C’est sans doute l’un des plus beaux points de vue de Montpellier. Depuis les fenêtres du second étage, la mer, au loin, se dévoile, derrière un rideau de verdure. Et le lever de soleil du 21 décembre, pile dans l’axe, vaut paraît-il le détour: château Bon, folie montpelliéraine du XVIIe siècle, domine de son imposante stature un superbe parc de 4 hectares.
C’est en 1694, que Philibert de Bon, premier président à la cour des comptes, aides et finances de Montpellier, commande une résidence de campagne à l’architecte de Louis XIV en Languedoc, Augustin-Charles d’Aviler. Celui-ci est déjà connu pour être l’auteur de l’arc de triomphe du Peyrou, élevé à la gloire du roi soleil. Selon l’universitaire Robert Ferras, le commanditaire est « la plus prestigieuse personnalité montpelliéraine du temps ».
Philibert de Bon souhaite que sa demeure soit construite sur l’emplacement du « mas de Terrade », domaine agricole qu’il possède à l’ouest de Montpellier.
L’édifice construit entre 1694 et 1700 par d’Aviler, architecte majeur du Languedoc, est, selon certains auteurs, exemplaire de ses apports à l’architecture de la région : par ce château de campagne, d’Aviler introduit à Montpellier « le modèle de la maison de plaisance inspirée par Saint-Cloud ou Marly».
Mais perclus de dettes, Philibert de Bon, devenu entre-temps marquis de Saint-Hilaire, se sépare du château qui porte son nom avant sa mort en 1711.
Le parc est aménagé sur le modèle de Versailles: sur la terrasse qui s’étend devant le château, deux bassins rectangulaires rappellent les miroirs d’eau du roi soleil et reflètent sa façade.
L’axe de symétrie des jardins aménagés à la française est marqué par un premier bassin circulaire, puis un peu plus bas, une fontaine rocaille et au fond du parc, une troisième fontaine aujourd’hui disparue, terminait la perspective.
Le domaine fut modifié au fil des siècles, remis au goût du jour par ses propriétaires successifs: un armateur danois, trafiquant en Méditerranée, et surtout, une grande famille originaire de la vallée du Rhône: les Adhémar.
Les travaux du XIXe siècle n’ayant pas touché au gros-œuvre, l’édifice conserve le plan de masse et l’organisation prévus par Augustin-Charles d’Aviler : un corps de bâtiment central entouré de deux courtes ailes.
C’est le principe utilisé dans les autres folies montpelliéraines de même époque: le château de Flaugergues et le château de Bionne, quoiqu’ici inversé, les deux ailes se développant sur cour d’entrée et non sur jardin.
L’aspect extérieur est cependant profondément modifié, rendant le dessin de d’Aviler méconnaissable. La toiture languedocienne à longs pans de tuiles creuses a été remplacée par un toit à la Mansart en ardoises, orné d’encadrements de lucarnes Napoléon III.
Les deux échauguettes d’angle, d’emploi similaire à celles utilisées au château de Lavagnac, se sont ornées d’un clocheton. Les façades sont parées d’un décor dans le goût Louis XIII.
Les Adhémar confièrent aux frères Bülher, fameux paysagistes de la fin du XIXe siècle, la transformation radicale du jardin. Les artisans du square Planchon et du parc de la Tête d’Or à Lyon, fidèles à leur idéal romantique, sélectionnèrent des essences rares et tracèrent de grandes allées propices aux déambulations mélancoliques, créant ainsi un parc à l’anglaise, très prisé à l’époque.
Des dizaines d’arbres plus que centenaires, indigènes et exotiques, puisent leur majesté dans deux sources préservées. Les cyprès chauves, thuyas, ifs, cyprès de Provence, chênes verts, pins parasols et palmiers qui composent ce jardin sont classés.
Ancien centre d’un domaine agricole comme la plupart des folies montpelliéraines, le château a été amputé de son environnement d’origine : les communs sont devenus un ensemble d’habitations, et le parc de 5,2 ha racheté par la commune de Montpellier fait désormais partie du domaine public.
Le château est actuellement en vente, mais il est vrai que les nombreux travaux de restauration ont découragé pour l’instant les acheteurs…
Peu à peu envahis par les broussailles, le parc a été rénové afin de rendre au domaine de Font-Colombe (c’est le nom actuel du parc du château Bon), son charme d’autrefois. (Un grand merci à Francky pour ce reportage – Copyright photos : Francky – Source : Wikipedia)
Anais
7 avril 2014 @ 07:03
Merci Francky pour cet article. Cela faisait longtemps que j’attendais un de vos articles car je les apprécie beaucoup.
Je ne sais pas si c’était programmé mais en tous les cas vous avez la chance d’être publié le jour de la présentation du nouveau site Noblesse et Royautés ;-)
J’en profite aussi pour remercier Régine pour tout ce travail que j’imagine de bénédictin. J’aime beaucoup cette nouvelle version très moderne et agréable
Francky
8 avril 2014 @ 12:02
Merci Anaïs pour votre message.
De nouveaux articles étaient prêts et Régine a choisi le jour de présentation du nouveau site de Noblesse et Royautés pour l’un d’entre eux.
J’espère que votre plaisir va se poursuivre… ;)
candy
7 avril 2014 @ 07:36
Ce château devait être beau à l’origine mais maintenant cela sent l’abandon et aurait besoin d’un bon coup de fraîcheur
Francky
8 avril 2014 @ 12:06
Et encore, vous n’avez pas vu le parc avant qu’il ne soit vendu à la ville et remis en état ! ;)
Je rêve que la ville achète le château, le rénove et le transforme en salles d’exposition…
Mais je rêve….
Jean I
7 avril 2014 @ 08:34
Je profite de cet article pour féliciter Régine. J’aime beaucoup cette nouvelle mouture du site Noblesse et Royautés. C’est agréable car on peut voir d’un coup tous les articles puis lorsque l’on clique sur un article la page se met à bon format.
Francky merci pour cet article sur ce château qui m’était totalement inconnu.
flabemont8
7 avril 2014 @ 09:37
C’est le château de la Belle au Bois Dormant …
candy
7 avril 2014 @ 11:44
Régine, bonjour !
juste une petite remarque : le nombre de commentaires ne s’affiche plus ! le reste, je l’ai déjà écrit, est parfait.
Marnie
7 avril 2014 @ 12:07
Je veux bien parier que l’on va laisser l’état de ce château se dégrader peu à peu, il sera squatté, dépossédé de ses cheminées et boiseries, un petit incendie couronnera le tout et on décrètera qu’il n’y a rien d’autre à faire que de le « déconstruire » pour y faire à la place un ensemble immobilier de prestige qui ne gardera que le nom de l’ancien château… c’est malheureusement comme ça que ça se passe en France depuis de nombreuses années pour bon nombre de châteaux, manoirs ou anciennes villas… dans l’indifférence ou le fatalisme général.
Francky
8 avril 2014 @ 12:04
Combien vous avez raison Marnie….!
C’est hélas le cas de belles demeures de la région qui sont rasées avec leurs jardins pour laisser place au béton… Le château Bon et son parc (classés heureusement) sont une oasis de verdure et de quiétude au cœur de l’urbanisation galopante de Montpellier…
Marine
8 avril 2014 @ 15:18
Hélas !!! En tout cas, merci, Franky, pour ce reportage et cet article très intéressants.
Marine
8 avril 2014 @ 15:19
Coquille : c’est bien moi, Marnie, qui vous ai répondu ;-)
Danielle
7 avril 2014 @ 13:37
Francky et Régine, merci pour ce reportage fort intéressant.
HS : DES RACINES ET DES AILES – FR3 – mercredi, parlera du château d’Ansouis, à nos TV.
Livia
7 avril 2014 @ 15:41
C’est dommage qu’il ait été modifié et qu’il soit à l’abandon…
agnes
7 avril 2014 @ 19:00
splendide endroit, les arbres sont superbes.
Merci pour l’article et bravo pour le style.
Cosmo
10 avril 2014 @ 20:08
Cher Francky,
Merci pour ce beau reportage qui est, hélas, est empreint de nostalgie !
Comment arriver à sauver cette folie d’un autre âge ? Ce n’est pourtant pas un château aux proportions et aux dimensions extravagantes. Sa restauration ne coûterait pas plus que la construction d’une villa luxueuse.
C’est un pan de notre histoire architecturale qui risque de disparaître car depuis sa construction, ce château a vécu au rythme des modes et est devenu l’exemple d’une maison qui a vécu.
Amicalement
Cosmo
Francky
12 avril 2014 @ 23:17
Merci Cosmo !
Oui, restaurer ce château ne devrait pas nécessiter des sommes astronomiques…
J’imaginerais bien qu’un Relais et Château s’y installe…
Le seul problème est que les communs qui le jouxtent ont été lotis et ne font plus partie de la propriété…
Mélusine
11 avril 2014 @ 11:38
La France compte de nombreuses belles demeures comme celle-ci. Certaines sont sauvées, d’autres malheureusement disparaissent, faute de moyens suffisants pour les restaurer et les entretenir. J’espère que ce château survivra.
Lopez
16 décembre 2019 @ 08:03
Ah!!!!!!!si j’étais riche je m’empresserai d’acheter le chateau,de le remettre en état et d’en faire un lieu de rencontre pour musiciens tout les jours avec mon chien je m’installe sur un banc face au chateau et je réve depuis que je connais ce parc je m’y rends le matin et les apres midi quelque soit le temps la végétation et magnifique ,regarder en l’air tous ces arbres plus extraordinaires les uns que les autres que du bonheur.
Marie
29 août 2021 @ 23:07
Ce château est il toujours à l abandon ?
Peut on venir l admirer ?
Et rêver un peu aussi …..
Franciq
16 avril 2023 @ 16:23
Acheter le chateau avec le parc oui
Michael
3 septembre 2023 @ 15:28
Bonjour,
Ce chateau est bien répertorié sur les sites d’Urbex et sur les cartes comme lieu abandonnée, n’éansmoins personne ne semble l’avoir visiter car il est impossible de le trouver sur Youtube. Lors d’une visite dans le parc, nous avons vu des grilles tout autour qui empeche de s’approcher du chateau pour y faire le tour.
De plus, un chantier de construction devrait soi disant démarrer à partir d’octobre 2023. Nous verrons bien… tout est indiqué sur le site : https://www.chateaubon.fr/
Personnellement, je trouve ca très moche et bien dommage.