Le tableau de l’école germanique du tout début du XVIe siècle a été identifié grâce à l’oeil acéré de l‘expert Philippine Motais de Narbonne du cabinet Turquin.
On découvre que le panneau a fait partie d’un retable monumental exécuté par Bernhard Strigel pour l‘église Notre-Dame de Memmingen en Bavière.
On sait aussi que l’Ange a fait partie de la collection de François-Louis-Esprit Dubois, Directeur de la police impériale de Toscane et qu’il fut vendu à Paris en 1816.
Les spécialistes avaient perdu la trace du tableau jusqu’au récent inventaire de la région toulousaine.
Les héritiers décident de vendre aux enchères le panneau de Bernhard Strigel et après une bataille d’enchères téléphoniques entre sept collectionneurs, le précieux panneau est adjugé 3.472.000 € frais de vente compris.
L’acquéreur serait une grande institution et certains murmurent déjà qu’il s’agirait du Louvre Abu Dhabi qui possède le pendant du tableau intitulé « L’ange Thuriféraire ». (Merci à Charles – Photo DR)
Pistounette
14 février 2022 @ 00:39
Provenance :
– Collection François-Louis-Esprit Dubois (1758-1828) ;
– Vente collection Dubois, Paris, Hôtel Bullion (Maître Gendron), 27 mai 1816, n° 18 (23,10 fr au comte de Saint-Morys : Albert Dürer « Un ange, un genou en terre, les ailes déployées et vêtu d’une tunique jaune, recouverte d’un manteau rouge avec broderie en or, tient un encensoir. Morceau précieusement peint, d’une belle couleur et bien conservé » Peinture sur bois 22 x 18 pouces) ;
– Collection de Charles Etienne de Bourgevin Vialart, comte de Saint-Morys ;
– Vente du cabinet de feu Mr Le Comte de Saint-Morys, Paris, 10 rue de Seine (Maître Benou), 26 janvier 1818, n° 47 (30,05 fr à Berthon. Ecole d’Albert Dürer, Un Sujet de l’Annonciation) ;
– Probablement vente après cessation de commerce de M. Berthon, Paris, 16 rue des Jeuneurs (Maître Ridel), du 10 au 12 mars 1845, n° 325 (« Quelques bons tableaux anciens des diverses écoles ») ou vente après cessation de commerce de M. Berthon, Paris, 16 rue des Jeuneurs (Maître Ridel), du 3 au 5 avril 1845, n° 115 (« Une collection de 130 bons tableaux anciens des Ecoles flamande, hollandaise, française et italienne ») ;
– Dans la même famille depuis le début du XXe siècle.
Artpaugée
21 février 2022 @ 12:16
Nous vous remercions de votre publication sur « notre ange » qui s’est envolé le 4 février dernier à Toulouse sous notre coup de marteau.
C’était une œuvre d’une incroyable finesse, d’une grande subtilité…
Nous sommes fières d’avoir été un maillon dans la redécouverte de ce grand artiste.
Artpaugée
Maison de ventes aux enchères
contact@artpaugee.com
Pascal🍄
14 février 2022 @ 07:06
Curieuse et intéressante idée de lui avoir fait des ailes bicolores façon cigogne.
Ce n’est pas ma vision des anges mais si ce panneau retrouve son pendant c’est toujours ça.
Espérons qu’il seront bien protégés s’ils sont à Abu Dabi.
Aldona
14 février 2022 @ 13:50
Pour moi aussi Pascal, je voyais des ailes de cigogne
Philibert
14 février 2022 @ 09:26
Ce n’est pas plus mal que ces deux tableaux puissent être réunis…
Annmaule
14 février 2022 @ 10:33
Pour une fois que des heritiers ont une bonne nouvelle….
Leonor
14 février 2022 @ 11:35
Bernhard Strigel était un peintre renommé à son époque ( même époque ~ que Dürer), peintre officiel à la cour de l’empereur Maximilien Ier, mais relativement passé aux oubliettes depuis.
Que le panneau soit de haute qualité, cela saute aux yeux. De là à l’ identifier, il fallait effectivement , non seulement un bon oeil, mais également une véritable compétence . Avec ces armes, la piste était facile à suivre, le peintre étant largement documenté en Allemagne. Encore fallait-il les avoir.
La ville de Memmingen a consacré un musée à la dynastie Strigel, peintres et sculpteurs , dans la Maison des Antonites :
https://de.wikipedia.org/wiki/Strigel-Museum
Le musée n’est pas grand, mais a le mérite d’exister.
La Staatliche Kunsthalle de Karlsruhe a au moins deux Strigel dans ses collections permanentes :
++ L’ Annonciation faite à Marie
https://www.flickr.com/photos/hen-magonza/25121309033/in/photostream/
++ La Déploration du Christ
https://www.kunsthalle-karlsruhe.de/kunstwerke/Bernhard-Strigel/Beweinung-Christi/D85DAE4E4842A73DB5DF6A9589D8C49B/
Dans ce panneau , on reconnait aisément le même modèle que celui qui a posé pour l’ange de l’Annonciation , et l’Ange thuruféraire . C’edt le personnage en rouge , derrière la Vierge pleurant son fils , qui la soutient, alias Saint Jean.
Cette fois, grand merci à Charles pour l’info.
Ghislaine
14 février 2022 @ 11:44
C’est une oeuvre magnifique . Quant à la découverte de cette partie de retable c’est ce que nous aimerions tous qu’il nous arrive .
Cela doit être un réel crève-coeur que de s’en séparer .
7 amateurs d’art se sont mis sur les rangs pour l’obtenir et il est émis l’hypothèse que ce soit un émirat qui ait maintenant cette oeuvre magistrale .
Parfois je m’insurge contre le laisser-aller que nous avons en France quant à nos trésors qui ne sont pas tous mis en valeur , je connais un retable d’une grande beauté dans une petite chapelle des bords de Loire ouverte à tous vents et dont un malheureux panneau en bois délavé signalait le fait aux passants .
Leonor
14 février 2022 @ 11:54
Allez, on va s’amuser un peu …
https://www.youtube.com/watch?v=hQND4p1-G9w&ab_channel=KellyCaeHogan-Topic
Pourquoi ce choix ici ?
Cherchez …
La réponse est dans le panneau peint dont il est question.
Pascal
14 février 2022 @ 18:06
Est-ce que cela aurait un rapport avec les anneaux que je crois deviner sur l’encensoir ?
Ou alors une analogie Walkyries – Anges ? Mais ça me paraît un peu bancal.
Pascal🍄
15 février 2022 @ 06:38
Ou alors …
Comme le panneau a pour sujet l’annonciation ,les ailes de cigogne pourraient être une allusion à la légende qui dit que ces oiseaux amènent les bébés ?
(quoique cette légende semble d’apparition plus tardive et que le lien avec les Walkyries ne soit pas évident, sauf pour évoquer les vieilles légendes germaniques ? )
Ce qui m’intrigué c’est ce curieux buisson proche du pied gauche de l’ange ,serait-il une représentation de l’orseille de mer ,lichen à l’origine de la pourpre symbole de la royauté temporelle ?
Leonor
15 février 2022 @ 21:46
Merci d’avoir joué et tenté, Pascal !
Pour l’orseille de mer, je ne sais pas.
Mais, ceci :
Le Louvre Abu Dhabi possède déjà un panneau représentant un ange thuriféraire de Strigel, symétrique à l’ange du tableau ici vendu.
https://www.louvreabudhabi.ae/fr/Explore/online-collection/bernhard-strigel
Je parie qu’il s’agit des deux Anges thuriféraires de l’Apocalypse de St Jean . Ceux qui , après l’ouverture du » Septième Sceau », déclenchent l’Apocalypse . Comme les Walkyries annoncent le déclenchement du Ragnarök, la fin des temps ( ou d’UN temps,selon l’interprétation).
Ici, le texte de St Jean, Apocalypse, chapitre 8 :
» Et quand l’Agneau eut ouvert le septième sceau, il se fit dans le ciel un silence d’environ une demi-heure.
2 Puis je vis les sept anges qui se tiennent devant Dieu, et on leur donna sept trompettes.
3 Puis il vint un autre ange, et il se tint prés de l’autel, un encensoir d’or à la main; on lui donna beaucoup de parfums pour qu’il fît une offrande des prières de tous les saints, sur l’autel d’or qui est devant le trône;
4 et la fumée des parfums, formés des prières des saints, monta de la main de l’ange devant Dieu.
5 Puis l’ange prit l’encensoir, le remplit du feu de l’autel, et le jeta sur la terre; et il y eut des voix, des tonnerres, des éclairs, et la terre trembla.
6 Et les sept anges qui avaient les sept trompettes se préparèrent à en sonner.
7 Et le premier sonna de la trompette (…. etc …) »
Source : https://bible.catholique.org/apocalypse-de-saint-jean/3491-chapitre-8
Pascal avec un champignon
16 février 2022 @ 09:27
Merci .
En effet quand on cherche « ange Thuriféraire » on tombe assez facilement sur ce lien mais je n’ai pas compris .
Cela dit , ce qui m’intrigue aussi c’est que le panneau qui est déjà à Abu Dhabi semble d’un style assez différent , moi qui n’y connais pas grand chose je ne les aurais pas attribué au même peintre ,en tout cas pas à la même période de sa peinture.
Pascal🍄
16 février 2022 @ 14:09
Et j’ajouterais qu’autant j’apprécie l’ange de Toulouse autant celui d’Abu Dhabi je n’en donnerais pas un kopeck .
Je dirais même qu’il me met mal à l’aise.
Catherine
14 février 2022 @ 22:33
Magnifique, du haut de gamme. Merci pour ce billet.
Caroline
14 février 2022 @ 23:45
Pistounette et Leonor,
Merci pour vos commentaires explicatifs et complémentaires ! 👍👍
Leonor
15 février 2022 @ 21:47
Je vous en prie, c’est plaisir que de vous faire plaisir. Bonne soirée, Caroline.