A l’approche de Noël, la passion des santons vibre fort au pays d’Alphonse Daudet. Qu’ils soient petits ou grands, habillés ou naturels, ils racontent tous une facette de l’âme provençale. Logique donc que des collectionneurs du monde entier fondent pour les santons.
Ces petites figurines en terre cuite, incarnent un patrimoine culturel unique de la Provence. Leur histoire, qui mêle religion, résistance populaire et identité régionale, illustre leur importance dans les crèches et au-delà. Mais au cœur de cette tradition, deux grandes catégories se distinguent : les petits santons traditionnels et les santons plus grands, souvent costumés.
L’origine des santons remonte à la Révolution française. Lorsque les églises furent fermées en 1793, les crèches publiques devinrent interdites. Les croyants, attachés à ces scènes de la Nativité, improvisèrent des crèches domestiques avec de petites figurines, faciles à cacher en cas de perquisition. Ces « santons », dérivés du mot provençal « santoun » signifiant « petit saint », furent fabriqués avec des matériaux simples comme la mie de pain ou le papier mâché.
C’est à Marseille, en 1798, que Jean-Louis Lagnel popularisa l’usage de l’argile pour ces figurines. Son approche innovante incluait des moules permettant de produire en série des personnages peints et expressifs. Ses créations représentaient non seulement les figures bibliques mais aussi des scènes du quotidien provençal : le boumian, le berger ou encore l’homme à la hotte. Ces petits santons devinrent le miroir d’une société rurale et diversifiée.
Au XIXe siècle, les santonniers commencèrent à diversifier leurs créations. Les santons plus grands, souvent habillés de costumes traditionnels, prirent leur place dans les crèches. Inspirés des pastorales et des traditions locales, ces santons incarnaient des personnages célèbres ou typiques, comme le pêcheur, le boulanger ou encore des figures historiques. Des artisans comme Thérèse Neveu, pionnière à Aubagne, insufflèrent une nouvelle vie aux santons en adaptant leurs costumes au folklore provençal. Elle donna par exemple au berger les traits du poète Charloun Rieu et au vieux savant ceux de l’entomologiste Fabre.
Ces créations, plus élaborées, reflétaient une transition : les santons, d’abord symboles religieux, devinrent des pièces d’artisanat mettant en scène l’art de vivre provençal. Durant l’Entre-deux-guerres, sous l’influence du Félibrige, le décor des crèches se transforma pour intégrer des paysages de Provence, recréant les villages typiques et animant leurs ruelles avec une multitude de personnages costumés.
Aujourd’hui, les petits santons et leurs grands homologues coexistent, célébrant à la fois la simplicité des débuts et l’évolution artistique. Chaque figurine, qu’elle soit miniature ou richement costumée, perpétue un savoir-faire ancestral. Les foires aux santons, comme celle de Marseille inaugurée en 1803, continuent d’attirer des amateurs du monde entier, témoignant de l’universalité de cette tradition.
Les santons de Provence ne sont pas seulement des objets d’artisanat, mais les témoins d’une histoire riche et complexe. Ils font vivre l’âme de Noël tout au long de l’année.
Informations Pratiques : Où Trouver des Santons ? Sites Web et Boutiques en ligne.
De nombreux artisans proposent leurs créations en ligne, facilitant ainsi l’accès aux santons pour un public plus large. Voici quelques sites réputés :
– Santons de Provence : [santonsdeprovence.com](https://santonsdeprovence.com)
– Santons Dilandro : [santons-dilandro.fr](https://www.santons-dilandro.fr/3-boutique-en-ligne)
– Santons Escoffier : [escoffier.fr](https://www.escoffier.fr)
-Le site Ebay
Adresses d’Antiquaires et Salles de Vente
Pour les passionnés à la recherche de pièces anciennes ou rares, plusieurs antiquaires et salles de vente en Provence proposent des santons :
– Le Village des Antiquaires de la Gare, L’Isle-sur-la-Sorgue
– Hôtel des Ventes de Nîmes
– Antiquités Leclerc, Aix-en-Provence
-Musées des santons à Aubagne et aux Baux-de-Provence.
Dates des Foires aux Santons
Les foires aux santons sont des événements incontournables pour découvrir et acquérir des santons directement auprès des artisans. Voici quelques dates à retenir :
– Marseille : 16 novembre 2024 – 5 janvier 2025 (Quai du Port)
– Aix-en-Provence : 15 novembre – 31 décembre 2024 (Esplanade Cézanne)
– Aubagne : 16 novembre – 29 décembre 2024 (Cours Foch)
– Gréoux-les-Bains : 25 octobre – 3 novembre 2024 (Centre de Congrès L’Étoile)
Prix moyen des Santons
Le prix des santons varie en fonction de leur taille, de leur niveau de détail et de l’artisan qui les a réalisés. En général, les petits santons de 4 à 7 cm coûtent entre 8 et 15 euros. Les santons plus grands ou habillés peuvent atteindre des prix plus élevés, allant de 40 à 100 euros, voire plus pour des pièces uniques ou de collection. (Merci à Bertrand Meyer et Laurence Catinot-Crost).
Lucia
11 décembre 2024 @ 03:10
Merci Bertrand Meyer, grâce à vous les santons de Provence n’ont plus de secret pour nous. Coucou petite Menthe, montrez nous ,s’il vous plaît, vos belles boules de verre soufflé de Meisenthal.
Pascal Hervé
11 décembre 2024 @ 06:10
Les santons ,grande passion de mon enfance !
Cet article est fort bien rédigé !
Les espagnols font aussi des merveilles, dans l’esprit des crèches napolitaines à moins que ce ne soit l’inverse ?
On peut voir de nombreux exemples sur Meta/Facebook (”belenista”).
Nous avons un beau musée de crèches en Isère mais il a déménagé plusieurs fois ,il se trouve actuellement à Vassieux en Vercors .
Il y a aussi les crèches d’église, plus ”bibliques” forcément, la paroisse de mon enfance en a une assez belle et je ne manquais jamais d’aller la voir ,une pièce de 20 centimes permettait de la voir s’éclairer. L’enfant Dieu était en cire .
Actuellement on privilégie des créations plus artisanales faites par les enfants, c’est parfois réussi.
La crèche familiale était en plâtre, achetée par mes parents bien avant ma naissance, et puis j’ai voulu une crèche provençale, l’ancienne rangée dans un carton s’est malheureusement perdue ,je donnerais très cher pour la retrouver .
Les crèches…
Merci aux auteurs et à N&R pour ce bel article !
Pascal Hervé
11 décembre 2024 @ 06:31
J’aimerais poser une question aux provençaux.
Aujourd’hui beaucoup collectionnent les santons d’un seul santonnier, ce qui donne un rendu esthétique incontestable sans parler du travail de maquettiste de certains amateurs, travail parfois exposé ou mis en ligne sur des groupes Facebook, mais la tradition familiale n’était-elle pas d’acheter un ou deux santons chaque année, justement dans ces foires aux santons sans trop se soucier du style du santonnier ou même de la taille des santons ?
Il y a aussi les santons ”puces” qui selon mon ami Jean-Claude de Martigues tendent à disparaître, sauf à titre de fève dans les galettes …
LORIN Marie
11 décembre 2024 @ 13:45
Oui Pascal, à Marseille où j’habite, j’achète un santon par an et peu importe le santonnier, chacun y apporte son âme, sa patte et tout cela réuni et mélangé est très sympathique. Joyeux Noël à vous !
Bambou
11 décembre 2024 @ 06:36
Mais qu’il est magnifique ce petit village sur la première photo…tellement réel ! Idem pour la vieille lingère.
Par contre je suis plus que mitigée pour tous ces santons fabriqués en série qui n’ont ni âme, ni beauté…
Pascal Hervé
11 décembre 2024 @ 06:44
Encore…
Les santons de Thérèse Neveu semblent très intéressants, plus ”fins” que les productions actuelles, j’imagine qu’ils doivent se vendre très cher .
Étant un grand admirateur de Jean-Henri Fabre je n’ai pas réussi à trouver une image du santon fait à son image.
Toutefois mes amis provençaux me laissaient entendre que pour eux les santons ”habillés” n’étaient pas ceux qu’ils aimaient .
La crèche c’est aussi aller récolter (si possible en famille ) des mousses ,des lichens (je recommande , on en trouve facilement à terre après un coup de vent et ils sèchent très facilement) , des écorces pour l’orner …
Louise.k
11 décembre 2024 @ 07:01
Bien que Daudet soit nîmois , le pays des santons est pour moi, le pays de Pagnol.
Dans un petit carton, je garde précieusement un petit personnage daté et signé de la maison Fouque , d’Aix en Provence.
De nouveaux personnages se sont rajoutés au fil des années, et on peut trouver actuellement dans nos crèches, côtoyant l’enfant Jésus ( car le 24 , à minuit, un petit bébé joufflu y est délicatement posé), un maire paré de son écharpe tricolore…
* pour Robespierre ( je n’aime pas votre nouveau pseudo) : tout fout le camp ma bonne dame!
gisèle T
11 décembre 2024 @ 07:20
On peut voir chaque année une exposition-vente de santons au château de Lavardens dans le Gers d’octobre jusqu’au 5 janvier .En plus de l’exposition , la visite du village est à faire .
Louise.k
11 décembre 2024 @ 07:52
* J’oublie..
Petite merveille datée 1934, année de l’ouverture de leur atelier et signée ( Fouque( bien sûr).
Leur atelier se trouve au 65 cours Gambetta à Aix en Provence.
Claudia
11 décembre 2024 @ 08:15
Ah les santons ! Ma mère qui était d’origine provençale les possédait tous et je me souviens des crèches que l’on faisait en famille…C’est aujourd’hui une de mes soeurs qui les a. Le plus célèbre : le Ravi.
Philippe H.
11 décembre 2024 @ 08:38
Immense merci pour ce texte très documenté qui rappelle une tradition régionale toujours d’actualité et symbolique d’un moment de l’Histoire qui a perduré jusqu’à aujourd’hui….
Ludovina
11 décembre 2024 @ 08:41
Ma crèche est dressée sur mon bahut (1m70) depuis dimanche.
Il y a 70 santons des fabriques Artera, en majorité, Carbonel et le santon emblème de collection de la maison Fouque, le « Coup de mistral », acheté il y 30 ans.
Cette année j’ai trouvé la couturière et sa machine à coudre Singer, l’an passé, les joueurs de pétanque de la fabrique Le moulin à huile.
Perlaine de Bretagne
11 décembre 2024 @ 09:03
Les santons actuels sont de moins belle facture que les anciens bien mieux travaillés.
Lucia
11 décembre 2024 @ 13:37
Surtout s’ils sont « made in China » il suffit de savoir lire et d’y mettre le prix .8
Passiflore
11 décembre 2024 @ 09:08
La crèche de l’église Saint François-Xavier, à Paris, considérée comme la plus belle de la capitale, est composée de plus de 1.000 santons, chaque personnage ayant été offert par une famille ou une personne au fil des années, depuis 2006. Elle constitue la multitude des hommes et des femmes qui attendent la venue du Sauveur. Les scènes représentent le monde des campagnes, des villages, des artisans et le monde industriel et ouvrier avec un train. On y voit aussi la transhumance, la culture de l’olivier et de la vigne et plusieurs scènes en rapport avec la vie de la paroisse.
beji
11 décembre 2024 @ 13:00
Les santons de ma crèche sont en cire et fabriqués par les carmélites de Montpellier,tant pis si je manque de modestie,ils sont de toute beauté et les visages
sont magnifiques.