Le 11 décembre dernier, Maître Tajan a vendu aux enchères à Paris une broche en diamants de la maison Boucheron représentant une branche de lilas traitée au naturel. Ce joyau, adjugé 123.500 € frais de vente compris, a une histoire particulière puisqu’il fut offert par le roi Ferdinand de Bulgarie à la jeune Anna Grenaud de Saint Christophe le jour de son mariage en 1889 avec Dimitri Stancioff, le premier ministre du Souverain, qui s’occupait plus particulièrement des affaires étrangères.
Par ce somptueux cadeau, gage de l’amitié du roi Ferdinand pour la demoiselle d’honneur de sa mère la princesse Clémentine d’Orléans, le souverain avait voulu rappeler à Anna de Grenaud de Saint Christophe les lilas de sa jeunesse au château de Chitry en Haute Savoie où elle a grandi. (merci à Charles – photo Étude Tajan)
COLETTE C.
18 décembre 2018 @ 15:39
Délicate attention!
Baboula
19 décembre 2018 @ 12:44
La broche n’a pas atteint l’estimation haute en dépit de sa provenance. Les pierres ne semblent pas bien belles et qui porte encore une broche ,à part Elle !
Gérard
19 décembre 2018 @ 19:16
Dimitar Stanchov, issu d’une riche famille de négociants bulgares, alors gentilhomme de la chambre et chef du Cabinet secret de Son Altesse Royale le prince de Bulgarie, épousa donc Anna de Grenaud de Saint-Christophe (1861-1955) en 1889 et ils eurent cinq enfants : Alexander (1890-1891), Nadezhda (1894-1957), Feodora (1895-1969), Ivan (1897-1972) et Elena (1901-1966).
Nadezhda Stanchova Muir fut la première femme diplomate de Bulgarie dans les années 1910-1920, et son frère Ivan fut également diplomate. La famille en a compté beaucoup.
En 1957, Nadezhda Stanchova Muir a publié une biographie de son père, Dmitri Stancioff, Patriot and Cosmopolitan.
En 1924, elle avait épousé un gentilhomme écossais Sir Alexander Kay Muir, 2e baronnet (1868-1951), veuf de Grace Newman (morte en 1920).
Elle n’eut pas de postérité.
Ivan a épousé l’américaine Marion Mitchell, a quitté la Bulgarie en 1942 et s’est finalement installée à Urbana, dans le Maryland avec son épouse. Ils ont eu quatre fils et trois filles.
Ivan Stanchov, né en 1929, l’un des fils d’Ivan, a été ambassadeur de Bulgarie au Royaume-Uni et en Irlande (1991-1994) et ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement intérimaire de Reneta Indjova (octobre 1994-janvier 1995). Marié à une américaine, Alexandra, il a eu quatre enfants.
Celle à laquelle la broche de Boucheron était destinée, Anna, était fille d’Alexandre Joseph Bonifort de Grenaud, comte de Saint-Christophe (Nice 1835-Sofia 1888), secrétaire général de l’Ain puis grand maréchal de Bulgarie, et de Gabrielle della Chiesa.
« Enfin j’ai déballé et exhibé le fameux lilas de diamants destiné à Melle de Grenaud qui a adopté cette fleur ; il en a été ébloui [le prince Ferdinand], le palpant longuement, le faisant miroiter en connaisseur et en artiste. Je lui ai expliqué que Boucheron, mettant tout son art dans l’exécution de cette commande, avait copié une branche de lilas naturelle, sertissant l’une après l’autre, chaque petite corolle de diamants pour en composer une fleur totale. » Comte Robert de Bourboulon, Souvenirs de Bulgarie. Bourboulon fut le secrétaire particulier du prince puis grand chambellan.
« Le mariage de M. Dimitri Stancioff, gentilhomme de la chambre et chef du cabinet secret du prince Ferdinand de Bulgarie, avec Mlle Anna de Grenaud de Saint-Christophe, dame d’honneur de la princesse Clémentine, fille du comte de Grenaud, grand-maréchal de la cour du prince, décédé l’année dernière à Sophia, et de la comtesse née marquise de la Chiesa di Cinzano-Roddi, a été célébré avant-hier, dans la chapelle du château d’Ebenthal, résidence de S. A. R. la princesse Clémentine. La princesse avait tenu à servir de mère à sa dame d’honneur qui avait pour témoins le prince Auguste de Saxe-Cobourg et le comte de Grenaud son frère. Les témoins du marié étaient le comte de Foras, grand maréchal de la cour du prince de Bulgarie, et M. Matchovitch, ancien ministre, actuellement agent diplomatique de Bulgarie à Vienne. Etant donné le deuil récent de la mariée, la cérémonie a eu lieu dans la plus stricte intimité. » Le Figaro, 27 août 1889.
La famille des comtes de Grenaud a des armoiries répertoriées ainsi en Savoie : parti de gueules à deux bandes ondées d’argent accompagnées en pointe d’un croissant de même.
Cimier : un aigle d’or issant.
Devises : Non est vis sine virtute ou Vincit qui patitur (« Il l’emporte celui qui souffre. » Formule attribuée à Perse, auteur latin du premier siècle de l’ère chrétienne).
Famille originaire du Mâconnais, confirmée noble en Savoie par lettres patentes de Philibert duc de Savoie du 12 juillet 1559.