychkine et son frère Dimitri étaient célèbres en Russie pour leur engouement pour le luxe et la démesure des réceptions qu’ils offraient à la haute noblesse de Saint-Pétersbourg, émerveillée par leur faste.
Les Narychkine étaient très proche d’Alexandre Vassilievitch Souvorov comte Rymnitski, prince Italiski (1799) en raison de sa campagne en Italie, comte du Saint Empire Romain Germanique et généralissime des armées russes.
Favori de Catherine II, il tomba en disgrâce sous Paul Ier. Son fils Arkady, blond, grand élancé, bel homme succomba au charme d’Elena Alexandrovna et le coup de foudre fut réciproque.
Mais il était fiancé à Wilhelmine de Courlande, duchesse Sagan, sœur de Dorothée, la future duchesse de Dino et bien que les jeunes n’aient aucun sentiment l’un pour l’autre, ce mariage était souhaité par les deux familles. A la mort du généralissime, le 6 mai 1800, Arkady Souvorov rompt les fiançailles. Il est devenu propriétaire d’une grande fortune, et libre de faire son choix,.
Le 15 juillet 1800, à Saint-Pétersbourg, Arkady Suvorov, 15 ans, épouse Elena Naryshkina, 14 ans. Ce mariage a cependant été de courte durée et il est peu probable que les époux y aient trouvé le bonheur.
Doué par la nature de grandes capacités et des meilleures qualités d’esprit et de cœur, le fils du grand Souvorov, n’était pas fait pour la vie de famille. Il préférait se promener dans les champs avec ses chiens, ou passer ses soirées à jouer aux cartes, laissant son épouse en compagnie de nombreux admirateurs dont trois amis inséparables, un cousin de l’hôtesse, le comte M. S. Vorontsov, un poète satirique, le laid mais intelligent Sergei Marin, et le doux et sentimental colonel Dmitry Vasilyevich Arsenyev. Tous trois avaient des sentiments tendres pour Elena Alexandrovna.
Marin écrira : “ Comment pouvez-vous quitter votre femme pour aller chasser avec vos chiens.” Réaliste, il ajoutera : “Qu’elle est devenue douce, et je pense qu’elle sera, si possible, aussi intelligente et aimable que sa mère, bien que cette divinité ait en elle tout ce que la frivolité et la coquetterie ont de dangereux!” La coquette finit par lasser ses soupirants auxquels elle semble ne pas avoir accordé grand chose..
En avril 1811, pendant la guerre russo-turque, Arkady Souvorov, 26 ans, se noie, avec sa voiture, en traversant le Rymnik, le fleuve même sur les rives duquel son père remporta l’une de ses brillantes victoires.
Veuve à 25 ans, la princesse Suvorova partagea son temps entre la Russie, où elle restait peu, et des villégiatures à l’étranger, sa santé fragile l’obligeant à des climats plus chauds.
En 1814, le Congrès de Vienne réunit toute l’Europe. Son père et sa mère étant en service auprès des majestés impériales, Elena Alexandrovna vint séjourner avec eux.
Lors des brillants bals et festivités qui accompagnèrent ce congrès sans précédent des empereurs, rois et princes de toute l’Europe, la princesse Suvorova, grâce à sa beauté et sa courtoisie, attira l’attention générale et occupa une place de choix entre les beautés de la cour de Vienne et les plus hautes personnalités européennes. aristocratie.
Un de ses contemporains a écrit à son sujet : “… Elle a combiné avec une beauté remarquable la vivacité naturelle de l’esprit et le charme d’une âme douce et sublime.”
Les années suivant le Congrès, les Narychkine passent plusieurs années à voyager, notamment à Florence, où ils possèdent deux palais en ville et une villa à la campagne.
Ils sont accompagnés d’un baron germano-balte en qualité d’intendant, d’une centaine de domestiques, de dizaines de secrétaires et d’amis de voyage, plus d’une domesticité locale.
Son esprit, son éducation, sa beauté, ses capacités musicales exceptionnelles et une belle voix lui attirent bien des hommages. dans les villes d’eaux où elle séjournait le plus souvent.
Elena Alexandrovna par Vladimir Borovikovsky
Pendant le séjour d’Elena à Rome en 1815-1816. Rossini, déjà célèbre à cette époque, reçu chez elle, a souhaité écrire une cantate le jour de sa fête sur un motif musical russe. Il l’aurait repris dans le final 2e acte du “Barbier de Séville”.
Au cours de ses douze années de veuvage, Elena Alexandrovna a eu de nombreuses occasions de se remarier, mais elle avait décidé de se consacrer à l’éducation de quatre enfants. Et ce n’est que lorsque les enfants furent grands et la fille aînée mariée qu’elle a décidé de se remarier.
Durant l’été 1823 à Baden, Elena Alexandrovna reçut une demande en mariage. Son élu était le prince Vasily Sergeevich Golitsyn, âgé de 30 ans, conseiller d’État et chambellan.
Les Golytsin sont aussi connus sous le nom de Galitzine. Il s’agit d’une des familles les plus importantes de la noblesse russe, faisant remonter ses origines au XIIIe siècle à Gidiminas, Grand-duc de Lituanie.
La famille donna à l’empire russe un nombre importants d’hommes d’état et de militaires de haut rang.
Prince Vasily Sergeevich Golitsyn (1792-1856)- Miniature – peintre inconnu
Leur mariage célébré à Berlin fit causer dans l’Europe aristocratique. a eu lieu à Berlin et a causé beaucoup de commérages dans la société. “Le mariage de Suvorova surprend tout le monde ici aussi. Les deux sont devenus fous. Et qui sait, peut-être seront-ils des conjoints exemplaires. C’est l’âge des choses extraordinaires.” écrivit un contemporain
Devenue princesse Golitsyna, Elena Alexandrovna passa la plupart de son temps dans le sud de la Russie, à Odessa et Simferopol et dans leur domaine de Crimée, ”Vasil-Saray », jouissant d’un bonheur domestique tranquille.
De temps en temps, elle vint à Saint-Pétersbourg, ainsi le 8 février 1833, décrivant le bal chez les Senyavins, les cousins ‘Elena, Dolly de Ficquelmont née comtesse Daria Fiodorovna von Thiesenhausen , épouse de l’ambassadeur d’Autriche à Saint-Petersbourg, écrit dans son journal : “ Est apparue la célèbre beauté princesse Helen Suvorova, qui, après une jeunesse très orageuse, très joyeusement passée et une renommée bruyante dans la société, s’est remariée il y a plusieurs années, devenant l’épouse du prince Basil Golitsyn, et se dirige vers une vieillesse calme et heureuse. Son histoire, comme bien d’autres, prouve une fois de plus que toutes les brebis perdues ne retournent pas à la bergerie par des chemins épineux. Parmi eux, il y a ceux pour qui le chemin aux roses est plus fiable !”
Le désir de plaire et de séduire n’a jamais quitté Elena Alexandrovna et a fait l’objet de la remarque pertinente du prince Vyazemsky sur « ses cils ratés et deux douzaines de dents parisiennes”.
Jusqu’aux tout derniers jours de sa vie, perdant presque la vue, Elena Alexandrovna a conservé une fraîcheur d’esprit et une charmante convivialité, qui en ont fait une compagne agréable, toujours intéressante . Elle mourut le 3 décembre 1855 à Odessa, où elle fut enterrée.
Sophie de Choiseul-Gouffier
Sophie de Choiseul-Gouffier, née von Tiesenhausen (1790-1878) née dans la noblesse germano-balte dame d’honneur de l’impératrice de Russie, fut aussi une une romancière, dont l’œuvre écrite en français, inspirée par la vie des femmes de la noblesse lituanienne de son époque, connut un succès certain.
Son père était le gouverneur du Grand-Duché de Lituanie.
Elle épousa en 1818, le comte Antoine Louis Octave de Choiseul-Gouffier (1773-1840), pair de France mais aussi militaire au service de la Russie, il participa à la prise de Varsovie en 1795 et reçut l’ordre de Saint-Georges ; il quitta le service militaire pour prendre le rang de conseiller aulique après son mariage avec la comtesse Victoire Potocka, fille d’un seigneur richissime, qui lui apporte une dot considérable, dont il divorça en 1816 ; Commandeur du grand prieuré catholique de Russie de l’ordre souverain de Saint-Jean-de-Jérusalem (ordre de Malte) ; chambellan russe en 1812, comte-pair de France héréditaire. Membre de 3e grade de la loge Les Amis Réunis, à dominante étrangère, à Saint-Pétersbourg en 1816 et 1820.
La comtesse Sophie de Choiseul-Gouffier compta dans la vie intellectuelle de la Lituanie annexée et de la Russie. Elle mourut à Nice en 1878.
Prince Alexandre Andreïevitch Bezborodko (1747-1799)
Le prince Alexandre Andreïevitch Bezborodko est un homme politique russe. Il fut grand chancelier de l’empire de Russie et ministre des Affaires étrangères de 1797 à 1799.
Architecte de la politique étrangère de Catherine II, protégé du prince Potemkine, il fut très écouté par l’impératrice impressionnée par ses talents, ses manières exquises, sa fabuleuse mémoire. Il parlait aussi les langues européennes, en particulier le français qu’il maîtrisait parfaitement.
L’activité de Bezborodko fut prodigieuse. Il accompagna l’impératrice dans le Sud de l’Ukraine actuelle. Au cours de ce déplacement, il rencontra l’empereur Joseph II.
Au retour d’une délicate mission au Danemark, Alexandre Bezborodko présenta à l’impératrice un mémoire sur les affaires politiques qui comprenait le projet du partage de la Turquie entre la Russie et l’Autriche.
Les propositions de partage furent retranscrites presque mot pour mot dans le document destiné à Vienne. Le prince en fut récompensé et fut nommé à des postes chargés de toutes les « négociations plénipotentiaires » au ministère des Affaires étrangères. Il rédigeait pour le ministre des Affaires étrangères les dépêches les plus importantes destinées à l’étranger.
Il conclut et souscrivit ainsi tous les traités en remplissant toutes les fonctions d’un secrétaire d’État. Il était entièrement acquis aux idées politiques de Catherine II, même celle de rétablir l’empire grec avec à sa tête le grand-duc Constantin, l’un des petits-fils de l’impératrice.
Comme à son habitude, Catherine récompensa généreusement le prince Bezborodko : elle lui accorda ainsi des pensions et des terres. Il fut nommé sénateur de l’Empire en 1786. En 1787, il put avec l’appui du comte Louis-Philippe de Ségur signer un accord d’amitié et de commerce avec la France. Cet accord fut signé à Versailles et fut suivi bientôt par une triple alliance entre la France, l’Autriche et la Russie.
Alexandre Andreïevitch Bezborodko eut à souffrir des intrigues de ses rivaux jaloux de sa réussite. Tous les efforts du prince s’orientèrent vers la conclusion d’une paix honorable avec l’Empire Ottoman et la Suède après les guerres russo-turque ( 1787-1792) et russo-suédoise (1788-1790, véritables gouffres financiers.
Le palais du prince à Saint-Petersbourg
Après le décès subit de Grigori Potemkine le 16 octobre 1791 Bezborodko fut envoyé à Jassy avec pour mission d’empêcher la rupture du congrès de paix. Malgré toutes les difficultés extrêmes qu’il rencontra, le prince réussit.
Le Traité de Jassy, signé le 9 janvier 1792, offrit d’immenses avantages pour la Russie.
Sa datcha à Saint-Petersbourg
Toutefois à son retour, son poste de secrétaire était occupé par le nouveau favori de Catherine II, le prince Platon Alexandrovitch Zoubov (1767-1822).
Le prince Zoubov
La diplomatie n’épuisa pas la capacité de travail d’Alexandre Bezborodko, qui prit une grande part dans l’administration intérieure de l’Empire. Le prince réforma les bureaux de poste, améliora le système bancaire de la Russie, réglementa les finances, construisit des routes et fit revenir les Uniates au sein de l’Eglise orthodoxe.
Après le décès de Catherine II, le nouvel empereur Paul Ier, lui confia l’examen des documents privés de la défunte impératrice. Il fit de lui peu après un prince de l’Empire avec un splendide apanage.
Paul Ier confia au prince la plus haute dignité de l’Empire, celle de chancelier impérial.
Alexandre Andreïevitch Bezborodko fut l’unique ministre russe à conserver la faveur de Paul Ier. Il détenait pendant les deux dernières années de sa vie tout le sort de la diplomatie de la Russie impériale.
À cette époque, sa seule ambition était de maintenir la paix avec toutes les puissances européennes, y compris la France révolutionnaire, mais l’empereur finit par éprouver de l’aversion envers cette politique pacifiste et Alexandre Bezborodko présenta sa démission au tsar, qui la refusa.
Dans la vie, Bezborodko, disciple de Catherine II, était un être égoïste, licencieux, mais infiniment généreux et affectueux. Homme de grande probité, il refusa de se laisser corrompre. Il possédait une grande culture littéraire et artistique. Ses banquets étaient magnifiques et il avait une collection de peintures et de sculptures unique en Europe.
Il eut de nombreuses relations avec des personnes pauvres, dont il fut l’ami. Il s’efforça d’être le mécène des artistes de son époque et mit sa fortune personnelle à leur service.
Il fut peut-être sycophante mais il n’était pas ingrat et n’avait aucun esprit de vengeance. Son patriotisme était aussi indiscutable que son génie.
Alexandre Andreïevitch Bezborodko fut victime d’une attaque cérébrale qui provoqua une paralysie et il décéda le 6 juin 1799 à Saint-Pétersbourg.
Le comte Alexeï Ivanovitch Moussine-Pouchkine (1744-1817) est un homme d’État, historien et collectionneur d’art russe.
Son portrait en 1794
Fils d’un capitaine des Gardes, d’ancienne noblesse originaire de Kazan, diplômé de l’école d’artillerie, aide de camp du général Orlov, il quitta ses fonctions en 1772 puis voyagea à travers l’Europe, visitant l’Allemagne, la France, les Pays-Bas,,l’Italie, la Suisse et l’Angleterre.
A son retour en 1775, il fut nommé Maître des Cérémonies de la Cour. En 1781, il épousa la princesse Ekaterina Wolkonskaya (1754-1829). Ils eurent trois filles et cinq garçons.
En 1785, il devin membre honoraire de l’Académie Impériale des Arts, puis membre à part entière en 1789. Il fut un collectionneur avisé de manuscrits, documents et cartes de l’ancienne Russie.
En 1791, l’impératrice Catherine le nomma Procureur du Saint Synode, en quelques sorte le représentant laïque de l’Eglise orthodoxe russe, avec mission de recueillir tous les manuscrits et documents de l’église. En 1793, il est nommé Conseiller Privé, en 1795, il devint président de l’Académie impériale.
Il présida à la construction de nouveaux bâtiments à Saint-Petersbourg. En 1797, il reçut l’Ordre de Saint Alexandre Newky et en 1798, il fut créé comte et sénateur de l’empire.
Ses collections devaient être données aux archives impériales de Moscou, mais elles furent détruites par l’incendie qui ravagea la ville en 1812, suite à l’occupation par les Français.
Jusque’à sa mort en 1817, il continua à acquérir quelques œuvres et documents anciens, mais ce ne fut rien par rapport à ce qui avait été détruit.
Parmi les manuscrits sauvés il y eut le Code Laurentien, acheté en 1792 par Moussine-Pouchkine, collection de chroniques de la Russie ancienne remontant au Xème siècle, ajoutées et modifiées au cours des siècles.
Page du Code Laurentien
Johann Philipp, comte de Cobenzl (1741-1810) est un homme d’état de la monarchie habsbourgeoise. Il appartenait à une famille de la noblesse de Carinthie ancienne élevée au titre de comte du Saint-Empire en 1722 ayant compris en son sein de nombreux diplomates.
En 1777, il accompagna Joseph II, en visite privée, à Versailles. En 1779, il fut nommé vice-chancelier de l’Empire puis chancelier à la suite du prince Kaunitz en 1792. Grand amateur et protecteur des arts, il connut et aida Mozart. Il fut ambassadeur d’Autriche à Paris de 1801 à 1805.
Johann Philipp, comte de Cobenzl
Grigori Aleksandrovitch Potemkine (1739-1791) est difficile à présenter tant le personnage fut important dans la Russie de la deuxième partie du XVIIIe.
Beau et intelligent il fut l’amant de Catherine II et resta son favori jusqu’à sa mort. Mais comme Madame de Pompadour face Louis XV, Potemkine sut présenter à sa maîtresse de jeunes hommes capables de satisfaire son appétit sexuel.
Prince Potemkine en tenue militaire
Grigori Aleksandrovitch Potemkine naît dans le village de Tchijovo, près de Smolensk dans une famille d’officiers subalternes.
Après des études inachevées à l’Université de Moscou, il s’engage dans la Garde à cheval. Sergent-major, il participe au coup d’État de 1762 qui détrône Pierre III et met son épouse Catherine sur le trône. Il reçoit le grade de second lieutenant des Gardes.
Catherine demandait des adjoints dignes de confiance et appréciait l’énergie de Potemkine et ses capacités d’organisation. On ignore s’il fut impliqué directement dans l’assassinat de l’empereur.
À l’issue de la première guerre russo-ottomane (1768-1774) les relations de l’impératrice avec Potemkine, son cadet de dix ans, prennent un caractère plus intime. Succédant à Grigori Orlov, Potemkine devient le favori de Catherine II.
De la relation de Potemkine avec la souveraine, naquit en 1775 une fille, Élisabeth Temkina ( source Secret d’Histoire par Stéphane Bern).
Il offrit à Catherine II, ce qui est le sud de l’Ukraine actuelle qui devient russe par le traité de Küçük Kaynarca en 1774. Il fonda notamment Kherson et Sébastopol.
Durant les dix-sept années qui suivent, Potemkine est le personnage le plus influent de Russie. Il sut flatter aussi les rêves de grandeur de l’impératrice souhaitant recréer l’empire byzantin au profit de son petit-fils Constantin. Potemkine aurait eu les principautés danubiennes.
Ces projets restent finalement dans les cartons, mais Potemkine reçoit de nombreuses récompenses ainsi que d’importants postes, notamment sa nomination au poste de Président du conseil militaire (1774-1791).
En jaune les territoires conquis par Potemkine
Comme Catherine, Potemkine est à la fois guidé par l’esprit des Lumières et le despotisme, pas forcément éclairé.
Il trouve du plaisir dans le luxe ostentatoire et la richesse personnelle. Dans sa politique de colonisation de la Nouvelle-Russie, il se montre tolérant à l’égard des différentes religions, et protège les minorités.
Dans l’armée, il prône une approche plus humaine de la discipline, exigeant que les officiers prennent soin des soldats d’une manière paternelle.
En 1787, à la suite du voyage organisé par lui dans les territoires nouvellement conquis, montrant à l’impératrice des villages trompe-l’œil et de joyeux paysans heureux de vivre ( mais ce ne serait qu’en légende malveillante) , soit le contraire d’une réalité sordide, il reçut le titre de prince de Tauride.
Le palais du prince de Tauride à Saint-Petersbourg
Le palais du prince Potemkine à Pokrovsky, province de Smolensk (1785-86)
En 1776, à la requête de Catherine, l’empereur Joseph II élève Potemkine au rang de prince du Saint-Empire.
En 1775, il est remplacé dans le le lit de Catherine mais les relations entre elle et son ancien amant continuent à être amicales, et son influence n’a jamais été remplacée par celle d’aucun des amants suivants.
De très nombreux faits attestent de la grande et constante influence de Potemkine durant les dix années suivantes. Les plus importants documents d’État passent entre ses mains.
Potemkine reste un personnage controversé et suscite des opinions opposées. Beaucoup, dont l’impératrice elle-même, le considéraient comme un homme à multiples facettes : commandant de génie, administrateur doué, mais exigeant. Il fut indubitablement le plus éminent de tous les amants de Catherine.
Son caractère était empreint de morgue, d’immoralité, d’extravagance et de cynisme, mais il était loyal, généreux et magnanime. Il pouvait recevoir avec le plus grand faste, couvert de diamants, et le lendemain recevoir nu sous sa robe de chambre, qu’il laissait volontiers entr’ouverte. Turbulent, susceptible, il perdit un œil dans un duel.
Après la mort de l’impératrice son fils, Paul Ier, dans un acte de vengeance morbide, fit disperser les cendre de Potemkine, auquel il devait pourtant une belle partie de son empire.
Feu d’artifice en Crimée, apothéose de Catherine II et de Potemkine
Ce ne sont là que quelques portraits peints par Johann-Baptist von Lampi, choisis un peu au hasard, dans une galerie qui en comporte des centaines. Lampi ayant beaucoup voyagé pour remplir les commandes de ses clients, son œuvre, relativement dispersée, figure dans bien des collections privées et musées.
Parmi ses derniers portraits celui, peint en 1824, d’Anton Franz Rollett (1778-1842) un naturaliste et médecin autrichien, grand collectionneur, notamment des crânes de Franz Joseph Gall (1758-1828) fondateur de la phrénologie.
Baboula
24 juin 2022 @ 05:32
Coucou ! Article porté disparu !
Caroline
24 juin 2022 @ 09:09
Baboula,
Je ne vois rien…….!!!!
Trianon
24 juin 2022 @ 20:58
Oui..🥹
Baboula
6 juillet 2022 @ 07:22
C’eût été dommage de ne pas lire la fin de cette très intéressante bio et de voir son feu d’artifice final .
Encore merci,cher Cosmo,de nous cultiver en nous distrayant.
Kalistéa
6 juillet 2022 @ 08:16
Très beaux portraits et une série d’articles fort intéressants merci Cosmo !
JAusten
6 juillet 2022 @ 08:40
un peintre prolixe, néanmoins je n’aime pas trop ses portraits. Je ne parle pas de l’art parce que je ne suis pas spécialiste, mais plutôt le fait qu’ils donnent l’impression que les modèles font tous partie de la même famille.
Ciboulette
6 juillet 2022 @ 17:51
Merci , Cosmo , pour ces portraits croisés ( ceux du peintre et les vôtres ) où se côtoient belles dames et riches messieurs inconnus , sauf Potemkine .Très intéressant .
Mary🐇
7 juillet 2022 @ 05:09
Passionnant, comme toujours !
Trianon
7 juillet 2022 @ 14:05
Merci Cosmo, pour ce final comme toujours intéressant et si bien documenté .
Robespierre
8 juillet 2022 @ 08:29
Mon commentaire a disparu, mais j’appuie vos dires, et c’est rare de connaitre des détails biographiques sur les personnes immortalisées en peinture.