Le mariage d’une archiduchesse n’avait jamais été une mince affaire mais le mariage d’une archiduchesse avec un Ogre, c’était encore autre chose.
L’Ogre corse
A l’automne 1809, l’archiduchesse Marie-Louise n’avait pas vraiment de raison d’être inquiète. Le divorce de Napoléon et de Joséphine est prononcé le 15 décembre 1809.
Deux ans auparavant, le 7 juillet 1807, Napoléon avait signé avec le tsar Alexandre Ier le Traité de Tilsit. L’empereur des Français et l’empereur de Russie étaient désormais bons amis, des cousins, presque des frères, du moins le croyait le premier.
Napoléon et Alexandre se quittant à Tilsit par Gioacchino Serangeli
Et quelle meilleur gage d’amitié que de donner un membre de sa famille en mariage ! pensait l’empereur Napoléon.
La grande-duchesse, Maria Pavlovna, sœur cadette du tsar, pouvait être celle-là.
Le 22 novembre 1809, une lettre est envoyée de Paris à Saint-Petersbourg où elle n’arriva que le 14 décembre.
Jean-Baptiste Nompère de Champagny, duc de Cadore (1756-1834)
Le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Baptiste Nompère de Champagny, duc de Cadore, y demandait au général de Caulaincourt, duc de Vicence, ambassadeur à Saint-Petersbourg depuis décembre 1807, proche du tsar Alexandre, de lui demander la main de sa sœur, Anna Pavlovna (1795-1865).
Ces négociations sont menées conjointement à celles devant conduire à la signature d’un traité entre la France et la Russie sur la question polonaise.
Celui-ci, préparé par Caulaincourt et le ministre Roumiantsev, est ratifié par Alexandre Ier le 5 janvier 1810, mais il est rejeté quelques semaines plus tard par Napoléon, après le refus du tsar de lui accorder la main de sa sœur.
Armand marquis de Caulaincourt, duc de Vicence (1773-1827) par Gérard
En protestation de sa bonne volonté personnelle, Alexandre se retranche derrière le testament de son père Paul Ier, qui donne à l’impératrice mère, née Sophie-Dorothée de Wurtemberg (1759-1828) la libre et entière disposition de l’établissement de ses filles ; or, ajoute-t-il, ses idées ne sont pas toujours d’accord avec mes vœux, ni avec la politique, mais même avec la raison. Et, avant de fournir une réponse, il demande dix jours au moins.
Alexandre Ier ( 1777-1825)
Certes Napoléon en est offensé mais il avait un autre atout en mains, l’archiduchesse Marie-Louise. On finit par conclure que la grande-duchesse Anna Pavlovna à 14 ans n’était pas nubile.
Il était temps de s’en rendre compte. La grande-duchesse épousa en 1816 Guillaume d’Orange-Nassau, qui devint roi des Pays-Bas en 1840. Elle est l’ancêtre directe du souverain actuel.
Un complot se tramait donc à Paris et à Vienne. Le chancelier Metternich relate dans ses Mémoires la lettre du 3 janvier 1810, reçue de son épouse la comtesse de Metternich, née princesse Marie-Eléonore von Kaunitz-Rietberg.
Clément, alors comte de Metternich (1774-1859) par Gérard
“Le lendemain matin, Madame d’Audenarde vint chez moi et me dit que l’Impératrice désirait beaucoup me voir; je me rendis à la Malmaison le jour d’après, qui était hier. Quand j’arrivai, il n’y avait dans le salon que le Vice-Roi ( le prince Eugène de Beauharnais), qui est bien le meilleur des humains; c’est la Reine de Hollande ( la reine Hortense) en homme.
Prince Eugène de Beauharnais,(1781-1824) Vice-roi d’Italie par Andrea Appiani en 1810
Il m’a beaucoup parlé de vous, et au milieu de notre conversation est arrivée la Reine, qui se réjouit beaucoup de ce que nous ayons si vite refait connaissance; puis, me prenant à part, elle me dit : « Vous savez que nous sommes tous Autrichiens dans l’âme; mais vous ne devineriez jamais que mon frère a eu le courage de conseiller à l’Empereur de demander votre archiduchesse ! »
Hortense de Beauharnais (1783-1837) reine de Hollande par Gérard
Je n’étais pas encore revenue de mon étonnement, lorsque l’Impératrice entra, et après m’avoir parlé de tous les événements qui viennent d’arriver, et de tout ce qu’elle a souffert, elle me dit : « J’ai un projet qui m’occupe exclusivement et dont la réussite seule me fait espérer que le sacrifice que je viens de faire ne sera pas en pure perte, c’est que l’Empereur épouse votre archiduchesse; je lui en ai parlé hier, et il m’a dit que son choix n’est point encore fixé; mais, a-t-elle ajouté, je crois qu’il le serait, s’il était sûr d’être accepté chez vous.»
Joséphine de Tascher de la Pagerie (1763-1814), ex-impératrice des Français en 1812 par Firmin Massot
Je lui dis tout ce que je pus pour lui prouver que, pour moi individuellement, je regarderais ce mariage comme un grand bonheur; mais je ne pus m’empêcher d’ajouter que, pour une archiduchesse d’Autriche, il pouvait être pénible de venir s’établir en France. Elle disait toujours : « Il faut que nous tâchions d’arranger cela » , et puis elle se désolait que vous ne fussiez pas ici. « Il faut faire envisager à votre Empereur que sa ruine et celle de son pays est certaine s’il n’y consent pas, et c’est peut-être aussi le seul moyen d’empêcher l’Empereur de faire un schisme avec le Saint-Siège.» Elle me dit que l’Empereur devait déjeuner chez elle aujourd’hui, et qu’elle me ferait alors savoir quelque chose de plus positif.”
La réponse de son mari le le 27 janvier 1810 est édifiante.
“Je regarde cette affaire comme la plus grande qui puisse dans ce moment occuper l’Europe je vois dans le choix que fera l’Empereur Napoléon la possibilité du gage d’un ordre de choses non moins conforme aux intérêts généraux de tant de peuples qui, après des secousses aussi affreuses et multipliées, aspirent à la paix, qu’aux intérêts particuliers de ce prince.
Cette considération m’a porté, dès les premiers moments où je fus informé de la dissolution des liens qui l’unissaient à une épouse bien difficile à remplacer, à tourner mes regards vers la princesse qui pourrait être appelée à ce rôle. Madame l’archiduchesse devait se présenter très naturellement à mon esprit; je trouvai une foule de raisons pour ; je crus dès le principe devoir m’assurer des dispositions de mon Maître pour écarter toute insinuation étrangère, si son consentement me paraissait impossible à obtenir.
J’ai retrouvé l’Empereur, dans cette occasion comme dans toute autre, sans préjugé, droit, loyal, fort de principes et de volonté; je l’ai trouvé et souverain d’un vaste Empire, et tendre père d’une fille qui, par toutes les raisons qui peuvent attacher à un enfant, mérite de lui être chère…
L’empereur François
Mais nos princesses sont peu habituées à choisir leurs époux d’après les affections du cœur, et le respect que porte à la volonté d’un père une enfant aussi bonne et bien élevée que l’archiduchesse, me fait espérer de ne pas rencontrer d’obstacle auprès d’elle. Je me croirais donc autorisé à poser cette question le jour même où les vues de l’Empereur des Français m’appelleraient à le faire, et rien ne s oppose à ce que vous répondiez par cette confidence à la preuve de confiance de l’Impératrice Joséphine.”
La lettre envoyée par Metternich au prince Charles Philippe Schwarzenberg, le 19 février 1810, donne l’explication de sa position à laquelle l’archiduchesse et son père devront adhérer.
Prince Charles-Philippe Schwarzenberg (1771-1820)
“Nous sommes loin de nous faire illusion sur la très grande distance qu’il y a du mariage avec une princesse autrichienne, à l’abandon du système de conquêtes de l’Empereur Napoléon; mais nous ne désespérons pas de mettre à profit les moments de repos qui, nécessairement, doivent naître pour nous, afin de consolider notre attitude intérieure, et pour tempérer les vues de l’Empereur des Français.
Le fait même de son mariage avec une de nos princesses porte des entraves à la rapidité de sa marche destructive, par le gage de paix que croient y trouver les peuples soumis à l’autorité de Napoléon.”
L’Autriche a besoin de temps pour se remettre des différentes défaites qu’elle a subies et de l’humiliation du Traité de Schönbrunn. Il lui faut temporiser et ce sera à Marie-Louise d’être sacrifiée aux intérêts supérieurs de son pays. Mais il faut avant tout prévenir le père et la fille.
Metternich prévint donc l’empereur. “Sire, lui a-t-il dit, il y a, dans la vie des Etats comme dans celle des particuliers, des cas où un tiers ne saurait se mettre à la place de celui qui est responsable de la résolution à prendre… Votre Majesté est souverain et père ; c’est à elle seule qu’il-appartient de consulter ses devoirs de père et d’Empereur. — C’est ma fille que je charge de décider, a-t-il répondu ; comme jamais je ne lui ferai violence, je désire, avant de prendre en considération mes devoirs de souverain, savoir ce qu’elle entend faire. Allez trouver l’archiduchesse et venez ensuite me rendre compte de ce qu’elle vous aura dit.”
L’empereur François à son bureau de la Hofburg The Elisha Whittelsey Collection 1950 Metropolitan Museum
François Ier n’a pas le courage d’affronter Marie-Louise, bien qu’il ait déjà abordé le sujet avec elle.
Dans une de ses lettres, après le 10 janvier, elle exprime sa crainte. “Je sais qu’on me marie à Vienne avec le grand Napoléon; j’espère que cela restera aux discours…si cela devait se faire, je crois que je serais la seule que cela ne réjouirait pas.”
Elle ne sera pas la seule, sa belle-mère, Marie-Ludovica, et sa grand-mère, Marie-Caroline de Naples, seront furieuses quand elles apprirent le projet.
A Metternich, elle posa la question : “Quelle est la volonté de mon père ?” Question inutile mais Metternich répondit que son père la laissait libre de son choix. Marie-Louise, ayant compris que son père avait acquiescé, dit alors : “Je ne veux que ce que mon devoir me commande de vouloir. Quand il s’agit de l’intérêt de l’Empire, c’est lui qu’il faut consulter et non pas ma volonté. Priez mon père de n’obéir qu’à ses devoirs de souverain et de ne pas les subordonner à mon intérêt personnel.”
Le père, auquel Metternich a rapporté ces paroles dit : “ Ce que vous me dites ne me surprend pas; je connais trop bien ma fille pour ne pas m’être attendu à une pareille réponse. J’ai employé le temps que vous avez passé près d’elle à prendre mon parti. Mon consentement à ce mariage assurera à la monarchie quelques années de paix politique que je pourrai consacrer à guérir ses blessures. Je me dois tout entier au bonheur de mes peuples, il ne m’est donc pas permis d’hésiter..” Elle lui avait pourtant écrit : “ Avec votre bonté coutumière vous m’avez assurée à maintes reprises que vous ne me forceriez pas à me marier contre ma volonté.”
Le chantage sentimental et patriotique avait bien marché. Marie-Louise était tombée dans le piège tendu par Metternich et son père avait fermé les yeux.
Ce mariage suscitait deux sentiments. Le premier était l’horreur de voir une archiduchesse d’Autriche, la première princesse d’Europe, épouser celui qui était considéré comme l’antéchrist, l’ennemi, l’héritier de la Révolution, de petite noblesse corse, faire une mésalliance que pas un membre d’une famille régnante n’avait conclue depuis des siècles. Ce n’était pas tout-à-fait vrai car le beau-fils de Napoléon, Eugène de Beauharnais avait épousé la princesse Auguste, fille du roi de Bavière, le maréchal Berthier, duc de Wagram, avait épousé Marie-Elisabeth de Wittelsbach, duchesse en Bavière, et le frère de Napoléon, Jérôme, roi de Westphalie, avait épousé la princesse Catherine, fille du roi de Wurtemberg.
Mais la fille de l’empereur d’Autriche, c’était autre chose. La comtesse Potocka avait écrit : “ Après un instant de stupeur muette, un cri d’horreur retentit spontanément…On se récria sur l’inconvenance et la lâcheté d’une telle alliance qui mettait au pouvoir du plus infâme usurpateur, la première princesse d’Europe.”
L’annonce des fiançailles dans le Wiener Zeitung du 24 Février 1810
Le second sentiment était le soulagement général dans toutes les couches de la société, à commencer par l’empereur, Metternich, la haute société, la classe des affaires et le peuple autrichien. Le 24 février 1810, la Wiener Zeitung écrivait : “ Cela fait des millions d’heureux et la solennité d’un mariage sera le gage pour les peuples d’Europe d’un arrêt des combats et d’une réconciliation.”
En réalité, mise-à-part l’intéressée et quelques récalcitrants tout le monde était heureux. Et tout le monde était pressé, en France comme en Autriche.
Le mois de février passa dans un échange de dépêches et de consentements réciproques. On ne perdit pas de temps. Metternich fit savoir au prince Schwarzenberg, ambassadeur d’Autriche à Paris, que l’idée d’un mariage français était acceptée.
Le 6 février 1810, lors d’une partie de chasse le prince Eugène de Beauharnais, le propre fils de Joséphine, fit l’ouverture attendue à l’ambassadeur autrichien qui n’attendait que ça et répondit positivement. Il est à noter que l’empereur d’Autriche ne fut informé de la demande que le 15 février, soit après cette entrevue.
Dès que Napoléon eût la réponse de Schwarzenberg, il ne tint plus en place. Etonnamment, il ordonna, le 7 février, qu’un projet de contrat de mariage soit établi, en prenant comme modèle celui de Louis XVI et Marie-Antoinette. Napoléon bouillait d’impatience de s’unir à une Habsbourg, de surcroît jeune, jolie et bien éduquée, et avec du sang Bourbon dans ses veines.
Madame Mère en 1811 par Josef Karl Stieler
Du côté de la famille impériale française, l’union projetée ne faisait pas l’unanimité. Madame Mère, née Letizia Ramolino, ne la voyait pas d’un bon œil. elle eût préfère que son fils épousât sa propre nièce, Charlotte, fille de Lucien Bonaparte qui refusa cette proposition.
Charlotte Bonaparte (1795-1865) future princesse Gabrielli en 1808 par Jean-Pierre Granger
Murat et son épouse, Caroline Bonaparte, souverains de Naples depuis 1808, ne la voyait pas non plus volontiers car Marie-Louise était la petite-fille de celle dont ils avaient usurpé le trône.
Louis Bonaparte, roi de Hollande, contrairement à sa femme, la reine Hortense, n’était pas ravi de se voir lui et son fils rétrogradés dans la future succession impériale.
Mais les conseillers, dont Beauharnais, Talleyrand et Berthier, l’emportèrent. Le mariage autrichien se ferait.
Le 16 février, l’empereur François donnait son consentement. La réponse officielle arriva à Paris le 23 février avec l’acceptation des clauses du contrat de mariage.
Berthier, duc de Wagram et prince de Neuchâtel, ambassadeur extraordinaire, quitta Paris le 22 février, soit avant l’arrivée de la réponse. Et le 28 février il faisait son entrée solennel à Vienne. L
Le 4 mars il écrivit à Napoléon : “Le peuple est au comble de la joie : dans les faubourgs de la ville, les gens iront même jusqu’à tirer mon carrosse, à bout de bras ! Un enthousiasme que l’on peut difficilement imaginer.”
Maréchal Berthier ( 1754-1815) duc de Wagram, prince de Neuchâtel par Andrea Appiani
La Maréchale Berthier (1784-1849) née duchesse en Bavière par Josef Boze
Le 8 mars 1810, Berthier, oubliant par courtoisie, le titre de duc de Wagram, fit à l’empereur François, devant la cour réunie, la demande officielle. “Sire, je viens au nom de mon maître, vous demandez la main de Madame l’Archiduchesse, votre fille…La politique de mon souverain s’est trouvée d’accord avec les vœux de son cœur. Cette alliance entre deux famille régnantes puissantes apportera incontestablement la paix et le bonheurs à ces deux nobles nations.”
Berthier, né de parents nobles au service du roi Louis XVI, a grande allure et l’usage des cours, ne serait-ce que par son épouse Marie-Elisabeth, duchesse en Bavière, lointaine cousine de l’empereur François, mais nièce du roi de Bavière. Elle sera cousine d’Elisabeth, future impératrice d’Autriche .
L’empereur François en grand uniforme de feld-maréchal, arborant la Toison d’Or, répondit en français : “ J’accorde la main de ma fille à l’empereur des Français.”
Marie-Louise entra à ce moment-là puis assise à la gauche de son père, elle entendit Berthier dire “ Madame, vos Augustes Parents ont comblé les vœux de mon maître. C’est surtout votre cœur, Madame, que l’Empereur, mon maître veut obtenir.”
Et la jeune fiancée de répondre : “ La volonté de mon père a toujours été la mienne. Mon bonheur sera toujours le sien…Avec la permission de mon père, je donne mon consentement à mon mariage avec l’empereur Napoléon.”
Le contrat de mariage est alors signé. Marie-Louise renonce à tous ses droits sur les trônes de la Maison d’Autriche. Son père lui donne, en dot, 400 000 Francs, son fiancé lui offre 200 000 écus. Le douaire de la future impératrice s’élèvera à 500 000 Francs par an. Elle reçoit également des cadeaux de ses oncles et tantes, des diamants, des perles, dont un collier à six rangs.
François Ier en en 1810 par Johann Niedermann
L’échange de correspondance entre les fiancés est édifiant. A peine reçue la nouvelle de l’acceptation, Napoléon écrit à Marie-Louise : “Ma cousine, les brillantes qualités qui distinguent votre personne m’ont inspiré le désir de la servir et honorer. En nous adressant à l’Empereur, votre père, pour le prier de nous confier le bonheur de Votre Altesse Impériale, pouvons-nous espérer qu’elle agréera les sentiments qui nous portent à cette démarche ? Pouvons-nous nous flatter qu’elle ne sera pas déterminée uniquement par le devoir de l’obéissance à ses parents ? Pour peu que les sentiments de Votre Altesse Impériale aient de la partialité pour nous, nous voulons les cultiver avec tant de soins et prendre à lâche si constamment de lui complaire en tout, que nous nous flattons de lui être agréable un jour. C’est le but où nous voulons arriver et pour lequel nous prions Votre Altesse de nous être favorable.”
La réponse de Marie-Louise est aussi formelle. Mais comment peut-il en être autrement ? “Je prie Votre Majesté d’accepter l’expression de toute ma reconnaissance pour la lettre que m’a fait parvenir le comte de Lauriston. ( général et diplomate, petit-neveu du financier John Low, chargé d’accompagner Marie-Louise en France) Depuis mon jeune âge, j’ai l’habitude de me soumettre à tous les souhaits de mes parents…Puisse Votre Majesté être assurée que je m’efforcerai en m’unissant à Elle, de chercher sans cesse à développer ces qualités qui me rendent aimable à Ses yeux et qui me permettent de mériter Son amour.”
Le 11 mars 1810, est célébré le mariage dans l’église des Augustins, à Vienne. Napoléon est représenté par l’archiduc Charles, frère de l’empereur, brillant général, mais vaincu à Wagram par Berthier.
Toute la famille impériale est présente. Marie-Louise est conduite à l’autel par sa belle-mère Marie-Ludovica. L’ambassadeur de France la décrit : “Sa modestie, sa dignité, l’aisance avec laquelle elle répond aux discours enchantés de tout le monde…Elle me répondit qu’elle ferait tout ce qui est en son pouvoir pour plaire à Sa Majesté et pour contribuer au bonheur de la France, qui devient maintenant sa nouvelle patrie.”
Marie-Ludovica, impératrice d’Autriche
Napoléon avait été officiellement et religieusement marié à Joséphine. Cela aurait dû être un obstacle à son union avec Marie-Louise mais on trouva la parade. Une lettre avait été remise par l’ambassadeur de France à Metternich, qui n’attendait que cela, “sous la condition expresse que la pièce ne servirait qu’à être montrée à l’archevêque de Vienne, réticent au mariage, et que, dans aucun cas, elle ne serait rendue publique, la solennelle attestation qu’il a vue et lue les originaux des deux sentences des deux officialités diocésaines de Paris concernant le mariage entre LL. MM. l’Empereur et l’Impératrice Joséphine, et qu’il résulte de ces actes que, conformément aux lois ecclésiastiques catholiques existant dans l’Empire français, ledit mariage a été déclaré de toute nullité parce que, lors de la conclusion de ce mariage, on avait négligé les formalités les plus essentielles requises par les lois de l’Eglise et en tout temps reconnues en France comme nécessaires à la solidité d’un mariage catholique.”
Metternich, dans sa hâte de conclure le mariage ne fut pas très regardant sur les conditions de l’annulation et leur preuve, l’empereur François, non plus. Quant à Napoléon, il était prêt à tout pour épouser son archiduchesse, petite-nièce de Marie-Antoinette.
Vienne illumine le soir, les feux d’artifice sont tirés. La foule est présente, plus circonspecte que vraiment joyeuse. Rien ne transparaît du sentiment de l’empereur. Seul triomphe vraiment le chancelier Metternich qui, en livrant la fille de son maître, à l’Ogre corse a gagné du répit qui lui permettra de réorganiser l’Empire et n’empêchera en rien les Alliés de continuer à se battre contre lui.
Le 13 mars, quatre-vingt-trois voitures, tirées par quatre cent cinquante quatre chevaux, trois cents personnes attendent le départ pour accompagner celle qui verse des larmes au sein de sa famille.
Elle n’est pas la seule car sa famille a du mal à retenir les siennes et les autres, Français compris, pleurent devant la tristesse de cette jeune fille sacrifiée aux intérêts supérieurs de l’Empire. (Merci à Patrick Germain pour cette 2ème partie). A suivre…
Les adieux de Marie-Louise à ses frères et sœurs
par Pauline Auzou.
Le départ
DEB
5 novembre 2024 @ 08:29
L’éducation de ces princesses les rendait dociles.
Elles savaient que les sentiments n’auraient aucun rôle dans leur mariage, qui se ferait au nom de l’intérêt de leur pays.
Robespierre
5 novembre 2024 @ 08:31
J’avais oublié le désir de Madame Mère de voir son fils se remarier avec sa petite-fille. Même en Corse on ne fait pas ça. Qu’est-ce qui lui était passé par la tête ?
Je n’ai pas eu toutes les photos sur mon ordinateur, certaines ne passent pas, mais il y en a tout de même beaucoup. Et il vaut mieux lire les textes de Cosmo sur N&R, sincèrement, qu’une biographie en livre. Car je n’ai jamais trouvé un livre avec une iconographie aussi abondante. On y voit quelques portraits, mais sur notre site il nous régale d’une pléthore de personnages, dont on est bien content (enfin moi) de voir la bobine. Le bel homme qu’était dans sa trentaine, Metternich, le machiavelique. L’air fané maladif mais intelligent de l’Empereur François. Je ne savais pas aussi vilaine sa seconde épouse, Maria Ludovica, qu’on disait un peu nympho et qui lui envoyait des petits billets salaces pour entretenir la flamme des alcôves. Elle mourut jeune mais semble être le résultats de maints mariages consanguins chez les Habsbourg.
J’ai été très intéressé par Joséphine représentée quelques années après son divorce, avec ses cheveux teints et sa bouche bien fermée pour cacher ses dents gâtées. Mais elle est encore très présentable.
Cosmo raconte bien les tractations du mariage et avant cela, la détestation envers l’Ogre qui va bien sûr va se révéler pour sa promise un charmant mari.
Perlaine de Bretagne
5 novembre 2024 @ 09:03
L’histoire présentée de manière fluide est très intéressante – Bravo P. Germain