Le château de La Madeleine est une forteresse médiévale située à Chevreuse, dans le sud du département des Yvelines. Son donjon et ses remparts en font un édifice exceptionnel qui surplombe la vallée de l’Yvette.
Les traces d’une occupation et le nom même de Chevreuse apparaissent dès 980. L’histoire de la seigneurie de Chevreuse commence en 1024 avec la mention, dans une lettre, d’un premier seigneur portant ce nom, Milon Ier de Chevreuse.
Et ce n’est qu’en 1064 que le village de Cavrosa est officiellement cité comme seigneurie. Milon 1er, en 1024 et Guy 1er vers 1075, sont les premières mentions de seigneurs à Chevreuse.
Ce premier aménagement dédié à la surveillance et à la défense de la vallée, axe de communication est-ouest important, représente un enjeu disputé au cours du Moyen-Age. Il n’a malheureusement laissé aucune trace archéologique.
Le terme de château n’apparait dans les archives qu’au tout début du XIIe siècle. A partir de cette période, le château se compose de trois bâtiments principaux en pierre meulière: une chapelle dédiée à Sainte Madeleine, une aula (grande salle servant aux réceptions du seigneur qui sera détruite au XVe s.) et le donjon. L‘ensemble, haute et basse-cour du château, est probablement alors protégé par une enceinte en pierre.
Au XIIIe siècle, les seigneurs de Chevreuse sont des puissants de l’entourage royal, ils fortifient encore le château. Le tracé de la muraille est modifié et des tours circulaires sont intégrées au nord. La basse-cour est alors séparée de la haute cour par une douve en eau. Le châtelet d’entrée (deux tours reliées par un porche) est probablement édifié à cette époque également. Dans la haute cour, des cuisines sont accolées à la muraille sud et sont dotées de caves servant de cellier, toujours visibles aujourd’hui
En 1306, Philippe le Bel et l’Impératrice de Constantinople y séjournent.
Ingerger le Grand, seigneur de Chevreuse et d’Amboise, fut fait prisonnier par l’Angleterre pendant la guerre de Cent Ans. Il fut contraint de vendre son domaine pour payer sa rançon.
Le château a été acheté par en 1366, Pierre qui deviendra Pierre de Chevreuse. Il sera l’auteur des plus grandes transformations .
Des équipements sont alors mis à la disposition des habitants en échange de taxes versées au seigneur (four, pressoir et moulin). Les nouveaux aménagements de confort (les latrines et cheminées par exemple) et le nombre important d’objets découverts témoignent d’un château bien habité et qui connaît une activité importante à cette période.
En 1414, Jean-sans-Peur, allié du roi d’Angleterre, y livre bataille et laisse le bourg médiéval de Chevreuse en ruines.
La châtellenie est érigée en baronnie par Charles VII. Le château est à nouveau renforcé par Nicolas de Chevreuse ; l’enceinte est adaptée pour accueillir un canon (une archère canonnière est percée au sud) et trois tours carrées, pourvues de mâchicoulis sur arcs, y sont ajoutées.
Le donjon est remanié en raison de l’effondrement de sa partie sud ; il est amputé de deux travées et des contreforts imposants viennent soutenir les angles du nouveau mur pignon. Une nouvelle poterne s’ouvre au sud vers le bourg (aujourd’hui sur le chemin Jean Racine).
Au XVIe siècle, la baronnie de Chevreuse est érigée en duché par François Ier pour sa favorite Anne de Pisseleu. Durant les guerres de Religions, le château, occupé par des partisans du duc de Guise, est déclaré félon, résiste puis tombe face aux troupes du roi Henri III. En 1661 et 1662, Jean Racine, alors en formation de contremaître à Port-Royal des Champs, supervise des travaux de restauration du château pour le duc de Luynes, nouveau propriétaire, et y séjourne.
Désirant agrandir le parc de Versailles, Louis XIV acquiert le château, qu’il cède par la suite à la congrégation des Dames de Saint-Cyr ,une congrégation religieuse puissante qui possède des propriétés entre Saint-Cyr et Chevreuse, qui le transforment.
Le dernier étage du donjon, en partie effondré, n’est pas reconstruit et le toit à 4 pans est remplacé par un toit à deux pentes. Après un deuxième effondrement du pignon sud du donjon, le mur est reconstruit au même endroit, consolidé par trois contreforts que l’on voit aujourd’hui. Le donjon est converti en silo à grains et grange pour stocker les provisions ; des ouvertures sont faites au rez-de-chaussée.
La chapelle Sainte-Madeleine est détruite. En 1734, le château ressemble à une ferme fortifiée et va même jusqu’à servir de carrières de pierres pour des constructions alentours !
En 1793, il est vendu comme bien national et conserve sa fonction agricole. La famille de Luynes vivant à Dampierre, le rachète en 1853. Elle y entreprend des recherches historiques mais, face à l’importance de la tâche, renonce à le restaurer.
Le château est inscrit à l’Inventaire des Monuments Historiques en 1940, inscription confirmée en 1948.
En 1981, la haute-cour (donjon et enceinte) est en ruine lorsque le Conseil départemental s’en porte acquéreur. D’importants travaux de restauration d’urgence sont réalisés, à partir de 1985, pour redonner à ce monument remarquable son intégrité et sa cohérence historique.
Durant l’été 2010, une équipe du SADY a réalisé des sondages archéologiques dans le donjon. Il était un des rares espaces du château de La Madeleine encore peu exploré par les archéologues.
Trois ouvertures ont été faites dans le sol en terre battue afin de mieux connaître l’histoire de ce bâtiment considéré comme l’élément en pierre le plus ancien de l’ensemble castral.
Des contreforts intérieurs ont été découverts contre les murs ouest et est. Les mêmes avaient été mis au jour, lors de fouilles anciennes, au sud du donjon actuel, révélant d’ailleurs que le donjon était initialement plus long et qu’il s’était effondré. Ces maçonneries pourraient correspondre à des séparations internes de l’espace à l’aide de cloisons, aménageant ainsi des pièces bien distinctes au nord et au sud.
Ce château-fort présente aujourd’hui un donjon rectangulaire au sein d’une haute-cour ovale entourée de remparts munis de tours. Son donjon barlong est l’un des mieux conservés d’Ile-de-France. Porte et basse-cour fortifiées, douves et grange dîmière complètent l’architecture militaire du site, telle qu’on se l’imagine le plus souvent pour un château-fort.
Les vestiges visibles les plus anciens ont été réalisés par Guy II de Chevreuse à la fin du 12e siècle.
Plusieurs enceintes successives, reliées aux remparts du château de la Madeleine, clôturaient la ville ancienne. La première enceinte en maçonnerie, construite pendant la guerre de Cent Ans entre 1380 et 1420, conserve quelques vestiges. Percée de quatre portes principales, elle était jalonnée de tourelles et bordée d’un large fossé. Une seconde enceinte, construite en 1562 et 1598, est toujours visible, englobant l’Yvette et les jardins potager. Surplombant l’enceinte, un chemin de ronde est aménagé entre deux tours carrées et dévoile une vue privilégiée sur Chevreuse et la vallée de l’Yvette.
A l’intérieur, trois salles présentent de belles voûtes, aux nervures rayonnantes à partir d’un pilier central. La visite de la cour intérieure, de la Tour des Gardes et des caves sont accessibles gratuitement. Dans les caves du château, une exposition « Vie de château » permet de revivre l’histoire riche et mouvementée de cette forteresse médiévale, témoin entre autres de la Guerre de Cent Ans mais aussi des guerres de Religions. (Merci à Guizmo)
Le château de la Madeleine – Chemin Jean Racine- 78460 Chevreuse
tristan
22 mars 2021 @ 02:01
Encore une histoire fascinante, merci à Guizmo, il signe beaucoup de mes rubriques favorites sur ce site. Belles photos, pas de longueurs dans le récit toujours bien documenté. Bravo et merci.
🇨🇦 Mer Limpide 🌊
22 mars 2021 @ 02:18
Merci Régine, c’est très intéressant.
L’intérieur me plaît beaucoup et vue de l’extérieur, il est imposant. ⚘
Pistounette
22 mars 2021 @ 05:05
Très intéressant reportage . Merci Guizmo
Alice
22 mars 2021 @ 05:35
Merci pour cette très intéressante description et pour l’histoire de ce château, vu de loin mais jamais visité. Je le mets dans ma liste pour mon prochain séjour en France.
Bambou
22 mars 2021 @ 05:55
Bien conservé et restauré. Joli.
Phil de Sarthe
22 mars 2021 @ 07:04
Passionnant, comme toujours… merci Guizmo.
Baboula
22 mars 2021 @ 07:05
Vivement que les visites reprennent,je connais deux garçons qui seront surpris de visiter un vrai château de « chevalerie « qui ne soit pas une ruine .
Merci Guizmo,je fais passer le message .
Robespierre
22 mars 2021 @ 15:49
Comme Philou, je trouve cela passionnant et comme Baboula j’ai pensé à des enfants.C’est exactement l’endroit qui fait rêver les petits garçons . Ils se voient protéger les remparts contre les attaquants. Et le petites filles se voient en hennin, penchées au-dessus des créneaux.
Merci Guizmo, j’ai l’impression d’avoir visité.
Leonor
22 mars 2021 @ 10:21
Guizmo, comme d’habitude, mais avec la même intensité : merci.
Jean Pierre
22 mars 2021 @ 12:09
Lorsque Guizmo nous parle du séjour de l’impératrice de Constantinople au château de la Madeleine, il s’agit de l’impératrice titulaire de Constantinople qui ne mit jamais les pieds en Orient : Catherine l’héritière de la maison capétienne de Courtenay qui était la belle-sœur de Philippe le Bel.
Ciboulette
22 mars 2021 @ 16:11
Merci , Guizmo pour cette belle découverte , et à Jean Pierre pour les dernières précisions .
Danielle
22 mars 2021 @ 13:37
Ce reportage donne envie de découvrir ce château, je note.
Merci Guizmo.
Muscate-Valeska de Lisabé
22 mars 2021 @ 15:42
Solide,puissant,envoûtant…merci Guizmo.
Caroline
23 mars 2021 @ 00:03
Très intéressant avec de belles photos ! Pas très loin de la capitale française !
Je ne connaissais que le nom de Chevreuse comme ‘ station R.E.R. ‘ ! ( Ou St Rémy- lès- Chevreuse ).
Corsica
23 mars 2021 @ 22:11
Merci Guizmo, c’est toujours intéressant de vous lire car vos articles me donnent généralement l’occasion de découvrir des lieux où d’approfondir mes connaissances.