La Commanderie de Villedieu, haut lieu historique, a fêté la 23e édition du Printemps des poètes cette année, crise sanitaire oblige, intégralement en ligne.
Lieu historique de Saint-Quentin-en-Yvelines, la commanderie des templiers se trouve sur la petite commune d’Elancourt. La Commanderie fait partie des nombreuses Commanderies de templiers existantes en Occident au XIIe et jusqu’au début du XIVe siècle. Les commanderies constituent les piliers sur lesquels repose l’ordre des templiers qui se donne pour but, par les armes, de protéger les pèlerins et de défendre les états latins institués en Palestine par les croisés.
Au XIIIème siècle, l’Ordre du Temple possède environ 3 000 commanderies en Europe, dont près de 700 en France. La commanderie de La Villedieu obéit au même schéma d’organisation que les autres sites.
La commanderie des Templiers est fondée à la fin du XIIe siècle. L’acte le plus ancien est une confirmation par Arnaud de la Ferté, seigneur de Villepreux, de la donation faite par son vassal Dreux de Villette aux chevaliers du Temple d’une mesure de blé froment. Cette charte, passée sous le sceau du donateur est datée de l’épiscopat de Jean, Evêque de Chartres.
Or, cet évêque fut élu à cette fonction le 22 juillet 1176 et mourut le 25 octobre 1178, ce qui signifie que la commanderie existait déjà à cette date.
En 1206, pour la première fois, apparaît le nom de la maison templière « de la Villedieu de Maurepas« , dans un acte d’accord intervenu entre les Templiers et l’abbaye de Saint-Denis.
Des procès à l’encontre des moines, souvent accompagnés de tortures pouvant aller jusqu’à la mort, aboutirent à l’abolition de l’ordre des Templiers par le roi Philippe le Bel en 1312. C’est ainsi que La Villedieu et ses terres furent placées sous l’obédience de la commanderie hospitalière de Louviers-Vaumion.
Les pillards et l’occupation anglaise de la guerre des Cent Ans entrainèrent alors un tel délabrement du domaine qu’il fût rattaché à l’hôpital Saint-Jean de Latran de Paris, dépendant du Grand Prieuré de France en 1474, afin de le sauver de la ruine. Seules la chapelle et la grange avaient échappé à la destruction.
Jusqu’en 1639, le domaine a été géré par un «receveur des terres», sorte de fermier commandeur direct de l’hôpital chargé d’exploiter le domaine. Un registre des comptes de 1487 nous apprend qu’un receveur était chargé de collecter les impôts et redevances diverses dus aux Templiers.
Ce receveur devait donc recouvrer en espèces sonnantes et trébuchantes les impôts sur la terre, ou sur les produits de son exploitation, comme le cens ou la dîme ou encore la novale perçue sur les terres récemment défrichées et notamment à : La Bardelle, à Montfort-l’Amaury, Bazoches, au Tremblay, à La Verrière, Elancourt, Maurepas, au Mesnil-Saint-Denis, à la La Brosse et Trotigny, Poissy, Feucherolles, Grignon, Thiverval, Crespières, Vaux-en-Meulan, Mareil-sous-Marly et Fontenay-le-Fleury.
La chapelle a cependant continué à être entretenue, bien qu’elle ne fût plus desservie que de temps à autre, par un moine de l’ordre puis par le curé d’Elancourt, comme en atteste un acte de 1750.
Le domaine, revenu à l’Eglise, les 16 commandeurs directs de Louviers-Vaumion prirent la relève jusqu’aux lois des 2 et 4 novembre 1789 relatives aux biens des communautés religieuses.
Un temps rattachée aux biens de la couronne sous la seconde restauration, la Commanderie des Templiers de la Villedieu, qui avait été vendue comme bien national à la révolution française, était devenue alors une des fermes les plus importante du plateau de Trappes, avec une douzaine d’ouvriers agricoles qui logeaient sur place.
La chapelle avait été transformée en grange, ses fenêtres obturées, chaque espace entre ses contreforts est utilisé pour faire des clapiers. Des poulaillers et plus tard des appentis pour abriter les voitures et les engins agricoles furent installés au pied du bâtiment. Au XIXe siècle, une partie de la commanderie est transformée en distillerie.
Le domaine passa ainsi entre les mains de divers propriétaires fermiers. L’ensemble se compose de la chapelle de style gothique datant du XIIIe siècle – du bâtiment des Gardes (peut-être antérieur à la chapelle) à usage essentiellement militaire à l’origine – du bâtiment de Bièvres (nom actuel), ancien logement des « Commandeurs » puis des fermiers, du bâtiment de Chevreuse (nom actuel), vestige d’une exploitation agricole jadis florissante.
La chapelle construite en pierre de meulière, présente un plan longitudinal, avec la nef qui s’ouvre sur une abside semi-circulaire. On entre dans la chapelle par un portail en plein cintre. Le porche d’entrée est surmonté d’une archivolte en pointes de diamant; elle mesure 28 mètres de longueur, 8 mètres de largeur et 11,80 mètres de hauteur. Toutes les clefs de voûte sont sculptées. Les vitraux de la chapelle sont des grisailles ornées de médaillons du XIVe siècle.
Ces médaillons proviennent des vitraux détruits de la commanderie de Sainte Vaubourg en Normandie. A l’époque de la Révolution, ils furent préservés et mis en dépôt à l’abbaye de Saint-Denis.
L’édifice est recouvert d’un toit à croupe arrondie. Une petite tour extérieure de forme octogonale, percée de plusieurs meurtrières, permet de monter au-dessus des voûtes pour observer les environs. Les murs sont étayés par des contreforts qui montent jusqu’au toit. La charpente en chêne est constituée de poutres d’origine.
La chapelle, avec sa tourelle du XVe siècle, est refaite en 2012. En 1926, la chapelle a été inscrite à l’inventaire des Monuments historiques.
La Ferme cesse son activité en 1963, et l’Établissement Public d’Aménagement de Saint-Quentin-en-Yvelines (EPASQY) rachète le domaine en 1972. À l’intérieur du bâtiment des Gardes, l’EPA installe en 1974 son centre d’information puis le lieu devient un centre culturel (1985-1998). L’ex-logis des fermiers est restructuré en lieu de réunions et de réceptions. Enfin, le bâtiment faisant face à celui des Gardes est aménagé en ateliers d’artistes (2008).
Ce haut lieu historique d’Élancourt s’est complètement renouvelé en 2018. Alors qu’il était jusqu’alors uniquement un lieu d’exposition, il abrite dorénavant de nombreuses activités en art vivant et musique, arts plastiques, danse, sciences et poésie.
La Commanderie – Route de Dampierre – CD 58 – 78990 Elancourt
(Merci à Guizmo – Source : Collection du Musée de la ville)
Pistounette
20 avril 2021 @ 02:56
Merci beaucoup, Guizmo, pour ce reportage très intéressant.
L’histoire des Templiers est fascinante.
Il y en a de nombreuses traces aussi en Occitanie, et l’an dernier j’ai revisité la Commanderie de La Couvertoirade (Aveyron)
Leonor
20 avril 2021 @ 08:14
Irremplaçable Guizmo.
Les Templiers ont donné lieu à des tonnes de littérature fantasmatique et d’élucubrations.
Or, leur histoire vraie se suffit à elle-même pour être extraordinaire.
Ciboulette
20 avril 2021 @ 16:23
Des commanderies templières ont existé absolument partout en France .
Leonor
20 avril 2021 @ 17:08
Oui, et ailleurs. Elles ponctuent surtout les chemins de pèlerinage. Pas que, mais surtout, vu leurs fonctions
Ciboulette
21 avril 2021 @ 15:43
Je vous aurais bien imaginée cuisinière dans une commanderie templière, et gardienne des clefs . Un énorme trousseau à la ceinture ! Et que ça file droit , là-dedans !
Le Guyader
20 avril 2021 @ 09:24
Merci beaucoup Guizmo. Je ne connaissais pas l’histoire des Templiers, c’est vraiment très intéressant !
kalistéa
20 avril 2021 @ 10:13
En ce lieu chargé d’histoire on peut louer des salles splendides pour par exemple des noces . J’y ai été invitée pour un mariage qui m’a laissé un souvenir durable.
Karabakh
20 avril 2021 @ 13:33
C’est un bel endroit, très vivant et qui mérite d’être connu. Mon épouse et moi, nous nous arrêtions souvent à La Commanderie, lorsque nous revenions de Maurepas (nous y avons travaillé) puis lorsque nous allions en Normandie. De bien beaux souvenirs.
Merci Guizmo.
aubépine
20 avril 2021 @ 14:02
J’aime beaucoup ces anciennes résidences qu’elles soient des commanderies, de vieilles églises , ou des manoirs ,en vacances je ne me lasse pas de les visiter !
j’ai l’impression que ces vieilles pierres nous racontent encore quelque chose du temps passé !
Muscate-Valeska de Lisabé
20 avril 2021 @ 19:09
Exactement le même ressenti que vous,Aubépine…
Merci Guizmo pour vos exposés qui sont toujours de grande qualité 😘.
Caroline
20 avril 2021 @ 21:58
Merci à Guizmo pour cet article très intéressant ! Historique et surprenant à la fois !
Jamais entendu parler de la commanderie de Villedieu ! 😳
ghislaine LPB
21 avril 2021 @ 09:48
Le passé templier en Bretagne est très riche , les Moines Rouges , comme ils étaient appelés dans celle-ci.
Le Tertre roue, la butte rouge , le Temple , tous ces vestiges tellement nombreux ici .
La chapelle de Lochjean (29) templière) près de laquelle sont nés quelques uns de mes ascendants . Des pierres tombales magnifiques ici et là , sous forme de petits menhirs .
http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/inventaire-des-commanderies-templieres-et-hospitalieres-de-bretagne/c353a495-7162-46aa-87
Je connais également la Couvertoirade qui m’a impressionnée.
ghislaine LPB
21 avril 2021 @ 10:47
2e essai
http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/inventaire-des-commanderies-templieres-et-hospitalieres-de-bretagne/c353a495-7162-46aa-8789-b0e012962f39
ghislaine LPB
21 avril 2021 @ 17:41
je vois que mon 2e envoi n’est pas passé , celui là était le bon
tant pis !
Danielle
21 avril 2021 @ 19:45
Quand j’entends parler de Villedieu je pense toujours à Villedieu les Poêles, célèbre pour ses fonderies de cloches, maintenant il en sera autrement.
Merci Guizmo pour ce bel article.