L’abbaye des Vaux-de-Cernay se situe à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Vélizy-Villacoublay, dans le Parc Naturel Régional de la Haute Vallée de Chevreuse, à proximité de la forêt de Rambouillet. L’abbaye est rattachée à la commune de Cernay-la-Ville.
Fondée vers 1118 par un groupe de moines dans un site donné par Simon et Eve de Neauphle à la congrégation normande de Savigny, dont la maison mère se trouvait près d’Avranches, l’abbaye passa aux cisterciens en 1147.
Le domaine convient à une vie en autarcie : l’eau est utilisée pour les boissons, pour la nourriture avec la pisciculture, pour l’assainissement et pour l’énergie avec le moulin. Les moines bâtisseurs ont choisi ce lieu à l’écart des autres hommes car le dénuement est de mise. La forêt alentour est conçue comme un désert qui doit éloigner les autres hommes de ces lieux dévolus à la prière .
La construction des bâtiments monastiques en bois était achevée en 1180 mais, ruinée en 1195, l’abbaye fut reconstruite et agrandie en pierre au début du XIIIe siècle. Comblée de dons par les seigneurs des environs, l’ Abbatiat de Thibault de Marly fut à son apogée au milieu du XIIIe siècle. Pierre des Vaux de Cernay, un de ses moines, est le chroniqueur des croisés lors de la croisade des albigeois.
L’Abbaye fut dirigée par des Abbés de grande influence, amis et conseillers des Rois de France. Thibault de Marly, ami de St Louis, fût canonisé en St Thibault.
Les premiers et les plus importants donateurs de l’abbaye sont les membres des grandes familles Montfort, Marly, et leurs parents Montmorency, Chevreuse, par ailleurs toutes liées entre elles par des liens de parenté, d’amitié ou encore par une même aspiration spirituelle vers les nouveaux ordres religieux, tels les Cisterciens.
Nombre des membres de ces familles ont participé à la 4ème Croisade puis à celle des Albigeois, et ont été de grands bienfaiteurs des abbayes Cisterciennes Franciliennes, à la tête desquelles se trouvaient certains de leurs proches, amis comme Guy des Vaux de Cernay ou parents comme Thibaud de Marly.
Différents Rois de France ainsi que de grands personnages du royaume comme Suger, Thibaud Comte de Blois, Sénéchal de France, ou Robert Comte de Dreux sont de grands donateurs aux établissements ecclésiastiques.
Au XIVe siècle, on note un ralentissement de la vie intellectuelle et matérielle et les bâtiments furent abandonnés après la guerre de 100 ans.
Le XVIème siècle vit l’arrivée du premier Abbé Commendataire, le monastère comptait alors 22 moines. Se succédèrent à la tête de l’abbaye quelques personnages prestigieux, tels Henri de Bourbon de Verneuil, bâtard d’Henri IV, ou encore le Roi Casimir de Pologne. La galerie Sud et le cloître sont reconstruites Un regain spirituel au XVIIème siècle occasionne des travaux de rénovation importants.
En 1791, sur 200 moines à sa belle époque il n’en restait que les 12 derniers moines qui quittèrent l’abbaye, qui devint bien national l’année suivante . Le dernier de ces moines, Dom Carville, fit cacher les reliques de Saint Thibaut dont la tête sera retrouvée par le Chanoine Verrain dans un tabernacle à double fond en l’église de Cernay-la-Ville.
Comme beaucoup d’autres, l’édifice fut en partie démoli et servit de carrière, jusqu’en 1873, date à laquelle le parc et les bâtiments furent rachetés par la Baronne Nathaniel de Rothschild, qui s’installa dans l’ancien bâtiment des Convers et restaura une partie du domaine.
D’après Simone Lefèvre, l’abbaye disposa, dans le premier siècle de son existence, de pas moins de 15 granges, granges dîmières ou cellier dans les actuels départements des Yvelines, de l’Essonne, de la Seine et Marne. Les moines y cultivaient du froment pour faire du pain blanc, faisaient de l’élevage. Des étangs ont été creusés pour avoir des poissons à consommer pour le carême avant Pâques.
Pendant la seconde guerre mondiale, on installa dans le parc une partie des sculptures de Versailles.
En 1946, l’industriel Félix Amiot, avionneur, acquiert les bâtiments et les sauve de la ruine.
En 1988, Philippe Savry, fondateur du groupe « Les Hôtels Particuliers », achète le domaine de 65 hectares et le transforme en hostellerie de charme réparti sur 3 sites, l’abbaye, l’hôtel des haras et la ferme des vallées, à Auffargis.
Les bâtiments restant ont été inscrits aux Monuments Historiques en 1926 et le site lui même en 1941Aujourd’hui, on peut encore admirer la rosace de l’église et une partie de la nef, le cellier devenu le salon de musique et le salon gothique aux immenses cheminées, l’ancien réfectoire des convers.
Le vestige impressionnant qu’est la Salle capitulaire des Moines, actuellement aménagée en salle de restaurant, fait 80m de long et est constituée de deux travées de voutes gothiques, ce qui en fait l’une des plus grandes salles de ce type en France, avec celle du collège des Bernardins à Paris.
Les parois comportent encore les stalles en bois des moines, décorée de fines sculptures. La salle des moines fut un lieu bien vivant où il y avait huit prières par jour. La grande salle capitulaire couverte de deux nefs à voûtes gothiques, très bien conservée regroupait les moines vêtus de blanc, pour respecter l’exigence d’humilité. On y commentait la règle de Saint-Benoît. Il est possible de monter sur son étonnant promenoir situé juste au-dessus.
L’église abbatiale construite dans les deux derniers tiers du XIIe siècle a perdu son chœur, une partie de son transept et la grande voûte de la nef, mais il reste encore les murs latéraux de celle-ci, le collatéral sud, qui est intact, et la façade.
Avec ses voûtes d’arêtes, cette église est une belle construction bourguignonne importée en Île-de-France par les Cisterciens.
Les ruines de l »abbaye furent classées au titre des monuments historiques en 1994.
Comme autres curiosités architecturales, on trouve sur le site un ancien colombier du XVe siècle, la grille du 18e siècle et une magnifique fontaine aux piliers sculptés. L’édifice élevé au-dessus de la source Saint Thibaut est construit lors de la restauration du domaine par la famille de Rothschild.
Selon la légende, au XIIIe siècle, Saint Louis lors d’un pèlerinage aux Vaux, enjoint l’abbé Thibaut de Marly, de la grande famille des Montmorency, de prier pour que son épouse Marguerite de Provence, soit féconde et lui donne de nombreux enfants. Thibaut fait boire de l’eau de la source à la reine de France. Les prières et l’eau miraculeuse permirent à la reine d’avoir enfin une descendance royale avec 11 enfants ! L’eau de la source est depuis réputée pour favoriser la fécondité des femmes…
Le parc de l’Abbaye des Vaux-de-Cernay, comprend également un étang dont on peut faire le tour.
Découverte (lors du déconfinement) à voir après de l’Abbaye des Vaux de Cernay en visite guidée avec une conférencière le dimanche (uniquement). Droit d’entrée pour la visite guidée. (Merci à Guizmo)
Abbaye des Vaux de Cernay – route d’Auffargis – 78720 Cernay-la-Ville
Pistounette
12 mars 2021 @ 06:53
Très intéressant. Merci 😊
Pascal
12 mars 2021 @ 08:24
Magnifique et intéressant article, anonyme (?) , mais si ce n’est pas de Guizmo c’est de quelqu’un qui s’en est bien inspiré.
Une restauration qui paraît de très bon goût et en fait un très bel endroit.
Merci.
Régine
12 mars 2021 @ 08:27
J’avais oublié d’indiquer que l’article était proposé par Guizmo
tigrette
12 mars 2021 @ 08:31
Magnifique, merci de nous faire connaître ce lieu, des plus intéressants.
A découvrir impérativement lors d’un prochain déplacement en région parisienne.
Ghislaine LPB
12 mars 2021 @ 08:57
Intéressant
Cela n’a rien à voir mais cet endroit cité avec la forêt de Rambouillet en toile de fond est le paradis des amateurs de cèpes . Je suis en manque !
Caroline
12 mars 2021 @ 11:46
Très beau ! Les photos nous donnent envie de visiter cette abbaye.
Merci à Guizmo !
Muscate-Valeska de Lisabé
12 mars 2021 @ 09:36
Beaucoup de films ont été tournés dans ce cadre exceptionnel.
Je me souviens d’un épisode d’Highlander,avec Adrian Paul,quand j’étais jeunette.
aubépine
12 mars 2021 @ 09:52
Merci pour cet intéressant commentaire sur les Vaux de Cernay , endroit superbe niché dans la verdure, pas très loin de la capitale !
BEQUE
12 mars 2021 @ 11:02
Le roi Casimir de Pologne est-il le même qui, ayant abdiqué et étant veuf, est devenu, en 1670, Abbé de Saint-Germain des Prés où se trouve son cénotaphe ?
Leonor
12 mars 2021 @ 11:24
Autrefois, vraiment autrefois , dans ma prime jeunesse, alors que ma famille n’avait pas les moyens de voyager , je découpais les reportages de tourisme dans les magazines que je pouvais trouver, dont l’ineffable » Femmes d’Aujourd’hui » de ma Môman. Ces articles étaient surtout consacrés à des régions et des lieux français .
C’est ainsi que j’ai » appris la France » .
J’ai longtemps gardé ce dossier jaunissant, souvent point de départ d’équipées personnelles ou familiales ensuite dans ma vie d’adulte .
Maintenant, je lis Guizmo, avec un égal bonheur.
Et je vous interdis de vous moquer de » Femmes d’Aujourd’hui » ! Les patrons étaient excellents . :-)
Marine2
14 mars 2021 @ 18:34
Pas question de se moquer de « Femmes dAujourdhui » et moins encore de votre maman’(;moi, c’était ma grand mère) Cela correspondait à une époque où les femmes au foyer étaient la norme, ou presque. Je suis surtout frappée de l’appétit de découvertes des enfants qui peuvent se nourrir aux sources qui leur tombent sous la main. Pour ma part, je relis plus d’un demi siècle après et avec ( presque) autant de bonheur les hebdomadaires des petites filles, « Fillette Jeune Fille », Lisette, dont j’attendais la parution avec tant d’impatience.. . Que de choses j’y ai apprises .et combien de pays j’ai rêvé de découvrir. Quelle différence avec la presse d’aujourd’hui
Leonor
15 mars 2021 @ 15:11
Voilà. Merci, Marine2.
Oui, j’avais aussi beaucoup appris dans le » Tintin » de mes frères, surtout avec » Les belles histoires de l’oncle Paul ». Une ouverture sur le monde, sur l’histoire …
Mais vous savez, si une bonne partie de la presse d’aujourd’hui est effectivement très trash, il existe par contre une excellente presse et une excellente littérature actuelles pour les enfants et les adolescents.
Il est des auteurs et des illustrateurs » de jeunesse » qui font merveille .
C’est, comme pour autre chose, une question de choix des parents, et d’initiation.
Ciboulette
15 mars 2021 @ 16:27
Vous avez raison , Marine 2 , la presse pour enfants / jeunes de cette époque était instructive , on y apprenait beaucoup sur les personnages célèbres , les pays , les usages , la bonne éducation . Je pense en particulier à » Fillette » , » Lisette » , » Bernadette » , aujourd’hui disparus , et » remplacés » par des stupidités .
Catherine
12 mars 2021 @ 11:25
Ohhh, merci Guizmo, les photos sont magnifiques, je vous lirai ce soir , en savourant.
tristan
12 mars 2021 @ 13:04
On reconnait Guizmo et je le lis toujours avec grand plaisir. Merci à vous et à Régine.
Olivier Kell
13 mars 2021 @ 07:13
Souvenir souvenir j’y ai fêté mes 40 ans
C’était hier bien sûr :-)
Zulma
13 mars 2021 @ 09:14
Il se dit que les lieux ont été rachetés et vont entrer (ou sont déjà entrés ?) dans une phase de travaux.
Ciboulette
13 mars 2021 @ 14:02
Ce sont des bâtiments et un cadre magnifique où tout incite au repos . Merci Guizmo !
Ghighi
13 mars 2021 @ 12:55
J’ y ai séjourné qqs jours en ‘ 82.
Endroit magnifique.
Paul Belmondo s’ y est marié.
Danielle
13 mars 2021 @ 13:46
Merci Guizmo ; j’avais entendu parler de ce lieu par une collègue qui les avait trouvés magnifiques.
Elisabeth-Louise
14 mars 2021 @ 17:33
Merci à Guizmo, pour ce superbe article, passionnant et magnifiquement illustré !
Je n’aurai que deux humbles remarques…..
* Merci de bien vouloir « rafraîchir » les termes désormais inexacts de « Croisade contre les Albigeois » = il y a en effet des années désormais que l’on a fait justice à cette prétendue « Croisade » et réhabilité les malheureux « Cathares » Eglise Catholique en tête qui a célébré une messe en demande de pardon sur les lieux mêmes à Monségur; les dits « hérétiques » ont été réhabilités, pauvres hères révoltés contre les richesses, les débauches ( oui !) et les exactions de la religion Catholique; quant à la vertueuse « Croisade » des seigneurs du Nord, elle fut en grande partie motivée par la volonté de s’emparer des richesses du Sud, terres fertiles en grains, pastels, etc…..
* ma seconde remarque est tout à fait pacifique = je confirme ce que dit Leonor, oui, c’est vrai, les patrons de Femmes d’Aujourd’hui étaient excellents;
Brigitte Anne
14 mars 2021 @ 17:52
Merci Guizmo de nous faire découvrir ces merveilleux endroits de notre France profonde ! C’est également un régal de vous lire . C’était sur mon itinéraire voiture entre Tours et l’Oise durant de nombreuses années et je n’ai jamais pris le temps de faire un tout petit crochet pour visiter ce lieu enchanteur . Mais me direz vous , il n’est jamais trop tard pour bien faire !