D’une hauteur de 30 mètres et visible à des kilomètres à la ronde, la tour de Montlhéry s’impose inévitablement dans le paysage essonnien. Bien avant la Tour, il y avait un château.
La première mention du château de Montlhéry remonte à 991. Haut lieu de l’Histoire de France, le château de Montlhéry est mentionné dès 1008 quand Thibaut, forestier du roi Robert II élève des fortifications.
Ce château situé sur un monticule est achevé en 1015 et est composé d’une tour de bois, protégée par une enceinte. Ensuite, le château entre dans le domaine royal en 1104 et se révèle rapidement être un enjeu pour les Capétiens de part sa situation géographique, entre Paris et Orléans. Au début du XIIe siècle, à la suite de nombreux déboires avec les seigneurs de Montlhéry, Louis VI ordonne la destruction du château qui lui avait causé tant de soucis, mais il épargne la tour.
Un château avec un donjon en maçonnerie est reconstruit avant le XIIIème. Puis, Philippe Auguste séjourne à plusieurs reprises et entreprend des travaux et des aménagements supplémentaires.
Saint-Louis se réfugie à Montlhéry lors de la révolte des barons. Les parisiens sont venus à pied jusqu’à Montlhéry et ont escorté le futur roi jusqu’à Paris. Selon la légende en remerciement à un retour de croisade, en 1254 Saint-Louis fit édifier la chapelle qui porte son nom à l’entrée du château ( les fondations subsistent encore à gauche avant le pont levis).
En 1347, le château est plusieurs fois assiégé et occupé par les Anglais. En 1382, il est probable que d’importants travaux de réparation aient été entrepris par Olivier de Clisson connétable de France et chargé à cette date de la garde du château. Il ajoute notamment quatre étages au donjon, un chemin de ronde. La tour maîtresse est aménagée avec notamment la construction de grandes cheminées et de latrines.
La guerre entre Armagnacs et Bourguignons qui se déroule durant le XVe siècle ne ménage pas le château et achève sa destruction. Sous François Ier, il sert de carrière pour les fortifications de la ville. En 1529, ce qui reste du château est cédé à un seigneur engagiste.
Un procès verbal de 1547 décrit le château comme étant en ruine. Le château était un point stratégique pour toutes les bandes qui voulaient piller la région et les habitants de Montlhéry ont été las d’être rançonnés et leurs maisons dévastées En 1529, ce qui reste du château est cédé à un seigneur engagiste.
Un procès verbal de 1547 décrit le château comme étant en ruine. En 1591, le gouverneur de Paris, ordonne le démantèlement du château à l’exception du donjon.
Lorsque le château s’élevait intact sur la pente douce de la montagne, il était formé de quatre enceintes ou plutôt de quatre terrasses échelonnées en amphithéâtre à la suite les unes des autres. Toutes ces enceintes étaient carrées, à l’exception de la quatrième qui formait un pentagone irrégulier. Elles étaient toutes d’une pareille largeur, mais d’une longueur inégale.
La plus considérable de toutes, la première, renfermait la chapelle du château. Par une bizarrerie dont le Moyen âge offre plusieurs exemples, cette chapelle séparée en deux par un mur, formait deux églises distinctes : Saint-Laurent, prieuré qui dépendait de l’abbaye de Longpont; Saint-Pierre, paroisse de douze feux. Aujourd’hui, cette enceinte a totalement disparu, et il ne reste plus de la chapelle que quelques pierres cachées sous l’herbe.
La seconde enceinte s’élevait à dix pieds au-dessus de la première; quelques pans de murs , et le mouvement du terrain nous indiquent la place qu’elle occupait autrefois. Elle avait environ 98 pieds de large sur 88 de long.
La troisième, plus élevée encore que celle-ci, était aussi large, mais elle avait vingt pieds de long seulement. Elle était protégée par deux tours dont on aperçoit encore les traces. Un fossé de 58 pieds renfermé dans l’intérieur des murs, séparait cette enceinte de la quatrième, qui pouvait être regardée comme le véritable château.
Si l’on en croyait Jacques-Antoine Dulaure, (né le 3 décembre 1755 à Clermont-Ferrand et mort le 18 août 1835 à Paris,) archéologue, historien et homme politique français, chacune des enceintes avait « sa porte, ses murs, ses tours, et cent dix pieds de longueur. Chaque porte étoit flanquée de tours rondes, munie de fossés et de ponts-levis ».
La quatrième enceinte, mieux conservée que les trois autres, avait la forme d’un pentagone irrégulier. Quatre tours rondes situées aux points cardinaux en défendaient quatre angles. Le cinquième était occupé par le donjon. Une porte percée dans un bâtiment carré qui regardait le milieu de la troisième enceinte, la faisait communiquer avec elle. Cette porte, et trois des tours ont été rasées jusqu’au sol; il ne reste plus de la quatrième qu’un pan de mur de trente pieds de hauteur, au milieu duquel s’ouvre une large brèche.
Les murs de la quatrième enceinte sont encore très apparents, surtout au nord-ouest. Ils ont, de ce côté, seize pieds au-dessus du sol de la plate-forme, trente-six au-dehors et sept environ d’épaisseur. Le ciment qui lie les pierres entre elles est un composé de sable et de gravier assez gros, mêlé de chaux et de charbon.
Ces murs et ces tours ont leur base construite en talus. Les pierres qui forment ces bases sont en grand appareil; mais elles vont toujours en diminuant de grosseur à mesure qu’elles s’élèvent. Les tours étaient entièrement construites en pierre de taille. Quant aux murs, à partir de six ou huit pieds du sol, ils étaient bâtis en moellons de différentes grosseurs, soutenus de temps en temps par des assises de grès qui remplissent ici le même office que les assises de brique dans les murailles romaines de la décadence.
On trouvait encore dans cette enceinte un souterrain très profond et un puits creux de cent cinquante pieds, si l’on un croit Touchard-Lafosse ( né à La Chartre-sur-le-Loir le 5 août 1780 et mort à Paris le 11 décembre 1847) journaliste, éditeur et antiquaire français – Sa collection d’ouvrages illustrés sur les provinces de France préfigure les guides de voyages modernes – La tradition prétend que ce fut dans ce souterrain que Saint Louis se cacha quand il était menacé par ses barons révoltés. Une charte, citée par Lebeuf,( L’abbé Jean Lebeuf, né le 6 mars 1687 à Auxerre, mort le 10 avril 1760 ) prêtre, historien et érudit français, nous apprend que les Meseaux furent accusés d’avoir empoisonné le puits. Ces ladres, disait-on alors, avaient formé, de concert avec les juifs, l’horrible dessein de faire périr toute la chrétienté.
Le donjon de Montlhéry n’était, qu’une maîtresse tour, c’est-à-dire une tour plus grosse et plus forte que les autres, mais bâtie tout-à-fait dans le même système, et faisant comme elles partie de l’enceinte murale. On distingue, en l’observant, deux périodes de construction.
Il faut savoir que l’on doit la partie basseet les deux premiers étages à Philippe Auguste alors que la partie supérieure date de la fin XIVème siècle, lors des travaux après la Guerre de Cent ans. ans. À l’intérieur les deux premiers étages sont hexagones; ce n’est qu’à partir du troisième qu’elle prend la forme quadrangulaire. Les arceaux des voûtes, qui aujourd’hui sont détruites, retombaient sur six consoles placées aux six angles. Le premier étage est percé du deux meurtrières et de deux portes ; ses murs n’ont pas neuf pieds d’épaisseur, mais sept seulement.
En 1842, l’administration des Domaines a pris possession des ruines du château. Les pierres qui faisaient défaut sous la portée des architraves sont remplacées par des massifs en briques, l’énorme brèche ne pouvant rester sans consolidation. L’utilisation des briques est justifiée par le fait qu’elles laissent la possibilité d’une modification, elles n’ont pas de caractère irrémédiable et définitif. Elles sont juste la marque des mesures de conservation adoptées à une époque.
En 1847, une passerelle est établie au premier étage pour mettre en communication les deux escaliers, celui de gauche et celui de la grande tourelle.
Au cours du XXe siècle, la Tour connait un grand nombre de réfections (maçonneries, rejointoiement…). Cependant, tous ses efforts ne suffisent pas à assurer la sécurité des visiteurs. Ainsi, en 1982, monsieur Mariage, architecte des Bâtiments de France, demande la fermeture temporaire de la Tour au public.
Après plusieurs années de travaux, les parties les plus dangereuses du donjon sont solidifiées, mais ce n’est qu’en septembre 2012 que le site est rouvert au public.
De part, sa position géographique et sa domination à 167 mètres depuis le bas de la butte, la tour de Montlhéry a servi à de nombreuses reprises d’expériences scientifiques.
Perre Gassendi (1592-1655), philosophe, savant et mathématicien français, il étudie la transmission du son entre les tours de l’observatoire de Paris et la tour de Montlhéry.
Claude Chappe (1763-1805) invente le télégraphe optique, ce télégraphe est composé d’un ingénieux système d’axes, de barres en bois et d’indicateurs qui peut prendre plus d’une centaine de positions différentes. Ainsi, un observateur lointain peut décrypter un message. En 1794, la construction d’une ligne entre Paris et Lille est ordonnée.
Claude Chappe, nommé ingénieur télégraphe, inaugure la ligne le 19 juillet 1794. Le procédé est ensuite étendu à l’ensemble du territoire…
Montlhéry et ses hauteurs sont un lieu privilégié d’essais et de fonctionnement de ce télégraphe. Seule la découverte par Morse du télégraphe électrique sonne la fin de cette géniale invention, 45 ans plus tard.
Marie-Alfred Cornu (1841-1902) Docteur es-sciences, devient professeur de Physique à l’École des mines en 1867. A partir de 1872, il effectue des recherches importantes sur la vitesse de la lumière. En 1874, il se sert du donjon de la tour de Montlhéry pour calculer la vitesse de la lumière entre le donjon et l’observatoire de Paris, distant de 23 kms. Il arrive au résultat de 300 400 km /seconde, qui est à rapprocher des 299 793 km/seconde déterminés par les méthodes modernes.
En 1914, L’inventeur Defieber, y teste son modèle de parachute.
Classée aux Monuments Historiques en 1840 la Tour est ouverte de mi-avril à fin octobre, vous pourrez, après avoir monté les 138 marches, admirer au sommet une vue à 360 degrés. (Merci à Guizmo)
Guizmo
20 octobre 2021 @ 06:48
Je viens de relire mon texte et je m’aperçois que j’ai fait une redite concernant le procès verbal de 1547. J’espère que cela ne vous perturbera pas trop dans votre lecture. Bonne journée à tous
Koko
20 octobre 2021 @ 07:50
Merci Guizmo pour ce reportage sur la tour de Montlhéry, petite précision on peut la visiter de mi-avril à fin octobre les week-ends de 14h à18h pour le prix de 2,00 euros
Beque
20 octobre 2021 @ 09:24
Savant et philosophe français, né près de Digne, reçu docteur en théologie en 1614 à Avignon, Gassendi est ordonné prêtre en 1616 et enseigne la philosophie à l’université d’Aix-en-Provence de 1617 à 1623. Il y fait des observations astronomiques détaillées, se déclare partisan de Copernic et entre en correspondance avec Galilée. Il partage ensuite son temps entre Digne, où il est depuis 1626 prévôt de la cathédrale, et Paris, où il se lie d’amitié avec le monde savant et où il enseigne les mathématiques au Collège royal de 1645 à 1648.
Bambou
20 octobre 2021 @ 09:27
Ressemble un peu au donjon de Vincennes….
MartineR
20 octobre 2021 @ 13:11
Non pas du tout…
Caroline
20 octobre 2021 @ 20:23
Bambou,
Avant de lire votre commentaire, j’ avais l’ impression d’ avoir déjà visité cette tour. C’ est juste qu’ elle ressemble au donjon de Vincennes que je connaissais depuis fort longtemps.
Merci à Guizmo pour cet article historique bien détaillé ! 👍
Beque
20 octobre 2021 @ 10:41
Après des études au collège royal de La Flèche, Claude Chappe est nommé abbé commendataire, pourvu de deux importants bénéfices et sans obligation de fonction religieuse, mais il perd sa commende à la Révolution. Il pourra bénéficier du soutien de son frère Ignace, membre de l’Assemblée législative. Ce dernier va l’aider à perfectionner le télégraphe et sera nommé, conjointement avec lui, administrateur des lignes télégraphiques en 1793. Il se donne la mort, le 23 janvier 1805, en se jetant dans le puits de l’hôtel de Villeroy, siège de l’administration du télégraphe. Il a 42 ans. Ses quatre frères vont prendre le relais et poursuivre son œuvre. Une statue lui sera élevée, en 1893, en haut du boulevard Saint-Michel mais elle sera détruite pendant la Seconde Guerre mondiale. En Europe, le tsar Nicolas 1e inaugura en 1838 une ligne Saint-Petersbourg-Varsovie de 148 stations. On peut encore voir sur la perspective Nevski une tour pentagonale en très bon état qui servit de station.
Ciboulette
20 octobre 2021 @ 18:44
Très intéressant article qui m’ouvre des perspectives inconnues .. .