Les chefs d’oeuvre de la collection de Juan de Beistegui ont été mis aux enchères ce lundi à Paris. Parmi tous les lots figurait la commode Riesener qui a été acquise par le château de Versailles avant la dispersion.
La commode fut livrée à Madame Adelaïde, fille du roi Louis XIV en 1776. Il semble évident que la famille de Beistegui a négocié à un prix avantageux cette cession au château de Versailles. La commode a été acquise grâce à trois legs a indiqué la société des Amis de Versailles. Un legs de Madame Baraille, un legs de Madame Cavallo et un legs de Madame Jeanneret pour un montant global de 3,5 millions d’euros. (Merci à Anne)
Nicolette
11 septembre 2018 @ 06:12
Madame Adelaïde était la fille de Louis XV et non de Louis XlV !
monica
11 septembre 2018 @ 07:02
Je pense plutôt que c est la fille de
Louis XV .. car Louis XIV n a eu qu un seul fils devenu adulte
Laurent F
11 septembre 2018 @ 14:16
Vous oubliez le duc du Maine, le comte de Toulouse et le comte de Vermandois, bâtards certes mais princes légitimés et un temps (très court) dans la ligne de succession au trône pour les deux premiers.
Laurent
11 septembre 2018 @ 09:45
Madame Adelaïde fille de Louis XV
Francois
11 septembre 2018 @ 13:43
Quel bel achat
Ce retour coûteux me comble de joie
et pour Versailles et pour mesdames
qui ont fini à Trieste bien tristement oubliées de tous
Gérard
11 septembre 2018 @ 15:17
Oui les trois filles légitimes de Louis XIV moururent jeunes.
Latina
11 septembre 2018 @ 15:56
Heureuse de savoir que cette merveille est reveneu à Versailles, là où elle doit être.
Mélusine
11 septembre 2018 @ 17:41
Quel meuble magnifique !
Grand merci aux généreuses donatrices ayant permis cette acquisition.
IANKAL21
11 septembre 2018 @ 18:26
Grande admiration pour ces trois dames qui ont mis ces fonds considérables à la disposition des Amis de Versailles.
Gilan
12 septembre 2018 @ 00:33
Doux Jésus, qu’il existe encore après trois siècles des pièces de cette qualité en circulation est simplement merveilleux ! Merci à NR pour sa recherche fouillée outre la satisfaction de savoir que cette rare commode « transition » a retrouvé sa place à Versailles après la vente à l’encan de 1793 qui fut un « traumatisme national » sic Rémi Gaillard http://theses.enc.sorbonne.fr/2011/gaillard
Charlotte AL
14 septembre 2018 @ 13:55
Il est certain que dans 300 ans les meubles IKEA auront disparu depuis longtemps !
Comme vous émerveillée par un tel travail.
Heureusement il existe encore des ébénistes, des bronziers qui peuvent le cas échéant restaurer de telles oeuvres, mettre en valeur l’artisanat d’art et les autres bien évidemment, le compagnonnage, devrait être une préoccupation qui saurait peut-être apporter un début de solution au chômage des jeunes et.. des moins jeunes.
Cette commode m’a incitée à aller rechercher les ouvrages de Jean Diwo : « Les Dames du Faubourg » et à relire cette histoire des abbesses de Saint Antoine des champs (l’actuel faubourg Saint Antoine) et de leurs protégés, les compagnons du bois.
On y parle de Riesener et de bien d’autres, notamment Réveillon, propriétaire de la Manufacture Royale de papier peint, et dont la révolte des ouvriers pour une question de prix du pain, eut lieu quelques jours avant l’ouverture des Etats Généraux. La prise de la Bastille : 4 mois plus tard. Tout le climat social de Paris peu avant la Révolution y est remarquablement décrit
Gilan
17 septembre 2018 @ 00:08
Chère Charlotte AL,
Je ne fais pas de politique du moins sur ce site … et la référence à Jean Diwo,
écrivain de talent mais romanesque est loin de savoir convaincre.
Je vous livre un petit scoop, comme vous aimez l’ébénisterie de qualité et ses suites, la tombe de Georges Jacob fils se trouve en l’Eglise Sainte Marguerite (Paris XIème) avec celle controversée de Louis XVII https://www.tombes-sepultures.com/crbst_295.html
Il ne s’agit pas vraiment de nouvelles fraîches, j’en conviens.
Charlotte AL
17 septembre 2018 @ 11:08
Vous avez raison, Gilan, mais l’histoire romancée peut aussi amener à servir d’approche, à se documenter « plus sérieusement », Jean Diwo ne se prétend pas historien, enfin pas à ma connaissance. Les ouvrages dits de « vulgarisation » sont souvent pour certains ,réfractaires aux ouvrages plus « denses », l’occasion d’avoir tout de même un aperçu ! enfin c’est mon avis, personnellement j’ai aimé cette forme de saga.
De la même manière la bande dessinée, tant décriée par les puristes, amène beaucoup de jeunes à la lecture, car si on leur met d’emblée, Voltaire ou Balzac, Zola et d’autres : succès garanti, résumé internet assuré.
Quand j’enseignais le latin en collège je n’ai pas honte de dire que je me servais en préambule d’Astérix et d’Alix.
Dans tous les cas, merci pour votre lien
Bien cordialement
clementine1
12 septembre 2018 @ 05:28
heureusement il y a encore de généreux donateurs en France.
Nivolet
12 septembre 2018 @ 16:43
Grande famille de collectionneurs dont « Johnny » pour ses intimes a clos le dernier chapitre. Comme vous, je suis ravie de savoir que cette sublime commode a pu regagner son bercail.
Gérard
13 septembre 2018 @ 11:19
Selon le communiqué du Domaine de Versailles, commandée le 5 octobre 1776 par le Garde-Meuble de la Couronne à Jean-Henri Riesener, la commode fut livrée le 18 décembre 1776, sous le numéro 2881, numéro inscrit sur les panneaux arrière.
Elle est ainsi décrite « une commode de marqueterie de 4 pieds 2 pouces de large 22 pouces de profondeur et 34 pouces de haut à dessus de marbre blanc veiné, et 5 tiroirs fermant à clef, représentant par devant au milieu un vase de jaspe sanguin garni de fleurs dans un fond de satin gris, orné de moulures, cadres, consoles, chutes, feuilles d’ornements, soupente et guirlandes ; le tout de bronze ciselé doré d’or moulu ».
D’un modèle riche, de marqueterie losangée et de couleurs, elle figure parmi les premières productions que l’ébéniste fournit à la famille royale, alors qu’il vient, en 1774, d’être nommé ébéniste ordinaire du Garde-Meuble de la Couronne. Il livre en 1776 trois commodes de ce type pour des membres de la famille royale. Le modèle plaît par la puissance de son architecture, l’élégance de ses bronzes et le jeu de ses bois. Sa marqueterie de couleurs s’appuie sur un dessin de treillage très architecturé. Les ovales cantonnant les losanges étaient teints en bleu et au centre de ces derniers apparaît la fleur de tournesol, motif cher à Riesener. Quant au dessin de marqueterie du panneau central à décor de vases de fleurs, il relève de l’une des deux sources d’inspiration généralement utilisées par l’ébéniste qui alterne entre trophées allégoriques et sujets pastoraux. Enfin la commode se remarque par le traitement riche de ses bronzes, de très grande qualité, et leur mouvement, comme celui des chutes encadrant le panneau central, qui accompagne et souligne avec élégance l’architecture du meuble selon les formules mises au point par le célèbre ébéniste.
Le meuble n’est pas estampillé (les commandes royales étaient dispensées de cette obligation de la jurande), mais le numéro d’inventaire (118) avec la marque BV pour Bellevue qui figurent aussi sur le marbre, correspondent au meuble livré en 1770 pour la chambre de Madame Adélaïde par Joubert, ébéniste de la Couronne de 1761 à 1775.
La commode est destinée au cabinet intérieur de la princesse dans l’appartement que cette dernière occupe depuis 1769 au rez-de-chaussée du corps central du château de Versailles, ouvrant sur la terrasse nord. Différent du grand cabinet, pièce d’apparat rangée à l’étiquette, le cabinet de retraite fait partie de ces lieux qui, dans les appartements royaux et princiers, permettent, en tant que pièces privées, de découvrir le goût personnel de leurs hôtes.
La commode est ensuite envoyée au château de Bellevue, maison de plaisance que le roi Louis XVI a attribué à ses tantes en 1774. Elle est placée dans les appartements de l’étage (aile droite) et y demeure jusqu’à la Révolution. Vendue en 1795, elle passe à une date indéterminée en Angleterre. On la retrouve ensuite dans les collections de Lord Carnarvon (1866-1923) puis elle devient quelques décennies plus tard la propriété de Juan Guillermo (Johnny) de Beistegui, son dernier détenteur mort l’an dernier et époux d’Annick de Rohan-Chabot, sœur du duc. Il était depuis toujours un amoureux du Château et a été un membre Bienfaiteur de la Société des Amis pendant de nombreuses années.
L’acquisition de cette commode exceptionnelle a été financée par la Société des Amis de Versailles grâce aux legs de Mesdames Simone Baraille, Micheline Cavallo et Monique Genneret. Le Domaine salue tout particulièrement la mémoire de Simone Baraille qui a légué toute sa fortune à la Société des Amis de Versailles pour contribuer au remeublement du château de Versailles.
Le château de Bellevue à Meudon construit pour Madame de Pompadour lui fut racheté par le roi Louis XV. Au décès de Louis XV, en 1774, le château est donc attribué par Louis XVI aux filles du roi défunt et tantes du nouveau roi, Mesdames Adélaïde, Sophie et Victoire. Bien qu’elles logent principalement au château de Versailles, Mesdames viennent à Bellevue se délasser des rigueurs de l’étiquette. Elles font transformer le décor intérieur par Richard Mique et agrandir les jardins vers le Sud, en créant un jardin anglais. Le 2 mars 1783, Madame Sophie mourut, laissant pour occupantes principales du château Madame Adélaïde et Madame Victoire.
Sous la Révolution, Mesdames quittent Bellevue le 19 février 1791, à la tombée de la nuit, pour prendre le chemin de l’émigration, en direction de l’Italie, abandonnant ainsi la majeure partie du mobilier.
Le 5 mai 1794, sur le rapport de Couthon, la Convention nationale « décrète que les maisons et jardins de Saint-Cloud, Bellevue, Mousseaux, le Raincy, Versailles, Bagatelle, Sceaux, l’Isle-Adam et Vanves ne seront pas vendus et seront entretenus aux frais de la République, pour servir aux jouissances du Peuple, et former des établissements utiles à l’agriculture et aux arts ». Mais on fit de Bellevue une caserne.
Le château fut vendu à M. Testu-Brissy, qui le fit abattre sans toucher alors aux deux ailes qui formaient la cour. On dépeça le parc et les jardins. Sous l’Empire et dans les premières années de la Restauration, l’ensemble était dans un état de dégradation déplorable. Dès l’an XI, la maison dite « des Colonnes » mord ainsi sur le jardin anglais. En 1823, M Guillaume fit l’acquisition de la plus grande partie de l’ancien domaine, et procéda au lotissement de l’ensemble.
George Edward Stanhope Molyneux Herbert, 5e comte de Carnarvon, était le riche et célèbre égyptologue.
Gilan
13 septembre 2018 @ 22:25
Commentaire impressionnant d’érudition et qui dépasse le sujet, merci Gérard.
Gérard
15 septembre 2018 @ 21:29
Merci à vous Gilan.