A Amman, la reine Rania de Jordanie a posé la première pierre de la 4ème phase de développement de l’Al Salt Secondary School, la plus ancienne école secondaire pour garçon du pays. (Copyright photo : Petra News Agency)
L’école, l’instruction sont les premières victimes de l’intégrisme!! Un peuple non éduqué est un peuple qui court à sa perte!
Voilà, je vais continuer ici mon récit sur le sacre de Nicolas II et Alexandra. Je vais donc, pour ce récit, être en décalage par rapport à Agnès. J’espère que cela vous convient, mes amis!!
…Les jeunes souverains, dans cette cathédrale pleine de chants et de fumée d’encens, où brulaient les cierges et où étincelaient les métaux précieux, se sont regardés les yeux dans les yeux avec une indicible expression de confiance et d’amour. On sourira peut-être, on pensera que celui qui écrit ces lignes est de ceux qui attribuent volontiers aux puissants du monde toutes les vertus et tous les nobles sentiments. Est-il donc plus sage de les leur refuser de parti pris? Et pourquoi, dans un moment solennel de leur vie, deux époux impériaux ne sentiraient-ils pas comme pourraient sentir tout naturellement, sous l’empire d’une haute émotion, deux humbles de la terre?
Le couronnement de l’empereur Nicolas II réservait à ceux à qui il a été permis d’y assister, d’autres émotions encore. Quand les membres de la famille impériale, après le couronnement et le sacre, sont venus offrir aux souverains leurs félicitations, cette formalité s’est traduite par des effusions sincères et touchantes. La première, Marie Féodorovna, l’impératrice-veuve, s’est avancée vers son fils. Pendant toutes les cérémonies elle n’avait guère cessé de pleurer, silencieusement et discrètement.
Ce qu’à été le baiser de la mère et du fils, un détail le fera mieux sentir peut-être que tous les mots qui se pressent sous la plume : on a pu voir un marin français, l’amiral Sallandrouze de Lamornais, de la mission extraordinaire, essuyer lui-même une larme. L’image d’Alexandre III, le grand empereur que tous aimaient, se dressait sur l’estrade, entre les trônes. Tous la voyaient et ce grand sentiment familial qui unit tous les Romanov en était plus expansif, plus démonstratif, sans soucis du lieu ni des témoins. Dans tous les pays, il y a des médisants. On affirme parfois en Russie qu’une sourde rivalité existe entre les deux impératrices, que la jeune souveraine est jalouse de l’influence de sa belle-mère sur son époux et sur le peuple. On conte tout récemment, la tsarine actuelle dessinait ce groupe : l’empereur assis comme un enfant sur les genoux de sa mère. L’attitude de l’impératrice Alexandra Feodorovna, pendant que s’embrassaient le fils et la mère, devrait faire justice de ces ont-dit.
Au dehors, les cloches sonnaient à toute volées et le canon grondait; et ainsi la cérémonie se continuait bien au delà des murs de la cathédrale, de ceux du Kremlin et de Moscou même, à la même heure, dans tout l’empire, dans les villages et dans les villes, l’amour et la piété du peuple russe se confondaient en une même prière. On en avait la sensation dans l’église et la solennité y gagnait encore en grandeur.
Après le double couronnement, l’empereur à genoux, lit une admirable prière :
« Seigneur, Dieu de mes pères, Tsar des tsars…, guide-moi dans la mission que tu m’as confiée, donne-moi la science du bien; fortifie-moi pour cette grand tâche… », puis il se relève et l’assistance entière s’agenouille à son tour, tandis que, seul, debout, il écoute la prière que prononce pour lui le métropolite, au nom du peuple.
La messe du sacre commence : c’est une messe d’archevêque, très solennelle et très longue.
…Vers la fin, au moment où les prêtres communient, les souverains descendent de l’estrade. Un tapis de brocart d’or a été étendu sur les marches et jusque dans le sanctuaire. L’empereur, arrivé aux portes saintes, dépose la couronne, le sceptre et le globe et s’arrête devant le métropolite. Celui-ci tenant l’amphore qui contient le Saint-Crème y trempe un rameau d’or, et oint le tsar au front, sur les paupières, les narines, les lèvres, les oreilles, la poitrine et les mains. Pour l’impératrice qui vient après, l’onction ne se fait que sur le front. Seul, environné de prêtres, le tsar pénètre dans le sanctuaire. Pour la première et dernière fois de sa vie, il va communier sur l’autel, comme un prêtre, sous les deux espèces séparées : désormais il réunit en sa personne les prérogatives des serviteurs de Dieu et le pouvoir du souverain. Ce moment marque l’apogée et la fin de la cérémonie. Elle a duré environ trois heures.
Pendant ce temps, hors de l’Assomption, le silence s’était fait. On suivait par la pensée la cérémonie qu’on ne voyait pas. Les gens du peuple, serrés au milieu de la place, ne perdaient pas de vue les murs blancs, les portes closes, les coupoles dorées de la cathédrale où il se passait quelque chose de grand. Les hirondelles du Kremlin continuaient au dessus des têtes, dans le ciel bleu, leur chasse folle aux moucherons, aux bestioles de l’air. En ce pays de contrastes, celui-là devenait obsédant dès qu’on en avait été frappé, des oiseaux indifférents continuant leur lutte pour la vie, à quelque mètre de ces hommes qui, enfermés dans une église, vivaient une page d’Histoire.
De nouveau éclatent les fanfares. Des musiciens soufflent dans des trompettes extraordinairement longues et sonores en proportion. Les cloches et le canon font rage. Des acclamations s’élèvent. Les portes de l’Assomption viennent de se rouvrir et tandis que l’impératrice-mère regagne directement le palais du Kremlin, le tsar et la tsarine, sous un grand dais orné de plumes blanches, jaunes et noires et que portent les aides de camps généraux, suivent le chemin de drap rouge établi entre les tribunes extérieures et la foule, font lentement le tour du clocher d’Ivan, accompagnés par les hourras et vont de cathédrale en cathédrale, en procession solennelle, s’agenouiller devant les images, les reliques et les tombeaux. Au milieu d’une double haie de troupes, la procession déroule un flot doré. L’empereur, qui marche sur le devant du dais, paraît extrêmement fatigué, par moment presque défaillant, soutenu seulement par son énergie. La lassitude et l’émotion, qui palissent le tsar, font au contraire plus rose le visage de l’impératrice.
Enfin, le dais s’arrête au pied de l’Escalier Rouge, que les souverains montent, couronnes en tête, leurs lourds manteaux impériaux d’hermine et de drap d’or, soutenus chacun par huit dignitaires. Au moment où ils s’arrêtent et regardent longuement la foule qui les acclame, où pas une tête n’est couverte, pas une bouche muette. Puis, à travers les grandes salles où derrière les rangs de chevaliers-gardes, de gardes à cheval et de grenadiers du palais, s’agite une indescriptible cohue d’uniformes, de robes russes, d’aigrettes, de panaches, de cacochniks et d’épaules nues, ils gagnent les appartements privés où une heure de repos leur est accordée par le cérémonial avant le banquet d’apparat servi à la Granovitaia Palata.
La réception par le tsar de la mission extraordinaire française.
Trois journées ont été consacrées par l’empereur, avant son couronnement, à recevoir les envoyés extraordinaires des diverses nations étrangères. Dès le lendemain de l’entrée solennelle, la mission militaire française se rendit au Kremlin, où l’attendait Nicolas II et la jeune impératrice, revenus pour ces réceptions du palais de Neskoutchnoé où ils passaient la nuit.
…Un carrosse d’apparat, attelé de six chevaux, et des carrosses à quatre chevaux, étaient aller chercher à l’hôtel Schérémétief le général de Boisdeffre et les autres officiers de la mission. Au Kremlin, l’ambassade extraordinaire française, sur le passage de laquelle les corps de garde avaient rendu les honneurs militaires, a été reçu par le prince Galitzine, maître des cérémonies.
Précédé par tout un cortège de coureurs, le fourriers de la Cour et de la chambre, le général de Boisdeffre a été introduit, seul d’abord, dans le salon de réception qui suit la salle Sainte-Catherine. Là, l’empereur et l’impératrice se sont entretenus longuement avec le représentant extraordinaire de la France à leur couronnement. Puis les autres membres de l’ambassade ont été introduits à leur tour et présentés, l’un après l’autre, aux souverains. Aucun fonctionnaire, aucun dignitaire russe n’assistait à cette réception.
L’empereur était en petite tenue de colonel de dragons, l’impératrice en robe rose montante d’une grande simplicité.
marianne
6 novembre 2014 @ 07:29
C’ est au pied du mur qu’ on juge le maçon …
JAY
6 novembre 2014 @ 08:32
LA REINE REVIENT AU FONDAMENTAUX DES EPOUSES DE MONARCHE!
soit le social, les enfants, l éducation etc. …. quel schéma classique et dépassé dommage !
Claude-Patricia
6 novembre 2014 @ 11:22
Bonjour à tous,
L’école, l’instruction sont les premières victimes de l’intégrisme!! Un peuple non éduqué est un peuple qui court à sa perte!
Voilà, je vais continuer ici mon récit sur le sacre de Nicolas II et Alexandra. Je vais donc, pour ce récit, être en décalage par rapport à Agnès. J’espère que cela vous convient, mes amis!!
Claude-Patricia
6 novembre 2014 @ 11:58
…Les jeunes souverains, dans cette cathédrale pleine de chants et de fumée d’encens, où brulaient les cierges et où étincelaient les métaux précieux, se sont regardés les yeux dans les yeux avec une indicible expression de confiance et d’amour. On sourira peut-être, on pensera que celui qui écrit ces lignes est de ceux qui attribuent volontiers aux puissants du monde toutes les vertus et tous les nobles sentiments. Est-il donc plus sage de les leur refuser de parti pris? Et pourquoi, dans un moment solennel de leur vie, deux époux impériaux ne sentiraient-ils pas comme pourraient sentir tout naturellement, sous l’empire d’une haute émotion, deux humbles de la terre?
Le couronnement de l’empereur Nicolas II réservait à ceux à qui il a été permis d’y assister, d’autres émotions encore. Quand les membres de la famille impériale, après le couronnement et le sacre, sont venus offrir aux souverains leurs félicitations, cette formalité s’est traduite par des effusions sincères et touchantes. La première, Marie Féodorovna, l’impératrice-veuve, s’est avancée vers son fils. Pendant toutes les cérémonies elle n’avait guère cessé de pleurer, silencieusement et discrètement.
Ce qu’à été le baiser de la mère et du fils, un détail le fera mieux sentir peut-être que tous les mots qui se pressent sous la plume : on a pu voir un marin français, l’amiral Sallandrouze de Lamornais, de la mission extraordinaire, essuyer lui-même une larme. L’image d’Alexandre III, le grand empereur que tous aimaient, se dressait sur l’estrade, entre les trônes. Tous la voyaient et ce grand sentiment familial qui unit tous les Romanov en était plus expansif, plus démonstratif, sans soucis du lieu ni des témoins. Dans tous les pays, il y a des médisants. On affirme parfois en Russie qu’une sourde rivalité existe entre les deux impératrices, que la jeune souveraine est jalouse de l’influence de sa belle-mère sur son époux et sur le peuple. On conte tout récemment, la tsarine actuelle dessinait ce groupe : l’empereur assis comme un enfant sur les genoux de sa mère. L’attitude de l’impératrice Alexandra Feodorovna, pendant que s’embrassaient le fils et la mère, devrait faire justice de ces ont-dit.
Au dehors, les cloches sonnaient à toute volées et le canon grondait; et ainsi la cérémonie se continuait bien au delà des murs de la cathédrale, de ceux du Kremlin et de Moscou même, à la même heure, dans tout l’empire, dans les villages et dans les villes, l’amour et la piété du peuple russe se confondaient en une même prière. On en avait la sensation dans l’église et la solennité y gagnait encore en grandeur.
Après le double couronnement, l’empereur à genoux, lit une admirable prière :
« Seigneur, Dieu de mes pères, Tsar des tsars…, guide-moi dans la mission que tu m’as confiée, donne-moi la science du bien; fortifie-moi pour cette grand tâche… », puis il se relève et l’assistance entière s’agenouille à son tour, tandis que, seul, debout, il écoute la prière que prononce pour lui le métropolite, au nom du peuple.
La messe du sacre commence : c’est une messe d’archevêque, très solennelle et très longue.
A suivre.
Claude-Patricia
6 novembre 2014 @ 17:41
…Vers la fin, au moment où les prêtres communient, les souverains descendent de l’estrade. Un tapis de brocart d’or a été étendu sur les marches et jusque dans le sanctuaire. L’empereur, arrivé aux portes saintes, dépose la couronne, le sceptre et le globe et s’arrête devant le métropolite. Celui-ci tenant l’amphore qui contient le Saint-Crème y trempe un rameau d’or, et oint le tsar au front, sur les paupières, les narines, les lèvres, les oreilles, la poitrine et les mains. Pour l’impératrice qui vient après, l’onction ne se fait que sur le front. Seul, environné de prêtres, le tsar pénètre dans le sanctuaire. Pour la première et dernière fois de sa vie, il va communier sur l’autel, comme un prêtre, sous les deux espèces séparées : désormais il réunit en sa personne les prérogatives des serviteurs de Dieu et le pouvoir du souverain. Ce moment marque l’apogée et la fin de la cérémonie. Elle a duré environ trois heures.
Pendant ce temps, hors de l’Assomption, le silence s’était fait. On suivait par la pensée la cérémonie qu’on ne voyait pas. Les gens du peuple, serrés au milieu de la place, ne perdaient pas de vue les murs blancs, les portes closes, les coupoles dorées de la cathédrale où il se passait quelque chose de grand. Les hirondelles du Kremlin continuaient au dessus des têtes, dans le ciel bleu, leur chasse folle aux moucherons, aux bestioles de l’air. En ce pays de contrastes, celui-là devenait obsédant dès qu’on en avait été frappé, des oiseaux indifférents continuant leur lutte pour la vie, à quelque mètre de ces hommes qui, enfermés dans une église, vivaient une page d’Histoire.
De nouveau éclatent les fanfares. Des musiciens soufflent dans des trompettes extraordinairement longues et sonores en proportion. Les cloches et le canon font rage. Des acclamations s’élèvent. Les portes de l’Assomption viennent de se rouvrir et tandis que l’impératrice-mère regagne directement le palais du Kremlin, le tsar et la tsarine, sous un grand dais orné de plumes blanches, jaunes et noires et que portent les aides de camps généraux, suivent le chemin de drap rouge établi entre les tribunes extérieures et la foule, font lentement le tour du clocher d’Ivan, accompagnés par les hourras et vont de cathédrale en cathédrale, en procession solennelle, s’agenouiller devant les images, les reliques et les tombeaux. Au milieu d’une double haie de troupes, la procession déroule un flot doré. L’empereur, qui marche sur le devant du dais, paraît extrêmement fatigué, par moment presque défaillant, soutenu seulement par son énergie. La lassitude et l’émotion, qui palissent le tsar, font au contraire plus rose le visage de l’impératrice.
Enfin, le dais s’arrête au pied de l’Escalier Rouge, que les souverains montent, couronnes en tête, leurs lourds manteaux impériaux d’hermine et de drap d’or, soutenus chacun par huit dignitaires. Au moment où ils s’arrêtent et regardent longuement la foule qui les acclame, où pas une tête n’est couverte, pas une bouche muette. Puis, à travers les grandes salles où derrière les rangs de chevaliers-gardes, de gardes à cheval et de grenadiers du palais, s’agite une indescriptible cohue d’uniformes, de robes russes, d’aigrettes, de panaches, de cacochniks et d’épaules nues, ils gagnent les appartements privés où une heure de repos leur est accordée par le cérémonial avant le banquet d’apparat servi à la Granovitaia Palata.
La réception par le tsar de la mission extraordinaire française.
Trois journées ont été consacrées par l’empereur, avant son couronnement, à recevoir les envoyés extraordinaires des diverses nations étrangères. Dès le lendemain de l’entrée solennelle, la mission militaire française se rendit au Kremlin, où l’attendait Nicolas II et la jeune impératrice, revenus pour ces réceptions du palais de Neskoutchnoé où ils passaient la nuit.
Claude-Patricia
6 novembre 2014 @ 17:56
…Un carrosse d’apparat, attelé de six chevaux, et des carrosses à quatre chevaux, étaient aller chercher à l’hôtel Schérémétief le général de Boisdeffre et les autres officiers de la mission. Au Kremlin, l’ambassade extraordinaire française, sur le passage de laquelle les corps de garde avaient rendu les honneurs militaires, a été reçu par le prince Galitzine, maître des cérémonies.
Précédé par tout un cortège de coureurs, le fourriers de la Cour et de la chambre, le général de Boisdeffre a été introduit, seul d’abord, dans le salon de réception qui suit la salle Sainte-Catherine. Là, l’empereur et l’impératrice se sont entretenus longuement avec le représentant extraordinaire de la France à leur couronnement. Puis les autres membres de l’ambassade ont été introduits à leur tour et présentés, l’un après l’autre, aux souverains. Aucun fonctionnaire, aucun dignitaire russe n’assistait à cette réception.
L’empereur était en petite tenue de colonel de dragons, l’impératrice en robe rose montante d’une grande simplicité.
Francine du Canada
7 novembre 2014 @ 03:55
Merci Claude-Patricia; c’est un merveilleux récit du couronnement. FdC