L’affiche de l’exposition consacrée à la famille d’Arenberg qui se tient en ce moment à Louvain présente un portrait de la princesse Hedwige de Ligne (1877-1938), épouse d’Englebert, 9ème duc d’Arenberg (1872-1949) avec qui elle eut trois enfants : Engelbert-Charles (1899-1974), Erik (1901-1992) et Lydia (1905-1977) qui fut l’épouse du duc de Gênes. Il s’agit d’une oeuvre de Gyula Benczur qui était accrochée dans l’entrée de l’Hôtel d’Arenberg à Bruxelles.
Ludovina
6 janvier 2019 @ 09:46
Aucun des 3 enfants du couple n’a eu de descendance, hors adoption.
L’aîné Engelbert-Karl (10ème duc) s’était marié 2 fois :
sa première épouse était Valérie von Schleswig-Holstein-Sonderburg-Augustenburg, fille illégitime (reconnue officiellement en 1938) du duc Albrecht, chef de la maison précitée en 1921.
Le nom de la mère de Valérie n’a jamais été rendu public. Albrecht n’a rien dévoilé sur son identité. Il a informé ses deux sœurs que cette dame était une « haute noblesse »;
sa seconde épouse était une roturière : Mathilde Callay.
Le cadet de la fratrie Erik (11ème duc) avait épousé Marie-Thérèse de la Poëze d’Harambure (il était son 3ème conjoint).
Marie-Thérèse avait eu 2 enfants avec le marquis Henri de Belzunce, qui ont été adoptés par Erik portant ainsi le patronyme Belzunce d’Arenberg.
Sa fille Laetitia de Belzunce d’Arenberg est la mère du grand-duc titulaire d’Autriche-Toscane : Sigismund.
Marie-Thérèse était la tante de l’ex-époux de la princesse Anna von Hohenberg.
La benjamine Lydia était d’une beauté renversante, elle s’était alliée à Filiberto di Savoia, duca di Pistoia, duca di Genova.
http://www.noblesseetroyautes.com/archives-lydia-darenberg-duchesse-de-genes/
http://moreschiphoto.it/index.php/nggallery/slideshow?p=12516
Menthe
7 janvier 2019 @ 18:11
Merci Ludovina pour vos informations complémentaires très intéressantes.
Belle année à vous !
Ludovina
7 janvier 2019 @ 20:29
Belle année à vous également et à toutes les personnes qui vous sont chères.
Gérard
8 janvier 2019 @ 19:31
Il paraît en effet très difficile de savoir qui était la mère de Valerie Marie de Schleswig-Holstein. Elle est née le 3 avril 1900 à Liptovský Svätý Mikuláš, Hongrie, aujourd’hui en Slovaquie, et elle a été adoptée par un couple juif, Rubin Schwalb et son épouse Anna Rosenthal. Rubin était veuf d’un premier mariage, il était directeur de l’école juive de la ville. Le couple eut un enfant de son sang un an après, Alfred mort vers 1944.
Valérie était une bonne élève mais difficile. Parfois un homme mystérieux apportait de l’argent au couple.
Valérie s’est vraisemblablement suicidée le 14 août 1953 au Mont Boron près de Villefranche-sur-Mer.
Elle avait été baptisée à la naissance dans la religion catholique romaine, religion sans doute de sa mère le père étant évangélique.
Le duc Albert peu avant sa mort en avril 1931 écrivit un courrier à sa fille pour lui révéler qui elle était. Il lui disait en allemand : « Je ne suis pas sûr que ce que je vous écris ne soit pas cruel. S’il te plaît pardonne à ceux qui sont morts. Je te souhaite de tout cœur tout le meilleur. Dieu te bénisse. Ton père. » Sans doute était-il pris d’un remord tardif et d’une inquiétude face à la mort mais aussi sans doute considérait-il que la montée du nazisme était un danger pour sa fille issue apparemment d’une famille juive.
Un mois après la mort de son père Valerie Marie fut autorisée à changer son nom pour s’appeler désormais comme lui zu Schleswig-Holstein. Selon Ghislain de Diesbach le changement d’identité remonte seulement au 13 décembre 1938 et étaient produites non seulement la lettre du père et la déclaration de ses sœurs mais encore une déclaration de Mme Schwabl. Les preuves avaient donc été apportées devant les autorités de Bratislava.
Notre amie la grande spécialiste du Gotha Marlene Eilers Koenig a étudié le problème lorsqu’elle a recensé les descendants de la reine Victoria dont Valerie Marie était l’arrière-petite-fille par son père. Elle a obtenu copie d’une lettre que ses tantes les princesses Helena Victoria et Marie Louise avaient écrite aux autorités nazies le 26 juillet 1938 pour établir que leur nièce n’était pas juive et elles la reconnaissaient officiellement comme leur nièce. Le duc Albert semble n’avoir révélé à personne y compris à sa fille le nom de la mère, il avait seulement dit à ses sœurs qu’elle était de noble naissance. La mère adoptive de Valérie, elle, mourut dans le camp de concentration d’Auschwitz ainsi que son fils Simon.
On lit un peu partout que la mère aurait été la baronne Berta Marie-Madeleine von Wernitz (1863-1900) qui serait morte à la naissance de l’enfant.
Cette Berta aurait été fille du baron Friedrich Karl von Wernitz (1833-1902) qui avait épousé en 1856 la baronne Marie Madeleine Petróczy de Petrócz (1835-1898).
Mais Marlene considère que cette jeune femme de la noblesse prussienne n’aurait jamais existé et elle pense que la mère qui était probablement d’une famille noble de Hongrie avait eu une relation avec Albert dont le fruit fut cette enfant qu’on décida de caser chez des parents adoptifs.
Il n’y aurait pas non plus de certitude quant au décès de la mère des suites de l’accouchement.
Valerie von Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Augustenbourg qui vécut donc de 1900 à 1953 et qui avait été reconnue par son père en 1931 fut la première épouse d’Engelbert-Karl 10e duc d’Arenberg. Son père était le dernier membre mâle de la branche Augustenbourg de son illustre maison.
Ce père, le duc Albert, ne se maria jamais, il était connu pour être le plus misogyne des hommes sur terre et son sujet de conversation favori était sa détestation du beau sexe. Il y eut des fiançailles cependant avec la comtesse Ortrud zu Ysenburg und Büdingen mais le projet ne se concrétisa pas. Celle-ci (1879-1918) épousa en 1906 un cousin de son fiancé le prince Albert de Schleswig-Holstein (1863-1948)
Valérie Marie se maria le 28 juin 1925 à Vienne avant d’être reconnue par conséquent, avec le professeur de droit et avocat viennois et catholique Ernst Johann Wagner dont elle divorça le 14 février 1938 sans avoir eu d’enfant et ce mariage sur le plan religieux se termina par une sentence de nullité à Salzbourg le 4 octobre 1940. Elle n’eut pas d’enfant non plus de son deuxième mariage civilement le 15 juin 1939 à Berlin et religieusement à Münster le 9 octobre 1940 avec Engelbert-Charles d’Arenberg.
Les témoins du mariage civil étaient la princesse Friedrich Leopold de Prusse née Luise-Sophie de Schleswig-Holstein cousine germaine du père de Valerie, et le duc de Croÿ.
C’est dans la villa de Beaulieu de Valérie qu’eut lieu la réception de mariage de l’archiduc Félix d’Autriche avec la princesse Eugénie d’Arenberg.
Le duc devait survivre à sa femme 21 ans. Mais il s’était remarié avec Mathilde Callay (1913-1989).
Valérie repose à Enghien en Wallonie dans la crypte des Arenberg.
Gérard
9 janvier 2019 @ 19:40
Le comte Michel Didisheim a consacré à Valérie une partie d’un roman dont il a été question ici : « Je l’ai découverte dans le cadre de mes recherches. J’ai aussitôt écrit à l’actuel duc d’Arenberg, qui habite à Lausanne, a dépassé les 90 ans et n’est qu’un parent collatéral de Valérie dont il a gardé néanmoins quelques souvenirs. Il la décrit comme une femme volubile, intelligente et charmante. Ce qui confirme ce que j’avais appris d’elle. La duchesse fut une femme qui ne passait pas inaperçue. J’ai retrouvé aussi d’autres personnes qui l’ont connue et gardaient un vague souvenir d’elle, et notamment le prince Antoine de Ligne. »
Le duc d’Arenberg dont il est question était Jean qui mourut le 15 août 2011 à Lausanne et qui avait épousé la princesse Sophie de Bavière. Il était le 12e duc et son fils Léopold lui a succédé. Le prince Antoine de Ligne est nous le savons le chef de la maison de Ligne.
Selon Peter Vitek, historien et directeur des archives d’État à Liptovský Mikulá un rôle important fut tenu par la sœur d’Anna Rosenthal, la mère officielle de l’enfant, qui était originaire de Weißenohe en Haute-Franconie, Bavière.
Le faire-part du décès de la duchesse fut ainsi rédigé :
« Souvenez-vous devant Dieu
de
Son Altesse Sérénissime
Madame
la Duchesse d’Arenberg
Princesse Valérie-Marie
de Schleswig-Holstein
née le 3 avril 1900, rappelée à Dieu la veille de l’Assomption le 14 août 1953.
C’était une âme profondément chrétienne aimant à secourir les pauvres et à soulager leurs misères.
Pour la rendre semblable à son divin Maître, elle a passé par le creuset de la souffrance.
Miséricordieux Jésus, donnez-lui le repos éternel.
Doux Cœur de Marie, soyez mon salut.
Notre Dame, Reine de la Grâce, priez pour nous. »
Gérard
10 janvier 2019 @ 11:20
Sur le site de l’Alexander Palace on peut lire la lettre cosignée par les deux tentes de Valerie Marie les princesse Helena Victoria et Marie Louise : « Nous reconnaissons et déclarons que Valérie Wagner est la fille illégitime de notre frère, Son Altesse le duc Albert de Schleswig-Holstein, décédé le 27 avril 1931. Nous ignorons totalement le nom et l’identité de la mère de Valérie Wagner, mais nous comprenons que c’était une dame de très haut rang. Notre frère, pour protéger l’honneur de cette dame, n’a jamais révélé son nom à qui que ce soit. Les parents adoptifs de Valérie Wagner, sous le nom desquels elle a été enregistrée, étaient d’origine juive, mais nous tenons à souligner le fait que Valérie Wagner elle-même n’est pas de naissance juive. Notre frère, le duc de Schleswig-Holstein dans une lettre personnelle à Valérie Wagner, a déploré le fait qu’elle ait été confiée à une famille de race et de foi différentes de la sienne. »
La princesse Marie Louise assista aux funérailles de Valérie Marie en Belgique.