La cathédrale orthodoxe russe de Nice est en brique, surmontée de cinq coupoles, dotée d’un grand nombre d’éléments dont la beauté fait ressortir les meilleures techniques du style russe, grâce au génie des maitres remarquables parmi lesquels Michel Préobrajensky (1854-1930), auteur du projet de cette église. Il a construit une série d’églises à l’étranger et, de ses propres mots, il considère que chaque église est « … comme un lieu de représentation de notre architecture russe… »
Une église de style russe donne une idée bien précise de la Russie, ce style remonte à l’architecture nationale du XVIIè siècle : c’est durant cette époque que naît le concept inoubliable et reconnaissable de l’église russe, dont la richesse de l’architecture est qualifiée d’« ouzorotchjé », terme slavon décrivant la beauté et la complexité des éléments décoratifs.
La première pierre fut posée en 1903, à la date anniversaire de la disparition du tsarévitch lors d’une cérémonie réunissant la famille impériale, le clergé et les autorités.
La cathédrale, dont la construction se termina en 1912, a été imaginée par l’architecte pour rendre hommage à l’héritier du trône russe, le grand-duc Nicolas Alexandrovitch, fils de l’empereur Alexandre II, frère aîné du futur empereur Alexandre III, mort à cet endroit en 1865.
Déjà dans les années 1867-1868, une chapelle Saint-Nicolas de style byzantin a été érigée par l’architecte David Grimm (un des meilleurs architectes de Saint-Pétersbourg) là où le tsarevitch est mort : elle se trouve derrière la cathédrale.
Madame N. Smirnoff dit dans son livre « Eglises et cimetières russes remarquables »
« …Le prêtre Serge Liubimoff communique à l’impératrice (douairière, Marie Féodorovna, mère de Nicolas II) le souhait partagé par beaucoup de Russes de construire une nouvelle église orthodoxe à Nice, ce souhait que l’impératrice en tant qu’ex-fiancée du tsarévitch Nicolas Alexandrovitch mort à Nice, ne peut ignorer. Lorsque les travaux de construction sont suspendus faute de ressources financières en 1908, Nicolas II donne la somme nécessaire (provenant de sa trésorerie privée) pour ériger le dôme et pour finir le gros des travaux… »
Le caractère unique de la cathédrale est dû, entre autres, à la composition dynamique du clocher : à ses côtés se trouvent deux porches monumentaux à hautes montées de chapiteaux qui semblent couper les coins au nord-ouest et au sud-ouest. Les porches sont coiffés par des aigles bicéphales dorés, ce qui souligne l’attachement de la cathédrale à l’Etat russe.
Les 5 coupoles symbolisent le Christ et les les quatre évangélistes.
Les bulbes sont couverts de tuiles multicolores aux ramages différents, les bandes s’enroulant en spirale : le vert émeraude alterne avec le bleu azur..
Le grand bulbe central semble avoir plus de bleu tandis que les bandes vertes sont plus larges sur les quatre autres petits bulbes : on a utilisé des tuiles de type « lemeh« , qui se transforment sous l’effet de la couleur, commençant à briller de bleu azur ou vert luisant comme si c’était l’herbe émaillée.
L’or est toujours présent dans le décor extérieur, assurant un aspect de perfection, luxe et élégance : il est appliqué aux extrémités des bulbes, croix, pommeaux, décorations des avant-toits, faces des couvertures pyramidales et aigles bicéphales.
Les proportions des éléments et du tout, le rapport des volumes, les dimensions et les formes des éléments sont équilibrées et pondérées, ce qui est la véritable signature d’un grand maître, qui n’a jamais copié l’ancien et a toujours mis en avant son propre savoir-faire sur chaque ouvrage
La façade occidentale est la plus élégante, pleines d’éléments divers, les façades nord et sud étant identiques avec des solutions plus modestes et plus simples.
L’église s’appuie sur un haut rez-de-chaussée : les escaliers en marbre aux bords arrondis qui mènent aux porches, ce qui donne aux formes un aspect noble et harmonieux. Les porches sont présentés comme des tours pyramidales : elles servent de liaison organique entre l’ouvrage et l’espace environnant. D’un côté, ils reposent sur de cours poteaux, de l’autre ils adhèrent à la cathédrale
Les poteaux et les piliers sont reliés par des arcs dont les tympans comportent des panneaux céramiques polychromes. Au centre des panneaux se trouvent les médaillons affichant des têtes de séraphins, les courbures se couvrant de branches chargées de fruits et de fleurs.
Tous les éléments importants de la façade sont ornés de carreaux sculptés.
Un large cube (tchetvérique) aux fenêtres de 1ère lumière sert d’appui pour un autre cube plus étroit surmonté de cinq bulbes.
La triple baie et la mosaïque représentant la Sainte Face
Sans parler de formes insolites, la première chose qui saute aux yeux, c’est la gamme de couleurs : ocre (briques), blanc crème (éléments), bleu-vert (carreaux sculptés). Les couleurs chaudes et froides se laissent équilibrer avec le blanc jaunâtre qui attribue un aspect pur, élégant et parfait à l’église.
L’intérieur de la cathédrale, qui suit les plans d’une croix grecque, nous éblouit pas sa beauté et son harmonie, en cohérence du style et des formes avec l’extérieur.
En 1909, les travaux relatifs à la décoration extérieure étant achevés, il est temps de s’occuper de la décoration intérieure, élaborée en 1903 par Michel Préobrajensky, l’auteur du projet architectural. En suivant les conseils de Nicolas Globa (directeur de l’école Stroganov de Moscou), la réalisation des croquis pour l’iconostase, la peinture des voûtes, des arcs et des colonnes sont confiées à Léonid Pianovsky, jeune artiste diplômé de l’école Stroganov : il est influencé par le « style russe », visant à construire et décorer de nouvelles églises à base d’une tradition ancienne qui existe toujours dans les églises médiévales. En revanche, la réalisation des travaux est confiée à l’artiste italien F. de Signori.
En entrant dans la cathédrale, on voit immédiatement la peinture sur la voûte de l’autel. Dans la partie centrale s’affiche une mandorle ronde contenant l’image de la Vierge entourée par des Anges (annonce de la naissance du Messie). La Vierge Marie lève les mains en prière, elle tient l’enfant Jésus sur sa poitrine, lui aussi dans une mandorle (« Christ en majesté »). Il demeure symboliquement en elle en nous faisant comprendre que le Fils de Dieu s’incarne par la Mère de Dieu. Le Sauveur bénit avec Sa main droite et tient un parchemin dans Sa main gauche.
L’iconostase est réalisée à base du projet de Léonid Pianovsky dans son atelier de Moscou, elle est en bois recouvert de bronze et de cuivre ciselé doré à la feuille : la peinture murale, le choix de l’iconographie et du style s’appuient sur les exemples russes anciens.
Les icônes sont réalisés par Alexandre Glazounoff, artiste d’école miniaturiste de Paleh, tandis que la structure et décoration de l’iconostase est réalisée dans l’atelier de l’orfèvre-joaillier Khlebnikoff, fournisseur de la Cour impériale. Tout en haut, la croix domine l’iconostase.
Les Portes royales symbolisent l’entrée au paradis. Selon la tradition ancienne russe, elles incorporent six icônes.
La grande icône au-dessus des portes royales s’appelle le déisis (du grec prière). La composition présentée à la cathédrale a le titre particulier « La Reine céleste se tient à Ta droite ».
Entre les portes royales et le déisis se trouve une rangée festive se composant de trois triades d’icônes.
Déjà, au XVIIè siècle, le patriarche Nikon a émis une ordonnance spéciale sur la composition de la rangée locale de toute iconostase qui exhortait de placer les icônes de Jésus-Christ et de la Vierge des deux côtés des portes royales. Au respect des traditions, la Sainte Face est située à droite tandis que l’icône de la Mère de Dieu de Chersonèse est placée à gauche : il s’agit des reliques byzantines qui, selon la légende, remontent à l’époque de la christianisation de la Russie (Xè siècle).
Le qualificatif « de Chersonèse » dérive du nom de la ville byzantine Chersonèse en Crimée (connue en Russie sous le nom Korsoun), là où le grand prince Vladimir, chef de l’Etat russe, s’est fait baptiser et d’où, selon la légende, il a apporté en Russie une image de la Vierge Marie connue dès lors comme l’icône de Chersonèse (Korsounskaya).
La Sainte-Face ou le mandalyon d’Edesse (acheiropoiète en grec – non fait de main) est, selon la légende, la première image de Jésus-Christ, la première icône non créée par.
Les premières mentions de cette image remontent à la fin du VIè siècle, tandis que l »Histoire du mandylion« , consacrée à son apparition, fut écrite au Xè siècle.
Le roi Abgar d’Edesse, ayant appris que Jésus-Christ faisait des miracles, espérait que le Sauveur pourrait guérir sa grave maladie. Il lui écrit alors une lettre pour que son messager Hannan puisse le peindre. Jésus répondit au roi Abgar en promettant la guérison ainsi que la défense et l’inaccessibilité à la ville d’Edesse.
Après avoir lavé son visage, Il s’essuya avec une serviette qui garda miraculeusement l’empreinte de Sa Face. Abgar se rétablit et la relique fut placée au-dessous de la porte de la ville, avant d’être livrée en 944 à Constantinople pour être gardée au temple du palais avec d’autres reliques importantes.
Le règlement exige qu’à droite de l’image de Jésus-Christ il y ait l’icône principale de l’église affichant la fête ou le saint auquel l’église est consacrée : au concret, il s’agit de Saint-Nicolas le Thaumaturge, le saint le plus honoré en Russie, qui vécut au III et IVè siècle et fut évêque de Myre, en Lycie. A gauche de la Vierge de Chersonèse se trouve l’icône de la martyre tsarine Alexandra vêtue d’habits royaux, couronne à la tête.
Alexandra était l’épouse de l’empereur Dioclétien qui l’a mise à mort car elle avait commencé à pratiquer le christianisme : pour souligner son origine noble et pour souligner qu’elle est sainte-patronne de l’impératrice Alexandra Féodorovna, l’épouse de Nicolas II, l’artiste orne ses habits avec les aigles byzantins bicéphales.
Malgré la diversité des icônes, le concept de l’inconostase est marqué d’une symétrie rigoureuse : au centre se trouvent les portes royales symbolisant l’entrée au Royaume Céleste, à gauche et à droite se trouvant les images de la Vierge et du Sauveur et la paire suivante étant formée par Saint-Nicolas et la martyre Alexandra (patrons spirituels de l’empereur Nicolas II et de son épouse Alexandra Féodorovna). Dans la paire suivante figurent les archanges Michel et Gabriel, les archanges principaux de Dieu, l’un comme chef de la milice céleste, l’autre comme envoyé de Dieu.
Les icônes et objets liturgiques de la cathédrale ont été collectés peu à peu grâce aux dons des paroissiens et des bienfaiteurs, les images peintes pour une part avant le révolution de 1917, les autres pendant l’époque de l’émigration russe.
Dans l’espace de l’église , en particulier à côté de la solea et sur les murs, se trouvent d’autres icônes intéressantes. A gauche de la solea se trouve l’icône la plus vénérée de la cathédrale, celle de Saint-Nicolas, offerte au grand-duc Nicolas Alexandrovitch par sa mère l’impératrice Maria Alexandrovna : l’ayant accompagné dans ses dernières minutes, elle se trouvait à son lit funèbre. Noircie par le temps, elle s’est miraculeusement rénovée le 22 mai 1935 : les couleurs vives ont apparu sous les gouttes du vernis opaque, et un acte de constat avec une description détaillée de cet évènement a été signée par les témoins. L’icône a un aspect inhabituel : sous les gouttes d’une couche patinée s’affiche la figure claire du saint.
Icône « Saint-le-Thaumaturge ». Milieu du 19è siècle
En entrant dans l’église, on trouve à gauche une croix sur un socle en bois. On peut lire « En commémoration de la mémoire sacrée du fondateur de cette église, l’empereur Nicolas II et de son auguste famille assassinée comme martyr le 4/17 juillet 1918« . Le crucifix émaillé est entouré par les images des saints patrons de l’empereur-martyr et de sa famille.
C’est ainsi qu’on vénérait la mémoire de l’Empereur et de sa famille avant la canonisation officielle. La croix a été peinte à la commande des paroissiens par Léonid Pianovsky au milieu du XXè siècle.
En avançant sur la droite vers la solea, on voit à droite de l’ambon une grande icône de la Vierge vêtue d’une robe d’argent décorée de perles et de pierres précieuses de l’Oural. Elle ressemble à l’image de Kazan : pourtant l’icône de Kazan affiche le petit Jésus de front tandis que le Jésus de la cathédrale Saint-Nicolas est tourné vers la Vierge et La regarde.
A droite de la porte latérale se trouve le Saint Suaire couvert d’un coffre vitré, c’est l’image du Sauveur défunt mis symboliquement au « Saint Sépulcre ».
Le Saint Suaire orné d’argent, de bronze doré et d’émail coloré, sert durant les offices de la semaine sainte qui précède Pâques. Derrière le Saint Suaire, il y a une vitrine comportant les icônes offertes par les paroissiens dans les années 20.
A gauche la Vierge sur son socle et à droite le Saint Suaire
La luminosité de l’église est assurée par ce magnifique puits de lumière. La cathédrale est également remarquable par le jardin qui l’entoure.
La cathédrale a été inaugurée le 19 décembre 1912, lors d’une exceptionnelle cérémonie en présence de nombreuses autorités civiles et religieuses.
A la suite de la Révolution russe, la cathédrale est gérée par une association cultuelle à partir de 1923.
Après un long conflit juridique, la Fédération de Russie, qui revendique l’édifice, récupère la pleine propriété et gestion de l’église et y effectue d’importants travaux à partir de 2014.
La cathédrale orthodoxe Saint-Nicolas est rouverte au culte début 2016. (Merci à Pistounette – Informations tirées du livre « La cathédrale orthodoxe russe Saint Nicolas de Nice » en vente sur place et photos intérieures du site de la cathédrale car elles sont interdites au public)
Régine ⋅ Actualité 2021, Eglises, France, Russie 27 Comments
🇨🇦 Mer Limpide 🌊
8 décembre 2021 @ 03:52
Magnifique.
Elle est d’ une beauté qui donne envie de l’admirer, de la respecter. 🙏
Pascal
8 décembre 2021 @ 06:54
Oh là là….
En voyant le titre de l’article je me suis dit : ” sujet douloureux ” (pour une partie des Orthodoxes français de tradition russe et ça recommence en ce moment à Cannes en attendant sans doute Biarritz) mais c’est un article très long et magniquement illustré que je savourerai dès que j’aurai un moment.
Spassiba , Pistounette.
Pascal
8 décembre 2021 @ 08:30
Le roi Agbar était lépreux.
Je me souviens avoir lu à l’époque du contentieux entre l’association cultuelle et la fédération de Russie qu’à l’époque cette cathédrale était le deuxième édifice religieux le plus visité de France après Notre-Dame de Paris et qu’en effet elle avait besoin de travaux importants .
Pascal
8 décembre 2021 @ 08:36
Abgar et non Agbar .
Cosmo
8 décembre 2021 @ 08:15
Merci à Pistounette pour ce beau reportage. Cette cathédrale est magnifique mais attention au cerbère qui monte la garde, un pas de travers et c’est l’exclusion.
La remise de la propriété à la Fédération de Russie a été ressentie comme une trahison par la communauté orthodoxe de Nice, composée essentiellement des descendants des Russes blancs qui ont dû fuir leur pays en 1917. Le seul avantage est qu’ils n’ont plus à financer restauration et entretien. Quant au clergé orthodoxe, il reste fidèle à lui-même.
Baboula
8 décembre 2021 @ 11:42
Article très intéressant mais je ne sais pas si j’aimerais l’avoir sous les yeux tous les jours en ouvrant les volets .
Pistounette
8 décembre 2021 @ 15:09
Cher Cosmo, peut-être ai-je eu de la chance, car je n’ai vu aucun cerbère.😆😉
J’ai discuté un bon moment avec la jeune femme qui assurait l’accueil, et j’ai même eu le droit de prendre quelques photos « discrètement » lorsque j’ai dit qu’elles étaient pour mes amies de Saint-Pétersbourg (ce qui est vrai !)… peut-être aussi parce que j’ai acheté un livre, des cartes postales et mis un cierge😊 .
J’ai par contre été assez surprise que les photos intérieures soient interdites, car j’ai visité nombre d’églises en Russie… et n’ai jamais vu cela ! Itou quand elle m’a recommandé d’être en jupe et non en pantalon quand je souhaiterai assister à une messe… pas vu non plus cette restriction à S-P où j’ai assisté à une célébration à Notre-Dame de Kazan !
J’irai certainement pour l’Epiphanie (Théophanie) plus importante chez eux que Noël.
Cosmo
9 décembre 2021 @ 13:41
Chère Pistounette,
J’évoque un souvenir des années 90. Tant mieux si l’accueil est plus avenant aujourd’hui. C’est un bâtiment émouvant car il a tant représenté pour les Russes en exil définitif, communauté que j’ai un peu connu à Nice.
Bon week-end
Cosmo
Ciboulette
8 décembre 2021 @ 20:10
Elle est vraiment magnifique , j’ai eu le bonheur de la visiter en 1974 en présence d’une dame déjà âgée , qui avait été présentée à l’impératrice ( épouse de Nicolas II ) .A cette époque , de nombreux Russes » blancs » vivaient à Nice , parmi lesquels d’anciens officiers de la garde du Tsar , tous très âgés déjà .
Pascal , je descends de la lune , que voulez-vous dire avec » sujet douloureux pour les orthodoxes français de tradition russe » ? Quelque chose m’a échappé .
Pascal
9 décembre 2021 @ 12:38
Cosmo l’a aussi évoqué dans son commentaire .
C’est à la fois très simple et très compliqué.
Dans l’Orthodoxie la notion de territorialité est très importante qui définit une juridiction avec un hiérarque à sa tête ; mais en Europe de l’Ouest la situation est de ce point de vue complètement anormale et contraire au droit canon à cause des aléas de l’histoire .
(celà dit ça « fonctionne » assez bien )
Les différentes communautés orthodoxes françaises sont issues d’une émigration et se rattachent à des Eglises locales en fonction de leur origine, cela remonte généralement au XIX ème siècle.
Il y a donc une communauté russe , largement issue de l’émigration post révolution de 1917 , dont beaucoup de membres actuels sont nés en France et renforcée par des européens de l’Ouest venus à l’ Orthodoxie.
Cette communauté ne pouvant avoir de lien avec le patriarcat de Moscou pendant la période soviétique s’était placée sous l’autorité du patriarcat de Constantinople , c’est ce qu’on appelait « l’archevêché de la rue Daru « .
En fait » Archevêché des Eglises Orthodoxes d’Europe Occidentale » .
Depuis la disparition de l’empire soviétique les choses ont changé , certains membres de cette communauté voulaient retourner dans le giron de l’Eglise russe ,d’autres estimaient qu’ils étaient trop « occidentalisés » pour cela.
Par ailleurs le patriarcat de Moscou était désireux de récupérer ces paroisses et la fédération de Russie est décidée à récupérer les plus beaux édifices orthodoxes dont cette cathédrale était le fleuron et dont la symbolique historique est très bien expliquée par Pistounette.
Bref il y a eu une longue bataille judiciaire qui s’est terminée par l’octroi de la cathédrale à la Russie et un éclatement de la paroisse de Nice entre ceux qui voulaient en quelque sorte garder leur indépendance et ceux qui désiraient revenir sous la tutelle du patriarcat de Moscou ( les préoccupations culturelles voire politiques sont toujours très présentes dans ces questions , il y a actuellement de très vives controverses en Ukraine ) , les premiers se sont donc trouvés évincés de cette magnifique cathédrale , d’où le « douloureux ».
A noter que des descendants des Romanov s’étaient déclarés en faveur de la fédération de Russie et que si on nous parle de 20 millions d’euros de travaux il était impossible à l’association cultuelle de les financer .
A noter aussi qu’à l’époque les defenseurs de la fédération de Russie trouvaient scandaleux que l’on fasse payer pour visiter la cathédrale
Depuis « l’archevêché de la rue Daru » est retombé dans l’orbite de Moscou (à la suite de bisbilles plutôt compliquées) et certaines paroisses qui en dépendaient se sont séparées , d’autres ont éclaté et se retrouvent un peu dans la m$eme situation .
Il faut dire aussi que cette querelle fut parfois assez violente notamment pour le clergé qui était en fonction et qu’on a même parlé d’interventions des services secrets russes et français dans l’affaire.
J’ai cru comprendre que maintenant c’est l’ Eglise de Cannes qui est dans le collimateur de la fédération de Russie , il y a eu aussi des prétentions émises sur celle de Biarritz.
Je ne sais pas si j’ai été assez clair …
Pascal
9 décembre 2021 @ 18:56
Ce n’est peut-être pas l’église de Cannes mais celle de Nice qui est actuellement convoitée .
A Cannes il y a eu des problèmes aussi mais c’est encore plus compliqué.
Cosmo
10 décembre 2021 @ 10:25
Merci, Cher Pascal, de cette explication qui éclaire une situation bien compliquée, tiraillée entre tradition, modernité, nostalgie et ressentiment.
N’avoir qu’un chef, le pape, simplifie les choses…
Cosmo
9 décembre 2021 @ 13:42
Les Russes blancs sont toujours à Nice, mais ce sont les petits-enfants, chère Ciboulette. La tradition est là, malgré tout.
Agnese
8 décembre 2021 @ 10:46
Magnifique cathédrale impeccablement entretenue grâce aux roubles de Russie.
Si toutes nos églises pouvaient être aussi propres et lumineuses, ce serait parfait.
Il y a également une Église orthodoxe russe à San Remo bien protégée et construite pour les russes blancs qui avaient fui la Russie et les bolcheviks.
Aldona
8 décembre 2021 @ 11:38
Merci Pistounette, article et photos magnifiques, une merveille à Nice !
louise
8 décembre 2021 @ 11:38
quelle beaute ;
Natouchka
8 décembre 2021 @ 12:00
Merci beaucoup pour ce beau reportage qui me rappelle d’heureux souvenirs d’enfance, des promenades avec ma grand-mère qui habitait non loin de là. C’est un très bel édifice.
Jean Pierre
8 décembre 2021 @ 12:03
Si j’ai bien compris la Fédération de Russie a recouvré la propriété de la cathédrale Saint Nicolas mais pas celle de l’église Saint Nicolas vers le boulevard Joffre.
Complexes l’orthodoxie, la Russie et les tribunaux français et les paroissiens.
Lili.M
8 décembre 2021 @ 14:55
J’ai visité cette cathédrale il y a quelques années : j’en garde un très beau souvenir.
Gatienne
8 décembre 2021 @ 16:21
Les travaux (environ 2 années) nous ont longtemps privé de l’accès à l’édifice et même aux jardins où des men in black équipés d’oreillettes veillaient à écarter les curieux.
Il y avait beaucoup de merchandising lorsque les fonds étaient privés (ce qui se comprenait) la visite est désormais gratuite mais l’incitation aux dons reste assez prégnante.
20 millions d’euros de travaux, il faut bien avoir un retour sur investissement !
Celia72
8 décembre 2021 @ 16:39
Merci Pistounette et Dame Regine pour ce bel article qui nous donne tres envie d aller visiter cette magnifique cathédrale
Danielle
8 décembre 2021 @ 17:33
Superbe cathédrale que j’essaierai de visiter.
Merci Pistounette.
Guizmo
8 décembre 2021 @ 18:49
Merci beaucoup pour ce reportage vraiment intéressant qui donne vraiment envie d’aller la visiter
Caroline
8 décembre 2021 @ 22:30
Merci à Pistounette pour cet article très détaillé avec de belles photos !
Existe-il une communauté d’ orthodoxes de nos jours ?
Pascal
9 décembre 2021 @ 10:58
Pistounette ,
Faites le !
La Théophanie est pour moi l’une des plus belles liturgies de l’année sinon la plus belle.
(et si vous ne comprenez pas le Slavon essayez de lire auparavant la prière de Saint Basile qui est dite ce jour là pour la bénédiction des eaux » Aujourd’hui le Jourdain etc » )
Pour le pantalon ,ça dépend des paroisses mais les paroisses russes (surtout celle qui sont très liées au patriarcat de Moscou) n’ont pas la réputation d’être les plus souples .
On m’a raconté que pour visiter certains monastères en Grèce , les dames en pantalon avaient du porter une jupe par dessus …
A Rome fait comme les Romains …
En revanche dans certaines paroisses il est d’usage que les hommes soient d’un côté et les femmes de l’autre , mais pas toutes.
La liturgie en elle même et l’ordonnancemment des dimanches et fêtes est une chose très complexe et codifiée , le reste est un peu au grè du vent.
Pascal
10 décembre 2021 @ 18:22
Petit rectficatif :
La prière pour la sanctification des eaux est de Saint Sophrone…
tristan
9 décembre 2021 @ 12:47
C’est toujours un régal de vous lire, Pistounette. Merci.