Carte postale du beffroi d’Abbeville par Karabakh. « Dès 1130, Guillaume Ier Talvas (v.1095-1171), comte de Ponthieu [1110-1126], sire d’Alençon et de Sées [1119-1171, Guillaume III] accorde aux Bourgeois d’Abbeville le droit de se constituer en commune. Le privilège communal est confirmé par la Charte d’Abbeville, rédigée en 1184 et remise solennellement par Jean de Ponthieu (1141-1147-1191) au maïeur Gontier-Patin.
Le Beffroi d’Abbeville (ici sur une photo de 2005) est construit en 1209, avec l’autorisation et l’aide du comte Guillaume II Talvas (1178-1191-1221). L’édifice incarne alors l’affranchissement des Abbevillais envers l’autorité seigneuriale et l’influence des abbés de Saint-Riquier.
Le Beffroi d’Abbeville est une tour de grès, mesurant 27 mètres de haut et 10 mètres de côté. Ses murs ont une épaisseur de 2,30 mètres à leur base. Quatre larges contreforts viennent renforcer le bâtiment, à chaque angle. La toiture du beffroi est pyramidale et constituée d’ardoises; le haut-clocher est surmonté d’une girouette figurant le Comte Guillaume à cheval et ces parties hautes sont accessibles par un escalier à vis.
L’intérieur du beffroi dispose d’une salle échevinale qui servait de lieu de réunion pour les échevins de la ville, ainsi que de salle de tribunal. On y trouve aussi une salle du trésor où furent conservées la charte communale, le trésor et le sceau de la ville, des origines au XVe siècle. Les cachots sont encore visibles. Enfin, la partie supérieure abrite les cloches, qui ponctuent les moments de la vie communale et alertent les habitants en cas de dangers.
Lors de sa construction, le beffroi était proche de l’enceinte d’Abbeville ; il servit de tour de guet jusqu’en 1488 et de trésorerie communale durant le XVe siècle. En 1468, les échevins firent construire un nouveau bâtiment, dans le style gothique et flanquant le beffroi, afin de servir de trésorerie. En 1488, la Collégiale Saint-Vulfran fut édifiée et reprit la fonction de tour de guet.
La Trésorerie protégea les archives communales jusqu’en 1790.
D’autres bâtiments furent accolés au Beffroi durant les XIVe et XVe siècle pour former le Grand Echevinage, puis l’Hôtel de Ville d’Abbeville mais ils ont été détruits durant le bombardement du 20 mai 1940.
Vue du Clocher et de la Grande Chambre de l’Hôtel de Ville d’Abbeville en 1685 – Bibliothèque municipale d’Abbeville – Fond Macqueron
La galerie extérieure fut abattue en juin 1747. Nous apercevons une partie de la Trésorerie à droite du Beffroi.
La cour de l’Hôtel de Ville au XIXe siècle, d’après une gravure d’Augustin Barras -Bibliothèque municipal d’Abbeville – Fond Barras
Sur le mur extérieur, un bas-relief en bronze d’Emmanuel Fontaine, inauguré en 1887, commémore l’héroïsme de l’Abbevillois Enguerrand Ringois, jeté du haut du château de Douvres dans la mer, en 1368, pour avoir refusé de prêter serment de fidélité au roi Edouard d’Angleterre.
Bas-relief dédié au héros Enguerrand Ringois par Emmanuel Fontaine (1887)
De nos jours, seuls le Beffroi et la Trésorerie subsistent. Ils abritent tous deux le Musée Boucher de Perthes, dédié à l’archéologie.
Après les bombardements, le Conseil municipal s’est abrité dans l’Hôtel d’Emonville, où il est resté jusqu’en 1960. Cette année, un nouvel hôtel de ville fut inauguré sous l’impulsion de Max Lejeune (1909-1995), maire d’Abbeville de 1947 à 1989. Ici, le Beffroi d’Abbeville en 1945
Le Beffroi est inscrit au titre des Monuments historiques (1926) et au Patrimoine mondial de l’UNESCO (2005). Le Beffroi et le monument dédié à l’Amiral Courbet. «
DEB
18 août 2020 @ 05:22
Merci Karabakh.
Il est toujours intéressant de découvrir des lieux que l’on ne connaît pas et je me suis renseignée sur l’amiral Courbet, dont j’ignorais tout.
Karabakh
20 août 2020 @ 15:50
C’est un personnage passionnant.
Baboula
18 août 2020 @ 07:18
Pauvre bâtiment, il a dû être tentant de le raser en 1945 ,mais il était déjà classé Monument Historique. Les abbevillois doivent aimer leur Beffroi mais si l’on pense que la Tour de Pise lui est antérieure .
Baboula
18 août 2020 @ 07:31
Parti,avant la conclusion : Ah ,la légèreté des italiens !
ciboulette
19 août 2020 @ 10:51
Ouah. . .Tella , quelle beauté ! ma maman à moi n’est pas contente , elle ne peut pas prendre de photos de moi comme elle voudrait , je bouge tout le temps !
Karabakh
18 août 2020 @ 17:38
C’est sûr que les beffrois du nord de la France, comme ceux de Belgique, ne jouent pas dans la même cour que la Tour de Pise, et autres édifices italiens du XIIe siècle. Mais si l’on veut faire une comparaison plus proche, en temps comme en espace, l’architecture flamande du XIIIe siècle est aussi beaucoup plus aérienne. 😉
Baboula
19 août 2020 @ 12:03
Les régions étaient sans cesse envahies ou des champs de bataille,il fallait faire du solide .
Esquiline
20 août 2020 @ 13:48
Pise elle aussi était toujours en guerre, maritime contre Gênes sa grande rivale sur mer et contre les autres villes toscanes ses rivales sur terre.
A Lucca une expression dit « mieux vaut avoir un mort à la maison qu’un Pisan à la porte ». Bonjour le bon voisinage!
Mais Pise fut une ville romaine, puis une république maritime en contact avec d’autres civilisations méditerranéennes, l’héritage culturel n’est pas comparable à celui des régions nordiques.
Et puis il y a les matériaux, Carrare est à quelques dizaines de km ..
Et puis il y a le climat qui ne nécessite pas de toits pentus …
Et puis, et puis …
Karabakh
20 août 2020 @ 15:51
Oui, absolument.
Baboula
21 août 2020 @ 13:35
Oui Esquiline,mais c’est la première comparaison qui me soit venue à l’esprit .
Charlotte (de Brie)
18 août 2020 @ 07:51
Cette fichue année 2020 aura eu au moins un avantage : la découverte, grâce à des cartes postales comme celle ci , merci Karabach, de découvrir des lieux qui n’ont pas l’habitude d’être des destinations touristiques…
L’histoire de ce beffroi en est l’exemple type, d’autant qu’elle nous permet de nous souvenir de l’Amiral Courbet, dont Pierre Loti, qui fut son enseigne de vaisseau disait
» qu’il était économe du sang français »
Il a laissé un bon souvenir lors de son passage en Nouvelle Calédonie ainsi que plus tard en Annam et au Tonkin.
Jean Pierre
18 août 2020 @ 11:17
J’ai découvert ce beffroi lors d’un déplacement au festival de Saint Riquier.
ciboulette
18 août 2020 @ 16:35
Merci Karabakh , voici une bien intéressante promenade dans le temps , dans une ville que je ne connais pas .
Je pense que les habitants sont attachés à leur Beffroi , beau témoignage de leur passé .
J’ai bien aimé aussi la Trésorerie , à côté !
Karabakh
20 août 2020 @ 15:51
Vous êtes la bienvenue. 😉
ciboulette
21 août 2020 @ 18:19
Merci !
Danielle
18 août 2020 @ 15:08
Je ne connaissais que la rue de Ponthieu à Paris, maintenant je connais deux personnages qui ont porté ce patronyme.
Une histoire intéressante, merci Karabakh.
Karabakh
19 août 2020 @ 12:13
Je connais un arbre où vous feriez la connaissance de nouveaux personnages portant ce nom. 😄 Blague à part, l’histoire de ce petit territoire picard est passionnante ; celle de son voisin Vimeu aussi. Abbeville, c’est à la frontière de l’un et l’autre. 😉
Leonor
18 août 2020 @ 15:47
Je ne connaissions point.
Merci, Karabakh.
Guizmo
18 août 2020 @ 16:41
Merci beaucoup pour cette carte postale d’un endroit que je découvre grâce à vous.
marianne
18 août 2020 @ 17:56
Le toit a un petit air de Ste Catherine d’ Honfleur .
Karabakh
19 août 2020 @ 12:13
Oui, en effet. 🙂