Au XVIè siècle, l’activité de la confrérie des pénitents blancs de Saint-Bernardin est florissante. Ils auraient érigé leur chapelle en 1513, selon M. Muterse (historien local). La chapelle est construite sur des bases romaines, peut-être un lieu de culte.
De style gothique à nef unique et chevet plat, le bâtiment prend ses dimensions actuelles au 17è siècle.
En 1615, les pénitents font construire le clocher, puis en 1665, enduire l’intérieur dont « les trois crottes ou voultes nouvellement construites ».
La chapelle a désormais ses trois nefs, mais l’entrée se fait par la rue Saint-Bernardin.
La porte en noyer s’incluant dans un arc brisé arbore la date du 20 mars 1581. Cette date peut être celle d’une rénovation ou celle d’un remerciement de la population pour avoir été en partie épargnée par la peste de 1580. En 1989 elle est classée monument historique.
Au 19è siècle, lors du percement de la rue Rostan, la façade de style néo-gothique est couronnée de pinacles supportant sur les côtés les silhouettes de pénitents recouverts de leur cagoule : elle abrite l’entrée principale sur le côté ouest de la chapelle.
On peut voir une tête de Lucifer au-dessus de la porte sous la forme de la chimère dont la signification est la suivante : le roi des serpents comme le diable, le dragon ailé a une queue et d’énormes pattes aux griffes longues et acérées. Son regard est terrifiant, il règne sur les trois mondes : souterrain, terrestre, aérien. Seuls les saints sont capables de le terrasser. Le dragon se tord et rugit au pied de la croix, il est terrassé par les saints et les anges protecteurs.
Après un incendie à la fin des années 1970, des travaux de restauration importants sont réalisés et la chapelle retrouve peu à peu sa splendeur.
En 1995, les travaux concernent la toiture et le ravalement de la façade. De 2007 à 2008, l’intérieur est restauré dans sa totalité : l’inauguration a lieu le 28 juin 2008.
A l’intérieur de la chapelle, l’autel date du XVIè siècle : il est orné de quatre colonnes torsadées en bois doré de style baroque décoré de feuilles d’acanthe.
Les fresques les plus anciennes, découvertes lors de la dépose du rétable en 2010, dateraient de la fin du 15è siècle et figureraient l’entrée de Jésus à Jérusalem.
L’aside, cachée par le tableau occupant le centre du retable, s’orne de peintures du 16è siècle, Jésus et les douze apôtres.
Les peintures et fresques des murs et des voûtes peuvent être datées de 1880 et attribuées à Pozzi Jeune et Ferrari..
Sur le plafond central en trompe l’oeil sont peints :
* quatre évangélistes : Saint Matthieu (l’ange, c’est la genèse donc l’homme), Saint Jean (l’aigle : son évangile commence par le mystère céleste), Saint Marc (le lion : car il rugit dans le désert), Saint Luc (le taureau : il symbolise le prêtre sacrifié et le boeuf au sacrifice)
* ainsi que la vierge Marie, le Christ et Saint Bernardin au milieu
Deux inscriptions en latin :
* « Ecce Deus Salvator Meus » (« Voici Dieu mon sauveur »)
* « In me omnis spes vitae et virtutis » (« En moi toute espérance dans la vertu »)
Sur les côtés (absides), le plafond est bleu outremer étoilé.
Trois statues de saints : Saint Roch, Saint Sébastien et Saint Bernardin de Sienne.
Bernardin Albizeschi, né le 8 septembre 1380 dans une famille aisée, entre chez les Frères Mineurs en 1402 et fait la plus grande partie de son noviciat près de Sienne, au couvent de Colombaio.
Ordonné prêtre le 7 septembre 1404, il se consacre à la prédication où il se révèle un orateur de grand talent.
Pendant 25 ans, il parcourt l’Italie et répand la dévotion du saint nom de Jésus, dont il fait partout peindre le monogramme IHS (Jésus Sauveur des Hommes), en lettres d’or dans un soleil symbolique. Soutenu par le pape Eugène IV, il réforme l’ordre des frères mineurs.
Il meurt à Aquila, dans les Abruzzes, le 20 mai 1444 et est canonisé le 24 mai 1450 par le Pape Nicolas V. Plusieurs miracles lui seront attribués.
Dans la salle voûtée (dite en cul-de-four) est exposé le tableau du peintre Antoine Aundi (de l’Ecole de Bréa) « La déposition du Christ« , de 1539.
Ce panneau classé au titre des monuments historiques depuis le 2 mai 1910 appartient à l’Etat (au Ministère de la Culture et de la Communication depuis le 11 mars 2014), déposé depuis 1930 dans les collections du musée Picasso.
Ce retable a fait l’objet d’une restauration complète de novembre 2013 à septembre 2014 dans les ateliers Cicrp de Marseille. L’oeuvre est désormais équipée d’un caisson climatique, afin d’être présentée de manière pérenne dans la crypte de la chapelle Saint-Bernardin.
La confrérie des pénitents blancs de Saint-Bernardin, qui remonterait à 1486, est la plus ancienne confrérie antiboise. Association de laïcs respectant une vie pieuse, elle se consacre aux bonnes oeuvres, aux orphelins, aux malades, accompagne les mourants et se dévoue lors des épidémies de peste.
Administrée par un bureau, « la banque », présidée par un prieur, la chapelle est entretenue grâce aux dons et aux legs. Comme pour toutes les confréries, son activité faiblit dans la seconde moitié du 18è siècle au profit des loges maçonniques. Dissoute en 1793, elle réapparait sous l’Empire et est toujours active à la fin du 19è siècle.
L’habit du pénitent dont la couleur permet de distinguer les différentes confréries, comporte un « sac » noué de la corde au triple noeud franciscain et un capuchon ou une cagoule avec deux trous à la hauteur des yeux, rendant ainsi les confrères tous égaux sous le froc. (Merci à Pistounette)
Guizmo
20 mars 2022 @ 06:54
Très intéressante lecture du matin avant de partir en randonnée. Merci beaucoup pistounette
Charlotte (de Brie)
20 mars 2022 @ 08:50
Le savez-vous ? Saint Bernardin est le Saint Patron du marketing, de la communication, des publicitaires et des relations publiques.
Il vous a été dit qu’il était un orateur apprécié et deux inventions que l’on pourrait qualifier de technologiques et qui perdurent de nos jours permettait qu’il soit entendu de tous. Lesquelles ?
Charlotte (de Brie)
20 mars 2022 @ 08:50
permettaiENT !
Ciboulette
20 mars 2022 @ 16:07
Je donne ma langue au chat !
Philippe H.
20 mars 2022 @ 08:58
Merci , Pistounette, pour ce très interessant reportage sur un monument peu connu!
C’est là , entre autres, l’un des atouts forts de N & R….. nous faire découvrir des lieux de notre Histoire souvent proches de nous …. et c’est l’occasion de remercier les internautes pour leur contribution au site de Régine et nos encouragements -pour elle- pour poursuivre cette aventure … pour notre plus grand plaisir !!!
Ciboulette
20 mars 2022 @ 16:09
Voici un monument que je ne connaissais pas . L’intérieur est très beau , et l’histoire du saint , bien édifiante .
Danielle
20 mars 2022 @ 11:15
Cette chapelle est très belle, je ne manquerai pas de la visiter.
Merci Pistounette.
Pierre-Yves
20 mars 2022 @ 11:53
Ca alors ! mon beau-frère et ma belle-soeur, qui vivent à Antibes, me l’avaient cachée, cette petite chapelle ! Merci à Pistounette pour cette révélation.
Aldona
20 mars 2022 @ 13:47
Merci Pistounette, tout est splendeur, peintures, fresques !
Ghislaine
20 mars 2022 @ 13:58
http://www.antibes-juanlespins.com/culture/chapelle-saint-bernardin
Esquiline
20 mars 2022 @ 14:13
Sa Bernardino di Siena fut un grand prédicateur dominicain je crois.
Au musée du Dôme de Sienne est conservé un tableau où on le représente en train de prêcher.
Ce tableau m’avait fascinée tant par la représentation minutieuse des personnages, des hommes en particulier, que par celle du Palais publique sur le Campo.
https://massilosa.files.wordpress.com/2018/06/baadc-001.jpg