Le 21 mars prochain, la Sainte Couronne quittera Notre Dame de Paris pour Poissy où sera célébrée une messe à l’occasion des 800 ans du baptême de Saint Louis. En 1239, Saint Louis achète la Sainte Couronne aux Vénitiens.
La Sainte Couronne est une couronne d’épines que Jésus aurait portée lors de son calvaire. Saint Louis fit construire la Sainte Chapelle sur l’île Saint Louis pour abriter cette relique. (Merci à Quentin et Michèle)
Claudia
19 mars 2014 @ 10:22
Il ne me semble pas que cette couronne ait été exposée ou conservée à la Sainte Chapelle ?
Philippe
19 mars 2014 @ 16:48
Elle a fait partie du Trésor de la Sainte-Chapelle jusqu’à la révolution, puis a été mise à l’abri à la
Bibliothèque nationale, contrairement à d’autres reliques détruites ou perdues, et enfin remise au Trésor de Notre-Dame.
Elle y est offerte à l’adoration des fidèles le premier vendredi de chaque mois et le Vendredi Saint.
Gérard
20 mars 2014 @ 13:10
Oui comme le dit Philippe (si je rajoute quelque chose ce n’est pas par pédantisme mais parce que ma science récente provient d’un cadeau qui m’a été fait de l’ouvrage de Pierre Dor, Les épines de la Sainte Couronne du Christ en France, publié chez François-Xavier de Guilbert à Paris en 2009), la Sainte Couronne a bien été placée dès l’origine dans l’écrin construit pour elle c’est-à-dire à la Sainte-Chapelle (avant l’achèvement de la Sainte-Chapelle elle était à Notre-Dame). Elle y demeura jusqu’en 1791 où le roi Louis XVI inquiet de la situation (dès cette année-là en effet des destructions de reliquaires commencèrent à la Sainte-Chapelle) voulut la faire transférer à l’abbaye royale de Saint-Denis, ce qui fut fait le 12 mars. Auparavant elle fut présentée à sa dévotion aux Tuileries. Le 12 novembre 1793 le Trésor de Saint-Denis fut offert « à la Patrie en danger ». La Couronne fut coupée en trois et le reliquaire détruit, envoyé à la fonte avec les autres le 25 avril 1794. Il faut rappeler que cette Couronne à ce moment-là déjà n’avait plus d’épine car au fil des siècles les épines avaient été distribuées à des communautés religieuses ou à des lieux de culte notamment et il ne restait plus que le jonc. Ces trois morceaux furent portés à l’Hôtel des monnaies puis en 1794 au Cabinet des médailles antiques de la Bibliothèque nationale où ils restèrent jusqu’en 1804. À ce moment-là le cardinal de Belloy, archevêque de Paris, demanda à Portalis, ministre de l’intérieur par intérim, que la Sainte Couronne lui soit remise, ce que l’empereur accorda qui commanda un nouveau reliquaire à cette occasion. Le chanoine Paul d’Astros reçut les reliques de la Passion le 28 octobre 1804. Le cardinal reçut officiellement la Sainte Couronne le 10 août 1806 dans l’anneau que l’empereur avait également offert. Auparavant le cardinal avait ordonné une enquête très minutieuse pour vérifier l’authenticité de la relique et qu’il s’agissait bien de celle qui se trouvait autrefois à la Sainte-Chapelle. L’examen fut concluant. On n’arriva pas à reconstituer exactement la Sainte-Couronne ainsi coupée en trois et certains petits morceaux ne purent être convenablement rattachés et furent offerts. La Sainte Couronne fut portée à la chapellenie de l’archevêché près de Notre-Dame. Elle est demeurée depuis sur l’île de la Cité avec une parenthèse assez longue cependant.
Le 14 février 1831 éclatèrent des émeutes à Paris après le service funèbre organisé par les légitimistes à Saint-Germain-l’Auxerrois pour l’anniversaire de l’assassinat du duc de Berry. L’église fut envahie et mise à sac par les républicains qui le lendemain devaient saccager l’archevêché et de nombreuses églises à Paris et en province.
La Couronne avait été alors cachée. Et elle demeura éloignée jusqu’en 1838 ou 1843. Elle fut d’abord portée au couvent des Carmes de Saint-Michel, aujourd’hui le Séminaire universitaire de l’Institut catholique, rue d’Assas, puis chez Auguste, général comte Caffarelli du Falga en son hôtel du faubourg Saint-Germain ; enfin on la transporta chez la comtesse de Chantemerle au château de La Croix-Saint-Lenfroy dans l’Eure. Ce n’est qu’après cela qu’elle regagna Paris pour être placée à la rue du Bac, je suppose qu’elle était donc dans la chapelle de la Médaille miraculeuse, la chapelle de la Maison des Filles de la Charité. Et ce n’est qu’en 1855 donc sous Napoléon III qu’elle fut transportée, semble-t-il, de l’archevêché alors en l’hôtel du Châtelet, 127 rue de Grenelle jusqu’au Trésor de Notre-Dame. L’empereur offrit en 1862 un nouveau reliquaire dessiné par Viollet-le-Duc. Aujourd’hui elle est propriété du Chapitre cathédral qui en assume la garde conjointement avec les chevaliers du Saint-Sépulcre de la Lieutenance de France lesquels sont gardiens statutaires des reliques de la Passion conservées à Notre-Dame. Si les deux reliquaires impériaux sont présentés dans le Trésor à la sacristie, la Couronne dans son anneau de cristal et d’or datant de 1896 n’est présentée que le premier vendredi de chaque mois, les vendredis de carême et le Vendredi Saint. Elle est également présentée aux futurs chevaliers du Saint-Sépulcre à la veillée qui précède leur adoubement lorsque celui-ci a lieu à Paris. Entre les vénérations, la Sainte Couronne est entreposée dans un reliquaire situé dans la chapelle absidiale de la cathédrale, chapelle de Notre-Dame des Douleurs, devenue chapelle capitulaire de l’Ordre du Saint Sépulcre. En 2008 elle fut vénérée par le pape Benoît XVI le 12 septembre.
Cf. aussi : La France et la Terre Sainte, réalisé par la Lieutenance de France, pages 57 à 66, éditions Parole et Silence, deuxième édition 2012.
Marquise
20 mars 2014 @ 13:28
Merci Gérard pour ces passionnantes précisions!
Gérard
20 mars 2014 @ 14:22
Mais de rien Marquise.
flabemont8
20 mars 2014 @ 18:53
Merci, Philippe et Gérard . Cette histoire est tragique, mais passionnante , en effet .
Claudia
20 mars 2014 @ 14:42
Merci pour ces précisions, mais que ces révolutionnaires et autres républicains, ont causé de dégâts, et tout ça pour lutter contre la religion et ses symboles ! au moins la Couronne a été épargnée, mais au prix de nombeux déplacements.
Gérard
21 mars 2014 @ 21:22
C’est vrai mais le vandalisme a existé avant et après y compris avec certains promoteurs immobiliers. Mais cette volonté de sacrilège s’étendant jusqu’aux morts c’est tout de même étonnant.
marianne
20 mars 2014 @ 21:08
Merci Gérard !
merlines
21 mars 2014 @ 13:07
merci 1000 fois Gérard pour ce magnifique commentaire, il me donne très envie de lire ce livre
Gérard
25 mars 2014 @ 17:52
Sur la photographie qui est ici présentée nous voyons le cristal de roche qui contient la Sainte Couronne. Il date donc de l’épiscopat du cardinal Richard, le chanoine Pousset étant archiprêtre de la cathédrale, le lapidaire étant Berguin Varangiez, l’orfèvre la maison Colliot et Poussielgue-Rusand et le dessin étant dû à Jules-Godefroy Astruc. Ce cristal est tenu par une branche en or de ziziphus spina-christi ou jujubier de Palestine et décoré encore de perles et de pierres dons du cardinal Richard et des dames de Paris.
Les écussons que l’on voit sur l’avers représentent saint Denis, sainte Geneviève et les armes du chapitre qui sont à l’effigie de Notre-Dame, au revers le Christ, les armes de la Ville de Paris et le sceau de Saint-Louis. Le bloc de cristal ayant été cassé malencontreusement en 1926 a été remplacé quelques mois après grâce à un bloc de cristal de roche du Brésil.
La Sainte Couronne en France a également voyagé sans contrainte extérieure avant cette année, en 1939 et en 1989. Elle était venue en 1239 de Venise par l’Italie du Nord et l’Allemagne et avait rejoint les domaines royaux au sortir du comté de Champagne. Elle entra donc dans le domaine à Villeneuve l’Archevêque aujourd’hui dans l’Yonne en juillet à proximité de Sens où elle fut ensuite portée. Saint-Louis avait préféré en l’absence du Comte de Champagne ne pas l’attendre chez son vassal. En juillet 1939 la Sainte Couronne fut à nouveau présentée à Villeneuve l’Archevêque et Sens. Il en fut de même 750 ans après son arrivée en France en 1989 pour commémorer cette réception du 9 août 1239. Voir à cet égard par Michel Rébéquet, Louis IX et la couronne d’épines, villeneuve-archeveque.com. À propos des pérégrinations de la Sainte Couronne avant son arrivée à Paris et son transfert à la Sainte-Chapelle voir : Le destin de la couronne d’épines, L’intermédiaire des chercheurs et curieux, mars 1992, colonnes 282 à 284 sous les signatures d’A Gaillemin, Roland Jousselin et Frère Jacques.
DESVEAUX
26 mai 2014 @ 14:29
Cher Gérard,
je viens de lire votre article sur la Sainte Couronne et je vois que vous possédez le livre « Les Epines de la Sainte Couronne du Christ ». Je suis historienne et je travaille en ce moment même sur l’histoire de la Sainte Epine de Libourne (en Gironde) offerte par Charlemagne en l’an 811. Est-elle mentionnée dans l’ouvrage? Je n’arrive pas à me le procurer. Bien à vous et merci pour vos précieuses informations, Camille.
Camille
26 mai 2014 @ 14:31
Cher Gérard,
je viens de lire votre article sur la Sainte Couronne et je vois que vous possédez le livre « Les Epines de la Sainte Couronne du Christ ». Je suis historienne et je travaille en ce moment même sur l’histoire de la Sainte Epine de Libourne (en Gironde) offerte par Charlemagne en l’an 811. Est-elle mentionnée dans l’ouvrage? Je n’arrive pas à me le procurer. Bien à vous et merci pour vos précieuses informations, Camille.
flabemont8
19 mars 2014 @ 17:11
Non, Claudia, à ma connaissance, elle n’y a pas été conservée. On peut se demander pourquoi, puisque la Sainte Chapelle devait lui servir d’écrin !
Zeugma
19 mars 2014 @ 15:55
Saint Louis offrit beaucoup d’épines extraites de cette relique qui lui avait coûté deux années de recettes.
Livia
19 mars 2014 @ 16:42
Selon les Historiens Jésus portait non une couronne mais un véritable casque de grosses épines qui était un des supplices romains…
Caroline
20 mars 2014 @ 11:00
Livia,vous pourriez lire ‘tout’ sur cette sainte couronne d’épines’ dans le site de Notre-Dame de Paris bien documenté!
Merci pour votre remarque!
Gérard
20 mars 2014 @ 23:40
Sur KTO ce vendredi 21 mars à 17h 45 : pour marquer le 800ème anniversaire de la naissance et du baptême de Saint-Louis, les pèlerins et les fidèles sont invités à trois jours de réflexion, de vénération et de célébrations autour de la Sainte Couronne d’épines. En direct sur KTO donc à 17h 45 vêpres solennelles à la cathédrale Notre-Dame de Paris, présidées par Mgr Jérome Beau, évêque auxiliaire de Paris. 18 h 30 : procession de la Sainte Couronne vers la Sainte Chapelle . A 19 h 30 messe à la Sainte Chapelle présidée par le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris.
Livia
21 mars 2014 @ 19:14
@ merci Caroline.
Gérard
22 mars 2014 @ 13:14
Oui elle parfois désignée comme casque à la Sainte Chapelle, pileus, mais la partie centrale qui reliait les joncs a disparu au fil du temps et des dons. Sans cette partie centrale dont on a la trace sur le Suaire de Turin elle serait dit-on tombée sur les épaules ce qui ne me semble pas certain car elle a un diamètre de 21 cm.
Philippe gain d'enquin
19 mars 2014 @ 20:31
Au moins une couronne que don Luis-Alphonso ne risque pas de ceindre, modestie obligeant !
Lady Chatturlante
20 mars 2014 @ 22:21
Ni le comte de Paris… Pourtant, la querelle dynastique est si épineuse !
Sur ce, je m’en vais relire la Guerre des Deux Roses…
Philippe gain d'enquin
21 mars 2014 @ 09:14
A cette seule perspective, trinquons ensemble; un Bourbon 4 Roses semble s’imposer… A vous, à nous, et à tous ceux qui ne vivent que ce que vivent les roses.PGE
Corsica
21 mars 2014 @ 18:22
Excellent !
Gustave de Montréal
20 mars 2014 @ 16:48
Quelqu’un aurait récupéré cette couronne que Jésus, mort il y a 2000 ans environ, portait cloué sur la croix? Permettez moi d’avoir des doutes sur l’authenticité de cette chose sanguinolente..
Corsica
21 mars 2014 @ 18:34
Il y a tellement des reliques dans le monde qu’il est évident que nombre d’entre elles sont des faux . Dans le monde médiéval la possession de reliques était essentiel pour les communautés religieuses et pour les églises : sans reliques, pas de pèlerins,et sans pèlerins pas de dons !
Gérard
21 mars 2014 @ 13:11
Vous savez Gustave que Jésus était suivi par des foules nombreuses, qu’il avait 12 apôtres et bien plus de disciples, les saintes femmes le suivaient. Il était entré en triomphe à Jérusalem quelques jours avant. Beaucoup le considéraient comme un très grand prophète et déjà les apôtres savaient qu’il était le Fils de Dieu. Il est normal surtout avec l’injustice de cette mort que l’on ait voulu conserver les reliques. Il a été crucifié avec cette couronne d’épines. Ses amis et sa famille l’ont descendu de la Croix avec l’accord de Pilate et ils l’ont mis au tombeau neuf de Joseph d’Arimatie. Naturellement ils ont conservé aussi la couronne marquée de son sang. Tout cela n’a rien d’étonnant.
À ce moment-là les disciples ne croyaient pas encore sans doute à la Résurrection qu’il avait annoncé, il étaient effondrés, c’était leur ami et leur maître et la plupart avaient fui. Ils étaient honteux, oui bien sûr ils se sentaient coupables et voulaient conserver la trace de son passage sur la terre.
Marie sa mère, le souhaitait aussi et Jean qui ne l’avait pas abandonné.
Gustave de Montréal
22 mars 2014 @ 03:33
Amen, mais je ne suis pas très croyant mon frère
Gérard
22 mars 2014 @ 13:21
Non ce n’est pas une question de foi mais de vraisemblance à défaut de sources très documentées aux premiers siècles mais la tradition a toujours représenté le Christ en croix couronné d’épines selon ce que l’Ecriture avait précisé avec son couronnement de dérision et ça cadre avec l’écriteau de Pilate et les marques du Suaire de Turin. Cette couronne à dû rester aux premiers siècles en Palestine jusqu’à son achat par Louis IX.
Gérard
22 mars 2014 @ 13:34
En Palestine où on la mentionne vers 409 et vers 530 et 570 en la basilique de Sion à Jérusalem, puis à Constantinople depuis la période comprise entre 870 et 912.
Philippe gain d'enquin
23 mars 2014 @ 14:05
Vous soulevez là un problème épineux, compère…
Livia
21 mars 2014 @ 19:24
@ Cher Gérard : c’est évident qu’ils ont dû conserver pieusement les reliques mais beaucoup de fausses reliques ont circulé notamment au moyen âge.
Selon les découvertes faites dans les deux dernières décennies des images de la mémoire collective apparaissent comme fausses: les clous n’étaient pas plantés dans les mains mais dans les poignets, la couronne d’épines était en fait un casque, la croix du calvaire n’était pas une croix mais sa traverse.
Or une relique corrobore ces découvertes et sur les autres points la mémoire collective c’est le saint suaire de Turin ce qui est vertigineux!
Un livre écrit par un avocat français il y a quelques années est fantastique et fait le point du sujet.Je n’en ai pas retrouvé trace sur le net…
Merci pour vos renseignements sur le recueillement car c’est le fond qui compte…Bonne soirée à vous.
Gérard
22 mars 2014 @ 13:31
C’est vrai Chère Livia et ce Suaire est de plus en plus étonnant.
Il y a beaucoup de fausses reliques mais cette relique la couronne, était entourée d’un immense respect et coûtait très cher.