Ce tableau de la galerie Tretiakov du peintre russe Surikov date de 1883, il a pour titre ‘Menchikov à Berezovo’. Il représente la chute brutale d’un prince qui avait atteint les sommets de la hiérarchie et de la fortune en devenant le favori de Pierre le Grand et Catherine I.
Alexandre Menchikov (1672-1729) était issu d’une famille moscovite modeste. Son ascension fut spectaculaire, il accéda aux plus hauts postes du pouvoir.
Compagnon de beuverie et de débauche de Pierre 1er, Menchikov lui avait présenté une servante et amante, mais il lui avait cédé la future impératrice Catherine I.
Pierre le Grand mort en 1725 sans avoir eu le temps de désigner un successeur, Menchikov contribua à couronner impératrice Catherine, qui lui attribua les plus hauts pouvoirs pendant ses 2 ans et 2 mois de règne. Il manoeuvra pour la convaincre de désigner Pierre, fils d’Alexis et petit-fils de Pierre le Grand, comme son successeur et de le fiancer à sa fille Marie. A la mort de l’impératrice en 1727, ayant toujours la main sur le Haut Conseil, Menchikov mis le nouveau tsar de 12 ans sous son joug. Exaspéré, l’entourage du tsar Pierre II parvint à le faire arrêter et lui confisquer toutes ses richesses. Le jeune tsar était soulagé d’échapper à la tutelle de celui qui avait présidé la commission d’enquête pour le procès de son père, le tsarevitch Alexis.
Accusé de trahison et de vol du trésor, Menchikov fut déporté avec sa famille à Berezov à l’ouest de la Sibérie. Sa femme mourut avant d’arriver, sa fille Marie de 16 ans, qui avait été la promise du tsar Pierre II, mourut de tuberculose. Menchikov mourut dans la misère en 1729. Son fils et sa seconde fille revinrent d’exil en 1731. (Merci à Agnès- source : http://www.tretyakovgallery.ru/en/collection/_show/image/_id/219 )
flabemont8
8 février 2015 @ 12:19
Triste histoire, qui montre encore et toujours que la Roche tarpéienne est près du Capitole !
Le tableau rend bien la solitude et la misère des personnages …
Quentin
8 février 2015 @ 17:01
Oui Flabemont et aussi que, pour ce pays, « nihil novi sub sole »…
Francine du Canada
9 février 2015 @ 11:37
En effet Quentin, rien de nouveau sous le soleil et ça semble reparti pour la guerre, la souffrance, la trahison et la misère d’un peuple. Bonne journée, FdC
guewagram
8 février 2015 @ 15:13
La friandise de Chartres portant ce nom- si mes souvenirs sont bons- a t elle un rapport avec ce prince
Pierre-Yves
8 février 2015 @ 16:07
Le châtiment de déportation en Sibérie est donc bien plus ancien que je le croyais. Mais quand on pense à tous ceux qui y ont été envoyés sans motif, on se dit que Menchikov, lui, avait malgré tout un passif assez sérieux.
Francine du Canada
9 février 2015 @ 12:08
Je croyais aussi que les premiers camps de travail du Goulag avaient été créés sous Staline au début des années ’20 mais ici, la déportation a lieu 200 ans avant. FdC
Corsica
10 février 2015 @ 00:11
Le territoire couvert par la Sibérie devient une immense province russe en 1586 , quand après la chute du Khanat tatar de Sibir, les émissaires d’Ivan le Terrible construisent une ville sur les lieux de la forteresse de Tioumen . C’est à partir de cette date que la Moscovie devient Empire Russe et que débute la colonisation de ce vaste territoire qui devient terre de bannissement .
C’est surtout après 1666 que la Sibérie devient une terre de relégation à grande échelle où le pouvoir, aussi bien laïc qu’ecclésiastique, se débarrasse de ses opposants . Des milliers et des milliers d’anonymes se succédèrent mais il y eut aussi des » célébrités » comme par exemple l’archiprêtre Avvakoum qui y passa neuf ans (1653-1662) ; Yuraï Krijanitch, catholique croate, père du panslavisme y a été déporté pendant 15 ans (1661-1676) . Le prince Menchikov a subi le même sort que le prince Dolgorouki qui y fut relégué avec toute sa famille entre 1730 et 1734 . Comme de nombreux Polonais luttant pour l’indépendance de leur pays, grand père du compositeur Chostakowitch . Des écrivains dont les écrits dérangeaient ont aussi passé du temps en Sibérie : Alexandre Radichtchev (1790-1796), Fiodor Dostoïevski (1850-1854), Nikolaï Tchernychevski (1864-1883), Vladimir Korolenko (1881-1884) . Après l’échec de l’insurrection du 14 décembre 1825, le tsar Nicolas I condamna à la relégation à vie les Décembristes qui n’avaient pas été exécutés . Parmi eux se trouvaient les princes Serge Troubetskoï et Serge Volkonski . Les princesses, comme neuf autres épouses dont deux Françaises, se portèrent volontaires pour partager le sort de leurs maris .
L’histoire romancées de ces Décembristes est racontée par Henri Troyat dans le tome 4 de la saga » La lumière des Justes » .
Corsica
10 février 2015 @ 00:15
Veuillez m’excuser mais il se fait tard et il fallait lire » Comme de nombreux Polonais luttant pour l’indépendance de leur pays, le grand père du compositeur Chostakowitch fut déporté en Sibérie » .
flabemont8
12 février 2015 @ 22:56
Merci, Corsica, j’ai lu autrefois les romans de Troyat que vous évoquez , et il décrit l’histoire des décembristes , en effet .
Francine du Canada
10 février 2015 @ 17:16
Et dans Michel Strogoff, le roman de Jules Verne; j’ai adoré le film! Amitiés, FdC
flabemont8
12 février 2015 @ 22:58
Ah ! Féofar Khan ! Le traître Ivan Ogareff ! Le courrier du tsar ! J’ai vu la version avec Curd Jurgens, souvenir inoubliable !
l'Alsacienne
8 février 2015 @ 17:40
Quelle déchéance : passer de la gloire, de la richesse et du pouvoir dans la misère et solitude. Si cette chute entrainait uniquement le prince, mais toute sa famille en a payé le lourd tribut.
Guyard
8 février 2015 @ 18:08
Menshikov a toujours une descendance titrée en Grande-Bretagne :
Alexandre Menchikov, duc d’Ingrie 1673-1729 &
Daria Arsenieva +1725/
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Alexandre Menchikov, duc d’Ingrie 1714-1764 &1742
Elizaveta Petrovna Galitzina 1721-1764
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Daria Menchikova 1747-1817 &
Alexander Grouzinsky 1726-1791
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Daria Grouzinskaïa +1796 &
Pierre, prince Troubetskoï 1760-1817
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Pierre , prince Troubetzkoï 1793-1840 &
Elisaveta Bakhmetieva +1825
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Barbara Troubetzkaïa +1900 &
Egor Tolstoï 1802-1874
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Maria Tolstaïa 1843-1895 &1864
Anatoli Orlov-Davydov 1837-1905
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Alexis Orlov-Davydov 1871 &1900
Thekla Staal von Greiffenklau
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Serge Orlov-Davydov 1901-1945 &1935
Elizabeth Gwendolen Scott-Ellis 1914-1976
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Marina Orlov-Davydov 1937- &1964
Derek William Charles Keppel, Viscount Bury 1911-1968
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Rufus Keppel, Earl of Albemarle 1965-
JAY
9 février 2015 @ 11:57
il y a eu aussi une descendance male après lui, avec titre de prince
JAY
8 février 2015 @ 18:32
Une descendance? Le titre toujours porté?
Caroline
8 février 2015 @ 19:50
Decidemment,rien n’est rose dans l’Histoire de Russie!
Caroline
8 février 2015 @ 19:59
Oups!je n’ai meme pas fini d’ecrire mon commentaire,il est parti……c’est regrettable que nous n’avons pas la possibilté de supprimer nos commentaires!
Il y a dans ce tableau beaucoup de pathétique!On y voit que le prince Menchikov n’avait plus sa longue perruque assez haute.
Décidémment,rien n’est rose dans l’Histoire de Russie!
Merci à Agnès!
Corsica
9 février 2015 @ 00:30
Agnès, merci encore pour vos chroniques russes quasi quotidiennes . Être le favori d’un puissant donne honneurs, titres, terres et argent, mais il y a toujours des risques : les souverains meurent ou se lassent et la chute est alors brutale, voire létale . Ils furent nombreux à payer de leur vie le fait d’avoir été apprécié et honoré par un souverain : Ibn Ammar, exécuté par le sultan Abbad III, Enguerrand de Marigny jugé pour sorcellerie après la mort de Philippe le Bel, le duc de Buckingham, le cardinal Mosley, Concini, la princesse de Lamballe etc. Certains, comme Menchikov, ont eu la « chance » de seulement connaître l’exil et la confiscation de leurs biens alors que d’autres ont eu l’intelligence de devenir des conseillers mais aussi des « recruteurs » de chair jeune et fraîche capable de satisfaire l’appétit sexuel de leurs illustres amant ou amante, je pense à Madame de Pompadour et à Potemkine . Ce dernier avait même mis au point une sorte de grilles de compétences permettant le recrutement et, avant de mettre les postulants dans le lit de Catherine la Grande, ils les faisaient tester par des connaisseuses de la cour . Tout un programme …
JAY
9 février 2015 @ 08:59
après vérification il y a bien une une descendance avec titre de Prince
A.Lin
9 février 2015 @ 11:52
Je regarde avec passion tous les reportages d’ Agnès même si je ne commente pas à chaque fois. Le passé de la Russie intéresse beaucoup d’ internautes, souvenirs de nombreuses lectures notamment « Tant que la terre durera » et tant d’autres romans sur la Russie écrits par l’académicien français, Henri Troyat.
flabemont8
12 février 2015 @ 23:01
J’ai beaucoup apprécié aussi , puisque nous parlons de cet auteur , Pierre le Grand , et Catherine la Grande .
Danielle T
12 septembre 2015 @ 15:18
Pour Jay: un descendance mâle et princière ? Pouvez-vous nous donner le nom exacte et le titre car dans les membres de la descendance que j’ai trouvés ii est dit qu’à la mort de Vladimir Alexandrovich(1815-1893 ) le titre fut transféré à la famille Koresh .
Quant à un fils ( Alexandre Vladimirovich ) cité sur un autre site ses dates de naissance et de mort sont inconnues , signalées par un point d’interrogation.
En savez-vous donc davantage ? Cela m’intéresse , Merci