Il est particulièrement en vedette dans la nouvelle saison de « The Crown » et la série montre bien à quel point Elizabeth aimait son yacht, « son » bateau. Philip en bon marin, y était évidemment chez lui, mais pour la reine, c’était davantage encore du domaine de l’affectif. Et, on comprend mieux ses larmes le jour de l’adieu…Les rigueurs budgétaires ont eu raison du navire qui faisait chavirer son cœur.
Retour en arrière sur un yacht qui laissa bien des regrets dans son sillage enchanté…
Le 11 décembre 1997, le Royal Yacht Britannia de Sa Majesté est désarmé à Portsmouth, mettant fin à quarante-trois années de service au cours desquelles il a parcouru plus d’un million de miles nautiques. C’est la fin d’un chapitre de l’histoire maritime britannique qui commença lorsque Charles II, rétabli dans la monarchie en 1660, prit possession de son premier yacht, baptisé Mary, du nom de sa sœur, la première princesse royale.
Depuis lors, chaque monarque a eu un yacht royal, le Britannia étant le soixante-sixième d’une lignée qui comprenait trois yachts royaux Britannia et trois autres baptisés Victoria et Albert.
Le Britannia était le dernier navire de la Royal Navy dans lequel les marins dormaient dans des hamacs, le seul navire au monde dont le capitaine était un amiral et le seul navire dont le nom n’était inscrit nulle part sur sa coque.
Le Yacht était armé par vingt-et-un officier et 256 marins, plus un petit orchestre de Royal Marines composé de vingt-six musiciens. Les membres de l’équipage portaient en permanence des chaussures à semelles souples, et tous les ordres étaient donnés par signaux manuels afin de préserver la tranquillité d’une résidence royale.
Lorsqu’il arrivait en escale dans un port, à Venise, à Gibraltar, aucun membre de l’équipage n’était autorisé à descendre à terre s’il ne portait pas une cravate. Le yacht était également équipé d’un garage pour une Rolls-Royce, royauté oblige (c’était toute une histoire pour la débarquer !)
Au cours de sa vie, le Britannia a été utilisé pour quatre lunes de miel royales : la princesse Margaret et le comte de Snowdon (1960), la princesse Anne et Mark Phillips (1973), le prince et la princesse de Galles (1981), le duc et la duchesse d’York (1986).
Les quatre mariages n’ont pas survécu, de sorte que le surnom de « Bateau de l’amour » donné au Britannia (sous les ponts) n’était pas tout à fait approprié, ni apprécié par la famille royale. Les mauvaises langues parlent aujourd’hui de lunes de fiel ! C’est un peu excessif. Ne pas faire de vagues, même en pleine tempête, est une habitude royale…
Le yacht royal fut lancé par la reine à Clydebank, le jeudi 16 avril 1953. Il effectua quelque 968 visites à l’étranger jusqu’à sa triste fin. Le groupe qui l’a acquis pour 2 098 000 £, a fait une très bonne affaire.
Depuis qu’il est désarmé, le Britannia est amarré en permanence à Leith, (près Édimbourg), où il est ouvert au public toute l’année (sous réserve d’acquitter un droit d’entrée – vous pouvez réserver sur Internet votre jour), il y a aussi une salle d’exposition et une boutique très créative et très lucrative (la casquette du Britannia est irrésistible), sur le quai.
On peut aussi prendre le thé, dîner pour la Saint-Sylvestre. Avoir l’impression d’avoir le pied marin, même quand on est à quai. Et fantasmer devant le bouton room service que l’on retrouve dans chaque cabine royale. Margaret devait certainement jalouser sa sœur.
C’est désormais l’attraction touristique la plus visitée d’Ecosse, mais gageons que si le château de Balmoral s’ouvre au public, comme on en prête l’intention du roi Charles, le Britannia devra s’incliner devant ce rival encore plus cher au cœur d’Elizabeth. (Merci à Bertrand Meyer)
Juliette d
5 décembre 2022 @ 04:16
Une preuve de plus, s’il en faut, de la distance qui existait entre la reine et tout le reste.
Clarisse
5 décembre 2022 @ 20:38
UN peu hors sujet :
https://encrypted-tbn0.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcRRlNDTIauypjIjVtchD_fo7azF68uh_RDJoQ&usqp=CAU
La reine et la « famille royale américaine »…
https://www.pointdevue.fr//storage/images/article_900/2022/12/GettyImages-1242585301tjItufwPjl.jpg
La petite fille derrière a bien changé… Caroline Kennedy 65 ans !
Benoite
5 décembre 2022 @ 06:31
Sans avoir été « embarquée » ici, j’ai fait un beau voyage. Ce bateau est une évasion romantique, ou d’opportunité agréable pour visiter les pays du Commonwealth, il fut utilisé avec bonheur. La famille royale à bord était sur les mers. Ils ont tous le pied marin, je crois sauf Camilla qui serait sujette au mal de mer. Bien sûr que la reine était « amoureuse » de son yacht.. Son époux et elle avaient supervisé la décoration ensemble, et lui les détails de sa composition, les nouveautés techniques de sa création, je m’en doute bien.
J’ai dit un jour que ce beau bateau était un peu leur 5e enfant.. je maintiens.
Philibert
5 décembre 2022 @ 09:46
Je me dis aussi que, si ce bateau a vraiment été désarmé pour des raisons budgétaires, la reine aurait pu contribuer au maintien du Britannia sur ses fonds propres. Ceci dit, en 1997, la reine avait déjà 71 ans et le prince Philip 76, et peut-être n’avaient-ils plus le pied marin…
berton
5 décembre 2022 @ 11:15
Etant donné qu’ils ont toujours vécu dans des palais aménagés par d’autres. Ce bateau aménagé par la reine et le duc à leur goût, c’était vraiment leur chez-eux. On comprend leur tristesse.
Ils étaient entre eux avec leurs enfants sans protocole et personne pour les observés ….
Cosmo
5 décembre 2022 @ 14:03
Avec 270 marins et officiers à bord ? Le protocole en famille est très allégé mais certainement pas avec les 250 invités possibles et encore moins avec le personnel.
berton
5 décembre 2022 @ 22:46
Vous êtes trop intelligent pour faire semblant de ne pas comprendre !
Cosmo
7 décembre 2022 @ 19:07
Je voulais simplement donner des précisions…😂😂😂
Marie de Cessy
6 décembre 2022 @ 12:09
Eh bien d’autant plus.
Si tu tiens tant que cela à ton chez toi, tu fais tout pour le garder.
Claude Patricia
5 décembre 2022 @ 06:56
Bonjour à toutes et à tous
Sa très Gracieuse Majesté a toujours dit que c est la seule maison qu elle a pu décorer elle même. Sa seule vraie maison en quelque sorte.
Philibert
5 décembre 2022 @ 09:42
Ce que l’article ne dit pas, c’est que le Britannia a servi pour la dernière fois lors de la restitution de Hong-Kong à la Chine.
Dans mon souvenir, c’est le prince Charles qui a représenté sa mère lors de cette cérémonie.
Claude Patricia
5 décembre 2022 @ 10:23
Oui, effectivement. Le Roi Charles III, alors prince héritier, y fût lors de la rétrocession de Hong-Kong à la Chine. 1999.
Philibert
6 décembre 2022 @ 09:30
1997, pas 1999.
En effet, le contrat de bail emphytéotique de 99 ans portant sur les « Nouveaux Territoires » et signé en 1898 par l’empire chinois et l’empire britannique était arrivé à son terme. Et la Grande-Bretagne pouvait difficilement ne pas rendre l’île de Hong-Kong en sus…
Passiflore
5 décembre 2022 @ 22:14
Philibert, en effet, en juin 1997, le prince Charles fut le dernier passager royal du Britannia. Comme vous le savez probablement, beaucoup de Chinois de Hong-Kong sont partis au Canada à ce moment-là (avant, plutôt !), il me semble surtout à Vancouver. Le directeur de l’Alliance Française m’avait dit que, pour être acceptés là-bas, les Hong-Kongais devaient parler français en plus de l’anglais et il y avait afflux d’élèves à l’Alliance. Les amis que j’avais à Lantau ont pu partir mais en laissant leurs parents qui ne parlaient ni anglais ni français.
Gatienne
5 décembre 2022 @ 09:44
A propos de déco, voir, dans cet article, les intérieurs du bateau où il y avait même un mini bloc opératoire :
https://www.frenchkilt.com/edimbourg-a-bord-britannia-dernier-navire-royal/
Robespierre
5 décembre 2022 @ 10:04
Je n’aime pas les salons et leur tissu. Ca fait un peu middle class. Et pas raffiné. Ces grosses fleurs… Il y a du shintz tellement plus joli. La salle est manger est bien et j’aime la tasse et la théière.
Claude Patricia
5 décembre 2022 @ 10:25
Typiquement anglais.
C est comme les tissus Liberty.
Marie-Caroline
5 décembre 2022 @ 14:33
Oui Robespierre, vous n’avez pas tord. J’ai visité le Britannia lors d’un séjour à Edimbourg et je m’étais fait la même réflexion que vous. Après, ce n’était qu’une « résidence secondaire » et comme on le sait, la reine avait des goûts plutôt simples.
Gilles de Bise
5 décembre 2022 @ 07:42
Ce qui est intéressant est que le timonier se trouvait à côté de la salle des machines, dans les ponts inférieurs, et, sans voir l’extérieur, recevait ses ordres de pilotage depuis la passerelle de commandement située aux ponts supérieurs.
Pelikan du Danube
5 décembre 2022 @ 08:30
Très intéressant article qui semble résumer parfaitement l’affaire .
Le Britania offrait aussi à la Reine la possibilité de recevoir dans la grande tradition les chefs d’État ou des personnalités lors de ses voyages.
Je ne sais pas ce qu’il coûtait en proportion de l’ensemble du budget mais je pense que les ”économies” réalisées n’ont guère profité aux Britanniques en regard de la perte de prestige qu’elles ont occasionnée.
Et dire que c’est sous John Major il me semble que fut prise cette décision.
Je serais tenté de classer cela dans les ” économies de bout de chandelle ” mais il est vrai que les bougies vont redevenir précieuses en France …
Baboula
5 décembre 2022 @ 09:12
Bon commentaire .
Robespierre
5 décembre 2022 @ 10:05
C’est plus une question de symbole qu’autre chose. J’ai l’air ridicule quand je suggère qu’on vende des bijoux d’origine douteuse pour acheter du matériel pour le NHS. Mais là aussi il y a un symbole. Dans les monarchies on aime les symboles, alors qu’ils ne se plaignent pas.
Pierre-Yves
5 décembre 2022 @ 12:51
Je crois cela aussi, et les symboles, ça compte beaucoup.
Faire peser sur les finances publiques la remise en état d’un yacht alors que la reine n’était dépourvue ni de moyens, ni de résidences confortables, je conçois que le gouvernement de l’époque ait dit non. Même si la dépense avait pu être absorbée, c’était symbliquement difficile de la faire avaler par l’opinion, surtout au beau milieu d’une période où la popularité royale n’était pas à son zénith.
JAusten
5 décembre 2022 @ 11:09
J’adhère à votre commentaire cher Pelikan du Danube. Même avec les nouvelles dépenses d’investissement liées à des inévitables réparations conséquentes pour lui permettre de “rester à flot”, comme dit Jean Pierre, cela serait resté au regard du budget global quelques bouts de chandelles. Mais il y a parfois des symboles dont il faut se séparer.
Robespierre
5 décembre 2022 @ 08:47
On voit dans la dernière saison de Crown 5 la déconvenue de la Reine quand elle comprend que le contribuable ne lui payera pas un nouveau yacht. Un vrai crime de lèse-majesté pour elle. Le premier ministre sortant qui semble, je dis bien semble, comprehensif refile le bébé à Tony Blair.
Le fonctionnement d’un tel yacht était, question dépenses, le tonneau des Danaïdes et pour un seul couple ! A une époque ou les British se serraient déjà la ceinture.
La série montre bien que la Reine ne s’inclina pas de bonne grâce devant la décision de désarmer le Britannia. J’admire l’intransigeance de Blair. L’époque n’était plus aux dépenses somptuaires.
Mayg
5 décembre 2022 @ 13:33
Si elle aimait tant ce yacht, elle aurait pu l’acheter à titre personnel sur ses propres deniers, mais c’est tellement mieux quand c’est financé par le contribuable..
Clarisse
6 décembre 2022 @ 19:31
C’est la réflexion que je me suis faite aussi…Mayg
Perlaine
5 décembre 2022 @ 09:13
Une anecdote . Elizabeth II adorait les cheminées et les feux de bois . Evidemment sur un bateau c’est évidemment une demande superflue que d’obtenir un feu de cheminée! Mais quand on est reine il me semble que l’on ne pense pas un instant que l’on aille contre sa volonté . Pourtant c’est ce que fit le commandant . No,n votre Majesté il n’en est pas question. La reine un peu choquée mais si l’on met un planton avec un seau rempli de sable la sécurité serait assurée . Non, votre majesté , il n’en est pas question. C’est le prince Philip qui sauva la situation le pacha étant prêt à présenter sa démission !Il proposa des bûches électrifiées. Ce fut fait et la reine s’en contenta .
Robespierre
5 décembre 2022 @ 10:08
Un planton, rien que ça ! Elle ne doutait de rien et tout lui était dû. J’admire l’intransigeance du Pacha.
Fan-de-chantilly
5 décembre 2022 @ 13:27
Il y avait une cheminée dans les appartements aménagés sur le croiseur Colbert pour le général de Gaulle durant sa visite en Amérique du Nord de 1967.
Koko
5 décembre 2022 @ 09:25
Merci pour ce reportage, j’ai eu l’occasion de visiter Le Britannia lors d’un séjour en Ecosse
Pascal M
5 décembre 2022 @ 09:49
Merci pour ce reportage qui m’a fait rêver!
Koko, vous avez de la chance de l’avoir visité.
De passage à Edimbourg, je n’en ai pas eu le temps, je le regrette…
Baboula
5 décembre 2022 @ 13:32
Les voyages du Britannia peuvent faire rêver ,le yacht lui-même peut être mais la décoration pas du tout .Une façon de se la jouer middleclass.
Jean Pierre
5 décembre 2022 @ 10:09
A mon avis ce ne sont pas les seuls coûts de fonctionnement, de maintenance et d’entretien courants qui sont en cause dans la décision de le désarmer mais les nouvelles dépenses d’investissement liées à des inévitables réparations conséquentes pour lui permettre de « rester à flot ».
Marie de Cessy
5 décembre 2022 @ 11:56
Eh bien si elle tenait tant à ce bateau elle n’avait qu’à payer son entretien elle même.
J’aimais beaucoup la Reine Elizabeth II pour autant certaines fois elle était totalement déconnectée du monde réel.
Les Britanniques se serraient déjà la ceinture et ils allaient contribuer à la rénovation du Britannia ?
Sur ce coup là elle a été totalement à côté de la plaque et ce ne fut malheureusement pas la dernière fois.
Robespierre
6 décembre 2022 @ 19:45
Cosmo a dit qu’Elizabeth était pingre. Ici nous en avons la preuve.
Danielle
5 décembre 2022 @ 10:59
Intéressant document suivi d’une belle visite grâce à Gatienne, merci à vous deux.
Patricio
5 décembre 2022 @ 14:10
J’ai beaucoup apprécié la visite du Britania lors de mon dernier séjour écossais.
Amitiés
Patricio
Baboula
6 décembre 2022 @ 12:14
Seule la curiosité de voir ce lieu mythique,pas pour copier la décoration .
Koko
5 décembre 2022 @ 14:28
Merci Pascal M, peut-être une autre fois pour vous,
Catoneo
5 décembre 2022 @ 23:11
Le prix d’entretien d’un « yacht » de ce tonnage est exponentiel au fil du temps. Peut-être qu’un Etat moins impécunieux aurait pu le mettre au grand carénage et modifier son exploitation pour réduire l’équipage si de son côté le propriétaire acceptait de réduire le « service d’étage ».
Je pense que ce sont plus les trois cents postes à la mer que le navire lui-même qui ont décidé le gouvernement à arrêter les frais.
viroulette
7 décembre 2022 @ 12:55
il est cruel d’avoir privé La Reine de cet espace de liberté et de bonheur. Une réorganisation pour limiter les frais de fonctionnement aurait pu le lui laisser.. l’état a bien d’autres postes de dépense complètement injustifiés pour faire des économies