Le château de Busset contenait jusque dans les années 90 une très importante collection de tableaux, mobilier, tapisseries, livres et objets d’art ainsi que de très nombreux souvenirs historiques qu’avaient constituées 14 générations successives de Bourbon-Busset. Malheureusement, celle-ci a été dispersée presque en quasi totalité au cours de ventes aux enchères successives par son dernier propriétaire, le comte François de Bourbon-Busset (1917-2003) en raison de sérieux revers de fortune avant qu’en 1997, le château ne soit, lui aussi, finalement vendu. Aujourd’hui, transformé en hôtel, l’intérieur du château ne conserve plus que quelques rares vestiges de son ameublement d’origine.
Après les lourdes interventions de Hodé, peu de traces subsistent également de la décoration intérieure initiale du château. Toutefois une des six grandes galeries que compte le château conserve d’intéressants vestiges de fresques datant de la renaissance et évoquant de manière ironique la vie de Cour.
Situé au sommet de la tour du trésor, l’oratoire vouté en coupole renferme également des fresques de la même époque. Elles sont remarquablement conservées et présentent seize panneaux polychromes évoquant la vie du Christ, notamment une intéressante déposition de croix.
Le grand salon, aménagé dans un style anglais confortable par la comtesse François de Bourbon-Busset dans les années 80, est dominé par une imposante cheminée du XVème portant sur son manteau les armes des barons d’Alègre.
Il conserve les rares portraits des Bourbon-Busset qui ont échappé aux différentes ventes aux enchères qu’a connues le château, au premier rang desquels se distingue le grand portrait du comte François de Bourbon-Busset en officier de cavalerie peint en 1913 par le célèbre portraitiste Marcel Baschet.
Parmi les pièces de mobilier remarquables qui figuraient dans la pièce, se trouvait ce très rare coffre en laque d’époque Louis XVI reposant sur un piètement en bois doré et sculpté au chiffre de Catherine de Rohan-Soubise, épouse de Louis-Henri de Bourbon, prince de Condé et qui fut récemment vendu par un gran antiquaire newyorkais.
Dans la bibliothèque qui contenait une collection de quelques 3000 ouvrages, étaient conservés de nombreux souvenirs des « Enfants de France », Henri et Louise d’Artois qui avaient été donnés par la duchesse de Berry en remerciement à la duchesse de Gontaut pour l’éducation qu’elle avait donnée à ses deux enfants.
Y figuraient notamment leur mobilier d’étude (aujourd’hui au musée des Arts décoratifs de Bordeaux), 600 livres reliés aux armes provenant de la bibliothèque des jeunes princes, le tableau de Ladurner représentant les Enfants de France accompagnés de leur gouvernante dans le parc de Saint Cloud (musée de Saint Cloud)
ou encore ce rare buste du duc de Bordeaux à l’âge de 4 ans, oeuvre du sculpteur Ruxhiel (collection privée).
La chambre dite de Henri IV témoigne du séjour que, selon la tradition familiale, Henri de Navarre aurait fait à Busset en 1589 avant son accession au trône pour aller voir son « cousin » César de Bourbon et le sonder sur ses intentions dynastiques. A l’extinction de la maison de Valois, la branche des comtes de La Marche, ducs de Vendôme dont Henri de Navarre était l’aîné, devenait en effet héritière du trône de France sauf à ce que ce droit lui fut contesté par César de Bourbon s’il s’était alors proclamé héritier de la branche des ducs de Bourbon qui passait avant elle en ligne successorale.
Un important parc s’étendant sur près de 20 hectares et agrémenté de diverses fabriques aujourd’hui disparues, avait été aménagé au milieu du XIXe siècle dans le goût anglais par le grand paysagiste de l’époque romantique qu’était Paul de Choulot, ancien compagnon d’armes de la duchesse de Berry. Fait de bosquets d’arbres aux essences variées et d’allées sinueuses, il avait été conçu de manière à offrir de larges perspectives ouvrant sur les monts d’Auvergne et d’allées.
Au début du XXe siècle, un jardin à la française nécessitant d’importants travaux de terrassement a été aménagé par le comte François de Bourbon-Busset (1875-1954) sur la façade ouest dominant la plaine de la Limagne. Il fut dans les années 60 complété sur la façade sud par un jardin fait d’ifs taillés dans le goût italien.
Dans la chapelle sépulcrale qui depuis 1856 se dresse dans la cour d’honneur, reposent près d’une vingtaine de membres de la maison de Bourbon-Busset depuis Louis-François-Joseph rappelé à Dieu en 1856 jusqu’à François disparu en 2003 en passant par la duchesse de Gontaut, gouvernante des Enfants de France et belle-mère de Louis-François-Joseph, qui s’éteignit à Busset en 1863.
Après 5 siècles de présence continue, le patrimoine historique insigne que constituait en Auvergne le château de Busset et les importantes collections historiques qu’il contenait n’est plus, hélàs, aujourd’hui entre les mains des Bourbon-Busset même si la comtesse François de Bouron-Busset (née Brenda Balfour, nièce de lord Arthur balfour qui fut à l’origine de la création en Palestine d’un foyer pour le peuple juif) y réside toujours.
Les précieuses archives familiales qui constituent la mémoire de cette célèbre maison et qui étaient soigneusement conservées dans la bien-nommé tour du trésor, ont pu échapper à la dispersion et se trouvent aujourd’hui rassemblées au château du Saussay, propriété du chef de maison qu’est actuellement Charles de Bourbon, 14ème comte de Busset, fils de l’académicien Jacques de Bourbon-Busset. (Un grand merci à Néoclassique pour ses recherches et la rédaction de cet article)
Damien B.
15 février 2011 @ 07:47
Merci Néoclassique de contribuer à enrichir nos connaissances avec les thèmes passionnants que vous avez l’habitude de nous proposer.
J’ai vu votre présentation télévisée de la conférence relative à la Duchesse de Berry. Je n’aurai qu’un mot à ce sujet : remarquable !
Damien
guizmo
15 février 2011 @ 07:55
merci mille fois pour ces magnifiques photos et toutes ces informations
Anais
15 février 2011 @ 07:56
Cette 2ème partie est encore plus intéressante (avis personnel). Un très grand merci à Neoclassique pour nous avoir fait découvrir ce magnifique château et son histoire
Aramis
15 février 2011 @ 09:20
Néoclassique, merci pour cette présentation fort intéressante d’un chateau que j’ai eu l’occasion de visiter il y a quelques années.
Une petite précision, vous dîtes : A l’extinction de la maison de Valois, la branche des comtes de La Marche, ducs de Vendôme dont Henri de Navarre était l’aîné, devenait en effet héritière du trône de France sauf à ce que ce droit lui fut contesté par César de Bourbon lorsqu’il était alors proclamé héritier de la branche des ducs de Bourbon qui passait avant elle en ligne successorale.
Pouvez vous préciser ? Merci par avance !
Pourceaugnac
15 février 2011 @ 10:01
à Neoclassique,
Suite à votre question, vous pouvez me joindre à de_pourceaugnac@yahoo.fr
Bravo pour l’ensemble de ce reportage.
Palatine
15 février 2011 @ 10:21
qu’est devenue la fille de François de Bourbon-Busset, veuve très jeune de son cousin germain, le fils de Jacques de Bourbon-Busset. Ce fils (Robert ?) mourut avant 30 ans et laissa deux petites filles. Un vrai drame. Il s’occupait des terres de son beau-père et oncle, et mourut dans un accident de tracteur qui je crois se renversa.
Je ne sais si sa veuve se remaria.
Le Saussay était la dernière résidence de Jacques de Bourbon-Busset, qui lui venait de sa mère. Charles de N&R a dit quelque part qu’à cause de son mariage avec Laurence Ballande, Jacques ne reçut pas le château de Busset en héritage de son père. Est-ce vrai ?
Merci Néoclassique pour son beau reportage. J’ignorais que le château avait été vidé et vendu. C’est bien dommage pour la famille.
grégory
15 février 2011 @ 10:46
autrement dit,le château de busset n’est plus que l’ombre de ce qu’il a été…à quand un reportage du même genre sur le château du saussay? ;-)
Thierry
15 février 2011 @ 10:50
J’attendais la seconde partie, pour remercier Néoclassique: c’est absolument passionnant et merveilleusement documenté.
Cela fait mal au coeur, de voir que notre pays est incapable d’avoir mis une législation en place, qui permît la préservation d’ensembles patrîmoniaux de cette importance, qui ne sont ni plus ni moins que des trésors historiques nationaux, même s’ils demeurent en mains privées, d’autant plus qualifiées d’ailleurs mais malheureusement dépourvues des moyens appropriés, puisque les Français sont littéralement dépossédés par l’Etat.
Je crains même que nous soyons des spécialistes de la destruction de notre propre patrîmoine historique et culturel et cela ne date pas d’aujourd’hui, hélas! Quand on pense comment les Anglais respectent jusqu’à la moindre fermette…
Catherine 1315
15 février 2011 @ 10:53
Toujours aussi passionnant. Parfait et félicitations.
Cécile
15 février 2011 @ 10:55
Merci à Néoclassique pour cette suite
Patricia C
15 février 2011 @ 11:00
Félicitations pour cet abondant article très instructif.Voici un chateau qui, pour ma part était inconnu, et paraît très intéressant.
Caroline
15 février 2011 @ 11:11
A Neoclassique,mille fois merci pour votre magnifique reportage-photo merveilleusement documente!
Colette C.
15 février 2011 @ 11:12
Merci encore pour ce remarquable reportage, j’ai beaucoup admiré les superbes cheminées.Quel dommage que presque tout ait été dispersé!
Marina
15 février 2011 @ 11:14
Ces reportages sur les chateaux sont magnifiques. Merci Régine et Neoclassique
Jean I
15 février 2011 @ 11:36
Le château s’il est encore dans cet état aujourd’hui est fort bien conservé en façade mais aussi au niveau de son ameublement
corentine
15 février 2011 @ 11:42
absolument remarquable et passionnant cet article
neoclassique vous nous comblez
un grand travail de recherche, des photos très interressantes
je vous remercie beaucoup
j’ai apprécié de mieux connaitre cette branche des Bourbon Busset
neoclassique
15 février 2011 @ 12:49
Aramis 4
Vous savez que les textes envoyés sont réécrits par l’équipe de Régine.
Or, il s’est malheureusement glisée un coquille dans ce travail de réécriture, ce qui créé une grave erreur historique que vous avez judicieusement relevé.
IL fallait enfait lire: « …ce droit lui fut contesté par César de Bourbon S’IL S’ETAIT ALORS PROCLAME ( et non pas lorsqu’il était alors) l’héritier de la branche des ducs de Bourbon qui passait avant elle en ligne successorale.
Mais j’avais averti Régine qui a depuis rectifié le texte
Charles
15 février 2011 @ 12:56
Palatine,
Ce que vous dites est exact. Le père de l’actuel comte de Bourbon-Busset n’a pas hérité du château de Busset en raison de son mariage avec Laurence Ballande.
neoclassique
15 février 2011 @ 13:07
Palatine 6
Merci de votre compliment et voici les réponses aux questions que vous posez
Anne-Laure de Bourbon-Busset, fille de François, avait effectivement épousé son cousin germain Robert de Bourbon-Busset, fils de son frère Jacques, l’académicien. Ce grand mariage d’amour fut couronné par la naissance de 2 filles mais se solda par un drame tragique puisque Robert, qui était passionné par Busset et qui devait le reprendre, se tua effectivement accidentellement dans une machine agricole à Busset en 1980.
Après ce grand deuil et après un grand projet qui échoua, Anne-Laure ne se remaria pas et vit toujours aujourd’hui dans une ancienne ferme de Busset où elle fait de l’élevage de chevaux avec succès.
Quand au Saussay, si Jacques, qui était l’aîné, n’a pas repris Busset mais lui a préféré Le Saussay, c’est uniquement par attachement pour sa mère, née Guillemette de Colbert, de qui venait cette propriété. Son mariage n’a rien à voir là dedans contrairement à ce que Charles affirme une nouvelle fois de manière totalement erronée
Anne-Laure Bayart-Mare
21 janvier 2013 @ 13:42
Que je suis triste de découvrir que le château de Busset n’est plus dans la famille… Voulant savoir ce que ‘était devenue Anne-Laure de Bourbon-Busset dont je porte le même prénom! je tombe sur cet article… Mon père a été l’architecte du Comte François de Bourbon-Busset et nous avions été tous invités en famille à passer quelques jours au château de Busset. A l’époque Anne-Laure avait 11 ans et moi un an de plus… C’est ainsi que j’ai fait sa connaissance! Mes souvenirs ne sont plus très précis, mais je me souviens du Comte qui nous a montré une précieuse lettre tachée de sang d’un prisonnier enfermé au château… Quel drame que l’accident du mari d’Anne-Laure. Toutefois, je suis surprise que ce mariage ait pu se faire en raison des liens de consanguinité entre Anne-Laure et son cousin germain Robert. Normalement ce n’est pas valide au yeux de l’Eglise catholique…D’après ce que j’ai lu c’était pour préserver le patrimoine de la famille… mais apparemment cela a échoué…
neoclassique
15 février 2011 @ 13:09
Grégory 7
j’ai prévu, le moment venu, de faire aussi un reportage sur Le Saussay, ancien fief Colbert, de la branche des marquis de Chabanais
Aramis
15 février 2011 @ 13:35
Merci néoclassique, je comprends mieux….
Francky
15 février 2011 @ 14:14
Néoclassique
Je joins mon commentaire à tous les éloges qui l’ont précédé pour souligner la qualité de votre travail, toujours aussi intéressant et instructif.
Ce château me rappelle le triste destin de celui d’Ansouis que la duchesse d’Orléans a contraint ses frères à vendre aux enchères pour bénéficier d’un pactole plus important, quitte a déposséder sa famille du patrimoine séculaire qu’elle détenait…
Quelqu’un sait-il ce que devient ce beau château provençal ?
patricio
15 février 2011 @ 14:35
merci Neoclassique , c’etait passionnant !
amities
patricio
A.Lin
15 février 2011 @ 15:30
Ce second volet est aussi passionnant que le premier.
Il est bien triste que les droits successoriaux français soient trop lourds pour que nos belles demeures françaises soient dépouillées de leurs biens mobiliers et autres.
Qu’elles soient transformées en musées pour que chaque français puisse profiter du patrimoine historique mais lorsque c’est en hôtel, je suis dubitative.
cosmo
15 février 2011 @ 15:44
Merci à Neoclassique pour ce beau reportage!
Jacques de Bourbon-Busset aurait peut-être mérité un peu plus de place. Membre de l’Académie française, il fut un écrivain prolixe. Il eut des mots merveilleux pour célébrer son épouse Laurence et l’amour conjugal. Il présida la Croix-Rouge française. Il fut un homme de bien, en tous points digne du nom qu’il portait.
Francky
15 février 2011 @ 16:15
Damien B
Pouvez-vous m’indiquer la chaîne et le jour de la présentation télévisée de la conférence relative à la Duchesse de Berry que vous avez regardé ? J’aimerai bien la voir sur le site internet des chaînes de TV…
Ou peut-être Néoclassique peut-il me donner ce renseignement… Merci d’avance !
marie-françois
15 février 2011 @ 18:43
Thierry 8
Arretez cette litanie communement répandue qui est de dire que les pouvoirs publics,en France, sont incapables de mettre en place des procédures permettant la conservation du patrimoine et que les français sont dépossédés par l’Etat.
Vous avez ici l’exemple contraire : un frere qui a conservé son chateau et l’a transmis à ses enfants et un autre qui l’a vendu apres avoir cédé meubles et tableaux. L’Etat est il pour quelque chose dans la situation de l’un comme de l’autre ? nullement.
Chacun méne sa vie et son patrimoine comme il veut, à ses risques et périls.
Si l’Angleterre a réussi à maintenir de tres grandes demeures comme Blenheim ou Chatsworth, par exemple, c’est bien parce que leur proprieté avait été transféré à un trust privé. s’il est un pays ou les droits de succession ont été presque confiscatoires pendant plus de 30 ans, c’est bien le Royaume Uni.
Le National Trust n’est pas la panaçée non plus. il n’a pas les moyens d’entretenir des domaines sans les donations spécifiques qui lui sont sont faites lors du transfrt au Trust
Si par exemple Waddesdon Manor,légué au National Trust dans les années 50, a été restauré d’une maniere splendide, il y a une quinzaine d’années, c’est grace a lord Rothschild, cousin et héritier de Mrs James de Rothshild, la derniere occupante.
Il ne faut pas non plus oublier que ces demeures sont gérées de maniere tres professionelle en véritable entreprise.
neoclassique
15 février 2011 @ 18:59
Cosmo 24
Merci de votre compliment.
je comprends que vous ayez été déçu qu’il ne soit pas fait davantage mention de Jacques de Bourbon-Busset, homme remarquable en tout point que je voyais chaque fois avec un extrême plaisir.
Mais il a, bien qu’étant fils aîné, peu vécu à Busset lui ayant préféré Le Sausssay, propriété de sa mère à laquelle il fut tant attaché. Elle aussi une femme d’une grande générosité.
Mais j’en parlerai lorsque j’évoquerai l’histoire du Saussay.
Charles
15 février 2011 @ 19:14
marie-françois,
Je partage votre avis.
Charles, comte de Bourbon-Busset avait même demandé à son oncle de lui vendre Busset en raison de ses nombreux problémes financiers. Ce dernier ou plutot Brenda Balfour a refusé.
Le chateau a été vendu ainsi que la totalité du mobilier sur saisie d’une banque.
Le président Giscard d’Estaing, familier de Busset, a négocié ferme avec l’acquereur du chateau pour permettre aux anciens propriétaires d’y loger leur vie durant. Sans lui la comtesse François de Bourbon-Busset serait aujourd’hui sans domicile.
Thierry
15 février 2011 @ 19:15
@ Marie-François (en 26)
Je maintiens ce que j’ai écrit, bien sûr, je parle d’expériences vues de près. Un élèment parmi d’autres: les droîts de succession, contraîgnent à la vente pure et sîmple de la propriété, dans de très nombreux cas mais bon…les propriétaires de « demeures en péril » apprécieront vos propos, à leur juste valeur!
@ Cosmo (en 24): comme vous avez raison de souligner la belle personnalité de Jacques de B-B, qui avait coutume d’appeler Laurence, son épouse, son « lion » et pour laquelle il écrivît des pages inoubliables de son « Journal », qui est quasîment consacré à leur si bel amour.
neoclassique
15 février 2011 @ 19:28
Marie-François 26
je suis tout à fait d’accord avec vous.
Il ne faut pas compter sur l’Etat providence pour maintenir tous les châteaux et autres demeures du patrimoine français. Ce n’est pas son rôle.
C’est avant celui des propriétaires qui doivent s’efforcer de maintenir et de transmettre le patrimoine dont ils sont les dépositaires. Et dans le cas de Busset, c’est hélas, le goût du paraître et la vanité qui ont occassioné la perte de ce prestigieux domaine qu’avaient patiemment constitué 14 générations de Bourbon-Busset.
pierre-yves
15 février 2011 @ 19:40
La réponse de marie-françois (26) au post 8 de Thierry me semble aussi juste que nécessaire.
Anne-Cécile
15 février 2011 @ 19:56
Notre pays a 21 siècles depuis JC, 21 siècles comme tout le monde, et bien remplis car nous sommes progressivement rentré dans l’Histoire dés les premiers siècles de cette ère.
Et pour plus de justice, les siècles précédant la naissance du Christ ne sont pas à mettre à la poubelle.
Et cela sans entrer dans les détails paléontologues, à défaut d’être significatifs pour l’étude de notre pays, importants dans l’histoire de l’Homme.
Bref des centaines et des centaines d’années, beaucoup d’Histoire, beaucoup de patrimoine…si nous saisissions l’ensemble des revenus de tous les Français pour toujours, adoptions un système à la communiste, nous ne pourrions pas assumer la conservation du patrimoine même réduit aux années glorieuses de la monarchie absolue!
Il faut faire des choix et même parmi le patrimoine qui est construit par les générations de notre époque.
Je ne vois pas pourquoi nous accorderions une attention et de l’argent d’Etat, aux croûtes académiques d’un tel ou d’un autre sous prétexte qu’elles représentent des personnages historiques, et commandées pour entrer dans les collections d’une famille d’importance.
Il appartient aux descendants, aux particuliers, d’assumer leur héritage. L’Etat ne leur servira pas de bouée de secours au-delà de ce qui peut intéresser objectivement la France, son histoire et son peuple.
Lorsque l’on regarde ce qui se passe hors frontières, on constate à quel point le patrimoine français a été préservé, sous la monarchie et sous la république. Lorque l’on compare avec les quelques pays avec lesquels la France puisse être comparée de par son histoire, sa place géographique, les invasions et civilisations qui la dominèrent, ses périodes de guerres et de paix, elle est indubitablement privilégiée. Malgré ses drames et catastrophes.
Il me semble que depuis quelques dizaines d’années, on se plaint plus du « délaissement » du patrimoine! Sans doute un indice de la décrépitude des générations actuelles, incapables d’être aussi créatrices que leurs ancêtres.
Michèle
15 février 2011 @ 21:45
Neoclassique merci pour ce magifique reportage sur ce Château, c´est un véritable plaisir de le lire et de vous lire.
marie-françois
15 février 2011 @ 22:56
Neoclassique
Merci de votre réponse.
Il existe aussi des domaines qui sont repris .
Le duc de Sabran Ponteves n’a t il pas repris a Ansouis , dans les années 40/50, un chateau tombé dans l’abandon ?
neoclassique
16 février 2011 @ 01:05
Anne-cécile 31
tout à fait d’accord avec vous.
La perte de Busset n’est pas du tout imputable à l’Etat mais, hélas, a une femme qui, par vanité, a ruiné le patrimoine de 15 générations.
L’Etat n’a pas à suppléer aux défaillances de familles fortunées mais qui se ruinent par goût du paraître.
Il appartient à tout propriétaire d’un édifice historique de savoir qu’il n’est que dépositaire de ce bien et qu’il devra, le moment venu le transmettre car il n’est qu’un maillon dans la longue chaîne des générations.
Palatine
16 février 2011 @ 01:33
Cosmo et Thierry, je ne peux qu’abonder dans votre sens car j’ai eu l’occasion de rencontrer Jacques de Bourbon-Busset quand j’étais étudiante. Nous avons correspondu de loin en loin et j’ai même cotisé pour son épée d’académicien. J’ai aussi rencontré sa femme. Elle était très éprise de son mari qu’elle appelait « mon ange ».
Des écrivains se moquaient de lui et de son oeuvre où il célèbre l’amour conjugal . En fait, moi ce que j’aimais chez Jacques de B-B, c’était plutôt la personne que l’écrivain. C’était un homme foncièrement bon. gentil, courtois, le grand seigneur tel qu’on l’imagine. Il fut maire de son village à une certaine époque et s’occupait parfois de cas sociaux. Donc il n’était pas enfermé dans sa tour d’ivoire.
Thierry
16 février 2011 @ 02:18
Si vous me permettez une incidente à votre 29, Néoclassique, ce ne sont pas tous les châteaux et demeures du Patrimoîne français, qu’il conviendrait à l’État de soutenir au cas par cas (tâche réellement impossible), dans mon esprît mais bien des ensembles, encore en mains privées, de l’importance de cet ensemble familial (ainsi que je l’avais précisé) qui se confond avec le Patrimoîne historique national, et que vous nous avez si bien présenté.
Il faudrait, bien sûr, développer et cela nous entraînerait fort loin, sur le terrain de la conception que l’on se fait de l’Etat, et de la situation de l’individu isolé, telle qu’elle ressort de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Cîtoyen, qui sont l’un et l’autre entièrement soumis à la Loi (révolutionnaire), expression de la volonté générale souveraîne mais néanmoins amputée de la Loi naturelle.
Sur le temps long, à l’époque où naquirent ces fabuleux vaisseaux de pierre, le règlement des conflîts s’alîgnait sur la Loi naturelle, dans une société harmonieusement bâtie sur toute une hiérarchie de corps intermédiaires, où la famille avait une place centrale, voire sacrée.
A notre époque du court terme dominant, où les individus sont « atomisés » devant l’Etat omnipotent, il est évident qu’il se trouvera toujours tel ou tel héritier défaillant et isolé, comme dans ce trîste cas, puisque vous nous apprenez qu’il a suffit d’un seul maillon faîble, pour que fût anéanti l’héritage de quatorze générations!
C’est bien sûr une misère à laquelle nous ne pouvons nous résoûdre, sans rechercher tant bien que mal, et malgré les contradictions rencontrées avec un système fiscal purement confiscatoire (que ce soit pour les patrimoînes familiaux ou pour les ressources, d’ailleurs) de nouvelles solutions juridiques et fiscales, les plus appropriées possîbles.
Sinon, il ne resterait bientôt quasîment plus rien, de ces témoignages de notre histoîre passée, que j’ai la faîblesse de considérer comme miraculeusement préservés jusqu’à nous, d’autant plus regrettable (j’emploie un euphémisme) de laisser s’évanouir, à l’époque contemporaîne et au mépris des générations ultérieures. Je suis un peu étonné que vous fîssiez -peut-être?- vôtre, une telle conception moderniste, et sortie toute armée de 1789.
Quoiqu’il en soit, merci encore pour votre remarquable reportage, sur le net, et malgré le pincement au coeur, de savoir cette magnifique et ancestrale demeure, aujourd’hui hélas démeublée, et transformée en hôtel de luxe, presque comme une petite mort.
Cordialement,
neoclassique
16 février 2011 @ 09:33
Marie-François 35
vous avez tout à fait raison. C’est le duc de Sabran qui a racheté dans les années 50 ou 60 le vieux château familial qui avait quitté le giron familial. Il l’a patiemment restauré et entièrement remeublé. La duchesse de Sabran raconte tout cela dans un joli livre intitulé « Bon sang ne peut mentir ».
Mais, hélas, la mésentente des enfants et la cupidité de certains, dont il ne nous appartient pas, me semble-t-il, de connaître et de juger des causes, a ruiné en quelques années tout ce patrimoine puisque la château a été recemment vendu et que le mobilier devrait l’être dans les mois qui viennent à Paris.
Mais cette situation n’est, hélas, pas unique et tout ce grand patrimoine français est aujourd’hui, dans son ensemble, très gravement menacé par les partages successoraux, les charges d’entretien mais aussi, le fait que ce lourd patrimoine ne correspond plus au mode de vie des héritiers d’aujourd’hui.
grégory
16 février 2011 @ 11:07
@ thierry (8)…l’angleterre n’est pas forcément un exemple idéal de conservation du patrimoine.par exemple le XXème siècle y a vu la destructions de CENTAINES de châteaux et manoirs.
@ neoclassique (20)…ben voilà,suffit de demander!… :-)
Thierry
16 février 2011 @ 11:12
Bonjour Palatine (en 38), toujours enchanté de vous lîre. J’ai eu la chance de rencontrer une fois, moi aussi, Jacques de B.B., et son épouse, un couple qui ne s’oublie pas.
Comme vous le dîtes si bien, Jacques de B.B. était, un être délicieux,
dont les qualités morales et intellectuelles, rayonnaient. Je crois qu’il est mort à la suite d’un malaise (cardiaque?), au métro Sèvres-Babylone. Je n’ai pas les dates en tête mais j’espère qu’il n’a pas connu le malheur de cet accident, relaté plus haut.
@ Néo-classique (en 36), je crois que nous avons une petite divergence mais ce n’est pas grave. Si vous m’y autorisez, je vous trouve trop sévère, avec « le goût du paraître…des familles fortunées » qui ne le sont pas, dans la plupart des cas, nonobstant une accumulation de trésors artistiques parfois inestîmables, en plus de l’entretien de bâtiments hors de raison, ce qui rend souvent intenable leur existence.
Il n’est pas donné à tout le monde de savoir vîvre chîchement, dans un musée, avec les moyens que laisse aux particuliers, notre société « sociale-démocrate » moderne (taux de prélèvement global sur les revenus, par l’État spoliateur: 57%).
AnnedeBeaujeu
16 février 2011 @ 12:00
De nouveau un grand merci à vous Néoclassique.Adb
neoclassique
16 février 2011 @ 12:14
Thierry 41
Quelques précisions sur la mort tragique de Jacques de Bourbon-Busset. L’écrivain avait l’habitude d’entretenir beaucoup de relations avec ses lecteurs qu’il rencontrait souvent à Paris où il venait en empruntant le RER. Lors d’un de ces trajets dans le métro parisien, il eut un instant d’inattention et ne se leva pour sortir de la rame qu’au moment où la porte automatique se refermait. Son manteau resta coincé dans la porte alors que le train repartait sans que le conducteur s’en soit aperçu. Il fut traîné ainsi sur plusieurs dizaines de mètres avant qu’un visiteur ne tire le signal d’alarme. Mais il était trop tard et son coeur lâcha peu de temps après. Alors qu’il était en parfaite santé, hormis une légère surdité.
Au moins n’a-t-il pas connu le naufrage de la vieillesse
mais quelle triste fin pour le grand gentilhomme plein de délicatesse qu’il était!
Thierry
16 février 2011 @ 12:44
@ Merci Néoclassique, pour ces précisions (en 43), qui me sont personnellement fort précieuses, quoique plus tragiques encore que je ne l’imaginais. C’est en effet, lors de l’une de ces sîgnatures de livres, dans le foyer de Saint-Pierre-Du-Gros-Caillou, à Paris, que j’eus le bonheur de croiser J. de B.B.. Je le vois encore, assis à sa table, accompagné de son épouse, que vous avez eu le privilège de bien connaître. Le charisme et le naturel des gens accomplîs.
Les quelques minutes passées avec eux, me sont inoubliables. Tant d’empathie pour ces personnes de si haute valeur, néanmoins si sincères, dans le moindre échange, fût-ce avec le jeune lecteur inconnu (mais fervent) que j’étais, devant eux. Cela me donne envie de replonger dans son oeuvre (on peut presque dire une oeuvre écrite à quatre mains), que j’ai lue à haute dose, dans mes années romantiques…
Palatine
16 février 2011 @ 13:37
Tout le monde a eu sa période romantique, Thierry.
Je ne sais pas si « Fugue à deux voix » est encore trouvable. Mais c est finalement un livre assez actuel. Pendant tout le récit, le narrateur se demande s’il va épouser la jeune femme qui est son amie (à l’époque on aurait dit « mâitresse » mais le mot n est pas tres joli) . Il pèse le pour et le contre et finit par opter pour le mariage.
Evidemment, la jeune femme n’a jamais hésité, elle. Exactement ce que je vois dans la génération de ma fille.
cosmo
16 février 2011 @ 19:16
Néoclassique, Palatine, Thierry,
Vos témoignages sur Jacques de Bourbon-Busset que je n’ai pas eu l’honneur de rencontrer son émouvants.
En ce qui concerne le patrimoine des familles, il me semble que c’est de leur devoir de les entretenir, et certaines le font bien en se privant parfois un parfois beaucoup. Qui possède un château passe rarement ses vacnces aux Maldives!
Mais l’Etat, ou la société, devrait prendre en compte le caractère exceptionnel non seulement sur le plan architectural ou artistique mais aussi sur le plan sentimental et constitutif de mémoire, soit pour la famille elle-même, soit aussi pour le village autour du château et parfois pour la nation tout entière. Des exemptions, voire des aides, devraient être accordées de façon plus large qu’aujourd’hui pour permettre à ces demeures de rester ouvertes. Cela imposerait bien sûr des conditions d’usage et de transmission aux propriétaires. Une reconstitution des Majorats en quelque sorte, adaptés à notre époque.
L’obligation du partage des biens et la réserve des héritiers a fait bien du mal au patrimoine français.
Les agriculteurs en ont fait les frais avant tout le monde, endettés jusqu’au cou pour pouvoir racheter la part des autres, de ceux qui ont quitté la terre ancestrale pour des conditions de vie plus faciles et qui ont réclamé leur part, comme la loi le leur permet.
Ahmed REDAH BEK
16 février 2011 @ 19:30
Un très grand merci à Néoclassique pour ce splendide reportage et aussi pour les commentaires très utiles et fort intéressants. Je suis pleinement d’accord avec Palatine (37) pour la description de Jacques de Bourbon-Busset, dont je garde le meilleur souvenir; j’étais encore étudiant à Paris, lorsqu’il m’offrit un de ses livres, joliment dédicacé…
Aramis
17 février 2011 @ 07:40
neoclassique (39) ou tout autre amateur d ‘histoire) vous soulignez que le duc de Sabran a racheté Ansouis. Ce qui veut dire que le chateau avait quitté le giron familial. Savez-vous dans quelles circonstances ? et depuis combien de temps ? merci !
neoclassique
17 février 2011 @ 11:10
Cher Aramis
oui Ansouis avait été vendu a la fin du XIXe siècle par des heritiers Sabran peu interessés par leur histoire.
Et c’est Foulques, duc de Sabran qui la rachétera, le restaurera et la remeublera entièrement et avec beaucoup de goût, à la sueur de son front dirais-je même en raison de faibles moyens financiers.
Tout cela est raconté avec verve et bonheur par son épouse Rose de Vallombrosa dans le livre plein de charme qu’elle a écrit et que je vous engage à lire: Bon Sang ne peut mentir publié chez JC Lattès.
on le trouve sur les sites de livres d’occasion
Aramis
17 février 2011 @ 21:49
merci neoclassique de faire grandir ma bibliothèque…!
neoclassique
17 février 2011 @ 22:37
Aramis
votre bibliothèque …et votre culture ( même si je reconnais volontiers qu’elle est déjà abondante) !
Thierry
18 février 2011 @ 01:04
@ Merci Cosmo, de votre intéressant début de développement, sur un sujet crucial. Tant de débats de cette nature (qui ne se règlent pas à coup d’impératifs, bien discourtois), pourraient trouver ici quelques échos constructifs…mais bon, je ne vais pas me faire plus monarchiste que les (vrais)… »monarchistes », sur la façon et l’endroît où ils souhaîtent mener « leur » cause…
Cordialement.
Charlanges
18 février 2011 @ 16:33
Merci, Neoclassique, pour toutes les précisions que vous nous apportez.
Je suis néanmoins un peu étonné par ce que vous nous écrivez à propos d’Ansouis. Je n’ai pas l’impression que le précédent duc de Sabran ait dû racheter Ansouis dans les années 1940 ou 1950. Dans ses mémoires, son épouse ne fait aucunement allusion à une telle situation mais insiste sur le fait que les générations précédentes ne portaient aucun intérêt à la demeure et la laissaient à l’abandon. C’est tout à l’honneur de son mari et au sien d’avoir restauré Ansouis au prix de lourds sacrifices. Malheureusement, contrairement à leurs espoirs, la mésentente familiale n’aura pas permis de poursuivre à la génération suivante …
neoclassique
18 février 2011 @ 22:27
Charlanges 53
vous avez tout à fait raison.
je me suis trompé, le duc de Sabran n’a fait que relever
une demeure familiale qui était à l’abandon depuis plusieurs générations.
Après cette résurrection, quelle triste destinée est aujourd’hui celle du château d’Ansouis!
Marc-Claude de Portebane
27 février 2011 @ 00:00
J’ai souvent eu grand plaisir à prendre le thé chez la comtesse de Bourbon-Busset qui est très attachée à sa maison qui n’est plus la sienne, bien malheureusement !
neoclassique
27 février 2011 @ 16:39
Marc-Claude,
Effectivement tout cela est bien triste.
mais malheureusement n’a qu’à s’en prendre qu’à elle-même.
Elle a été l’artisan de son propre malheur.
Marc-Claude de Portebane
10 mars 2011 @ 13:26
Nous avons tous, à un moment ou à un autre dans notre vie des moments de malheur et de faiblesse. J’ai vu la comtesse faire sa cuisine dans sa salle de bain. J’en ai été très choqué et je lui ai fait aucun reproche. C’est une femme extrêmement brillante et courageuse. La vraie noblesse dans la vie est aussi d’aider ceux qui sont dans le malheur !
neoclassique
19 mars 2011 @ 19:15
Marie Claude de Portebane
certes, mais la vraie noblesse est avant tout de maintenir et de transmettre ce que l’on a reçu.
Et malheureusement, Branda de Bourbon-Busset a été le maillon faible qui a fait se briser la chaine de la tradition
lageyre
12 juin 2013 @ 08:02
J’ajoute que la propriété De Busset est une magnifique demeure, le Comte François de BOURBON un personnage très respectueux, intelligent,famille que j’ai pu rencontré en 1982 lors de la moisson du domaine, ainsi qu’Anne laure De BOURBON merci à tous.