La chapelle de la Sorbonne est un édifice religieux enclavé dans le complexe monumental de l’université de la Sorbonne, dans le Vème arrondissement de Paris.
Le collège de Sorbonne fut fondé par Robert de Sorbon chapelain du roi Louis IX (saint Louis). Il accueille des docteurs et des bacheliers en théologie.
Le collège deviendra le siège de l’Université de Paris à la fin du XIIIe siècle. Au milieu du XIIIe siècle, a été doté d’une chapelle pour abriter les dévotions des étudiants hébergés par l’institution. Il s’agissait d’un édifice gothique en croix latine dont on peut encore voir le tracé dans la cour d’honneur de la Sorbonne actuelle.
Les fondations de cette chapelle, consacrée en 1326, ont été retrouvées lors de la reconstruction de la Sorbonne en 1897. La dédicace était fêtée le 21 octobre, fête de sainte Ursule et des Onze mille vierges, titulaires de l’édifice.
En 1607, Richelieu se fait accueillir comme hôte et sociétaire du collège de la Sorbonne. En 1622, le cardinal de Richelieu en devient proviseur. Dès 1626, il charge Jacques Lemercier de sa reconstruction car au début du XVIIe siècle, l’ancienne Sorbonne n’était plus qu’un ensemble de bâtiments disparates et délabrés.
Dès le début, Richelieu avait prévu d’intégrer son futur mausolée à la chapelle. Elle fit donc l’objet d’une grande attention. La chapelle ne fut finalement achevée que l’année de la mort du cardinal, en 1642 d’une pleurésie qui l’emporta en 6 jours.
Les funérailles se déroulèrent dans un décor de travaux. Elle fut le premier monument d’importance à coupole dans la capitale, et reste aujourd’hui considérée comme l’un des chefs-d’œuvre de l’architecture baroque classicisante française. La chapelle d’origine, qui devait être conservée dans le projet de 1626 pour servir de séparation entre deux cours symétriques, est finalement rasée.
Pillée à la révolution, la chapelle ne contient désormais quasiment plus aucune décorations d’origine. Les assaillants exhumèrent le corps du cardinal, puis le décapitèrent. Le reste du corps fut soit jeté à la Seine soit placé dans un des caveaux de la Sorbonne faisant office de fosse commune avec ceux de plusieurs membres de sa famille.
La tête du Cardinal aurait été emportée par un commerçant parisien nommé Cheval, bonnetier ou épicier rue de la Harpe qui, la Terreur finie, offrit avec insistance la partie antérieure (son visage) à l’Abbé Boshamp lequel, à sa mort en 1805, la légua à son tour à l’Abbé Nicolas Armez, curé de Plourivo. Mise à l’abri au collège de Saint-Brieuc (où elle était exposée lors des distributions de prix), la relique ne retrouva la Sorbonne que le 15 décembre 1866 lors d’une cérémonie. Dans la chapelle de la Sorbonne, une plaque monumentale signale ce transfert de 1866.
27 membres de la famille des ducs de Richelieu ou de Fronsac reposèrent, à la suite du cardinal, dans l’église de la Sorbonne qui devint ainsi le Panthéon familial. Ceux qui y furent inhumés avant la Révolution connurent aussi les profanations de 1793.
Sous le vitrail aux armes du cardinal, une plaque rappelle la présence de sept membres de la dynastie dont les corps, post-révolutionnaires, se trouvent encore là, à savoir les quatre derniers ducs et certaines de leurs épouses. C’est en 1952 que fut inhumé le dernier d’entre-eux, Marie-Odet Jean Armand, 8e et dernier duc de Richelieu, à l’âge de 76 ans.
Cette église , après avoir été restaurée, a été rendue au culte le 10 juillet 1825 à l’initiative du duc de Richelieu, alors ministre des Affaires étrangères. Choron, fondateur et chef de l’institution de musique religieuse, y conduisait ses élèves tous les dimanches. A partir de 1831, époque de la mort de Choron, les chants ont cessé.
A la fin du XIXe siècle, la chapelle est intégrée à la nouvelle Sorbonne construite entre 1889 et 1901 par Henri-Paul Nénot. On envisage successivement de la transformer en amphithéâtre, de la diviser en salles, ou même de la détruire. Elle n’est plus utilisée que pour des expositions ou des concerts, et se dégrade progressivement.
La chapelle de la Sorbonne fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 10 février 1887. La tempête de 1999 endommage une partie des structures, si bien qu’elle est fermée dans le cours des années 2000, pour des raisons de sécurité. En 2004, une campagne de restauration est entreprise conjointement par l’État et la ville de Paris.
C’est la nièce du cardinal de Richelieu, la duchesse d’Aiguillon, qui passa commande du mausolée qui fut achevé en 1694 au sculpteur François Girardon. Long de 5 mètres, il se compose d’une vasque de marbre blanc sur laquelle repose le corps du cardinal soutenu par la Piété.
À ses pieds, se trouve la figure de la science qui le pleure également. Richelieu n’est pas représenté sous la forme d’un gisant (plus à la mode à cette époque) mais à demi couché sur son lit de mort, une main sur le cœur, l’autre désignant un livre de piété. Le monument a été plusieurs fois déplacé dans l’église, et a retrouvé sa place d’origine entre les stalles, le cardinal faisant face à l’autel.
Cette dernière translation eut lieu en 1971, comme le signale l’une des plaques de l’église, lors d’une cérémonie officielle en présence de Jacques Duhamel, ministre de la Culture, des corps constitués et d’une délégation de l’Académie française.
Le véritable chapeau du Cardinal est suspendu au-dessus de son tombeau. Il lui fut remis le 5 septembre 1622 en récompense de la signature des traités d’Angoulême (1620) et d’Angers (1621).
L’édifice est un mélange de traditions françaises et italiennes. Contrairement au plan basilical traditionnel, en forme de croix latine, le plan de la chapelle intègre des éléments du plan centré d’inspiration italienne : la symétrie est parfaite entre la nef et le chœur. De même pour les quatre chapelles qui les encadrent. La croisée du transept est surmontée d’une coupole sur tambour, d’inspiration italienne.
Divisée en quartiers décorés de figures d’anges sur fond d’or, la coupole s’appuie sur un tambour éclairé de grandes baies cintrées. Ce tambour repose sur quatre pendentifs autrefois décorés de médaillons peints par Philippe de Champaigne (1602-1674), sur le thème des Quatre Évangélistes. Ces médaillons ont été remplacés par de nouvelles peintures, représentant les Quatre Facultés de Paris, par François Flameng (1856-1923) : les Lettres, les Sciences, le Droit et la Médecine.. Elle s’élève à 50 mètres de hauteur. Les bras du transept ont été décorés par des peintures murales de Charles Timbal. Un vitrail représente les armoiries de Richelieu dont on reconnait le chapeau de cardinal.
La façade, dans la lignée des églises baroques, présente deux rangs de colonnes superposées d’ordre corinthien, et d’ordre composite, bordés à l’étage par deux volutes. Elle est ornée de quatre statues : Dans le haut à gauche saint Thomas d’Aquin, à droite, Pierre Lombard ; plus bas , dans les niches, Bossuet à droite, Gerson à gauche.
Le portail de l’église est de deux ordres, le premier, corinthien avec des colonnes engagées, et le second, composite, mais formé seulement par des pilastres qui répondent aux colonnes. Le portail, du côté de la cour, n’a qu’un seul ordre de dix colonnes isolées, élevé sur un perron d’environ dix marches, et couronné d’un fronton à l’imitation des anciens.
L’orgue, construit en 1825 sous la direction de François Dallery, successeurs de la dynastie Clicquot , le seul orgue non modifié du facteur Paul Dallery. Dans un style classique français, il est considéré comme un exceptionnel témoignage de la facture d’orgues du début du XIXe siècle.
La crypte des résistants fut inaugurée le 11 novembre 1947 en présence de Vincent Auriol, président de la République, de Marcel Edmond Nagelen, ministre de l’Éducation nationale, et du recteur de l’académie de Paris, Jean Sarrailh. Elle recueillit les dépouilles de dix professeurs et de deux élèves, fusillés par les Allemands, morts au combat ou en déportation, désignés par la Fédération de l’Éducation nationale (FEN).
Pour visiter l’intérieur de la chapelle (fermée au public), inscription obligatoire par mail à visites.sorbonne@ac-paris.fr. (merci à Guizmo)
Juliette d
9 avril 2021 @ 03:55
Cette chapelle est un bijou comme il en existe tant en France.
framboiz07
9 avril 2021 @ 04:34
De Sorbon, ardennais comma Méhul, Rimbaud , Noah , Chanzy ,McDonald ,Corvisart ,Bruneau , Dhotel ,Marche Roger et moi (bof, bof !)…
Pardon , mais je dois faire la pub de mon département , ce n’est pas que le département de l’ogre des Ardennes , les gens y sont accueillants , les paysages verts et puis vous pourrez pousser jusqu’au pays de notre Dame Régine ,pour les frites -picalili ,les chocolats, les trappistes , après avoir dégusté nos boudins blancs , notre jambon fumé , notre cacasse à cul nul , le gâteau mollet ou la tarte au sucre …Voilà , j’essaie de vous déconfiner ! Enfin, un peu !
Fiche wiki sur De Sorbon , intéressante ! Pour rester sérieux !
Karabakh
9 avril 2021 @ 12:25
C’est vrai que les Ardennes ne sont pas que le département de l’ogre, par contre, ça serait sympathique de ne pas s’étendre sur cette personne et ses actes. Il n’existe aucun humour possible à ce sujet, par respect pour les victimes, leurs familles et leurs proches.
Merci. 😉
Abricote
9 avril 2021 @ 12:46
Je suis entièrement d’accord avec vous, c’est terrible lorsque qu’une ville ou une région sont associées à des faits divers tragiques. La ville de Bruay en Artois a dû être débaptisée en Bruay en Bussières tellement, les habitants et les retombées économiques ont été associés suite à l’affaire immonde de l’époque.
Vous avez bien fait de le souligner.
Karabakh
9 avril 2021 @ 18:58
Bruay-la-Buissière est officiellement née du regroupement de deux communes, Bruay-en-Artois et Labuissière, en 1987. Après, je suis d’accord que cette fusion et l’obligation de renommer les lieux, sont tombés à pic. L’un dans l’autre…
L’affaire à laquelle vous faites allusion fut sordide et surtout, elle a vu s’écrouler un monde, cela a détruit beaucoup de personnes, trop sans doute.
Merci.
Ciboulette
9 avril 2021 @ 14:41
Qu’est-ce que la cacasse à cul nu ? Je voudrais bien m’instruire !
Pistounette
9 avril 2021 @ 04:58
Très intéressant, comme d’habitude. Je connaissais une partie de l’histoire de La Sorbonne, et vous l’avez bien complétée. Merci Guizmo
BEQUE
9 avril 2021 @ 09:58
Merci, Guizmo, mais je suis intriguée par une date. Vous écrivez que la Chapelle de la Sorbonne, après avoir été restaurée, a été rendue au culte le 10 juillet 1825 à l’initiative du duc de Richelieu, alors ministre des Affaires étrangères. Etait-ce le duc de Richelieu, né en 1766 ? Celui-ci est décédé en 1822 sans héritier mais une ordonnance royale transféra le titre de duc de Richelieu ainsi que la pairie à son neveu Odet de Jumilhac.
La vie du duc de Richelieu est étonnante. Né en 1766, il se marie en 1782 à Rosalie de Rochechouart mais part très vite en voyage à l’étranger. En 1784, il est sous-lieutenant de Dragons. En 1787, il demande au roi de lui permettre de servir en Russie, ce que le roi refuse. En 1803, le tsar le nomme gouverneur d’Odessa et de la Russie méridionale. Il doit assurer la sécurité du territoire face aux Ottomans et aux Cosaques. Fondée en 1793, Odessa était une petite bourgade tatare de 4 à 5.000 habitants polonais, arméniens, juifs, tatars. Elle manquait de tout et était mal famée. Le duc la réorganise complètement et il va obtenir des résultats spectaculaires. Elle devient l’une des plus belles villes d’Europe et la plus grande ville de Russie méridionale. En 1814, elle compte 40.000 habitants.
Il est fait Pair de France. Pendant les Cent Jours, il est solidaire de Louis XVIII qu’il accompagne à Gand. Le 28 mars 1816, le roi le nomme à l’Académie Française.
Le duc est surtout connu pour avoir été « pourchassé » (c’est bien le mot !) par Julie Clary, reine de Suède, tombée folle amoureuse de lui mais sans réciprocité !
BEQUE
9 avril 2021 @ 10:44
Odile de Jumilhac de Richelieu, soeur du dernier duc, et fille d’Alice Heine, future princesse de Monaco, s’était mariée en 1905 à la Chapelle de la Sorbonne.
Muscate-Valeska de Lisabé
9 avril 2021 @ 10:20
Mon cher Armand…sa nièce Marie-Madeleine l’adorait et vécut toute sa vie avec lui après son mariage raté ,au chateau de Rueil,qui n’existe plus aujourd’hui.Des arbres venus d’ailleurs(c’est le Cardinal qui fit entrer le marronnier d’Indes en France,et beaucoup d’autres essences),plein d’animaux en plus de ses quatorze chats(il accueillit le premier chat angora blanc,cadeau d’un collègue,une femelle très douce nommée Soumise)…C’était un paradis.
Le visage du Cardinal est toujours reconnaissable sur sa tête momifiée. On peut la voir sur Internet.
Que la Paix soit toujours avec lui désormais 🙏.
Abricote
9 avril 2021 @ 12:48
Je suis entièrement d’accord avec vous, c’est terrible lorsque qu’une ville ou une région sont associées à des faits divers tragiques. La ville de Bruay en Artois a dû être débaptisée en Bruay en Bussières tellement, les habitants et les retombées économiques ont été associés suite à l’affaire immonde de l’époque.
Vous avez bien fait de le souligner.
Abricote
9 avril 2021 @ 12:50
Vous m’amusez Muscate pour vos amours étonnantes…Richelieu, l’Agha Khan, mais pourquoi pas ?
Ciboulette
9 avril 2021 @ 14:45
Muscate admire quelques grands hommes , je trouve son choix judicieux .
Muscate-Valeska de Lisabé
9 avril 2021 @ 17:35
Je sais pourquoi mes amours et mes admirations existent.
Pourquoi avoir troqué votre ancien pseudo pour celui-là ?
Ou alors vous cumulez?
Martine C
9 avril 2021 @ 11:03
Merci pour cet article très intéressant et si bien documenté Guizmo, vous m’avez donné envie d’en savoir davantage sur cet édifice.
Anna H
9 avril 2021 @ 12:33
Magnifique monument où je suis entrée lors d’une exposition.
La Sorbonne est aussi un bel édifice (où j’ai étudié) . Depuis les attentats, le public ne peut plus y pénétrer, sauf lors des journées du patrimoine.
Ciboulette
9 avril 2021 @ 14:46
J’ai étudié à la Sorbonne bien avant les attentats .Et j’ai , bien sûr , visité longuement la Chapelle .
Danielle
9 avril 2021 @ 17:36
L’histoire du cardinal de Richelieu est tout de même effrayante…
Merci Guizmo.