Le château de Combourg se situe près de Rennes. Il est ouvert au public de février à novembre. Les visites sont guidées mais le parc se visite librement. Voici son historique : « Tout commence au début du XIe siècle. Les terres de Dol, souvent opposées au duché de Normandie, doivent être protégées. L’évêque, Guinguené, fait alors construire un donjon à Combourg pour son frère Rivallon. Il sera le premier seigneur de Combourg, « porte-étendard de Saint-Samson », ainsi que sont nommés les défenseurs de Dol.
Le donjon reconstruit aux XIIe et XIIIe siècles deviendra la Tour du Maure. Il sera relié au XIVe siècle à la Tour de l’Est et à la Tour du Chat. Au XVe siècle, la Tour du Croisé et la façade Nord achèvent la construction du château. Combourg formera, avec Vitré et Fougère entre autres « les Marches de Bretagne » et résistera aux assauts du moyen-âge, défendant les frontières de la Bretagne indépendante. Pendant la Guerre de Cent ans les seigneurs de Combourg s’engagent dans les luttes de successions du duché de Bretagne qui opposent le roi de France au roi d’Angleterre. Les mariages successifs d’Anne de Bretagne avec les rois Charles VIII et Louis XII finissent par rattacher en 1532 le Duché de Bretagne au royaume de France.
En 1734, René-Auguste de Chateaubriand, cadet d’une illustre famille plus riche d’honneurs que de biens, décide de tout faire pour redorer son blason : il s’engage dans la marine, devient armateur, livre plusieurs batailles, s’enrichit. En 1761, il rachète le château à son oncle, le duc de Duras. Le fief féodal, avec ses droits, ses vassaux et coutumes restaure le lustre de la famille. Après avoir entrepris quelques aménagements à l’intérieur du château le nouveau Comte de Combourg fait venir en 1777 de Saint-Malo sa femme et ses cinq enfants. François-René est alors âgé de huit ans. Son arrivée à Combourg fera l’objet d’un des passages les plus célèbres des « Mémoires d’outre-tombe ».
La Révolution Française va marquer en 1789 une étape décisive dans l’histoire de la Bretagne. Avant Paris, la révolution éclate à Rennes le 27 janvier 1789. A la mort de René-Auguste de Chateaubriand en 1787 le Château de Combourg a pour seigneur Jean-Baptiste de Chateaubriand, frère ainé de l’auteur. Magistrat au parlement de Paris il s’engage dans l’armée contre-Révolutionnaire. Le château de Combourg pendant cette période est pillé, saccagé puis confisqué.
Sous la Terreur, Jean-Baptiste de Chateaubriand est arrêté et guillotiné avec sa femme, Aline de Rosambo, ses beaux- parents et le grand-père de sa femme, le célèbre Malesherbes, défenseur de Louis XVI, le 22 avril 1794. François-René, frère cadet et futur écrivain, revenu d’Amérique pour combattre la Révolution s’engage dans le régiment de Navarre et rejoint l’armée des Princes à Namur. Blessé au siège de Thionville il est envoyé se soigner chez son oncle de Bedée à Jersey d’ou il partira pour l’Angleterre vivre l’immigration jusqu’en 1800.
Le Château de Combourg est restitué en 1796, totalement inhabitable. Il demeurera ainsi durant quatre-vingts ans : l’héritier, fils de Jean-Baptiste et neveu de François-René, est alors âgé de 7 ans. Élevé à Verneuil par son tuteur et oncle Christian, Comte de Tocqueville, Louis-Geoffroy de Chateaubriand reviendra à Combourg à plusieurs reprises sans jamais y habiter. Il mettra à disposition des enfants du village la salle des gardes, pour que tous reçoivent une éducation. Il ira jusqu’à en financer une partie, signant ainsi le début du premier collège de Combourg. Cela durera deux ans, pendant lesquels le collège Saint Guildin est construit.
Dès la deuxième moitié du 19e siècle, le Château de Combourg rendu célèbre par François René de Chateaubriand dans ses Mémoires d’Outre Tombe devient un lieu de pèlerinage littéraire. Gustave Flaubert et Maxime du Camp nous laissent dans leur récit « Par les champs et les Grèves » une description aussi juste que mélancolique du château. Maurice Barrés y verra « l’épreuve de pierre d’un chef d’œuvre verbal ».
En 1875, Geoffroy, petit-fils de Jean-Baptiste, revient au château et le fait restaurer afin de transformer la forteresse médiévale en lieu de vie pour une famille du XIXe siècle. Le parc sera alors dessiné à l’anglaise par Denis et Eugène Bühler. Ils s’inspirent des Mémoires d’outre-tombe et recréent la Cour Verte, le grand et le petit mail, les allées de chênes, de tilleuls et de marronniers. La forteresse est réaménagée dans l’esprit néo-gothique contemporain par Ernest Thrile, influencé par le style d’Eugène Viollet-le-Duc.
La salle des Gardes est divisé en deux parties et fait place a un salon et une salle a manger. La cour intérieure est diminué afin de créer un grand escalier central et un étage pour joindre le logis nord au logis sud. Influencé par Viollet- le -Duc, le décor des murs raconte dés l’entrée du vestibule “a voutes ogives” l’histoire glorieuse des Chateaubriand.
Classé monument historique, le château est toujours habité par les descendants de Jean-Baptiste de Chateaubriand, frère ainé de l’auteur.
Les bois de Combourg sont dessinés en Parc à l’anglaise par les frères Bühler lors de la restauration entreprise au XIXe siècle.
Denis et Eugène Bühler s’inspirent des descriptions de François-René de Chateaubriand dans ses Mémoires d’outre-tombe. L’esprit du célèbre écrivain habite toujours les lieux. Et l’on peut encore aujourd’hui passer devant la croix de Lucile et s’imprégner de cette atmosphère qui lui fit dire, alors que François-René évoquait sa solitude :« tu devrais peindre tout cela ».
Voir ce faux cyprès, âgé aujourd’hui de près de 250 ans, qui porte depuis 2012 le bien-nommé label d’ « Arbre Remarquable ». S’asseoir sur le perron et poser le même regard que François-René sur la Cour Verte, les allées de marronniers et de tilleuls. Circuler entre la Rose Chateaubriand baptisée en 2010 lors des Floréales Médiévales et la Rose Sweet delight qui reçut le prix du meilleur parfum en 2013 à Bagatelle et fut plantée et baptisée lors des Floréales Médiévales de 2014. »
Arielle
16 août 2019 @ 08:43
Merci beaucoup. Très intéressant article.
Francois
16 août 2019 @ 09:01
Le château comme on l’imagine étant enfant
Des tours des cheminées à profusion
Un air austère
Elisabeth-Louise
16 août 2019 @ 09:52
Merci pour ce bel article !
Il y manque quelques fantômes……
» Mémoire d’outre-tombe François-René, vicomte de Chateaubriand a passé une grande partie de son enfance dans le château. Son ½uvre autobiographique, Mémoires d’outre-tombe évoque cette période. Au fil des 12 tomes, l’auteur décrit la mélancolie des lieux et ses années passées à Combourg avec un père aux promenades silencieuses, une mère pieuse, sa s½ur Lucile avec laquelle il nouait une vraie complicité… Alors qu’il entend le chant de la grive, son enfance lui revient en mémoire.
Selon François-René de Chateaubriand, le château serait hanté par un fantôme à la jambe de bois accompagné d’un chat noir… Il s’agirait de l’âme errante de Malo III Auguste (1678-1727), ancien Comte de Combourg et Marquis de Coëtquen. Lieutenant général du Roi Louis XIV, Malo III Auguste se distingua lors du siège de Lille (1708). Pendant la bataille de Malplaquet en 1709, sa jambe fut emportée par un boulet de canon. Victime d’une amputation, on lui posa une jambe de bois.
La nuit tombée, les pas de Malo III de Coëtquen et les miaulements du chat résonneraient depuis dans le grand escalier de la tourelle. Vue générale du village de Combourg et de son château La »Tour du chat », théatre des hantises D’autres événements survenus après la mort de l’écrivain font perdurer la légende et notamment la découverte en 1876, au cours de travaux de restauration, de la momie d’un chat dans le mur d’une pièce du château. Au Moyen-Âge, la tradition voulait qu’un chat noir soit capturé et emmuré pour protéger tout nouvel édifice du démon. C’est ce qui fut fait afin de conjurer le mauvais sort et de protéger les habitants du château de Combourg. La »Tour du chat » serait donc la partie « maudite » du château de Combourg. »
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» C’est là que sont observés d’étranges phénomènes, engendrant un sentiment de peur chez les habitants successifs de la forteresse. Le château est actuellement ouvert aux visiteurs et la momie du chat, retrouvée emmurée, est exposée dans l’ancienne chambre de François-René de Chateaubriand. Lors de la visite d’un touriste dans la pièce où est exposée la momie, alors que le guide expliquait la tradition pour conjurer le mauvais sort au Moyen-Âge, la porte se serait fermée toute seule.
Selon le guide, c’est l’esprit du chat qui voulait témoigner de sa présence. Dans la »Chambre rouge » (Chambre du père de François-René de Chateaubriand) située dans la »Tour du chat », des témoins auraient assisté à l’apparition du spectre d’une jeune femme. On racconte qu’elle aurait vécu au château sous la Révolution Française… Des amis de l’actuel propriétaire du château invités à dormir dans cette même »Chambre rouge », raccontent qu’ils furent réveillés par des bruits inquiétants et par l’apparition d’une étrange lumière sous le lit…
Mythe ou réalité ? Des reportages télévisés ont été consacrés à ces phénomènes étranges : Les 30 histoires les plus mystérieuses, La soirée de l’étrange, etc. Les experts ès paranormal et autres médiums venus constater les faits présumés, parlent de « présences et/ou de forces invisibles » dans le château. Force est de constater que seuls les différents maîtres des lieux semblent s’en accommoder… Le Chateau de Combourg est classé monument historique depuis 1997″
Source texte : besoindesavoir.com
Cette mystérieuse dame serait-elle Lucile, la soeur adorée de François-René de Chateaubriand ? peut-être bien…..
Il écrit d’elle =
» Lucile aimait à faire seule, vers le soir, quelque lecture pieuse : son oratoire de prédilection était l’embranchement des deux routes champêtres, marqué par une croix de pierre et par un peuplier dont le long style s’élevait dans le ciel comme un pinceau. Ma dévote mère, toute charmée, disait que sa fille lui représentait une chrétienne de la primitive Église, priant à ces stations appelées laures.
De la concentration de l’âme naissaient chez ma sœur des effets d’esprit extraordinaires : endormie, elle avait des songes prophétiques ; éveillée, elle semblait lire dans l’avenir. Sur un palier de l’escalier de la grande tour, battait une pendule qui sonnait le temps au silence ; Lucile, dans ses insomnies, allait s’asseoir sur une marche, en face de cette pendule : elle regardait le cadran à la lueur de sa lampe posée à terre. Lorsque les deux aiguilles, unies à minuit, enfantaient dans leur conjonction formidable l’heure des désordres et des crimes, Lucile entendait des bruits qui lui révélaient des trépas lointains. Se trouvant à Paris quelques jours avant le 10 août, et demeurant avec mes autres sœurs dans le voisinage du couvent des Carmes, elle jette les yeux sur une glace, pousse un cri et dit : « Je viens de voir entrer la mort. » Dans les bruyères de la Calédonie, Lucile eût été une femme céleste de Walter Scott, douée de la seconde vue ; dans les bruyères armoricaines, elle n’était qu’une solitaire avantagée de beauté, de génie et de malheur. » F.-R. de Chateaubriand
Muscate-Valeska de Lisabé
16 août 2019 @ 13:59
Elisabeth-Louise…c’est vraiment dans l’esprit de tout ce qui fait vibrer mon âme…merci…c’est passionnant.
Et OUI…Je confirme que Lucile était bien une extra-lucide.
Quand c’est un don naturel,c’est exceptionnel et on ne peut même pas s’en empêcher.
Karabakh
16 août 2019 @ 10:29
Très bel endroit, rempli d’une mémoire forte. C’est à visiter au moins une fois.
Menthe
16 août 2019 @ 10:29
Combourg, jolie petite ville bretonne qui vaut un arrêt.
Ghislaine-Perrynn
16 août 2019 @ 11:24
Si vous visitez la région de Combourg et St Malo , je vous conseille un cimetière , il y en a plusieurs , mais celui là a quelque chose d’exceptionnel , il a une partie protestante pour les nombreux anglais qui ont vécu dans cette région et surtout de très vieilles tombes originales où se trouvent les restes des corsaires malouins.
Il s’appelle le cimetière Jeanne Jegu à St Servan
christine35400
16 août 2019 @ 14:43
Le cimetière dont vous parlez est le cimetière Jeanne Jugan.
Merline
19 août 2019 @ 17:22
Le cimetière dont vous parlez est également appelé cimetière du rosais. Madame de Bédé, mère de Chateaubriant est enterrée . Ce lieu en escalier donné sur la rance.
Bambou
16 août 2019 @ 11:49
Château sinistre s’il en est…
Laure2
16 août 2019 @ 16:27
Oh non il n’a rien de sinistre , d’autant que les jardins sont très bien entretenus et offrent de charmantes promenades.
Seul les guides accentuent le coté vendeur de la visite en surjouant les clichés du chat emmuré sinon c’est assez agréable , le petit nombre de visiteurs possible en même temps permet à chacun de profiter des lieux évidemment il faut aimer les pastiches médiévaux .
Doudou
16 août 2019 @ 12:32
Une promenade romantique et bien venue chez le grand Chateaubriand . Souvenirs !
Muscate-Valeska de Lisabé
16 août 2019 @ 13:56
J’aime beaucoup la deuxième photo.
L’évêque qui fait construire un donjon à son frangin,ça sent à plein nez le denier du culte employé à mauvais escient🙄…déjà à l’époque,avant et maintenant…🐽
Menthe
16 août 2019 @ 16:47
Oui Muscate, la 2ème photo est très belle.
Et pour le reste de votre com, effectivement, rien de nouveau sous le soleil 😏😏
Alinéas
16 août 2019 @ 13:01
Quel plaisir pour ces quelques lignes d’histoire avec de belles photos !!!
Danielle
16 août 2019 @ 13:49
Merci de nous faire connaître ce château et son histoire.
Le coin bibliothèque et la cheminée sont beaux.
Muscate-Valeska de Lisabé
16 août 2019 @ 13:52
J’aime beaucoup la deuxième photo.
L’évêque qui fait construire un donjon à son frangin,ça sent à plein nez le denier du culte employé à mauvais escient🙄…déjà à l’époque,avant et maintenant…🐽
aubépine
17 août 2019 @ 12:56
C’est là qu’est né ,dans cette nature retirée , le sentiment fraternel d’intimité entre René et Lucile tous deux rêveurs et romantiques,à la limite du spleen, sentiment équivoque il faut bien le dire !
Pascal
17 août 2019 @ 13:23
Très bel article ,bien documenté et illustré, MERCI!
Chrétien Guillaume de Lamoigon de Malesherbes restaura l’honneur de la magistrature française qui s’était tant déconsidérée sous l’ancien régime.
J’ignorais que sa petite-fille avait épousé un Chateaubriand mais je crois que l’ecrivain était allé le visiter pour s’initier à la botanique avant de partir pour l’amérique et du coup je comprends mieux.
Daval Anne - Marie
3 mai 2021 @ 17:02
Les photos et articles que j’ai vus et lus me donnent une folle envie de revoir Combourg..et de visiter enfin le château. Je ne l’ai jamais fait, hélas, bien que résidant un peu au sud. Si un jour , je pouvais y aller avec Farah et Germain, Karen et Benoît pour me soutenir