Après une carrière au bureau de contrôle sous Louis XV et Louis XVI, Martin-Michel-Charles Gaudin (1756-1841), créé duc de Gaëte par Napoléon en 1809, est devenu Ministre des Finances de l’Empereur avant de devenir Gouverneur de la Banque de France en 1820 par la volonté de Louis XVIII.
La Banque de France fit l’acquisition du mobilier de chambre empire du duc de Gaëte – en acajou avec des motifs néo-classiques – en 1921 auprès de Suzanne de Girardin, l’arrière-petite-fille du Gouverneur de la Banque de France. Après avoir été exposé au musée Carnavalet à Paris, cette chambre empire est désormais visible au château de Rambouillet grâce à l’accord conclu entre le centre des monuments nationaux et la Banque de France. Le mobilier du duc de Gaëte est aujourd’hui visible dans la chambre des appartements de l’Empereur au château de Rambouillet. (Merci à Charles -Photo CMN)
Annmaule
7 avril 2018 @ 07:02
La belle carriere de ce grand serviteur de l etat est a saluer….entre chaque regime il fallait faire les bons choix et survivre a une revolution ,un consulat ,un empire, une restauration……..
Danielle.
7 avril 2018 @ 08:48
Merci Charles pour cette photo d’un très beau mobilier qui m’incite à une visite de ce château.
Jean Pierre
7 avril 2018 @ 10:05
Charles nous fait redécouvrir le ministre Gaudin. Un grand argentier qui ne semble pas avoir confondu l’argent de l’Etat avec le sien.
On lui doit le cadastre. Que n’a t’il conseillé à son patron corse d’y importer cette trouvaille !
Cosmo
8 avril 2018 @ 14:38
Que voulez-vous dire ?
Jean Pierre
9 avril 2018 @ 13:08
Depuis 1801, les Corses ne paient pas de droit de mutation après décès du fait que les droits de propriété ne sont pas établis pour de nombreuses parcelles. L’État ne peut percevoir cet impôt puisqu’on ne sait pas qui faire payer;
Silvîa
7 avril 2018 @ 10:09
Merci Charles.
Bon week end a tous.
septentrion
7 avril 2018 @ 11:11
J’avoue que je ne connaissais pas Martin-Michel-Charles Gaudin.
Il s’est marié à 70 ans et n’a pas eu d’enfant, mais a adopté la fille de sa femme. Son titre n’existe plus?
Quel magnifique ensemble conservé dans sa totalité pour un musée.
COLETTE C.
7 avril 2018 @ 13:49
Beau mobilier
Anna Claudia
7 avril 2018 @ 15:28
L’élégance et le charme du style empire.
Marcel
7 avril 2018 @ 17:07
Martin Michel Charles Gaudin, duc de Gaëte, né le 16 janvier 1756 à Saint-Denis près de Paris et mort le 5 novembre 1841 au château de Gennevilliers, est un homme politique français qui commença sa carrière sous la Révolution avant d’être le ministre des Finances du Consulat et de l’Empire.
Martin Gaudin était le fils de Charles Gaudin, avocat au Parlement de Paris et de Louise-Suzanne Ragot, son épouse, fille d’un subdélégué aux finances. Avant la Révolution, il fut directeur dans l’administration générale des contributions.
En 1773, après ses études au collège Louis-le-Grand, Gaudin entra au cabinet de d’Ailly, un ami de sa famille, premier commis d’Henri d’Ormesson, l’intendant des finances placé par Necker, directeur général du Département des impositions. En 1777, D’Ailly confia au jeune Gaudin une division en chef. Gaudin écrit dans ses Mémoires : « Ce fut là le commencement de ma fortune politique. La Révolution a fait le reste.
En 1789, Gaudin devint membre influent du Comité des finances de la Constituante.
Sous la Révolution
En 1791, Louis XVI, sur proposition du ministre Tarbé, le nomma commissaire de la trésorerie nationale, responsable de la Recette lors de sa création, et il y remplit sa tâche avec beaucoup de talent et de courage, dans une période particulièrement difficile.
Gaudin fut l’homme qui fit la jonction entre l’ancien système de collecte des impôts directs avec 24 recettes générales et le nouveau système avec 544 receveurs de district élus. Pierre Joseph Cambon était le nouveau ministre des Finances dans ces temps troublés, où ces postes étaient à risques.
À partir de cette époque, il fut en butte à de continuelles dénonciations, auxquelles il échappa par sa stricte probité et son entente des affaires. Le 10 août 1792, il fut accusé d’avoir avancé au roi sa liste civile.
Cambon et Saint-Just le défendirent toujours et l’écoutèrent parfois, notamment lorsqu’il n’hésita pas à s’opposer au paiement de traites frauduleuses émises par le général Dumouriez, alors tout-puissant. Avec l’aide de Cambon, s’opposant à Robespierre, il parvint à sauver la vie des 48 receveurs généraux des Finances, que la Convention voulait conduire à l’échafaud, dans la même charrette que celle des fermiers généraux.
Néanmoins la situation n’était pas tenable : l’hôtel de la Trésorerie est constamment envahi par la foule, et Gaudin dut plus d’une fois avoir recours à la ruse pour se débarrasser de ses visiteurs. Un décret ayant accordé une paie journalière aux femmes des citoyens qui combattaient pour la patrie, une bande de femmes envahit ses bureaux. Il reçut les plus exaltées, leur dit qu’il était prêt à les payer, mais que, les choses devant être faites régulièrement, elles devaient au préalable lui montrer leur certificat de mariage. Bien peu d’entre elles pouvant sans doute produire cette pièce, elles partirent sans rien réclamer.
Maintes fois dénoncé, il réussit miraculeusement à conserver son poste jusqu’en l’an III (1795), date à laquelle il démissionna « … au milieu d’inquiétudes de tous genres, excédé de fatigue et se retira à Vic-sur-Aisne, près de Soissons, où il resta trois ans en retraite. Il avait 39 ans et déjà 20 ans de carrière.
En l’an IV (1798), un courrier du président du Directoire le rappela pour remplacer Dominique-Vincent Ramel-Nogaret au ministère des Finances. Il refusa, puis accepta, en floréal de la même année, d’être commissaire général de l’Administration des Postes, fonction importante malgré tout, en raison du « cabinet noir ». C’était l’ancienne place « d’intendant général des postes aux lettres et aux chevaux ».
Napoléon Ier le nomma ministre des Finances au lendemain du coup d’État du 18 brumaire.
Gaudin raconte ainsi leur rencontre :
« Il donnait, lorsque j’entrai, des ordres au commandant de la Garde. Il vint à moi de l’air le plus gracieux :
– Vous avez longtemps travaillé dans les finances ?
– Pendant 20 ans, général !
– Nous avons grand besoin de votre secours et j’y compte. Allons, prêtez serment, nous sommes pressés… »
Gaudin s’attela à la réorganisation financière, en créant un corps de fonctionnaires dépendant directement du ministre et dont l’efficacité était immédiate : un receveur par arrondissement et un receveur général par département. Le ministre Gaudin imposa le cautionnement à tous les fonctionnaires et notamment aux percepteurs.
Il rétablit en même temps les impôts indirects comme les octrois, puis les taxes sur le tabac, les boissons et même le sel, sans oublier la loterie.
Gaudin introduisit de grandes réformes dans l’administration financière, supprima les marchés et les délégations, rétablit les contributions directes, fit confectionner les rôles et exigea les paiements par douzièmes et à l’avance des impôts de l’année courante. Il organisa la hiérarchie du percepteur au receveur particulier. Enfin, à l’aide de la caisse d’amortissement où étaient déposés les cautionnements de ces fonctionnaires, il put créer la Banque de France. Gaudin emprunta l’idée du cadastre, qui fut sa grande préoccupation, à la Constitution de 1791. Mais nul n’en avait comme lui compris l’importance, pour établir d’une manière équitable la contribution foncière.
Gaudin fut l’un des pères du franc germinal, créé le 7 germinal an XI (1803) et resté en vigueur jusqu’en 1928, dont la valeur par rapport à l’or demeura immuable jusqu’en 1914.
Il présenta en l’an X le premier budget vraiment digne de ce nom. Toutes ces réformes ne s’accomplirent pas sans luttes, aussi Gaudin crut-il devoir envoyer à Bonaparte sa démission le 28 floréal an XII, que celui-ci refusa. Gaudin resta donc ministre des Finances jusqu’au 30 mars 1814.
Nommé membre de la Légion d’honneur le 9 vendémiaire an XII, il fut promu grand officier le 25 prairial suivant, puis grand aigle le 13 pluviôse an XIII. Il fut créé comte Gaudin et de l’Empire le 26 avril 1808 et duc de Gaëte le 15 août 1809.
En 1805, Gaudin organisa les finances de la Ligurie, puis en 1811 celles de la Hollande.
Du 21 mars au 8 juillet 1815, pendant les Cent-Jours, il fut ministre des Finances pour la troisième fois, et, le 2 juin de la même année, nommé pair des Cent-Jours. Il demeura toujours fidèle à Napoléon Ier, et, dans les chambres de la Restauration française où il siègeait, quand les royalistes attaquèrent la mémoire de l’Empereur, il ne manqua jamais de la défendre.
Il est, en effet, élu député constitutionnel à la Chambre des députés, le 22 août 1815, par le collège de département de l’Aisne, avec 68 voix sur 135 votants et 266 inscrits, et réélu, le 4 octobre 1816, par 119 voix sur 180 votants et 293 inscrits. Il siège dans la majorité, et, en 1820, est nommé, en remplacement de Jacques Laffitte, gouverneur de la Banque de France, fonction qu’il conserve jusqu’en 1834.
Il ne se marie qu’en 1822 à l’âge de 70 ans. Son épouse, Marie-Anne Summaripa, divorcée d’un homonyme, Émile Gaudin de Feurs, est une Grecque de Naxos. Il adopte sa fille qui épousera plus tard le marquis de Girardin.
Son portrait, celui de son épouse et le mobilier complet de leur chambre à coucher, magnifique ensemble de style Empire, sont exposés au musée Carnavalet. Le portrait de Gaudin en costume officiel de ministre a été peint par Joseph-Marie Vien en 1806
Gaudin meurt en novembre 1841 à Gennevilliers. Il est inhumé au cimetière de l’Est, dit « du Père-Lachaise », 27e division.
Les papiers personnels de Martin Michel Charles Gaudin sont conservés aux Archives nationales sous la cote 188AP.
Il est l’auteur de Mémoires, souvenirs et opinions de M. Gaudin, duc de Gaëte (1826), Notice historique sur les finances de la France depuis 1800 jusqu’au 1er avril 1814 (1818).
Légion d’honneur :
Légionnaire (9 vendémiaire an XII : 2 octobre 1803), puis,
Grand officier (25 prairial an XII : 14 juin 1804), puis,
Grand aigle de la Légion d’honneur (13 pluviôse an XIII : 2 février 1805) ;
Commandeur de l’Ordre de la Couronne de fer ;
Grand’croix de l’Ordre du Christ (Portugal) ;
Armoiries
Figure Blasonnement
Orn ext comte de l’Empire GCLH.svg
Blason Martin Michel Charles Gaudin (1756-1841) comte.svg
Armes du comte Gaudin et de l’Empire
Franc-quartier de comte ministre ; champ d’or au pal d’azur, chevronné d’or, bordure d’azur semée de besans d’or et d’argent alternatifs.
Livrée : aux couleurs de l’écu3.
Orn ext Duc de l’Empire GCLH.svg
Blason Martin Michel Charles Gaudin (1756-1841) Duc de Gaëte.svg
Armes du duc de Gaëte et de l’Empire
D’or au pal d’azur chevronné de trois pièces d’or à la bordure d’azur semée de besans d’or et d’argent alternatifs : franc-quartier des comtes ministres : chef des ducs d’Empire brochant sur le tout
Livrées : jaune, bleu et blanc.
Alinéas
8 avril 2018 @ 14:11
Marcel,
Merci beaucoup pour ces quelques lignes sur ce personnage dont je n’avais jamais entendu parler.. Bon dimanche à tous..!
Philippe Gain d'Enquin
7 avril 2018 @ 17:50
Ou « Les Gaètés de Rambouillet » …
Mary
8 avril 2018 @ 13:44
Ça me rappelle un roman sentimental trouvé au grenier : » L’inconnue de Gaete » …
Gérard
9 avril 2018 @ 18:03
Une convention a été signée le 29 janvier 2018 entre la Banque de France représentée par son gouverneur François Villeroy de Galhau et François de Coustin conseiller patrimoine auprès du gouverneur, et le Centre des Monuments nationaux représenté par son président Philippe Bélaval.
L’ensemble a été exposé de 1996 à 2016 au Musée Carnavalet dont les travaux de restauration sont prévus pour durer jusqu’en 2020. Le musée a décidé de renoncer à utiliser les meubles du duc de Gaëte (ou Gaète) lors de sa réouverture. L’idée est alors venue au professeur Alexandre Gady, historien de l’art et qui enseigne à la Sorbonne, d’intéresser à ce mobilier le château de Rambouillet qui est à l’État. Cette idée avait été relayée par la Tribune de l’Art.
L’ensemble est donc installé maintenant dans les appartements de l’empereur au premier étage sur cour où jusqu’à présent seule la salle de bains reflétait les désirs de celui-ci.
Napoléon est venu pour la première fois dans l’ancien château des Penthièvre en novembre 1804. Il a fait refaire les trois pièces de l’appartement par Godard avec dans une alcôve la baignoire entourée de frises peintes avec des vues par Jean Vasserot (le château de Malmaison, le palais des Tuileries notamment). Dans un premier temps les médaillons contenaient des portraits des princesses de la famille impériale mais l’empereur trouva inconvenant de faire sa toilette devant ses sœurs.
Napoléon passa sa dernière nuit avant l’exil à Rambouillet le 29 juin 1815.
C’est sur le guéridon de l’antichambre que l’empereur déjeunait lors de ses séjours au château.
Gaudin, duc de Gaëte, qui était fils d’un avocat sans fortune, a été un grand ministre des finances de 1799 à 1814 puis sous les Cent-Jours, où il fut pair, puis gouverneur de la Banque de France sous trois rois à partir du 6 avril 1820 et jusqu’au 4 avril 1834.
À Sainte-Hélène Napoléon rendit hommage à son ministre : « Tout ce qu’il est possible de faire en peu de jours pour détruire les abus d’un régime vicieux et remettre en honneur les principes du crédit et de la modération, le ministre Gaudin le fit. C’était un administrateur de probité et d’ordre, qui savait se rendre agréable à ses subordonnés, marchant doucement mais sûrement. Tout ce qu’il fit et proposa dans ces premiers moments, il l’a maintenu et perfectionné pendant quinze années d’une sage administration. Jamais il n’est revenu sur aucune mesure, parce que ses connaissances étaient positives et le fruit d’une longue expérience ».
Lorsque Napoléon envisagea de créer des ducs il en informa confidentiellement Gaudin lui promettant s’il se mariait le titre de duc et l’assurant que le mariage était un état très doux. Le duc l’a rapporté ainsi dans le Supplément de ses Mémoires : « Un jour l’empereur me dit : « Je vais vous confier une chose sur laquelle je vous demande le plus profond secret. Mon intention est de créer des duchés que je doterai richement avec les propriétés que la victoire nous a données dans l’étranger ; mais je veux que mes ducs soient mariés. Je n’en ai pas moins pensé à vous, persuadé que vous ne me refuseriez pas de prendre une femme d’ici à deux ans au plus tard. Je me chargerai, si vous voulez, d’arranger cette affaire. »
Cependant le ministre vivait alors dans l’intimité de Mme Hévin dont on disait qu’il était le neveu ce qui était faux, et il déclina l’offre qui lui était faite pour ne pas avoir à s’en séparer. Néanmoins l’empereur devait le faire duc en 1809 avec de riches dotations. L’empereur ne lui avait pas tenu rigueur de son refus, « il connaissait les hommes, et il ne leur savait pas mauvais gré de leur désobéissance quand elle avait un principe honorable ».
Mme Hévin née Marie-Marguerite de Lachaud était veuve depuis 1789 de Prudent Hévin, ancien chirurgien de Mesdames et du feu dauphin père du roi. Gaudin après la fin de la Terreur avait pu obtenir un congé sans solde qui lui été nécessaire pour refaire ses forces après le mal qu’il s’était donné pour protéger les archives comptables de la nation et les angoisses qui avaient été les siennes. Il avait donc passé trois ans et demi chez elle dans une petite maison de campagne de Vic-sur-Aisne près de Soissons, et il y avait pris en quelque sorte des vacances après une vie de travail acharné depuis l’âge de 17 ans. En même temps il y avait réfléchi aux réformes qu’il pourrait soumettre s’il venait aux affaires, ce qu’il espérait pour le bien du pays et pour vivre de son salaire car il avait épuisé ses maigres économies. Mme Hévin mourut vers 1821.
C’est l’année suivante que Gaudin épousa donc celle qui devait être la duchesse de Gaëte.
Anna était fille de Thomaso Sommaripa, de Naxos, de noblesse vénitienne. Celui-ci avait fait assigner sa fille et son premier gendre en 1814 devant le tribunal civil de Paris pour dire que leur mariage à Constantinople le 9 novembre 1793 sans son consentement devait être considéré comme nul et l’affaire se termina devant la cour d’appel de Paris par un arrêt déclarant irrecevable la demande du père le 8 janvier 1816
Par un décret du 30 mars 1806 Napoléon avait créé le principe des grands fiefs de l’Empire et ce à la suite du traité de Presbourg du 25 décembre 1805 qui notamment mettait de nombreux territoires à la disposition de l’empereur. Des fiefs étaient donc rétablis après la Révolution française mais pas en France.
Le plus grand nombre était dans le royaume d’Italie, qui s’était accru en même temps des États vénitiens dans laquelle furent pris douze grands fiefs héréditaires par cinq décrets, six étaient également créés pour le royaume de Naples mais leur nom n’était pas précisé immédiatement. En effet en même temps que Joseph devenait roi six grands fiefs étaient réservés par décret du 30 mars 1806. On sait que l’un fut Gaëte. Les autres seront Tarente, Otrante, Reggio, Bénévent, Pontecorvo. Il s’y ajoutait les duchés de Clèves et de Berg, la principauté de Guastalla et celles de Neuchâtel et Vallengin, en Suisse, ainsi que Massa et Carrara et Parme et Plaisance. Par le décret du 30 mars Napoléon entendait que ces fiefs fussent transmis héréditairement, par ordre de primogéniture, aux descendants mâles, légitimes et naturels de ceux en faveur de qui il en disposerait, il excluait les enfants adoptifs, alors que plus tard, lors de la concession des majorats proprio motu, il admettrait que le droit de retour à l’État serait arrêté par une descendance masculine purement adoptive. Les grands feudataires n’avaient pas de réel pouvoir sur leur fief mais simplement une préséance. Une exception était faite pour les rois de Naples, les princes de Lucques et Guastalla, le prince de Neufchâtel, les princes de Bénévent et de Pontecorvo qui furent de véritables souverains.
En ce qui concerne les ressources des grands feudataires, l’empereur avait décidé notamment que le quinzième du revenu que son royaume d’Italie retirerait des provinces inféodées serait attaché aux fiefs.
Outre son traitement, Gaudin reçut de Napoléon une gratification annuelle de 100 000 francs. Il bénéficiait de dotations en Westphalie et au Hanovre, au royaume de Naples et en Illyrie.
À sa mort cependant il ne laissait semble-t-il pas de grosse fortune, il avait acheté sur la cassette privée de l’empereur une ferme picarde, et par la suite fit donc l’acquisition de son hôtel parisien.
Le mobilier dont s’agit comprend un lit en bateau Empire dit à flasque ou à flèche de lit, un secrétaire Empire, une commode Empire, une coiffeuse pour dame Empire, une coiffeuse pour homme Empire, deux chaises gondole Empire et deux fauteuils gondole Empire ainsi que deux tables de chevet Empire, une psyché Empire et une commode Restauration. Le tout est en acajou avec des lignes droites et sobres, des motifs néo-classiques et les tissus sont ivoire. On admire des palmettes, des vases à l’antique, des rinceaux, des cols de cygne, des têtes de Jupiter, il y a aussi deux flambeaux en bronze doré et patiné. Le mobilier n’est pas estampillé mais il est certainement des frères Jacob.
Le mobilier fut en partie commandé par Anna (Marie-Anna) Sommaripa (1775-1855) vers 1810-1820 – elle devait épouser en deuxièmes noces le duc de Gaëte en 1822 alors que celui-ci avait 70 ans – et ces meubles étaient destinés à leur hôtel de la rue du Faubourg Saint-Honoré au numéro 98. Puis ils commandèrent la commode et le secrétaire à abattant sous la Restauration.
On a également placé dans la chambre un grand portrait au pastel de la duchesse par Eugénie Goujon qui a été peint en 1844 et a été donné par ses descendants à la Banque de France en 1921 spécialement par Suzanne de Girardin arrière-petite-fille et dernière descendante de la duchesse de Gaëte.
Il y avait également à Carnavalet un portrait du duc dans sa tenue de ministre qui ne semble pas avoir rejoint Rambouillet.
Le duc de Gaëte fut le seul de sa lignée mais comme il a été dit son épouse était veuve d’Émile Gaudin de Feurs (1768-1822), écuyer, député, et il adopta la fille de sa femme Athénaïs Gaudin de Feurs devenue Athénaïs Gaudin de Gaète qui devait épouser le marquis de Girardin, Ernest-Stanislas (1802-1874) député puis sénateur.
Ce fut l’un des premiers titres de duc de l’Empire à être éteint en 1841 après bien sûr celui de Dantzig à la mort de Lefebvre en 1820.
Gaudin fut donc comte de l’Empire par lettres patentes du 26 avril 1808 et duc de Gaëte par lettres patentes du 15 août 1809. Il fut grand aigle de la Légion d’honneur.
Un autre titre de duc de Gaëte a été conféré plus tard par décret royal du 18 septembre 1870 (rénové par décret royal du 6 juillet 1890) comme titre de victoire par le roi d’Italie au général don Enrico Cialdini (1811-1892), devenu patricien de Pise. Il fut il était d’une famille roturière mais bourgeoise, fils d’avocat, Giuseppe, et de l’espagnole Luigia Santyan y Velasco. Celui qu’on nomma le Général de Fer fut l’un des artisans de l’unification italienne et se distingua à Gaëte contre les Bourbons du royaume de Naples. On devait dire par la suite qu’il fut aussi un tortionnaire qui affama la ville et massacra inutilement la garnison duo-sicilienne. Dans sa jeunesse dans le duché de Modène dont il était originaire il avait participé à l’insurrection de 1831, il s’exila en Espagne où il combattit aux côtés des Carlistes. Le 18 septembre 1860 il fut à Castelfidardo victorieux des Français du général de Lamoricière et des Pontificaux.
Il fut en 1861 à Naples « lieutenant de l’ex royaume des Deux-Siciles » après la conquête et il défit Garibaldi à Aspromonte en 1862, il fut ensuite ambassadeur en Espagne, où il poussa la candidature du duc d’Aoste, enfin en France entre 1873 et 1881.
Le titre était encore porté il y a quelques dizaines
d’années par Enrico père de Luigi.
Le premier duc avait épousé Maria Martinez de Leon et fut père d’Enrico lui-même le père d’Enrique.
Les armoiries de ce duc comportent en chef la forteresse de Gaëte avec la bannière aux armes de la ville. La description de l’écu est la suivante :
Écartelé au 1 de gueules à l’aigle éployée de sable chaque tête couronnée d’or, au 2 d’or à un arbre de sinople accosté de deux chevaux affrontés de sable rampant contre le fût, le tout soutenu d’une terrasse de sinople, au 3 d’azur à la barre vivrée d’or accompagnée d’une étoile à cinq rais du même posée au canton dextre du chef, au 4 échiqueté d’azur et d’argent, et au chef de sinople brochant sur l’écartelé et chargé d’un château flanqué de deux tours d’or, ouvert de sable, le château sommé d’une bannière écartelée d’argent et de gueules flottant à senestre.
http://bibliotecaestense.beniculturali.it/info/img/stemmihtml/cialdini.html
La devise est selon les sources : « Gaeta acquistata all’Italia », ou en version latine « Caieta Italiae adserta », ou « Caieta Italiae restituta ».
On peut lire par Roberto Vaccari, Enrico Cialdini, Il Generale di ferre (Modène 2017).
Le titre de duc de Gaëte avait également été porté dans le haut Moyen Âge par toute une série de ducs qui étaient de grands féodaux.
Gérard
10 avril 2018 @ 10:25
Anna Sommaripa, d’une famille grecque catholique, sans doute originaire d’Italie, de drogmans, c’est-à-dire d’interprètes dans les consulats de France aux Échelles du Levant et à Constantinople, fille de Thomaso et de Marigala Rossi, avait épousé à Constantinople en 1793 Claude-Émile Gaudin (de Feurs) qui était secrétaire général de la légation de France auprès de la Sublime Porte et qui n’avait pas de lien de famille avec son futur deuxième mari Martin (Michel Charles) Gaudin. C’est de ce premier mariage que naquit donc Athénaïs Laure Pauline Gaudin.
Le premier mari fut inspecteur du cadastre au ministère des Finances mais on ne sait pas si cette nomination fut antérieure ou postérieure aux relations qui unirent le ministre Gaudin à l’épouse de son inspecteur Gaudin.
Finalement le premier mariage fut annulé par la cour d’appel d’Orléans le 7 mars 1820 (après le premier essai infructueux) l’enfant étant toujours légitime comme issue d’un mariage putatif, et le mariage de Mme Gaudin avec le ministre Gaudin fut célébré selon contrat du 2 avril 1822. La date de décès du premier mari semble inconnue.
La descendance adoptive du duc de Gaëte s’établit ainsi :
Ernest, deuxième comte de Girardin et de l’Empire (1801-1874), député puis sénateur, fils de Stanislas 1er comte (en 1811) de Girardin et de l’Empire (lui-même fils de René de Girardin, marquis de Brégy dit le marquis de Girardin, enseigne des gardes du corps du roi Stanislas, et de Brigitte Berthelot de Baye) et d’Athénaïs Gaudin (1808-1871) mariés en 1826 à Saint-Thomas d’Aquin à Paris. Ils furent les parents de Charles, Marie Alexandrine et Louise.
1. Charles, troisième comte de Girardin (1828-1910) officier de garde mobile, officier de zouaves, épousa en 1869 Rosalie Esther Stanton (1828-1913) et ils ont été les parents de :
• Fernand, quatrième comte de Girardin (1857-1924, inhumé dans le tombeau familial au cimetière du Père Lachaise), homme de lettres, attaché à la personne de son altesse impériale le prince Napoléon, et sa sœur :
• Suzanne de Girardin (1858-5 janvier 1934) sans alliance.
2. Marie Alexandrine de Girardin (1830-1887) épousa en 1854 Nicolas Louis Arthur, deuxième baron des Aix (1830-1874) dont elle n’eut pas d’enfant,
3. Louise de Girardin (1836-1920) épousa en 1859 Paul de Waresquiel (1828-1897) dont elle n’eut pas d’enfant.