C’est au milieu du XVIème siècle qu’un bourgeois parisien, Jehan Pierre, acquiert du Seigneur de Croissy une terre sur laquelle il fait construire la première maison « bourgeoisement » habitée à Croissy.
En 1562, la veuve de Jehan Pierre vend ce bien à Louis Besnard dont le gendre, Gabriel Rossignol est, en sa qualité d’archer des gardes du corps, l’un des serviteurs proches du roi Henri IV.
Le roi Henri IV acquiert en 1607 de nouvelles terres à l’endroit de ce qui allait devenir Le Vésinet. Ces 355 arpents de terres appartenaient, les unes au seigneur de Chatou, Thomas le Pilleur, les autres au seigneur de la Borde, Louis Dodieu, et à des habitants de Chatou.
Il s’agit de bois et de landes, représentant une bonne partie de ce qui était alors le Bois de la Trahison. La forêt du Vésinet, terrain de chasse, fait dès lors partie des terres de la Couronne et figure sur la liste des “plaisirs de sa Majesté”. Et il est établi que le souverain fréquenta cette belle demeure pour s’y reposer quand il venait chasser dans ses terres du Vésinet.
Au début du XVIIème siècle, la propriété, entourée de sept quartiers de vigne, s’étendait jusqu’au terrain compris entre l’actuelle rue de l’Abreuvoir et la rue du Colifichet.
Louis XIII et Anne d’Autriche ont de nombreux proches qui vivent à Croissy : ainsi l’abbé de Bourgeade , prédicateur ordinaire du Roi et de la reine Anne d’Autriche, puis Michel Dansse, apothicaire du corps de sa majesté, avec Marie Lambert, son épouse, femme de chambre de la reine. C’est eux qui amenèrent Anne d’Autriche au sanctuaire de Saint Léonard où il est dit qu’elle pria pour que soit donné un dauphin à la France.
Leur fille, Louise, allait s’allier en 1643 à François Patrocle, écuyer ordinaire de la Reine, seigneur de Croissy qui consacra sa vie à la prospérité de cette seigneurie et ne ménagea pas sa peine pour en assurer le développement économique et urbain.
Fin XVIIe-début XVIIIe, la demeure devient un véritable hôtel particulier, avec des jardins aménagés en terrasse et trois escaliers donnant sur le fleuve. L’emplacement avait été judicieusement choisi : en bord de Seine, il permet d’embrasser un panorama exceptionnel depuis les coteaux du Mont Valérien jusqu’à ceux de Rueil et de la Celle, mais il est suffisamment en retrait pour éviter les crues du fleuve dont le niveau connaissait, à l’époque, de fortes variations.
Plus tard encore, on note une série d’occupants parmi lesquels Madame Campan. Madame Campan fut dès l’âge de quinze ans lectrice des filles de Louis XV, puis femme de chambre de la reine Marie-Antoinette, à qui elle demeura dévouée jusqu’à la mort de la Reine sur l’échafaud.
Éducatrice hors pair, elle fonda à Saint-Germain- en-Laye l’Institution nationale de Saint-Germain, pensionnat où étaient élevées les filles de la haute bourgeoisie. Parmi elles, les sœurs et les filles adoptives de Bonaparte, Pauline et Caroline et Hortense de Beauharnais, future reine de Hollande. Napoléon la plaça en 1807 à la tête de la Maison impériale d’Écouen, maison d’éducation de la Légion d’honneur. Madame Campan laissa d’intéressantes mémoires, fourmillant d’anecdotes sur la vie agitée du tournant du XVIIIème siècle.
C’est en 1793 que, séparée de son mari, le Général Alexandre de Beauharnais, Joséphine se réfugia à Croissy au n°6 bis de la Grande Rue, avec ses deux enfants: Eugène, âgé de 12 ans, mis en apprentissage chez le menuisier Jean-Baptiste Cochard et qui deviendra vice-roi d’Italie, et Hortense, âgée de 10 ans, placée en apprentissage chez Julie Blezeau, couturière du château de son ami Chanorier, Maire de Croissy; Hortense deviendra reine de Hollande et mère de l’Empereur Napoléon III.
Trois ans plus tard, Barras, Membre du Directoire, rejoint la Maison de la Grande Rue et, du coup, il n’est pas impossible que le général Bonaparte lui ait rendu rendit visite, d’aucuns osant imaginer qu’il y rencontra Joséphine…mais même si cela est charmant, la preuve reste à faire…
Alors que Croissy devient le premier village maraîcher des alentours de Paris, Croissy la maraîchère, reine des halles de Paris…la Maison Joséphine s’endort pour un siècle.
Grâce au legs financier que lui a fait Mademoiselle Louise Augustine Victorine Galien, l’Assistance Publique de Paris fait l’acquisition de la Maison en 1926 pour y implanter un orphelinat de jeunes filles. Un autre orphelinat existait d’ailleurs déjà, depuis 1890, tenu par les Soeurs de la Providence de Saint Vincent de Paul, rue Parallèle (actuellement rue Charles Bémont).
La propriété est amputée de certaines parcelles qui seront vendues tandis que, dans le parc, est construit un grand bâtiment en briques , le « Pavillon Neuf » qui accueille cuisines, réfectoires, ateliers et dortoirs.
La Fondation Galien ferme ses portes en 1972 et les lieux sont laissés à l’abandon pendant de nombreuses années avant que se réalise la transformation en appartements de fonction réservés au personnel hospitalier de l’Assistance Publique.
La propriété remaniée au 18ème siècle par l’architecte parisien Nicolas de Lespine est dotée un très bel escalier dont la rampe est en cristal de Bohême . Elle fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 22mai1974. (Merci à Guizmo)
La maison dite de Joséphine – 6 bis, Grande-Rue – 78290 Croissy-Sur-Seine
Phil de Sarthe
25 janvier 2021 @ 06:54
Une rampe en cristal….quel chic!
Muscate-Valeska de Lisabé
26 janvier 2021 @ 16:30
C’est horrible 😂
Françoise
25 janvier 2021 @ 07:07
Comment en France on a l art de tout détruire de tout abîmer c est a pleurer
DEB
25 janvier 2021 @ 07:44
Merci, Guizmo.
Je ne connaissais pas cet endroit.
Rose
25 janvier 2021 @ 07:53
Je ne suis jamais allée à Croissy mais votre évocation rend la balade tentante!
Merci de cette nouvelle découverte.
Belle journée
Rose
Jean Pierre
25 janvier 2021 @ 14:18
Pareil pour moi, je crois n’y avoir jamais mis les pieds.
Du coup je remercie Guizmo de me faire découvrir tout cela.
Zulma
25 janvier 2021 @ 08:34
Très intéressant ! Merci Régine !
ciboulette
25 janvier 2021 @ 09:10
Merci , Guizmo , pour cette présentation et l’histoire de cette demeure . Belle maison !
Celia72
25 janvier 2021 @ 09:35
Merci Regine et Guizmo pour cet article tres interessant. Bonne journée à tous
Ghislaine LPB
25 janvier 2021 @ 09:45
Merci Guizmo je suis contende te de revoir des lieux que j’ai fréquentés fréquemment , habitant Croissy pendant quelques années .
A quelques mètres de cette « maison » se trouve encore les restes de l’ancien pilori !
La petite histoire dit que Joséphine rencontra Buonaparte en ces lieux, lors d’un bal.
L’escalier que vous voyez ici est une pure merveille car les fuseaux sont en cristal de roche
Cette maison bourgeoise est donc située en bord de seine et le lieu fut fréquenté par les impressionnistes . tout comme à Chatou proche il y avait là une guinguette qu’ils fréquentaient.; « la Grenouillère » Renoir y résidait pendant des années.
Vraiment merci , entre Chatou et Croissy j’ai marché dans leurs pas.
Baia
27 janvier 2021 @ 15:49
Mais vous avez déménagé combien de fois dans votre longue vie Ghighi la bretonne ?
Karabakh
31 janvier 2021 @ 22:07
Dans ses rêves, cela ne tient sûrement pas sur les vingt doigts (mains et pieds) que l’humain possède ; en réalité, sans doute qu’une main suffit… et pas toute la main. Bref. C’est drôlissime, quoi.
Robespierre
25 janvier 2021 @ 11:09
J’aurais aimé voir l’intérieur de cette maison. Surtout l’appartement où habitait la vicomtesse de Beauharnais et ses enfants.
nanou78290110
25 janvier 2021 @ 11:51
Merci pour cet hommage aux 2 communes pour l une où j ‘ai habité pendant 30 ans LE VESINET et l autre où je réside actuellement CROISSY SUR SEINE
Teresa2424
25 janvier 2021 @ 20:19
Hermosa casa gracias REGINE Y GUIZMO
Kalistéa
25 janvier 2021 @ 11:53
Joséphine s’y réfugia car elle était encore en danger après la mort infâmante de son mari qui ne fut pas guillotiné en tant qu’aristocrate mais pour « haute trahison ».Elle voulait se faire oublier ainsi que ses jeunes enfants. Mais naturellement elle gardait de hautes et puissantes relations à Paris: Carnot , Hoche qui furent dit-on ses amants et puis , ensuite naturellement Barras.
Muscate-Valeska de Lisabé
25 janvier 2021 @ 17:17
J’ai tout de suite reconnu la patte de notre Guizmo…merci!
Étonnée je suis par les barreaux d’escalier parés de verre…
Ghislaine LPB
27 janvier 2021 @ 08:58
j’en profite pour rectifier une erreur et vous prie de m’en excuser , cela me permet de rectifier aussi la vôtre , ce n’est pas du cristal de roche !! mais du cristal de bohême et non du verre .
Caroline
25 janvier 2021 @ 22:14
La jolie rampe en cristal est- elle unique en son genre ?
La façade de cette maison me parait décrêpie avec les vieux volets à repeindre. Dommage !
Merci à Guizmo pour cet article intéressant !
luigi
26 janvier 2021 @ 12:28
Merci à Guizmo, très intéressant.
Danielle
26 janvier 2021 @ 17:17
Merci Guizmo pour cet intéressant reportage, toutefois cette belle rampe ne m’attire pas trop.
Ghislaine LPB
27 janvier 2021 @ 08:55
Aristocratie cde la carotte et de la salade , la fameuse laitue de Croissy dite la Blonde Paresseuse !
Des centaines de bretons et de portugais sont venue dans les boucles de la seine aux alluvions propices à la culture maraîchère.
Peu a peu l’urbanisme a pris le pas sur la culture et le RER a accéléré la chose et les maraîchers ont vendus leurs terres a prix d’or .Des fortunes se sont établies parmi les maraîchers.
Montesson a aussi connu cette situation mais plus tardive .
Dès lors le petit village est devenu une banlieue chic de Paris avec de nombreux artistes qui ont acheté des demeures bourgeoises .
Je doute qu’actuellement la Blonde Paresseuse
Baia
27 janvier 2021 @ 15:55
Aïe ! la relecture a été squeezée et c’est dommage pour quelqu’un qui critique les fautes de français des autres …
Karabakh
31 janvier 2021 @ 22:08
En effet. 😂