La Sainte-Chapelle de Vincennes est une chapelle fondée en 1379 dans l’enceinte du château de Vincennes, à la demande du roi de France Charles V, afin d’y abriter les reliques de la Passion du Christ. Le château de Vincennes est la seule résidence d’un souverain du Moyen Âge subsistant encore en France, et son donjon est le plus haut d’Europe.
Le titre de sainte-chapelle est porté par plusieurs édifices religieux : en France, il y eut une dizaine de « sainte-chapelle », dont seules sept subsistent aujourd’hui. Pour prétendre à ce titre, plusieurs critères doivent être remplis :
- L’édifice doit être la chapelle d’un palais ou d’un château royal ou princier ; ensuite, sa fondation doit être le fait de Saint-Louis ou de l’un de ces descendants ;
- Cette chapelle doit abriter un morceau de la Vraie Croix ou de la couronne d’épines du Christ. Elles sont bâties sur le modèle originel de la Sainte-Chapelle de Paris et un collège de chanoines y est attaché afin d’y célébrer toutes les trois heures l’office, en suivant l’usage de Paris.
Durant son règne, Louis IX fréquente régulièrement Vincennes, qui n’est encore qu’un manoir royal (le donjon n’existe pas encore). Le roi y séjourne, y fait réunir son Conseil. Un de ces événements importants est l’arrivée des reliques de la Passion en 1239 (en réalité, elles arriveront en deux temps : la couronne d’épines en 1239 et les autres reliques en 1241). Achetées à l’empereur latin de Constantinople, Baudoin II de Courtenay, très endetté.
Lorsque les reliques arrivent en France, Louis IX les reçoit dans la cathédrale de Sens et accompagne ensuite leur progression vers Paris. Avant d’entrer dans la capitale, les précieuses reliques font une étape à Vincennes. Louis IX détache alors quelques épines, auxquelles il ajoutera plus tard un morceau de la Vraie Croix pour qu’elles demeurent dans cette résidence si importante à ses yeux.
Le 18 août, Paris les accueille et Saint-Louis construira pour elles la Sainte-Chapelle du Palais de la Cité, consacrée vingt ans plus tard. À Vincennes, le roi se contente de faire élever une petite chapelle et charge un chapelain de dire quotidiennement la messe.
Un siècle et demi plus tard, en 1379, son descendant Charles V fonde à Vincennes la sainte-chapelle que nous la connaissons. Elle aura pour fonction d’appeler la protection divine sur la résidence royale et la dynastie. La construction a commencé juste avant la mort de Charles V.
Les travaux sont confiés aux architectes Raymond du Temple et Pierre de Montereau. Mais elle ne fût inaugurée qu’en 1552 sous le règne d’Henri II et ce, après une très longue interruption des travaux à partir du début du XVème siècle. Cependant, le Collège de Chanoines est installé dès Février 1380.
Architecturalement, la sainte-chapelle de Vincennes marque la transition entre le gothique rayonnant et le gothique flamboyant . Elle a été construite selon le plan traditionnel des Chapelles Castrales, un vaisseau unique, un chœur formé d’une travée droite et d’une abside à 5 pans cantonnée par 2 oratoires destinés l’un au Roi et l’autre à la Reine.
Une annexe, au Nord, sert de Sacristie au rez de chaussée et de Trésor à l’étage. L’Oratoire du Roi est actuellement occupé par le tombeau du Duc d’Enghien, qui fut jugé à Vincennes et fusillé dans le fossé sud du château en 1804.
L’élévation générale est d’une grande simplicité. A l’extérieur, des contreforts profonds maintiennent, au dessus d’un soubassement, de grandes fenêtres coiffées d’un gâble. Le gâble est un fronton triangulaire, souvent ajouré, toujours très allongé, servant à masquer la pente des combles (portails gothiques, etc.).
La silhouette générale de l’édifice est élancée et l’était d’autant plus qu’une flèche se dressait au-dessus de la 2ème travée de la nef ,flèche, malheureusement abattue au XVIIIe siècle.
Malgré les vicissitudes du temps, la charpente haute de 15 mètres recouvrant toute la nef du monument n’a subi que très peu de changements depuis son achèvement sous le règne d’Henri II (1547-1559).
Sa façade à triple élévation, dont les trois pignons galbés soulignent le chef-d’œuvre de pierre qu’est la rose est considérée comme un des chefs-d’œuvre de la sculpture du XVe siècle.
Autrefois, l’intérieur de la sainte-chapelle de Vincennes était orné d’un riche décor. Tout ou presque de ce décor a été emporté par les tourments de 1793. Demeurent encore, dans le chœur les vitraux , ensemble de verrières offert par Henri II. Elles ont été commandées par Philibert Delorme, le maître d’œuvre, au célèbre vitrailleur parisien Nicolas Beaurain, d’après des cartons d’un artiste non identifié parfois désigné comme le maître des verrières de Vincennes.
Il s’agit peut être de Claude Badouin ou de Jean Cousin l’Ancien. Chef-d’œuvre incontesté du vitrail Parisien du XVIème siècle, elles se caractérisent par un usage important de la Grisaille, la structuration des compositions par des éléments architecturaux et une attention toute particulière à la luminosité. Les couleurs qui y dominent sont donc avant tout des « teintes claires, « jaune, orangé et gris.
La Sainte Chapelle de Vincennes conserva longtemps, dans son trésor, le Baptistère dit de St Louis. Il aurait été réalisé sous la dynastie des mamelouk par le par le dinandier (artisan d’art) Muhammad ibn al-Zayn qui vécut probablement à la fin du XIIIème siècle. Il a servi au baptême des enfants de France, en particulier à celui de Louis XIII à Fontainebleau en 1601.
Le Baptistère Royal fut transféré au Musée du Louvre après la Révolution en 1793. En 1856, le bassin sort du Louvre et sert une ultime fois pour le baptême, à Notre Dame de Paris, du prince impérial Napoléon-Eugène, fils de Napoléon III. Deux écus sur le rebord intérieur, aux armes de France, ont été ajoutés au 19e siècle
Lors de la tempête du 26 Décembre 1999, le vent a traversé à 200 km/h la Sainte Chapelle, détruisant les vitraux des baies de la Nef qui avaient été refaits après leur destruction lors de la dernière guerre, des verrières blanches aux bordures colorées. Le vent a en outre provoqué un effet de tambour mettant les voûtes en vibration, faisant tomber de nombreux joints et provoquant d’importantes déformations.
Des travaux de rénovation et de consolidation ont été effectués. Ces travaux ont consisté principalement au remplacement de certaines pierres, reprise des joints et des reins de voûtes, restauration des peintures des plafonds et des 56 têtes sculptées à la base des culots et en la remise en état des vitraux.
Actuellement, la Sainte-Chapelle du château de Vincennes est le cadre de l’exposition « Un roi de guerre à la Renaissance : Henri II à Vincennes » qui permet de découvrir, à travers une sélection variée d’œuvres et d’objets, la personnalité et la vision du monde de ce roi méconnu et pourtant l’un des monarques européens les plus représentatifs de la Renaissance.
L’exposition s’articule autour de ces thèmes en mettant l’accent sur la reprise des territoires saisis par des puissances étrangères au sein du royaume et la conquête de domaines revendiqués en Italie depuis la fin du XVe siècle : cartes, armures, objets d’art, manuscrits
L’église a été classée au titre des Monuments historiques dans sa totalité en 1996. (merci à Guizmo)
marianne
19 octobre 2020 @ 04:48
Quelle beauté ! Aucun style architectural ne m’ émerveille autant que le Gothique .
Ces édifices suffisent à démolir les préjugés sur le moyen-âge soi-disant obscur .
Merci à Guizmo pour cet article complet et si interessant .
cerodo
19 octobre 2020 @ 07:46
merci Guizmo pour cet article très intéressant d’un monument méconnu par moi.
Claudia
19 octobre 2020 @ 09:14
Merci pour ce reportage très complet. Quand on dit « Sainte Chapelle » on pense tout de suite à celle de Paris sur l’ile de la Cité. Et moins aux autres, dont celle de Vincennes, dont le château est plus associé à une forteresse militaire.
HRC
19 octobre 2020 @ 09:43
Guizmo, la clarté dans la précision avec le plaisir de lire en plus.
Comme d’habitude quoi. Mais on ne se lasse pas.
Menthe
19 octobre 2020 @ 10:08
L’an dernier nous avions tous les lundi une chronique sur la messe dominicale de la reine Élisabeth, cette année c’est Guizmo que nous retrouvons le lundi matin avec ses reportages très complets et très intéressants ! Merci Guizmo.
Devinez quelle rubrique je préfère? 😘
ciboulette
19 octobre 2020 @ 17:07
Guizmo , notre guide précieux au milieu de tous ces mois difficiles . Qui n’a pas son pareil pour nous faire vibrer , découvrir , revoir , apprendre , nous extasier toujours ! Merci !
Baboula
20 octobre 2020 @ 18:51
Elles ont tout dit 😘
Laurent F
19 octobre 2020 @ 12:15
Que représente la 4e photo, je suis allé plusieurs fois à Vincennes, je n’ai pas souvenir d’avoir jamais vu une telle salle. Ça ne me parait pas être la Ste-Chapelle de Vincennes.
gabrielle
20 octobre 2020 @ 09:51
Vous avez tout à fait raison. C’est une photo de l’Église Saint Louis à Saint-Mandé.
gabrielle
20 octobre 2020 @ 10:05
Pardon à Vincennes. Une église du début du XX siècle. Elle possède un orgue de style néoclassique. il y a souvent des concerts. Récital d’orgue de Kurt LUEDERS samedi prochain à 18h.
Antoine
19 octobre 2020 @ 13:23
Visite très intéressante, merci ! Mais je n’arrive pas à faire concorder la vue de la nef avec l’architecture extérieure (rosace différente et dôme invisible extérieurement).
Gérard
19 octobre 2020 @ 13:25
http://www.paris-autrement.paris/chateau-de-vincennes-le-tombeau-du-duc-denghien-a-la-sainte-chapelle/
ciboulette
19 octobre 2020 @ 17:05
Merci , Gérard .
Gérard
20 octobre 2020 @ 17:08
Le tombeau écrase un peu cette petite chapelle mais il est beau.
COLETTE C.
19 octobre 2020 @ 14:34
Architecture magnifique.
JE
19 octobre 2020 @ 15:20
Quelle est l’église de la quatrième photo? Elle n’a rien à voir avec la Sainte-Chapelle mais elle est intéressante.
Parella
19 octobre 2020 @ 19:02
Effectivement. Rien à voir avec la Sainte-Chapelle. Il s’agit de l’église Saint-Louis de Vincennes (années 1920), décorée par l’école des Nabis !
gabrielle
20 octobre 2020 @ 10:08
https://www.vincennes-tourisme.fr/fiche/eglise-saint-louis-de-vincennes/
Vitabel
19 octobre 2020 @ 16:08
Quel magnifique édifice.
Danielle
19 octobre 2020 @ 17:27
Ce lieu est magnifique et je ne manquerai pas d’aller le visiter ; merci Guizmo.
Arielle
20 octobre 2020 @ 08:49
Très intéressant reportage. Grand merci, Guizmo. Comme les autres internautes, je suis intriguée par la 4e photo…