Alors que le splendide collier de perles de la reine Joséphine de Suède réapparaît sur le marché, voici un portrait peu connu de cette princesse, découvert par l’auteur de ces lignes, le week-end dernier, à la Villa Royale de Milan !
La petite Joséphine-Maximilienne est l’aînée des six enfants d’Eugène de Beauharnais et d’Augusta-Amélie de Bavière. Le portrait dû à Gioacchino Serangeli, qui apprit son métier auprès de David, date de 1812 environ. La princesse est donc âgée de cinq ans.
La Villa Royale de Milan du côté du jardin à l’anglaise
Entre 1790 et 1796, le comte Ludovico Barbiano de Belgiojoso, brillant diplomate, entreprend l’édification d’une superbe retraite, à la lisière de Milan, non loin des bastions de la ville.
Chargé du projet, l’architecte Leopoldo Pollack réalise ici l’un des plus brillants exemples d’architecture néoclassique milanaise. Il parvient à combiner les agréments d’une maison de campagne et la richesse d’un palais urbain, la rationalité des espaces et l’apparat nécessaire à une résidence diplomatique.
Salle de bal de la Villa Royale de Milan
Salle du Parnasse de la Villa Royale de Milan
Lorsque Milan tombe sous la férule des Français en 1797, la Villa Belgiojoso est acquise par la jeune République d’Italie, au profit de Bonaparte qui lui laisse son nom.
Après avoir hébergé Joachim Murat, la propriété sera attribuée en 1806 au vice-roi d’Italie qui n’est autre qu’Eugène de Beauharnais, beau-fils de l’empereur.
De coûteux travaux d’embellissement seront entrepris, comme en témoignent la Salle de bal et la salle du Parnasse. Ami du luxe, Eugène de Beauharnais commandera d’autres décors somptueux – exactement contemporains de ceux de Milan – à l’hôtel de Beauharnais à Paris. Cela vaudra à leur instigateur une lettre de semonce mémorable écrite par un Napoléon furieux de tant de dépense !
Villa Royale de Monza
Salle napoléonienne de la Villa Royale de Monza
Les premiers souvenirs de Joséphine-Maximilienne se sont partagés entre deux Villas royales, celle de Milan et celle de Monza, à quelque distance de la précédente. Deux cadres de vie assez comparables, dans une ambiance très antiquisante, ce qui est le propre du courant néoclassique.
Malheureusement, bon nombre des décors de Monza ont disparu. La visite du premier étage est d’ailleurs assez éprouvante, avec une enfilade de salles vides, aux murs dégarnis et aux plafonds en partie ruinés. Demeurent heureusement, au rez-de-chaussée, quelques salles dites napoléoniennes, joliment meublées. Au-delà s’ouvrent les appartements des souverains italiens, refaits dans un goût éclectique typique de la seconde moitié du XIXe siècle.
Quant à la petite princesse et à ses parents, l’écroulement du rêve napoléonien les a conduits très tôt sur le chemin de l’exil… (merci à Benoît-Henri pour ce sujet)
Régine ⋅ Actualité 2021, Châteaux, Italie, Leuchtenberg, Napoléon, Suède 18 Comments
cerodo
6 octobre 2021 @ 06:36
merci à Benoit-Henri d’avoir écrit pour nous cet article très intéressant et à Régine pour l’avoir publié.
mousseline
6 octobre 2021 @ 08:15
merci pour ce bel article. Le portrait a le mérite de nous montrer l’ habillement de l’ époque pour les enfants. La petite Josephine Maximilienne semble bien mélancolique
Ludovina
6 octobre 2021 @ 08:49
Joséphine de Leuchtenberg, princesse de Beauharnais était l’aînée d’une fratrie de 7 enfants : 5 filles et 2 garçons.
La 5ème fille Caroline a peu vécu : née le 16/01/1816, elle est décédé le 25/06/1816.
Joséphine a épousé le futur roi Oscar I de Suède et de Norvège (1799-1859), 2 de leurs 4 fils sont devenus rois : Carl XV (1826-1872), dont l’unique fils a seulement vécu 17 mois et Oscar II (1829-1907), arrière-arrière-grand-père de l’actuel roi de Suède.
Le cadet de leurs fils Gustaf (1827-1852) est mort sans alliance à l’âge de 25 ans de la typhoïde, le benjamin August (1831-1873) n’a pas eu de postérité avec son épouse Theresia, princesse de Saxe-Altenburg (1836-1914) et leur unique fille Charlotta (1830-1889) est restée célibataire.
Beque
6 octobre 2021 @ 08:57
A propos de l’Hôtel de Beauharnais, situé 78, rue de Lille, actuelle résidence de l’ambassadeur d’Allemagne à Paris, il faut savoir qu’il fut acheté par Eugène de Beauharnais le 20 mai 1803. Jusqu’en 1805, la mère et la sœur d’Eugène présidèrent au luxueux aménagement intérieur du bâtiment dans l’élégant style du Consulat et du début de l’Empire.
Napoléon, que les coûts de rénovation exorbitants de l’hôtel avaient rendu furieux, en retira le droit d’usage à Eugène peu après que ce dernier fut devenu vice-roi d’Italie. Le 3 février 1806, il lui écrivait de Paris : « Mon fils, vous avez très mal arrangé vos affaires à Paris. On me présente un compte de quinze cent mille francs pour votre maison ; cette somme est énorme. MM. Calmelet, Bataille et ce petit intendant que vous avez nommé, sont des fripons ; et je vois qu’ils ont tout embarrassé, de manière qu’il sera impossible de ne pas payer beaucoup. … On ne doit rien faire sans un devis avec engagement de ne pas le dépasser (…) J’ai chargé Berthier de veiller lui-même à ces affaires. »
Eugène lui répondait, le 12 février, de Brescia : (…) « Sire, Votre Majesté m’a adressé deux dépêches qui m’ont été extrêmement sensibles. Elle a vu avec peine les dépenses qui ont été faites à mon hôtel de Paris. Votre Majesté n’a pas oublié que je suis éloigné de Paris depuis longtemps et que, dès lors, oubliant mes affaires personnelles, je n’ai pensé qu’à mes devoirs, n’ayant d’autre ambition que celle de vous obéir et de vous satisfaire ; pendant tout le temps que j’étais dans la capitale, la dépense de mon hôtel a toujours été réglée sur les moyens que j’ai tenus des bontés de Votre Majesté. Depuis mon départ, les travaux continuaient doucement, lorsque Votre Majesté a daigné me nommer prince (…) ; elle aura probablement donné ses ordres à l’Impératrice qui a elle-même pressé les travaux de l’hôtel et ordonné des embellissements. A l’époque où j’envoyai un de mes aides de camp à Paris, je le chargeai de me rapporter tous les comptes de ma maison ; ces comptes étaient, il y a cinq mois, tels qu’ils sont aujourd’hui ; c’est-à-dire qu’il fallait encore, pour le parfait payement huit à neuf cent mille livres ; j‘ai moi-même alors crié beaucoup mais c’était trop tard pour arrêter les travaux qui touchaient à leur fin (…) Mon intention était, à mon arrivée à Paris, de tout régler et de donner avec ces sommes de forts à-compte. (…) Je dois à la vérité de dire à Votre Majesté que, quant à mes affaires particulières, MM. Calmelet, Soulanges, ainsi que mon architecte, ne sont point coupables.
Napoléon lui répliquait, le 18 février : « Mon fils, je ne puis accorder mon estime à M. Calmelet ni à votre architecte : je les ai chassés l’un et l’autre de chez moi (…) Au reste, ne vous mêlez pas de votre maison, j’y ai mis embargo. Quand vous viendrez à Paris, d’ailleurs, vous logerez dans mon palais. »
Beque
6 octobre 2021 @ 10:11
Je ne connais pas la Villa Royale à Milan : où est-elle située ?
J’en connais un peu plus sur l’Hôtel de Beauharnais que l’on peut visiter sur demande (très à l’avance).
À l’occasion du mariage de l’Empereur avec l’archiduchesse Marie-Louise d’Autriche, l’hôtel servit de résidence au beau-père d’Eugène, le roi de Bavière, et sa famille. Après l’entrée des troupes alliées à Paris, le roi de Prusse Frédéric-Guillaume III occupa l’hôtel. Le 6 février 1818, il devint la propriété de la Prusse pour la somme de 570.000 francs. En tant que légation, l’Hôtel de Beauharnais servit également de résidence parisienne au roi de Prusse. A la naissance de l’Empire allemand, en 1871, il devint le siège de son ambassade, fonction qu’il conserva jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. En 1944, la résidence fut confisquée, puis accueillit une partie des services du ministère des Affaires étrangères français. Classée monument historique en 1951, elle fut rétrocédée à la République fédérale d’Allemagne le 26 mars 1962. Une vaste campagne de restauration de l’Hôtel de Beauharnais précéda son inauguration officielle en tant que résidence (1968). L’Hôtel de Beauharnais représente l’apogée du style Empire en France avec une grande partie du mobilier d’origine datant de l’époque d’Eugène, conservé même après l’acquisition de la résidence par le roi de Prusse.
Marlene64
6 octobre 2021 @ 18:55
Villa Reale se trouve à Monza, à proximité de Milan. Petite ville qui fait province et qui a aussi d’autres monuments remarquables, la Cathedrale ( où on garde la couronne de fer longobarde des rois d’Italie, l’Arengario et des très jolies villas d’époque !
Severina
6 octobre 2021 @ 19:07
Villa Reale di Milano est située via Palestro 16, en plein centre ville. Très beau le jardin ou les adultes peuvent entrer seulement accompagnés par des enfants!
Beque
7 octobre 2021 @ 08:51
Merci, Marlene 64 et Severina
Beque
6 octobre 2021 @ 09:10
Joséphine-Maximilienne-Eugénie-Napoleone de Leuchtenberg était la fille aînée d’Eugène de Beauharnais, beau-fils et fils adoptif de Napoléon, et de la princesse Auguste Amalia de Bavière, fille du roi Maximilien Ier de Bavière. Elle naquit en mars 1807 à Milan, alors capitale du royaume d’Italie dont son père était vice-roi. Napoléon, son parrain [en félicitant Eugène de la naissance il lui avait écrit : « faites appeler votre fille Joséphine »] lui accorda le titre de princesse de Bologne puis de duchesse de Galliera.
Le mariage du prince royal Oscar, fils de Charles XIV Jean de Suède né Jean-Baptiste Bernadotte et de Désirée Clary, constituait un acte important qui devait légitimer la nouvelle dynastie Bernadotte, contestée dans les maisons princières d’Europe. Oscar considérait comme plus avantageux politiquement d’épouser une princesse proche d’un trône mais, après l’échec de plusieurs tractations matrimoniales au sein des familles régnantes de Prusse, de Wurtemberg, de Mecklembourg, de Hesse et de Danemark, il choisit finalement d’épouser, selon les souhaits de son père, Joséphine de Leuchtenberg « qui réunissait les intérêts anciens et nouveaux ». Par sa mère, Joséphine descendait du roi Gustav 1er de Suède. Les parents de Joséphine avaient exigé qu’elle puisse continuer à pratiquer sa religion. Le mariage catholique de Joséphine, âgée de seize ans, eut lieu par procuration, à Eichstädt, siège de la cour de Leuchtenberg, le 22 mai 1823. Il fut célébré par l’archevêque de Munich. La cérémonie officielle du mariage protestant avait été prévue à Stockholm le 19 juin. Le culte catholique étant interdit en Suède, la princesse dut promettre d’élever ses enfants dans la religion luthérienne.
Robespierre
10 octobre 2021 @ 09:52
Elle resta catholique jusqu’à sa mort. Dans ses mémoires, le prince Carl de Suède, père de la reine Astrid, raconte qu’il voyait le matin très tôt sa grand-mère Joséphine aller à la messe.
Beque
10 octobre 2021 @ 11:29
Robespierre, d’autant plus catholique qu’elle fit construire l’église Sainte Eugénie à Stockholm, inaugurée en 1837. Son portrait est accroché dans les rares couvents catholiques de Suède.
Son chapelain Mgr Studach, vicaire apostolique de Stockholm, la sollicita pour le retour de la seule relique du roi Saint Olav qui se trouvait au musée de Copenhague. Le reliquaire fut placé dans une niche sous l’autel de la Vierge offert par Joséphine à l’église Saint Olav d’Oslo, qui sera consacrée en 1856 et deviendra cathédrale en 1953.
Les Messes à la cathédrale catholique d’Oslo, le dimanche, sont dites en polonais, anglais, norvégien, vietnamien. En semaine, en norvégien. A la chapelle Saint Joseph, annexe de la cathédrale, le dimanche en norvégien, croate, espagnol, anglais, français (16 h). En semaine, en tagalon (langage des Philippines), norvégien, italien, espagnol.
Cosmo
6 octobre 2021 @ 09:31
Elle est l’ancêtre des familles royales de Suède, Norvège, Danemark, Belgique et Luxembourg… sans oublier la descendance de l’archiduc Lorenz… Pas mal pour une Napoléonide…
Aldona
6 octobre 2021 @ 10:36
Merci pour ce récit très instructif, très belle villa, à visiter
Caroline
6 octobre 2021 @ 11:00
Merci pour ce beau reportage intéressant avec de très belles photos !
La première photo nous montre- t- elle Joséphine assez chétive avec sa coiffe d’ époque ou ses cheveux peu fournis ?
Pistounette
6 octobre 2021 @ 11:23
Très intéressant reportage, merci.
J’apprécie beaucoup
COLETTE C.
6 octobre 2021 @ 13:58
De la douceur dans son visage.
Benoite
6 octobre 2021 @ 15:20
On peut aussi retenir que cette du 19 juin est une date historique, pour les royaux de Suède, cela fait 3 mariages connus à cette date là. Ici cette petite princesse, plus tard le roi Carl-Gustav XVI épouse Silvia Sommerlath, et leur fille ainée se marie elle aussi un 19/6/2010.
Aristocrate
6 octobre 2021 @ 16:10
Des endroits charmants et des explications intéressantes. Merci à Benoît-Henri.