Capitale de l’Épire, Ioánnina en Grèce, tient son nom d’un monastère dédié à Saint Jean. Elle se déploie sur les rives du lac Pamvotida, reflétant les montagnes des alentours.
Fondée en 527 par l’empereur Justinien, elle passe aux mains des Normands en 1082, est annexée au royaume de Serbie en 1345, est conquise par les Ottomans en 1430 et est réintégrée au royaume de Grèce en 1913, à la libération du pays, à l’issue de la bataille de Bizani.
Dès le XVème siècle la cité fut la résidence des pachas ottomans. Le plus connu est Ali Pacha de Tébelen, dont l’autorité s’étendait de l’Albanie à l’Epire.
En 1809, il reçut avec faste Lord Byron. Le « Lion de loannina» , gouverneur de la région sous la domination ottomane, assit son autorité sur les Klephtes, montagnards grecs.
Il décida de s’affranchir du pouvoir central, c’est-à-dire de la Sublime Porte, et de fonder le royaume autonome d’Épire et d’Albanie.
Apprenant le complot, le sultan fit envoyer une armée à Ioannina pour déloger Ali Pacha, alors réfugié sur l’île du lac Pamvotida, la seule île lacustre encore habitée d’Europe, et rapporter sa tête embaumée sur un plateau d’argent. II fut assassiné le 22 février 1822, au monastère d’Haghios Pantéléimon, dans l’ile.
La citadelle coiffe un promontoire au-dessus du lac. Elle fut édifiée au XIIIème siècle et restaurée par Ali Pacha. À l’entrée, se dresse le platane où les Turcs torturaient les rebelles. Sa forme actuelle date de la fin de la période ottomane. De nombreux éléments de l’ancienne forteresse byzantine ont été conservés.
Les attaquants ne pouvaient accéder que par l’un des quatre côtés de la forteresse, celui où se trouve la porte centrale et où une tranchée d’eau avait déjà été construite depuis l’époque byzantine.
Celle-ci a transformé le château en îlot, les trois autres côtés étant déjà entourés par le lac. Dans la partie externe, la porte a une grande double arche construite avec des pierres sculptées. À droite et à gauche de l’arc, il y a deux sculptures en pierre avec des figures d’animaux. Au centre de l’avant de l’arc se trouve une inscription en arabe faisant référence à l’année islamique 1259 (1843 après JC) et le nom d’Osman Nouri Pacha, qui a probablement supervisé sa restauration.
La citadelle qui possède d’épaisses murailles comprend la mosquée Aslan Pach, édifiée en 1619 à l’emplacement d’un monastère orthodoxe dédié à saint Jean, a été transformée en musée municipal en 1933.
Il expose des bijoux et des costumes traditionnels provenant de différents endroits de la région, des meubles anciens, des pièces d’argenterie. Il retrace également la vie et les coutumes des trois grandes communautés (juive, chrétienne et turque) qui vécurent à Ioánnina pendant la période d’occupation turque à travers des objets traditionnels.
A l’intérieur de la forteresse, on trouve deux donjons intérieurs, l’un au coin nord-est et l’autre au coin sud-est. Le donjon au coin sud-est est la forteresse construite par les Normands.
La « Tour de Bohemond » quant à elle, de 13 mètres de haut, est située à une courte distance de la porte principale. Sa construction est attribuée à Thomas Preljubović, souverain du despotat d’Épire à Ioannina. Preljubović a restauré et fortifié le château contre d’éventuelles attaques des Albanais qui avaient déjà conquis une grande partie de la région de l’Épire. La surface du château à l’extérieur des deux donjons est occupée par des maisons de la vieille ville.
La mosquée de Fethiye est un imposant bâtiment de style traditionnel qui domine le point le plus à l’est et le plus élevé d’Its Kalé. Elle a été construite vers 1795 par Ali Pacha. La niche de prière (mihrab) et le dôme du bâtiment portaient une décoration peinte remarquable.
Au nord-ouest de la mosquée, se trouve le monument abritant les tombes d’Ali Pacha et de l’une de ses épouses. Un petit bâtiment au nord de la mosquée a été identifiée comme un magasin de poudre à canon.
La construction du Saray (palace) d’Ali Pacha commence en 1788, sur la colline ouest de la citadelle intérieure de Its Kalé. D’après les voyageurs européens, le palace est décrit comme une grande structure complexe de deux étages avec de nombreuses fenêtres offrant une excellente vue sur le lac.
Il abritait les appartements d’Ali Pacha, de sa famille, de ses serviteurs et de son harem. Il y avait aussi un salon et un auditorium. Le Saray est resté un centre administratif après la chute d’Ali Pacha (en 1822) jusqu’en 1870, date à laquelle il a été complètement détruit. Sur les ruines du bâtiment principal du Saray fut construit plus tard l’hôpital militaire « Agioi Anargyroi ».
En 1978, la 8ème division d’Ioannina a fait don du bâtiment au ministère de la Culture.
Le musée byzantin d’Ioannina y a été inauguré en 1995. Il ne se limite pas à présenter des objets de l’époque où Ioannina était sous la domination de Byzance, mais jusqu’au vingtième siècle des objets en relation avec la culture religieuse de rite grec.
Le musée de l’orfèvrerie est également situé dans l’enceinte de la forteresse d’Ioannina. Avec des objets en argent et en or, on enseigne aux visiteurs l’histoire de l’orfèvrerie épirote ainsi que la manière dont elle était pratiquée dans la région durant l’ère préindustrielle. Des bijoux en argent, des armes exposés avec des textes, des films et des jeux numériques interactifs permettent à toute la famille de repartir en ayant appris quelque chose.
Près de la citadelle se trouvent également, le bain byzantin. Il s’agit de l’un des rares bâtiments byzantins importants encore conservés dans le château. Une grande partie de celui-ci est sous les fondations d’une école (construite avant sa découverte).
Il se compose d’un réservoir, qui occupe sa partie ouest. Il est lui-même construit sur les ruines d’un bâtiment ancien, dont une partie de l’hypocauste est préservée. L’hypocauste est le nom donné au système de chauffage par le sol utilisé à l’époque romaine dans les thermes romains et les bains.
De la citadelle on a une belle vue sur le lac Pamvotida et l’île de Nissi, un minuscule hameau aux maisons couvertes de toits de lauze.
Plusieurs monastères byzantins couronnent la butte de l’île mais le plus intéressant est Agios Panteleimonas où Ali Pacha fut assassiné.
Transformé en musée, il présente une collection d’objets ayant appartenu au pacha, des reliques anciennes telles que des gravures, des armes, des bijoux, des costumes, des peintures et des objets en argent épirotes datant du 19ème siècle. (merci à Guizmo)
😀Pistounette
1 décembre 2022 @ 07:16
Encore une très belle promenade… plaisante et instructive.
Merci Guizmo
Roxane
1 décembre 2022 @ 07:19
Ooooooooh merci Guizmo ! Que de bons souvenirs. J’adore cette ville étudiante, charmante et très authentique. J’y ai séjourné à plusieurs reprises quand je vivais en Grèce car un de mes amis y habitait.
Florence-Marie
1 décembre 2022 @ 07:49
Merci beaucoup, Guizmo. A la lecture de votre article, sont revenus le souvenir de promenades en barque sur le lac et de délicieux repas de poissons sur l’ile de Nissi.
Passiflore
1 décembre 2022 @ 09:40
Lord Byron écrit une longue lettre à sa mère, le 8 novembre 1809 : « Le jour suivant, j’ai été présenté à Ali Pacha ; j’étais vêtu d’un uniforme complet d’officier avec un sabre tout à fait magnifique (…) Sa première question a été pourquoi, à un si jeune âge, j’avais quitté mon pays ? (les Turcs ne conçoivent pas l’idée de voyager par amusement) ; il m’a dit ensuite que le Ministre anglais le Capitaine Leake lui avait dit que j’étais d’une grande famille, et qu’il désirait exprimer ses respects à ma mère, lesquels je vous présente maintenant, au nom d’Ali Pacha. Il m’a dit qu’il était certain que j’étais homme de bonne naissance parce que j’avais de petites oreilles, des cheveux bouclés, et de petites mains blanches, et il s’est dit lui-même heureux de mon apparence et de ma tenue. Il m’a dit de le considérer comme un père tant que je serais en Turquie, et a dit qu’il veillerait sur moi comme sur son fils. De fait, il m’a traité comme un enfant, me faisant porter des amandes et des sorbets sucrés, des fruits et des douceurs 20 fois par jour. «
Passiflore
1 décembre 2022 @ 14:44
Les Albanais appellent Ali Pacha (qui fit construire plusieurs châteaux ou forteresses dans le pays) le « Bonaparte musulman ».
Jean Pierre
1 décembre 2022 @ 09:50
Je constate que Guizmo a suivi mon conseil d’hier d’aller vers Metsovo après les Météores et de s’engouffrer vers les montagnes.
Merci pour cette étape dans une ville où je ne me suis jamais arrêté sur la route d’Igoumenitsa pour reprendre le ferry.
Philibert
1 décembre 2022 @ 10:26
Quelle richesse dans ce lieu dont je ne connaissais rien !
Merci, ,Régine, de nous faire voyager…
Agnese
1 décembre 2022 @ 10:37
Très beau reportage et merci Guizmo de m’avoir fait découvrir un lieu que je ne connaissais pas du tout.
chicarde
1 décembre 2022 @ 13:20
Très bel article – merci a Guizmo !! J’ai visité ces endroits très historiques, il y a longtemps !
Danielle
2 décembre 2022 @ 16:11
Guizmo, merci pour cet intéressant reportage qui nous fait voyager depuis notre fauteuil…
mousseline
2 décembre 2022 @ 22:23
Merci Guizmo. Mon séjour en Grèce me revient avec plaisir grâce à ce reportage et celui des météores