Dès son retour de Russie, sa préoccupation fut d’assurer la position de l’impératrice. Le 30 mars 1813, elle est nommée régente. (Ci-dessus Marie-Louise, Régente en 1813 par Gérard) Elle a vingt-deux ans.
L’article 3 dit : “A défaut de toute disposition de l’Empereur mort, l’Impératrice mère réunit de droit, à la garde de son fils, la régence de l’Empire. A défaut de l’Impératrice, la régence, au cas que l’Empereur n’en ait pas disposé, appartient aux princes du sang dans l’ordre de l’hérédité, mais, un prince français assis sur un trône étranger au moment du décès de l’Empereur n’est pas habile à exercer la Régence “
Napoléon exclut donc ses frères Jérôme, Joseph et Louis. La régence pourrait donc être assurée par celui avec lequel il n’est pas d’accord, Lucien.
En réalité, la régence serait dévolue aux grands dignitaires de l’Empire : Cambacérès, le prince Eugène, Lebrun, Talleyrand et Berthier.
Le couronnement de Marie-Louise par le pape, qui devait consacrer sa nouvelle position au sein de l’appareil impérial, fut reporté trois fois et n’eût jamais lieu car le pape, bien que prisonnier à Fontainebleau depuis le 20 juin 1812, finit par s’y refuser.
Le couronnement de Marie-Louise qui n’eut jamais lieu
Il fallut à Napoléon et à Marie-Louise se contenter d’une cérémonie civile de prestation de serment : “Je jure fidélité à l’Empereur. Je jure de me conformer aux actes des Constitutions et d’observer les dispositions faites ou à faire par l’Empereur mon époux, dans l’exercice de l’autorité qu’il lui plairait de me confier pendant son absence.”
On était loin de la cérémonie grandiose prévue à Notre-Dame, c’était un camouflet pour l’empereur et l’impératrice mais cela fut aussi mal vécu à Vienne.
La vie à la cour continue comme par le passé. Le cérémonial est le même, Marie-Louise ne joue aucun autre rôle que celui qui lui est affecté, c’est-à-dire pas grand chose. La vie continue dans les mêmes décors somptueux.
Chambre de l’Impératrice à Compiègne
Salon des Dames d’honneur à Compiègne
Selon les ordres de Napoléon, lorsque l’impératrice assiste à la messe, “les Messieurs et dames de fonction de haut rang à la cour y sont également présents et prennent place, selon l’étiquette établie, aux galeries. L’Impératrice quitte ses appartements et transite, suivie de ses dames de compagnie, par les salons, pour rejoindre sa place dans la chapelle. Lorsque la célébration est terminée, Sa Majesté défile devant l’assistance en silence, saluant au passage.
La salle du trône à Fontainebleau
Ensuite, elle se dirige vers la salle du trône où elle reçoit les hommages des ministres, des hauts dignitaires et des autres personnalités admises.
Finalement Sa Majesté, accompagnée de sa cour, se rend dans ses appartements privés.”
Tout ce cérémonial pesant laisse à penser que Napoléon est perdu dans des rêves de grandeur factice. Et Marie-Louise, née dans le faste d’une autre cour, s’incline sans rechigner devant les ordres de son mari, alors qu’elle aurait pu lui en montrer l’absurdité.
Mais l’atmosphère se délite autour d’elle. Quand elle parait en public, elle ne suscite aucun enthousiasme, elle ne dit rien d’intéressant. Quand elle visite les Invalides en compagnie de son mari, pas un mot pour les vieux soldats, dont certains ont combattu à Fontenoy.
Etrangement, personne ne semble montrer d’inquiétude. La confiance en l’alliance autrichienne est toujours là. Marie-Louise écrit à son père, que Napoléon appelle “papa François”, le 18 mars, “L’empereur est tout-à-fait en votre faveur et il ne se passe pas un jour qu’il ne répète combien il vous est attaché, surtout depuis que vous vous êtes rencontrés à Dresde.”
Le 7 avril, Napoléon écrit : “Quant à l’Autriche, il n’y a aucune inquiétude à avoir… Les relations les plus intimes existent entre les deux cours.”
Le 15 avril, il part confiant pour se battre contre la Russie et la Prusse, soit la Sixième Coalition, avec une armée de 226 000 hommes, dont beaucoup de jeunes recrues, qui atteindra 450 000 hommes en août 1813.
Marie-Louise est donc à nouveau dans son rôle de régente. “ Ce matin j’ai assisté Conseil des Ministres…tu te moqueras encore de moi quand tu sauras que je vois ces messieurs s’emporter dans une discussion, ça m’affole et j’ai envie de m’enfuir. Tu vois comme je suis courageuse.” écrit-elle à Napoléon. Elle est consciente de sa faiblesse et ne la cache pas.
Marie-Louise sera plus tard un bonne administratrice de ses états en paix.
Deux premières victoires à Lützen le 2 mai et à Bautzen les 20 et 21 mai, près de Leipzig le confortent.
Bataille de Lützen
A Lützen, Napoléon a engagé 120 000 hommes, les armées prussiennes et russes comment 95 000 hommes. C’est la première grande bataille livrée par Napoléon après la campagne de Russie.
Leur défaite démontre aux Alliés que l’Empereur et la France disposent encore de ressources insoupçonnées après le désastre subi l’année précédente. Le manque de cavalerie empêche toutefois Napoléon d’exploiter totalement son succès et en limite les conséquences.
La bataille de Bautzen
A Bautzen, Napoléon a pu aligner 150.000 hommes, dont des soldats du Wurtemberg, de Bade, de Hesse, de Saxe et du royaume d’Italie. L’armée russo-prussienne en a 100.000.
La bataille de Bautzen et ses suites n’ont fait qu’affaiblir les belligérants, ce qui est évidemment plus problématique pour Napoléon, bien vainqueur, que pour les Alliés.
L’Empereur se laisse donc convaincre dès le 2 juin suivant de conclure un armistice pour sept semaines à Pleiswitz, à la demande de la Russie et de la Prusse, suivie de la médiation de l’Autriche représentée par Metternich, au Congrès de Prague.
Les conditions imposées à Napoléon en vue d’une paix générale sont l’abandon des territoires à l’est du Rhin, la Hollande, la Suisse, les Provinces Illyriennes, l’Espagne et une grande partie de l’Italie. La trêve est prolongée jusqu’au 10 août mais Napoléon finit par refuser.
Le dialogue entre Napoléon et Metternich éclaire l’état d’esprit des deux parties : “Et c’est mon beau-père qui accueille un pareil projet ! C’est lui qui vous envoie ! Dans quelle attitude veut-il donc me placer en présence du peuple français ? Il s’abuse étrangement s’il croit qu’un trône mutilé puisse être, en France, un refuge pour sa fille et son petit-fils.”
Il conclut : “Oui, j’ai fait une grande sottise en épousant une archiduchesse d’Autriche. — Puisque Votre Majesté veut connaître mon opinion, répond Metternich, je dirai très franchement que Napoléon le Conquérant a commis une faute. — Ainsi, l’empereur François veut détrôner sa fille ? — L’empereur ne connaît que ses devoirs et il les remplira, réplique Metternich. Quoi que la fortune réserve à sa fille, l’empereur François est avant tout souverain, et l’intérêt de ses peuples tiendra toujours la première place dans ses calculs. — Oui, conclut Napoléon, ce que vous me dites là ne me surprend pas. Tout me confirme que j’ai fait une faute impardonnable. En épousant une archiduchesse, j’ai voulu unir le présent et le passé, les préjugés gothiques et les institutions de mon siècle. Je me suis trompé et je sens aujourd’hui toute l’étendue de mon erreur. Cela me coûtera peut-être mon trône, mais j’ensevelirai le monde sous ses ruines.”
Le prince de Metternich en 1815 par Lawrence
Dans cette situation de tension politique familiale, la lettre écrite par Marie-Louise à son père est tout à son honneur : “J’ai reçu votre dernière lettre il y a trois jours. Elle m’a fait beaucoup de peine parce que je vois que la dernière espérance de paix est perdue. Cette pensée doit vous être aussi épouvantable qu’à moi. Je vous plains intérieurement, mon cher papa. Je suis persuadée que cette guerre amènera avec elle beaucoup de malheurs. Comptez sur moi, mon très cher papa, si je puis vous rendre service après l’issue des événements, je le ferai certainement. L’Empereur ne me chérirait pas s’il n’était assuré des sentiments que j’ai pour vous, mais vous ne me chéririez pas si mes premiers vœux n’étaient pas pour le bonheur de l’Empereur et de mon fils.”
L’empereur François vers 1815 par Joseph Kreutzinger
Elle est l’impératrice des Français, la femme de Napoléon, la mère de son fils, elle se doit de rester à ses côtés et elle est partie le rejoindre à Mayence le 26 juillet. “ Je ne tenterai pas de décrire toute la joie que j’éprouve à le retrouver, écrit-elle dans son journal intime…les mots ne suffisent pas à décrire de tels sentiments, on ne peut que les vivre.”
Ce seront les derniers jours de la magnificence impériale. Elle sera de retour à Saint-Cloud le 9 août.
Intérieur de Saint-Cloud tel que l’a probablement connu Marie-Louise
L’Autriche se joint alors à la coalition. Le 11 août, l’empereur François écrit à sa fille : “ Le destin qui régit le monde a contrecarré tous mes efforts de paix…J’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour conduire à une issue favorable, mais mes efforts sont restés vains…
Du reste si ça peut te tranquilliser, la guerre que nous menons est d’un tout autre genre que les précédentes; elle est essentiellement politique. Je ne suis et ne serai jamais l’ennemi de ton époux, et j’espère qu’il ne sera jamais le mien.” Mots bien creux car la réalité est que Metternich étant favorable à la coalition, l’empereur François a accepté de combattre son gendre.
Le roi de Bavière Maximilien Ier Joseph
Le 8 octobre, la Bavière, dont le roi est le beau-père du prince Eugène, met fin à son alliance avec Napoléon. En secret, la Saxe avait promis de faire de même et en pleine bataille changera de camp.
Du 16 au 19 octobre 1813, c’est la Bataille de Leipzig, dite Bataille des Nations. Napoléon sauve son armée car les Alliés n’arrivent pas à transformer la bataille en victoire.
La bataille de Leipzig par Vladimir Moshkov
Pour Marie-Louise, c’est l’échec de la raison de son mariage. Son père a attaqué son mari, moins de trois ans après sa célébration.
Le 9 novembre, Napoléon arrive à Saint-Cloud. La tendresse existant entre les époux est évidente, malgré l’atmosphère pesante de la cour.
Il est difficile de comprendre que Napoléon, dont nul ne doute de l’intelligence, n’ait pas vu à ce moment-là qu’il lui fallait accepter les offres de l’Alliance, le 1er décembre 1813, savoir, la France reviendrait dans ses frontières naturelles, le Rhin, les Alpes et les Pyrénées.
Elle intégrerait la Belgique mais pas la Hollande. La réalité était qu’il était en déroute en Allemagne, que l’Espagne était perdue, sous l’action de Wellington et que l’Italie le serait bientôt.
Le 14 janvier 1814, Murat conclura un traité d’alliance avec le Royaume-Uni et l’Autriche, pour tenter de sauver son trône napolitain. Le pape s’apprêtait à rentrer dans ses états. Le crépuscule l’attendait.
La France de 1792
Marie-Louise compte encore sur son père pour obtenir la paix. Le 20 novembre, elle lui avait écrit : “Dieu veuille qu’il soit possible de vous écrire de nouveau régulièrement. Ce serait un signe de paix et mes craintes auraient une fin. Vous ne pouvez vous représenter combien m’attriste la pensée que vous soyez mêlé à la guerre contre l’empereur, votre gendre, alors que vous avez tous les deux un caractère qui devrait faire que vous soyez toujours amis.”
N’ayant obtenu que de vagues réponses, vers le jour de l’An, elle va directement au fait : “Dieu veuille que nous ayons bientôt la paix ! L’Empereur la désire et tous les gens la désirent ici ; mais on ne peut faire la paix avant de négocier, et, jusqu’à présent, il parait qu’on fait beaucoup de façons de votre côté. Je suis sûre que les Anglais en sont la cause. »
Obligé de lui répondre, l’empereur François tergiverse : “Pour ce qui regarde la paix, sois persuadée que je ne la souhaite pas moins que toi, que toute la France, et, j’espère, que ton mari. Ce n’est que dans la paix qu’on trouve le bonheur et le salut…mais, dans ce monde, il ne suffit pas de vouloir. J’ai de grands devoirs à remplir envers mes alliés, et, malheureusement, les questions de la paix future, et qui sera prochaine, je l’espère, sont très embrouillées…En Angleterre, il n’y a pas de mauvaise volonté, mais on fait de grands préparatifs. Ceci occasionne nécessairement du retard, jusqu’à ce qu’enfin la chose soit en train ; alors elle ira, s’il plaît à Dieu.”
Le 15 décembre 1813, les armées de la Sixième Coalition, soit Russie, Prusse, Autriche, auxquels se joignent la Suède, la Bavière, le Wurtemberg et le Royaume-Uni, se mettent en marche. La France a 460.000 hommes à opposer au million d’hommes des coalisés.
Le roi de Prusse Frédéric-Guillaume III
Le 1er janvier 1814, Napoléon dit à la reine Hortense, sa fille adoptive et belle-sœur, encore reine de Hollande : “…On croit à Paris que les cosaques sont déjà arrivés ? Mais ils ne sont pas encore là, et je connais mon métier.” Et il ajouta en s’adressant à Marie-Louise : “Ne sois pas triste, nous irons à Vienne pour rosser Papa François.”
La reine Hortense par Gérard
Napoléon quitte Paris le 25 janvier 1814. Il a confié sa femme et son fils au dévouement de la Garde Nationale. Marie-Louise au bord de l’évanouissement était en pleurs. La Campagne de France est commencée. Marie-Louise est de nouveau régente.
La Campagne de France par Horace Vernet
“Ma bonne Louise, Victoire ! J’ai détruit 12 régiments russes, fait 6000 prisonniers, pris 40 pièces de canon, 200 caissons, le général en chef Olsufiew et tous les généraux et plusieurs colonel. Je n’ai perdu que 200 hommes…” écrit-il après la bataille de Champaubert le 10 février.
La bataille de Champaubert
Le 5 février, Caulaincourt qui avait été ambassadeur en Russie et était ministre des Affaires Extérieures, à la demande de Marie-Louise avait été reçu par l’empereur François, en vue d’une ouverture de paix.
Mais les conditions restaient les mêmes, la France devait revenir dans ses frontières de 1792. Napoléon refusa, malgré les insistances de Caulaincourt pour accepter l’offre, et quelques victoires semblèrent donner raison à l’Empereur.
Le général marquis de Caulaincourt
Malgré quelques nouvelles avancées, dont la bataille de Montereau le 18 février 1814, Napoléon se voit contraint de demander un armistice à son beau-père.
La réponse de l’empereur François est dilatoire. Les Alliés n’en veulent ni à sa personne, ni à sa dynastie lui fait-il dire par prince Wenzel Lichtenstein le 23 février. Napoléon le croit.
La bataille de Montereau par Jean-Charles Langlois
De son côté, Marie-Louise écrit une fois de plus son père, le 27 février : “Il n’est pas d’une bonne politique de nous forcer à une paix honteuse et déshonorante qui ne durera pas. On est prêt ici à mourir plutôt qu’à accepter de telles conditions. Représentez-vous, mon cher papa, quelle serait ma situation. Ce serait pour moi un coup si affreux que je n’y survivrais pas. Je vous prie aussi, mon très cher papa, de vous souvenir de moi et de mon fils. Vous savez combien je vous aime et combien aussi je me suis flattée de posséder votre amour paternel.”
Tout cela est vain et la guerre continue, avec le même espoir de chaque côté, vaincre l’autre. Napoléon défend son trône, voire sa vie.
Metternich, car c’est bien lui qui tire les ficelles, veut réduire la France en la débarrassant de Napoléon et de ses ambitions.
Le 21 mars, Marie-Louise écrivait à son mari : “Mon cher ami, j’ai reçu cette nuit ta lettre de Plancy du 20 mars. Je vois avec bien du plaisir que tu es content de la tournure de tes affaires. J’espère qu’elles iront à présent tout à fait à la satisfaction. Au moins, je fais des vœux pour cela. Je voudrais, mon cher ami, que tu puisses être aussi heureux que tu mérites de l’être. »
Mais c’était le champ du cygne car les quelques victoires remportées l’étaient en territoire français assailli alors qu’autrefois, elles étaient à Wagram, Austerlitz ou Iéna.
Le 1er mars 1814, les Alliés avaient signé entre eux le Traité de Chaumont.
Selon Talleyrand, il n’est aucunement question de détrôner Napoléon. La princesse Metternich écrivit à son mari “ Qu’ils ne mettent surtout pas les Bourbons sur le trône mais on peut espérer que nous et les autres puissances auront leur mot à dire. Si j’avais le pouvoir, je désignerais Marie-Louise comme régente du petit roi de Rome ; là-dessus les parties pourraient s’accorder.”
Même l’impératrice Marie-Ludovica, qui ne porte plus sa belle-fille dans son cœur, souhaite que “Marie-Louise reste à Paris et qu’on y respecte l’impératrice.”
Le rêve dynastique de Napoléon pourrait ainsi devenir une réalité en voyant son fils monter sur le trône à sa place.
On aurait d’ailleurs mal vu les Alliés maltraiter la fille de l’empereur d’Autriche et son petit-fils.
Hélas, dès le 16 mars, Marie-Louise avait reçu l’ordre de son mari de quitter Paris avec son fils, le roi de Rome. Les conseils tenus par les premiers dignitaires de l’Empire décident de son départ, sans omettre de lui montrer les dangers de quitter Paris.
Elle répondu que “le roi (d’Espagne, Joseph) et l’archichancelier (Cambacérès) sont ses conseillers obligés et qu’elle ne prendra pas sur elle de donner un ordre contraire aux instructions de l’Empereur et au vote du Conseil privé, sans avoir leur avis conforme et signé”.
A Hortense, qui l’a attendue et qui lui dit : “Ma sœur, au moins vous savez qu’en quittant Paris, vous neutralisez la défense, et qu’ainsi vous perdez votre couronne ; je vois que vous en faites le sacrifice avec beaucoup de résignation”, elle répond doucement : « Vous avez raison ; ce n’est pas ma faute ; mais le Conseil l’a décidé ainsi.”
Le 29 mars, le départ s’organise. L’argenterie part, sous escorte, à quatre heures du matin ; on charge les voitures du Trésor, on emballe les diamants de la Couronne et les diamants particuliers de l’Impératrice.
On empile dans les malles tout ce qui, dans la garde-robe, a une valeur, toutes les dentelles, tous les cachemires, des robes en quantité, quarante-huit chapeaux, quatre-vingt-cinq paires de souliers, trente paires de bottines ; on n’oublie rien de ce qu’il faut pour le voyage ; bassinoire, marabout, lampe de nuit, les deux bidets de vermeil et les neuf nécessaires.
Marie-Louise est encore perplexe.
Elle sait qu’elle doit obéir à l’empereur mais elle sait aussi que partant, elle le perd. Jérôme Bonaparte a signifié à sa belle-sœur qu’elle ne devait pas partir. Mais elle attend la confirmation de son départ par Joseph Bonaparte qui n’arrive toujours pas.
Elle a la tête perdue ; elle ne sait plus que faire, de qui prendre un avis. Elle attend toujours Joseph, qui ne lui envoie aucune nouvelle par aucun de ses vingt officiers, ne donne pas signe de vie.
A un moment, rentrée dans sa chambre elle pleure : “Mon Dieu ! dit-elle au milieu de ses larmes, qu’ils se décident donc et qu’ils mettent un terme à cette agonie !«
On lui annonce que si on ne part pas tout de suite, les routes vont être coupées. Le roi de Rome refuse de quitter ses appartements. “Je ne veux pas m’en aller. Je ne veux pas quitter ma maison ; puisque papa n’est pas là, c’est moi qui suis le maître.”
Dix voitures quittent alors Les Tuileries, au milieu d’une foule qui pleure. Le service d’honneur de l’impératrice et du Roi de Rome y est entassé, soit vingt-deux personnes. Mille deux cents cavaliers les escortent.
Départ de Marie-Louise
Le château de Rambouillet
La première étape est Rambouillet. Marie-Louise s’empresse d’écrire à Joseph Bonaparte : “Vous seriez bien bon de me faire dire les nouvelles et si l’ennemi a avancé. J’attendrai votre réponse avant de rien décider, si je dois aller plus loin ou si je dois rester ici. Je vous prierai, dans le premier cas, de me faire savoir l’endroit que vous croirez le meilleur et le plus sûr. Je désire bien que vous puissiez m’écrire de revenir à Paris, c’est une des nouvelles qui me causeraient le plus de joie.”
Sans réponse de sa part, il lui faut repartir. Le cortège arrive à Chartres le 30 mars. Louis, roi de Hollande, Madame Mère, Catherine reine de Westphalie, les ont rejoints.
La défense de la Barrière de Clichy le 30 mars 1814 par Horace Vernet
A Paris, devant l’arrivée des armées alliées, la défense s’organise. Le maréchal Marmont, duc de Raguse, le maréchal Mortier, duc de Trévise et bien d’autres, tentent de résister aux troupes des généraux Barclay de Toly, commandant les Russes, et Blücher pour la Prusse.
Les Polytechniciens défendent les hauteurs de Chaumont.
Les combats ont fait rage aux portes de Paris. Le prince Eugène est au Pré-Saint-Gervais. Devant le risque de pillage de la ville par les Alliés, Joseph Bonaparte donne l’autorisation à Marmont et Mortier d’entrer en pourparlers avec l’ennemi.
Et à 17h est conclu l’armistice. Une délégation de la Ville de Paris convainc le maréchal Marmont de capituler. A huit heures du matin le 31 mars, le maréchal Marmont et une délégation de la ville en remettent les clés à Alexandre Ier. Le maréchal Marmont fut pendant longtemps accusé de trahison, mais s’il y eut trahison, il ne fut pas seul.
La remise de clés de la ville
Maréchal Marmont par Jean-Baptiste Paulin Guérin
Les Alliés entrent dans Paris le 31 mars 1814.
Entrée des Alliés dans Paris
Le 1er avril, Marie-Louise est à Vendôme. Le 2, elle arrive à Blois et s’installe à la préfecture. A Paris c’est la confusion. Les Alliés sont là et les autorités municipales demandent le rétablissement de la monarchie en la personne de Louis XVIII.
Le tsar Alexandre n’y est pas favorable et retarde l’abdication de Napoléon, sans se prononcer sur la régence. A la demande de son mari, Marie-Louise écrit à son père, de voir son envoyé “il a toute ma confiance, dit-elle ; il peut vous dire verbalement tout ce qui me touche bien mieux que je ne pourrais faire en écrivant…La situation des choses est si triste et si épouvantable pour nous que j’ai recours à vous, avec mon fils. Je suis persuadée que seul, vous pouvez nous aider en ce moment. Je suis convaincue que vous écouterez favorablement mes prières et que vous ne sacrifierez pas la paix et les intérêts de votre petit-fils et de votre fille à l’avidité de l’Angleterre et de la Russie…
Je suis assurée que l’Empereur, dans ces circonstances critiques, fera tous les sacrifices qui seront nécessaires pour obtenir la paix et le repos si nécessaires au bonheur de ses peuples…
Je suis persuadée que vous m’aiderez à sortir de ce terrible moment, qui me cause tant de soucis…Encore une fois, mon très cher papa, je vous en supplie, ayez pitié de moi. Je vous confie le salut de ce qui m’est le plus cher au monde, d’un fils qui est encore trop jeune pour connaître tous nos chagrins et nos soucis et auquel je voudrais tant pouvoir dire plus lard que c’est à vous qu’il doit son bonheur, son repos, celui de son père et de celle qui vous baise bien tendrement les mains et sera à jamais, mon très cher papa, votre très obéissante fille.”
Le peuple et l’armée étant encore attachés à Napoléon, Alexandre de Russie est prêt à accepter le Roi de Rome, sous la régence de l’Impératrice. L’influence de Joséphine qu’il est allé voir à La Malmaison n’y est peut-être pas étrangère..
Réception d’Alexandre Ier par Joséphine par Hector Viger
Mais c’est la débandade de ceux qui ont tant de reçu de Napoléon et le tsar revient sur son idée. Il n’y aura plus de Bonaparte sur le trône de France. Ce sera Louis XVIII qu’il n’aime pas du tout et dont l’orgueil l’indispose. Mais c’est de la France que vient le coup fatal contre Napoléon.
Le 3 avril à Paris, le Sénat déclare la déchéance de l’Empereur, “coupable d’avoir violé son serment et attenté aux droits des peuples en levant des hommes et des impôts contrairement aux institutions.”
Le 5 avril, à midi, le maréchal Marmont, (1774-1852)et les maréchaux obtiennent une nouvelle audience de l’empereur russe. Désormais, il n’est plus question de la Régence ; tout au plus, en échange d’une abdication pure et simple, donnera-t-on à Napoléon une apparence de souveraineté : l’île d’Elbe, par exemple. C’est la réponse que, le 5 au soir, Ney et ses compagnons rapportent à Fontainebleau.
Le 6 avril, Napoléon reçoit ses maréchaux qui le forcent à l’abdication. Il écrit à Marie-Louise : “Adieu, ma bonne Louise, je suis désolé pour toi. Écris à ton père et demande-lui de te donner la Toscane. Quant à moi, je ne veux que l’île d’Elbe.”
Marie-Louise ne peut y croire . “Mon père ne le souffrirait pas, car il m’a déclaré vingt fois, quand il m’a mise sur le trône de France, qu’il m’y soutiendrait toujours et mon père est un honnête homme.”
Elle fait imprimer une déclaration qu’elle veut répandre sur toute la France : “Vous serez fidèles à vos serments ; vous écouterez la voix d’une princesse qui fut remise à votre foi, qui fait toute sa gloire d’être Française, d’être associée aux destinées du souverain que vous avez librement choisi ! Mon fils était moins sur de vos cœurs au temps de nos prospérités. Ses droits et sa personne sont sous votre sauvegarde.”
L’abdication de Napoléon
Elle décide d’aller rejoindre l’Empereur. Mais dans la confusion qui règne entre ses conseillers, elle ne sait quelle décision prendre. On lui assure que Blois n’est plus sûr et qu’on y attend les cosaques d’un moment à l’autre.
Elle prend la décision de s’en remettre à son père. “Je vous enverrai donc chaque jour, lui dit-elle, un courrier pour vous dire l’endroit où je serai, et je vous prie de me le renvoyer chaque jour pour me dire l’endroit où vous êtes, afin que je puisse aller vous retrouver tout de suite dans un cas malheureux. Tout ce que je désire est de vivre tranquille quelque part dans vos Etats et de pouvoir élever mon fils. Dieu sait que je lui dirai de ne pas avoir d’ambition !”
Tous ceux qui l’entourent l’abandonnent. Elle part pour Orléans où elle est reçue en impératrice mais elle doit déchanter bien vite car ses affaires lui sont confisquées, outre les biens d’état, les siens personnels.
Le destin de Marie-Antoinette vient à sa mémoire. Elle a toujours confiance en son père qui a écrit : “ je serai désespéré de tout le mal qui sera fait à mon gendre.”, ce qui ne l’empêche pas de se soumettre aux volontés de alliés, largement soutenues par Metternich.
Puis ce sera : “Très cher papa, je-vous envoie cette lettre par un de mes officiers, pour vous demander la permission de voyager vers vous afin de vous voir à l’endroit où vous vous trouvez maintenant. L’Empereur part pour l’île d’Elbe. Je lui ai déclaré que rien ne m’amènera à partir d’ici avant que je ne vous aie vu et que je n’aie su de vous ce que vous me conseillez. Je vous supplie aussi de me donner une réponse. Je suis décidée à faire pour mon fils tout ce que vous trouverez utile que je fasse. Je sais qu’on vous a demandé, en mon nom, le grand-duché de Toscane. Soyez certain que cela a été fait sans que je le sache. Je sais que vous nous aimez trop pour ne pas penser au sort à venir de mon fils et au mien. Tout ce que je désire, c’est la paix, et elle est nécessaire pour ma santé. Je vous prie donc, mon très cher papa, de me recevoir et de me permettre de vous voir. Ma position devient chaque jour plus critique et plus pressante. On veut m’enlever d’ici contre mon gré, sans vous voir, et je m’en rapporte absolument à votre conseil. Je vous entretiendrai de tout cela verbalement. Je vous supplie de m’envoyer, le plus tôt possible, une réponse, car je meurs de peur.”
La Famille rovale et la Cour entourant le roi au balcon des Tuileries
par Louis Ducis (1823)
Napoléon comprend parfaitement que dans une France redevenue royaliste, sa femme n’a plus de place.
Si elle est en Toscane et lui à l’île d’Elbe, à défaut d’un trône glorieux, il aura sa femme et son fils avec lui. En réalité, le 11 avril, Metternich avait décidé de lui attribuer la souveraineté des duchés de Parme, Plaisance et Guastalla, la Toscane étant hors de question, et lui conserver son titre. Ce qui fut confirmé par le Traité de Paris du 30 mai 1814.
Il écrit alors à l’Impératrice qu’on lui réserve une existence indépendante qui passera à son auguste fils ; que l’arrangement le plus convenable serait qu’elle se rendit momentanément en Autriche avec son enfant, en attendant qu’elle ait le choix entre les lieux où se trouvera l’Empereur Napoléon et son propre établissement ; qu’elle sera tranquille pour le moment et libre pour l’avenir ; enfin, que ce qu’il lui dit sur son voyage en Autriche est entièrement conforme aux intentions paternelles de son auguste père.
Marie-Louise n’ira pas à Fontainebleau et c’est à Rambouillet qu’elle retourne. Le 16 avril son père l’y rejoint. Il la rassure, ainsi que son mari, en écrivant à Napoléon : “ Monsieur mon frère et cher beau-fils, la tendre sollicitude que je porte à l’Impératrice, ma fille, m’a engagé à lui donner un rendez-vous ici. J’y suis arrivé il y a peu d’heures et je ne suis que trop convaincu que sa santé a prodigieusement souffert depuis que je ne l’avais vue.
Je me suis décidé à lui proposer de se rendre pour quelques mois dans le sein de sa famille. Elle a trop grand besoin de calme et de repos, et Votre Majesté lui a donné trop de preuves de véritable attachement pour que je ne sois pas convaincu qu’elle partagera mes vœux à cet égard et qu’elle approuvera ma détermination.
Rendue à la santé, ma fille ira prendre possession de son pays, ce qui la rapprochera tout naturellement du séjour de Votre Majesté. Il serait superflu, sans doute, que je donnasse à Votre Majesté l’assurance que son fils fera partie de ma famille et que, pendant mon séjour dans mes Etats, il partagera les soins que lui voue sa mère. Recevez, Monsieur mon frère, l’assurance de ma considération très distinguée, de Votre Majesté impériale, le bon frère et beau-père FRANÇOIS.”
Marie-Lousie en 1814 par Robert Lefèvre
Marie-Louise doit aussi recevoir la visite du tsar et du roi de Prusse, visites qui lui déplaisent au plus haut point et sur lesquelles Napoléon s’étonne de leur inconvenance. Elle en est malade.
Les adieux de Napoléon à la Garde Impériale par Antoine Montfort
Napoléon quitte Fontainebleau le 20 avril. Le 25, elle quitte Rambouillet et le 2 mai, après avoir traversé Provins, Troyes, Châtillon, Dijon, elle franchit le Rhin, les larmes aux yeux, ayant le sentiment de s’être trompée en n’allant pas à Fontainebleau.
Napoléon et elle ont été victimes d’un stratagème de la part du docteur Corvisart (1755-1821) médecin de l’Empereur. Napoléon le consulta pour savoir si le climat de l’île d’Elbe conviendrait à l’Impératrice. La réponse, toute de circonstance, fut non.
Il a été question de l’envoyer rétablir sa santé à Aix-Les-Bains, c’est là qu’elle ira, au soulagement de la duchesse de Montebello et autres membres de la suite qui ne se voyaient pas en exil sur une petite île de la Méditerranée.
Napoléon n’a rien exigé d’elle. Pouvait-il seulement le faire ? Il l’a laissée libre de son choix, voire encouragée à partir pour Vienne.
Laisser-passer délivré à l’Impératrice
Le 2 ma,i elle passait le Rhin près de Huningue et se dirigeait sur Bâle. Le baron de Méneval, qui avait été le premier secrétaire de Napoléon puis secrétaire des commandements de l’Impératrice et l’avait accompagnée à Vienne, nous apprend qu’elle reçut, dans cette ville, une lettre de Napoléon datée de Fréjus, et que cette lettre éveilla dans son cœur un nouveau regret de n’avoir pas rejoint l’Empereur à Fontainebleau.
Marie-Louise écrit dans son Journal : “ Je me reproche de ne pas l’avoir suivi. Je l’abandonne donc aussi.! Oh Mon Dieu ! Que va-t-il penser de moi ? Mais je le rejoindrai, dussé-je être éternellement malheureuse.” Méneval confirme son état d’esprit : “C’était une sorte de remords qui se manifestait souvent, malgré tous les efforts qu’elle faisait pour n’en rien laisser paraître…”
Marie-Louise et sa suite arrivaient à Bâle le 2 mai dans la soirée. Toujours selon Méneval, “… L’Impératrice se porte assez bien, et soutient sa position avec plus de calme qu’elle n’en aurait, je crois, si elle la sentait dans toute son étendue. On la cajole beaucoup. Je la prémunis contre les pièges.
Elle promet d’être ferme et de ne pas se laisser empaumer; mais je redoute sa malheureuse facilité, et cette habitude de passivité que son éducation lui a fait contracter.
Peut-être aussi me laissé-je égarer par une chimère, en croyant qu’on serait bien aise de la retenir toute sa vie en Autriche, et de s’emparer, en son nom, d’un pays qui lui donnerait une ombre de souveraineté et plus de moyens de se rapprocher de son mari et d’en recevoir des conseils, ce que l’on redoute par dessus tout. Je verrai, à mon arrivée à Vienne, et dans les premiers temps de mon séjour, ce qu’il y a à craindre ou à espérer à cet égard…”
Les chutes du Rhin en 1794
Marie-Louise fait naturellement un petit séjour à Schaffhausen pour y visiter et admirer, à son aise, les chutes du Rhin. Elle écrivit de cette localité à son père pour lui demander de faire restituer à son époux l’argent, les effets et les bijoux dont le sieur Dudon, émissaire du Gouvernement provisoire, l’avait dépouillée à Orléans.
Enfin, Marie-Louise pénètre dans le Tyrol. C’est là que l’attendait une réception débordante d’enthousiasme: décharges de poudre, paysans fanatisés traînant sa voiture, chœurs d’hommes et de femmes chantant sous ses fenêtres, rien ne manque à l’accueil triomphal qui lui est fait.
Elle arrive à Innsbrück le 12 mai, à 8 heures du soir; elle trouve la ville illuminée et une foule immense, dont la partie masculine s’attelle à son carrosse en poussant mille acclamations.
Et Marie-Louise d’écrire : “ Pourquoi le peuple de Paris n’a-t-il pas coupé, comme les fidèles Tyroliens, les harnais de ma voiture…Quelle déchirante fatalité que la mienne…Ah mon impuissante faiblesse dans ce tourbillon d’intrigues et de trahison !”
Après Salzbourg c’est Mœlk où le 20 mai à 8 heures du soir, Marie-Louise est reçue par le prince Trauttmansdorf, grand maître de la maison de l’empereur François, qui vient prendre ses ordres.
Partie de Mœlk le 21 mai, à 11 heures du matin, Marie-Louise rencontra, vers 3 heures, entre Saint-Pölten et Siegartskirchen, sa belle-mère, Marie-Ludovica, venue au devant d’elle et qui monta dans sa voiture. Elle retrouva la comtesse Lazansky, la grande-maîtresse de sa Maison que lui avait constituée sa mère en 1807 et avec laquelle elle était restée en correspondance.
L’amusant est que la comtesse Lazansky et la duchesse de Montebello, qui en 1810, au moment du mariage, avait obtenu son renvoi, montèrent dans la même voiture, celle de l’impératrice d’Autriche.
Marie-Louise arrivant à Schönbrunn, le 21 mai, à 7 heures du soir, y fut aussitôt reçue par sa famille, frères, sœurs et oncles, puis conduite dans ses appartements par l’impératrice d’Autriche en personne.
Ses sœurs l’attendaient à la porte de son appartement et les jeunes archiduchesses se jetèrent à son cou, en la félicitant de son retour, comme si elle eût échappé à un danger dont elles étaient ravies de la voir sortie saine et sauve.
Napoléon faisait encore un peu l’effet de l’ogre de la fable aux yeux de ces jeunes archiduchesses. C’est ainsi que Méneval rapporte l’arrivée de Marie-Louise au pays de son enfance.
Voyage de retour du 25 avril au 21 mai 1814
A ce stade de sa vie, on ne peut que porter un jugement admiratif sur cette jeune femme qui a accepté d’être livrée pour la survie des états de son père et qui, une fois livrée, a accompli son devoir, allant jusqu’à aimer son mari, et luttant pour rester près de lui après sa chute et auquel elle était attachée.
Le départ de Paris fut certainement une erreur mais il est difficile de la lui imputer. “L’Empereur s’est plaint, depuis, que son ordre avait été trop rigoureusement interprété; il a dit que l’exécution de cet ordre était subordonnée aux circonstances qui avaient changé depuis l’époque à laquelle il avait été donné.” rapporte Méneval auquel Marie-Louise avoua, en versant quelques larmes, qu’elle se reprochait de n’avoir pas suivi Napoléon dans son exil, et le remords qu’elle en éprouvait.
Les Français ont reproché, et continuent de reprocher, à Marie-Louise d’avoir abandonné Napoléon. Il n’en fut rien. Elle fut, en réalité, la victime de personnages et d’évènements qui la dépassaient. Elle n’avait que vingt-trois ans. (Merci à Patrick Germain pour cette 5ème partie. A suivre…)
Les armes de l’Impératrice des Français
Régine ⋅ Actualité 2024, Autriche, Bavière, Napoléon, Portraits, Prusse, Russie No Comments