L’ Église troglodytique de l’Annonciation de Haute-Isle, Val-d’Oise

Haute-Isle est un rare village troglodytique, dont les premières habitations remontent à la période préhistorique. Au Moyen Âge, les habitations troglodytiques implantées à flanc de coteau se multiplient. C’est alors le développement du cœur ancien du village de Haute-Isle essentiellement constitué d’un habitat troglodytique, les « boves », s’étirant en amphithéâtre au-dessus de la Seine.

Une fois passé le grand portail en fer forgé, il ne reste qu’à traverser le petit cimetière rural qui s’étale à ses pieds. Le vernis du Japon, plante invasive, a progressivement remplacé la vigne qui recouvrait la colline au siècle passé. Avec sa façade irrégulière, la porte centrale qui a été protégé récemment par un avent en bois des chutes de silex, l’église domine, tranquillement, le bras secondaire de la Seine qui coule en contrebas.

Seul le clocher est en maçonnerie. Il est recouvert d’une pyramide de charpente et d’ardoise et même la façade extérieure n’est autre que la roche de craie laissée en place comme telle.

Sur le plan administratif, Haute-Isle, petite seigneurie, dépendait alors du duché de La Roche-Guyon, bourgade voisine ayant notamment obtenu le droit de tenir un marché. La seigneurie de Haute-Isle avait été cédée par les seigneurs de La Roche-Guyon au sieur Dongois. Les habitants dépendent de la paroisse Chérence.Mais l’église est difficile d’accès.

En 1670, le seigneur Nicolas Dongois, greffier en chef du Parlement de Paris et neveu de Boileau par sa mère, demande, sous la pression des habitants, le droit de bâtir une église à Haute-Isle. On raconte que c’est parce que les villageois en avaient marre de devoir traîner les corps de leurs défunts le long de la cote pour les inhumer à Chérence, qu’ils ont demandé à avoir leur église et leur propre cimetière.

La requête est acceptée. Et c’est Nicolas Boileau qui finance entièrement les travaux. Les hommes du village se lancent alors dans la construction de l’édifice, en creusant le flanc de falaise de leurs mains, comme le firent avant eux les hommes de Néandertal.

Les travaux vont générer plus de 1600 mètres cubes de gravât qui seront utilisés pour établir une aire de rouissage du chanvre, en bordure du fleuve. L’ensemble des pierres excavées serviront à construire le cimetière qui se trouve juste au pied de l’église.

La température est quasi constante au fil des saisons (13°C/16°C). Au sol il y a des tommettes anciennes. Les parois étaient autrefois recouvertes d’un enduit épais, aujourd’hui elles sont en craie.

Sa nef unique, voûtée d’un berceau en plein cintre, entièrement excavée dans la roche, s’élève sur une hauteur de 8 m et compte 4 fenêtres hautes, percées dans la roche. Elle communique par un trou avec le clocher, construit en surplomb. Au fond de la pièce, un retable en bois de châtaignier épouse parfaitement les contours de la voûte en berceau, tandis la clôture du chœur en bois taillé et doré, délimite la zone de prière.

L’unique mobilier, seraient un réemploi du mobilier de la chapelle du palais de justice de Rouen, probablement du XVIème siècle. A gauche de la Vierge centrale du retable Charlemagne et St Louis, à droite St Martin Evèque et St Martin en charité. Le mobilier a bénéficié d’une campagne de restauration entre 2012 et 2015. Le bâtiment ne peut accueillir que 50 personnes.

Depuis quelques temps, les cloches ont repris du service. Elles sont  programmées pour qu’elles sonnent toutes les heures,

Cette église et son petit cimetière contentèrent les habitants du village troglodytique de Haute-Isle qui devaient auparavant grimper à l’église de Chérence. Aujourd’hui, elle ne vibre qu’en de rares occasions : un baptême, un mariage, un concert exceptionnel ou la messe de Noël.

Au pied de l’église, à côté du monument aux morts de la Grande guerre, une autre stèle attire l’attention : celle du médecin Edmond Gaudichard. Dans les années 1930, ce Tourangeau d’origine tombe amoureux des grottes troglodytiques qui dominent l’église et les réaménage.

L’église est classée monument historique depuis 1926. (Merci à Guizmo)

144 Route de la Vallée, 95780 Haute-Isle, France – Val d’Oise