En 2007, lors de la rencontre entre Sa Sainteté le patriarche de Moscou et de toute la Russie, Alexis II (le premier chef de l’Eglise orthodoxe russe qui s’est rendu en visite officielle en France) et le président de la République française, Nicolas Sarkozy, la question d’une église plus spacieuse que les anciennes de Paris est évoquée : une fois l’idée approuvée par l’Etat français, un comité de travail franco-russe est créé.
Finalement un lieu d’exception est trouvé (acheté en janvier 2010), jouxtant le palais de l’Alma et proche de la tour Eiffel : l’ancien site de Météo France.
L’ensemble architectural, oeuvre de l’architecte français Jean-Michel Wilmotte, réalisé par l’entreprise Bouygues Bâtiment Ile-de-France, se compose de quatre bâtiments.
Sa Sainteté le patriarche Cyrille a suivi de près la construction de la cathédrale, qu’il est venu consacrer le 4 décembre 2016.
Comme le veut la tradition architecturale orthodoxe russe, la cathédrale est couronnée de bulbes. Le grand symbolise le Christ et les quatre petits représentent les quatre évangélistes : les saints apôtres Matthieu, Marc, Luc et Jean.
Fabriquées en matériau composite (pour en réduire le poids), les coupoles sont recouvertes de 90000 feuilles d’un alliage d’or et de palladium, une dorure mate qui diffère de l’or jaune utilisé pour les Invalides : la dorure a été faite à la main et a duré 3 mois. La hauteur de la grande coupole est de 15 mètres.
La façade de tous les bâtiments est recouverte d’une pierre noble provenant de Bourgogne, la pierre de Massangis, réputée pour sa couleur chaude et sa résistance à l’usure : 4000 tonnes en ont été extraites. Elle avait déjà été utilisée pour le pont d’Iéna, les bâtiments du Trocadéro, la Banque de France…
Le clocher est composé de 10 cloches, coulées en bronze dans une fonderie de la région de Yaroslavl : elles pèsent de 8 à 880 kilos. Le carillon, conçu par une entreprise pétersbourgeoise, peut reproduire plusieurs dizaines de mélodies traditionnelles polyphoniques.
L’iconostase (terme grec que l’on peut traduire par « cloison d’icônes »), dans les églises orthodoxes, sépare la nef du sanctuaire où se tient le clergé célébrant la liturgie eucharistique.
Celle de la cathédrale est actuellement une copie temporaire : la définitive sera réalisée en marbre sculpté et ornée de grands saints de Russie et de France. Figurent déjà le Christ et la Vierge, ainsi que saint Denis de Paris, sainte Geneviève, saint Vladimir de Kiev et sa grand-mère, sainte Olga.
Les portes royales, qui se situent au milieu de l’iconostase, ont pour thème iconographique la fête de l’Annonciation. Les rois et prophètes de l’Ancien Testament, David et Salomon, ancêtres de la Mère de Dieu, sont les témoins du dialogue ente la Vierge Marie et l’archange Gabriel
L’icône de Notre-Dame de Kazan a été offerte en 2010 par le président de la Fédération de Russie, Dimitri Medvedev.
Les murs sont crépis à la chaux blanche. L’enduit de chaux, appliqué à la main sur les parois intérieures de la cathédrale (9 à 13 couches selon les endroits), a été préparé par un institut de recherche en Russie, pour tenir compte des aléas climatiques et météorologiques parisiens. (Merci à Pistounette – Source : Livret « La cathédrale orthodoxe de la Sainte Trinité à Paris »)
Ils sont également ornés d’anciennes icônes, parmi lesquelles Notre-Dame de Tikhvine, Notre-Dame du Signe, saint Nicolas le Thaumaturge… et sont prêts à accueillir les fresques qui s’inspireront de l’âge d’or de l’iconographie orthodoxe russe des XIVè-XVè siècles. Quant à l’ornementation qui entourera chaque fresque, elle reproduira les éléments décoratifs de la cathédrale de Chartres.
Les artistes russes souhaitent ainsi que les murs de la cathédrale soient un espace de dialogue entre les cultures russe et française
HRC
25 septembre 2021 @ 05:43
L’intérieur est conforme à la liturgie, classique.
Les murs extérieurs me surprennent en bien.
Et merci à Pistounette !
gisèle T
25 septembre 2021 @ 06:46
Merci Régine
Aldona
25 septembre 2021 @ 07:11
Une merveille, très belle architecture, cette pierre de Bourgogne a une couleur unique. Merci Pistounette pour ce reportage, une belle amitié franco-russe autour de ce monument
Naucratis
25 septembre 2021 @ 08:29
Petite question aux spécialistes du protocole qui doivent être nombreux à fréquenter ce site.
Faut-il énoncer le prédicat d’une personne défunte ?
J’avoue que lire « Sa Sainteté le patriarche Alexis II » me surprend un peu sachant qu’il est mort depuis longtemps. En revanche, ça me semble très normal pour son successeur.
Ma question est tout à fait sincère car je ne connais pas l’usage en la matière.
Si quelqu’un peut infirmer ou confirmer mon impression, qu’il soit remercié !
Pistounette
25 septembre 2021 @ 09:42
Naucratis, j’avoue ne pas être spécialiste en la matière…
Les russes continuent de mettre « Sa Sainteté… » sur leur documentation à la cathédrale à Paris, alors que les journaux français (dont La Croix) qui ont annoncé le décès en 2008 mettent simplement « Le patriarche Alexis II… »
Naucratis
26 septembre 2021 @ 21:47
Il est en effet possible, Pistounette, que les règles en la matière diffèrent chez les Russes. J’avoue mon ignorance dans ce domaine.
Pascal
25 septembre 2021 @ 11:26
Je ne sais pas si cela se dit ou non , il me paraît possible que oui , en général dans le monde orthodoxe lorsque l’on parle d’un défunt pour qui on a un certain respect on dira par exemple : » Le patriarche Alexis de bien heureuse mémoire » .
Ciboulette
25 septembre 2021 @ 16:45
Très bel édifice à l’extérieur .Si j’ai bien compris , l’intérieur est encore inachevé .
Antoine
25 septembre 2021 @ 09:45
La liturgie orthodoxe est d’une beauté et d’une richesse inouïes. Son seul défaut : un peu longuette… Et contrairement à la liturgie catholique, elle demeure fixée dans sa beauté depuis des siècles sans que l’on éprouve le besoin d’innover hasardeusement à tout-va. Du coup, elle reste intemporelle tandis que chez les catholiques tout passe et même trépasse.
Beque
26 septembre 2021 @ 09:22
Antoine, que voulez-vous dire par « tout passe et même trépasse » ?
Pascal
26 septembre 2021 @ 13:26
Antoine
Je ne sais d’où cela vous vient mais de mon modeste point de vue vous avez tout compris ou plutôt ressenti, car il s’agit moins de compréhension que de sentiment.
Beque
27 septembre 2021 @ 11:01
Antoine, sans attendre votre réponse (les commentaires me parviennent assez tard en raison certainement du nombre d’envois si nous sommes 600 internautes), je vous envoie ce post qui devrait vous convenir à propos de Paul Morand et la religion.
Paul Morand (1888-1976) avait épousé, le 15 décembre 1927, à l’église grecque orthodoxe de la rue Georges Bizet à Paris, Helene Chrisoveloni, princesse Soutzo.
Lors de son ambassade en Roumanie, Paul Morand se maria avec Hélène (après le décès de Dimitri Soutzo, le 19 décembre 1943) selon le rite gréco-catholique. Avec la permission en bonne et dûe forme de l’Archevêché de Paris, Mgr Ghika procéda au mariage, en tout petit comité, discrètement, à l’Ambassade de France de Bucarest, le 24 février 1944. Ce fait, peu connu, m’avait été rapporté, des années plus tard, par le Père Schorung, Lazariste (Congrégation de la Mission fondée par Saint Vincent de Paul) qui avait été témoin de ce mariage.
Mais Morand, catholique, fut très choqué par les bouleversements du Concile Vatican II et avait décrit dans « Venises » (1971) son futur tombeau, celui de la famille Chrisoveloni :
« C’est une noble pyramide de pierre, haute de six mètres, un morceau d’éloquence tout italienne, où un ange deux fois plus grand que le mesure humaine entr’ouvre sur l’après vie une porte de marbre noir, épaisse comme celle d’un coffre-fort, vide. Là j’irai gésir, après ce long accident que fut ma vie. Ma cendre, sous le sol ; une inscription en grec en témoignera ; je serai veillé par cette foi orthodoxe vers quoi Venise m’a conduit, une religion par bonheur immobile, qui parle encore le premier langage des Evangiles »
On peut voir ce majestueux tombeau, tel que décrit, dans le cimetière orthodoxe de Trieste. Sur l’une des trois plaques concernant l’écrivain est écrit : « Voyageur, continue ta route avec celle qui fut, est, sera toujours ton ange gardien » [il est mort un an après Hélène].
Antoine
27 septembre 2021 @ 13:39
Merci, Beque, pour votre intéressant et érudit commentaire. Tout le monde n’est pas aussi littéraire que Paul Morand. J’ai lu il y a peu sur une pierre tombale d’un grand cimetière de province : « Merci pour votre visite. A bientôt..! »
Beque
25 septembre 2021 @ 09:58
Je crois me souvenir que les cinq bulbes devaient s’élever beaucoup plus haut, comme dans toutes les églises orthodoxes. Le maire de Paris, alors Bertrand Delanoë, s’était opposé à la construction, déclarant : « son architecture de pastiche relève d’une ostentation tout à fait inadaptée au site ». Il fut approuvé par l’architecte des Bâtiments de France et la Direction des Affaires Culturelles. La Fédération de Russie retira, alors, sa demande de permis de construire, le 26 mars 2013, et décida de faire appel à Jean-Michel Wilmotte, arrivé 2e au concours.
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25 septembre 2021 @ 11:01
Une cathédrale à visiter même si l’extérieur est laid ; merci Pistounette.
j21
25 septembre 2021 @ 12:27
Personnellement ces coupoles à côté de la Tour Eiffel me choquent visuellement parlant. Elles ne vont pas dans le paysage parisien.
Guizmo
25 septembre 2021 @ 17:21
Une préparation à ma visite qui est programmée pour le 21 Octobre. Merci beaucoup
Cosmo
25 septembre 2021 @ 22:12
Et bien moi, je trouve cela plutôt moche. Pas d’originalité. Du Louis XVI impératrice !
On est loin de la moderniste et sublime cathédrale de Royan, un chef d’œuvre de l’art religieux contemporain et une véritable prouesse technique.
Pistounette
26 septembre 2021 @ 08:40
Eh bien il en faut pour tous les goûts, cher Cosmo
Je viens de regarder sur Internet la cathédrale de Royan, que je ne connaissais pas et… j’apprécie, disons, très modérément… pourtant j’aime généralement l’architecture moderne. Je préfère de beaucoup par exemple celle d’Evry.
Cosmo
26 septembre 2021 @ 10:26
Chère Pistounette,
Vous avez raison. En ce qui concerne la cathédrale de Royan, la beauté est toute intérieure du moins c’est ce que j’ai ressenti en la visitant. Je n’ai pas visité celle d’Evry, qui a l’air aussi fort belle.
L’essentiel est que l’on continue à construire des églises et des cathédrales.
Bon dimanche ou bonne semaine
Cosmo
alix du A
26 septembre 2021 @ 15:11
a voir de préférence par beau soleil pour les reflets or des coupoles et aussi sur les parements des murs je crois, j’aime beaucoup et souhaite le voir de mes yeux.
Guillaume Boonen
25 janvier 2022 @ 18:28
C’c’est joli, je l’ai vue en hiver