Voici le cabinet dit « de la Fontange » et son descriptif précis que l’on retrouve dans la biographie « Marie-Angélique de Fontanges.La dernière passion du Roi-Soleil » par Patrick Dagueret.
« A la mort de Marie-Angélique en juin 1681, le Roi va dresser un inventaire ses meubles et biens, parmi lesquels figurent les trois meubles dont seul le cabinet est miraculeusement parvenu jusqu’à nous et est conservé au musée Jacquemart-André. Haut de 165 cm, large de 92,5 cm, profond de 41,5 cm, l’ouvrage est un meuble d’exception. Le haut du meuble est constitué d’une corniche à frise, ornée de motifs floraux stylisés en cuivre doré et d’une balustrade.
De face, le cabinet présent un grand tiroir et au-dessus quatre tiroirs de part d’autre de la petite porte centrale. Tous ces tiroirs sont décorés de marqueterie, de rinceaux en cuivre sur fond d’étain, la marqueterie métallique étant la marque du travail de Pierre Gole pour les besoins de la Couronne.
Derrière la petite porte centrale, se trouve une niche avec, à l’origine, une statuette de femme debout. Dans les comptes des bâtiments du Roi sous le règne de Louis XIV, nous trouvons, à la date du 9 novembre 1681, l’information suivante : « A Noël Jouvenet, sur la sculpture qu’il a faite au cabinet de Madame la Duchesse de Fontanges…2.250 livres ».
L’expression « au cabinet de Madame la Duchesse de Fontanges » laisse supposer que le meuble a été livré après avril 1680, lorsque la jeune femme a été nommée duchesse et que l’on cherchait à constituer sa maison. En outre, la période d’avril à fin août est caractérisée par divers déplacements et voyages de Marie-Angélique et du Roi, ce qui permet d’imaginer que ce cadeau lui a été offert à partir de septembre 1680, à Versailles, à une époque où les deux amants étaient plus sédentaires.
Il n’est donc pas impossible que le règlement effectué à ce sculpteur, en novembre 1681, corresponde à la statuette de femme debout, le texte évoquant « la sculpture » réalisée au cabinet de Madame la Duchesse de Fontanges et non les sculptures qui auraient désigné les caryatides. La niche est flanquée de quatre colonnes corinthiennes, en marbre vert, blanc et noir, portant une corniche couronnée d’un tympan orné de deux petites figures aujourd’hui disparues.
Manquent également, sur la balustrade, quatre petites figures de chérubins, et aux angles, deux vases de fleurs. Le piétement du cabinet a un aspect monumental en bois doré. Il est constitué de six caryatides, des figures sculptées d’hommes et femmes debout qui renvoient au dessin de Charles Lebrun, premier peintre du Roi, responsable de l’atelier des Gobelins. Ces figurent reposent sur un socle dont les coins arborent des motifs de lions. Si la plupart des personnages ont perdu leurs attributs, deux d’entre eux en possèdent encore : sur la gauche, Omphale tient la massue d’Hercule ; à droite Hercule tient sa quenouille. L’histoire de ces deux personnages fait référence au pouvoir de la femme sur l’homme, thème favori à l’époque des précieuses.
On peut imaginer que les autres figures possèdent des attributs qui ont la même signification.
Les faces latérales du cabinet présentent des panneaux de marqueterie de cuivre sur fond d’étain avec le buste délicat de Diane, placée au centre d’un médaillon de lauriers, un buste dont le visage ressemble à celui de Marie-Angélique, dans un décor de rinceaux aux motifs floraux stylisés. A la mort de Marie-Angélique, Louis XIV décide d’intégrer les trois meubles au mobilier de la Couronne. »
« Marie-Angélique de Fontanges. La dernière passion du Roi-Soleil », Patrick Dagueret, Perrin, 2021, pp.221-222
Baboula
25 janvier 2022 @ 06:45
Le cabinet lui même est un exemple de finesse et d’élégance . Mais les caryatides ! Lourdes ,massives ,clinquantes ne sont pas en harmonie avec le meuble .
Ciboulette
26 janvier 2022 @ 15:47
Baboula , je partage votre avis .
JAusten
25 janvier 2022 @ 09:12
Un vrai chef d’œuvre !
Ghislaine
25 janvier 2022 @ 09:28
Une pure merveille que ce cabinet , attribué il me semble à P. Gole ébéniste d’art du roi Louis XIV .Je crois qu’il est présenté au Musée Jacquemart-André (Bld Haussmann- Paris) –
Marie-Angélique de Scoraille (ou d’Escorailles) de Roussille, duchesse de Fontanges, née le 27 juillet 1661 et morte le 28 juin 1681 est née en Auvergne à Fontange non loin de Salers d’une famille établie en ce lieu depuis le Xe siècle .
Son souvenir est encore vivace , entretenu par les Amis de Salers.
Pastelin
25 janvier 2022 @ 11:21
Ce chef d’œuvre appartient à l’Institut de France, propriétaire du musée Jacquemart-André. Il ne reviendra donc jamais à Versailles. C’est dommage….
Aldona
25 janvier 2022 @ 11:36
Magnifique, le travail de ces artistes, quelle chance d’avoir pu conserver ce meuble, il doit valoir une fortune
Esquiline
25 janvier 2022 @ 12:50
Pièce par pièce c’est effectivement un beau travail d’artisan mais l’ensemble est loin d’être harmonieux.
Le haut d’une finesse certaine aurait mérité un support plus sobre.
Aldona
25 janvier 2022 @ 20:25
Oui Esquiline, pièce par pièce, vous avez raison, le travail est extraordinaire, ce sont les caryatides qui alourdissent, mais c’est spectaculaire
Jo
25 janvier 2022 @ 12:26
Un meuble d’exception !!!
On est en admiration. Et encore on est pas devant le meuble mais de sa photo
Danielle
25 janvier 2022 @ 12:32
Quelle finesse dans ce travail ! le haut du cabinet est très beau.