Le château de Grouchy est un château situé à Osny, dans le département du Val-d’Oise, à trente kilomètres au nord-ouest de Paris.
Le château doit son nom au marquis Jean de Grouchy, arrière-petit-fils du maréchal d’Empire, Emmanuel de Grouchy.
Inscrit au titre des Sites en 1945, puis à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques, le château, dans son état actuel, date de la fin du XVIIIe siècle.
Jusqu’au milieu du XVIe siècle, Osny compte plusieurs petits fiefs. Sous l’impulsion de différents seigneurs, ils sont peu à peu réunis en un seul corps, dont le noyau central est composé par le fief de la Tour du Bus et le fief de Châteaupers.
Nicolas Ier Le Sueur, président du Parlement de Paris, conseiller notaire et secrétaire des rois Henri III et Henri IV, réunit ces deux fiefs en 1586, jetant ainsi les bases de la terre et seigneurie d’Osny jusqu’à la fin du XVIIIe siècle.
À cette époque, elle se compose d’une maison seigneuriale d’origine médiévale, d’une basse-cour et d’un bâtiment de service, de clôtures et jardins, de vignes, bois, prés, aulnaies et terres labourables, avec droit de haute, moyenne et basse justice, droit de chasse et de pêche dans la Viosne et droit de patronage.
Les Le Sueur, marchands-drapiers et bourgeois d’origine parisienne, reçoivent alors les cens et signent les baux en leur manoir seigneurial. Ils sont désormais riches et anoblis, mais c’est au XVIIe siècle, grâce à Nicolas II Le Sueur, que le domaine prend son véritable essor. Il fait construire un château d’agrément vers 1635-1640, sur l’emplacement de l’antique maison forte.
Le château comporte un rez-de-chaussée, un premier et un deuxième étage sous les combles, une entrée tournée vers l’est avec une grille. Il est constitué d’une grande galerie reliant deux ailes latérales en retour sur la cour, formant un plan régulier en « U ».
Petit-neveu de Nicolas Ier Le Sueur, Nicolas II, Chevalier de l’Ordre de Saint-Michel et de l’Ordre du Saint-Esprit, intendant des finances, fortifications et police en la province de Champagne, il est surtout gentilhomme ordinaire de la chambre des rois Louis XIII et Louis XIV et conseiller en leurs conseils d’État et privé.
Le bâtiment des écuries, dont l’ouverture est surmontée d’un petit fronton arrondi où se détache un cheval sculpté dans la pierre, sera construit au début du XVIIIe siècle par Gaston de Terrat, chevalier, marquis de Chantôme et de Tavers, baron de Chaumont, commandeur et grand trésorier de l’Ordre de Saint-Michel et de l’Ordre du Saint-Esprit, chancelier, garde des sceaux et surintendant des maisons et domaines du duc d’Orléans.
En 1786, le comte Charles de Lameth, nouveau propriétaire des lieux, commandite la construction d’un nouveau château qui, s’appuyant sur les édifices antérieurs, doit répondre à l’évolution des goûts et des modes de vie. Le chantier qui va durer plus de dix ans, est confié à l’architecte Jacques-Pierre Gisors, lauréat du prix de Rome en 1779. Les travaux consistent en la construction d’un grand corps de logis central à deux étages incorporant l’ancienne galerie et le cœur du château est desservi par un escalier à double révolution en saillie.
Les anciens bâtiments de service percés de porte cochère sont, quant à eux, arasés au niveau du premier étage pour laisser place à des terrasses. Puis, le comte Charles de Lameth, à présent chevalier de la Légion d’honneur et lieutenant général des armées du roi, fait construire deux nouvelles dépendances : l’orangerie et la graineterie.
A sa mort survenue en 1832, le domaine devient la propriété de sa fille, Jeanne de Lameth, qui fait don du château à son fils, le comte Scipion de Nicolaÿ . Celui-ci, perclus de dettes, est obligé de le revendre en 1853 à l’industriel Jules Riottot, fabricant de papiers peints à Paris qui, lui-même devra s’en séparer.
C’est Edmond About, homme de lettres et officier de la Légion d’honneur qui en 1880 en devient le nouveau propriétaire. Élu à l’Académie française en 1884, il meurt prématurément dès 1885, à l’âge de 56 ans, laissant sa propriété à son épouse, Alexandrine de Guillerville et ses huit enfants, qui continueront à vivre à Osny jusqu’en 1898.
Le château est alors vendu à l’industriel, ingénieur et homme politique Lazare Weiller, qui va s’employer à remettre le domaine en état et à lui rendre toute sa splendeur d’autrefois. On lui doit notamment la réalisation en fer forgé de la grille d’honneur et du portail d’entrée du vestibule, ornés tous deux de son monogramme « W ».
L’effondrement du cours de cuivre au début du XXème siècle, l’oblige à vendre une partie de son patrimoine dont le château d’Osny au banquier Frédéric de Reiset qui poursuit son œuvre de restauration et de décoration des différents salons et appartements de la propriété assisté de l’architecte Paul Morel : création du vestibule de style Louis XVI, du grand salon et de l’escalier d’honneur.
Durant la Deuxième Guerre Mondiale la propriété est saccagée et camouflée sous une peinture grisâtre.
Le château est occupé dès le 15 juin 1940 par la Fliegerhorst-Kommandantur A 211/XI, c’est-à-dire l’état-major de la base aérienne de Cormeilles-en-Vexin. Le parc, quant à lui, est très endommagé par les réquisitions allemandes et les bombardements alliés. Affligée, sa fille, prénommée Lilian de Reiset, propriétaire des lieux depuis 1926 et épouse du marquis Jean de Grouchy, se résout à vendre le château et le parc.
Une seconde vie commence pour le château, en 1945, lorsque le département de la Seine-et-Oise le rachète aux descendants du maréchal Grouchy. En 1951, il devient la maison départementale de l’enfance, qui accueille les mineurs pris en charge par l’aide sociale à l’enfance. Mais le bâtiment n’est guère adapté et, en 1987, il ne reste plus que 48 enfants et 20 personnels d’encadrement.
Le domaine est finalement acquis en 1987 par la Ville d’Osny. Après une importante campagne de travaux de restauration et de réhabilitation, l’ensemble des services municipaux est installés dans le château. Le Domaine de Grouchy est inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques par arrêté du 4 mai 1990.
Avec ses fenêtres à arc à la florentine et ses chainages de pierre à refends, le château incarne le style néo-classique. Il ne compte pas moins de 160 fenêtres. De l’ancien donjon médiéval des seigneurs d’Osny, il ne subsiste qu’une tour du XIe siècle aménagée depuis en colombier.
Le Château abrite une galerie d’expositions, l’Espace William Thornley. Aménagé dans les combles restaurés du château, l’Espace William Thornley s’étend sur 300m. Il regroupe la plus grande collection jamais réunie à ce jour de ce peintre postimpressionniste.
Le musée des Sapeurs-Pompiers, installé dans les anciennes écuries du château de Grouchy, mais géré par le service départemental d’incendie et de secours (Sdis) du Val d’Oise, a été créé au milieu des années 1970 par une poignée de pompiers passionnés et rassemble une collection exceptionnelle avec en particulier seize véhicules rutilants, dont le plus ancien remonte à 1920. Mais le musée présente aussi des pompes à bras, des uniformes, des casques, des appareils respiratoires…
Le tout retrace l’histoire des sapeurs-pompiers et de leurs ancêtres, de 1830 à 1960. Un second trésor s’offre aux visiteurs : une salle entière dédiée aux jouets sur le thème des pompiers.
Le château est entouré d’un parc de 42 hectares aménagé à l’anglaise. Devant la façade, une longue plaine se prolonge par un étang avec une île. Dans le parc subsistent plusieurs fabriques, dont le Temple d’Amour circulaire à huit colonnes, à entablement dépourvu de coupole, qui présente en son centre, un moulage de statue de nymphe sortant du bain, dont l’original est au Louvre., et une glacière. L’accès au parc est libre. (merci à Guizmo)
14 Rue William Thornley, 95520 Osny
Bellissima
28 février 2024 @ 02:09
Superbe article, très complet.
Le parc offre une belle promenade, à découvert au bord du lac ou en sous-bois.
Quelques panneaux détaillant cette histoire devraient être placés par la mairie dans le parc. J’apprends ici que le colombier est en fait tres ancien !
Philibert
28 février 2024 @ 03:11
Bravo pour ce reportage sur ce château dont j’ignorais jusqu’à l’existence.
Pascal Hervé
28 février 2024 @ 06:24
Une très belle propriété au destin bien triste et compliqué mais j’aime bien le détail de la toile tendue sur une partie de la terrasse qui témoigne d’un lieu ”habité” .
😀Pistounette
28 février 2024 @ 09:00
Reportage très intéressant et très complet… comme toujours avec Guizmo.
Merci à vous et bonne journée
Passiflore
28 février 2024 @ 09:11
Merci, Guizmo, très intéressant !
Framboiz 07
28 février 2024 @ 12:49
Quelle histoire !Je suis tentée par la visite !
Mayg
28 février 2024 @ 13:23
Merci a Guizmo pour ce reportage.
Danielle
28 février 2024 @ 15:46
Je n’ai jamais entendu parler de ce château mais ce beau reportage me le fait connaître, merci.
DEB
28 février 2024 @ 16:18
Merci, Guizmo.
Il a l’air particulièrement bien entretenu.
Léa 33
29 février 2024 @ 09:53
Bonjour
Merci pour cette agréable promenade au sein de notre patrimoine.
C’est toujours un plaisir de lire ce genre d’articles, ne mettant pas un commentaire à chaque fois je tiens à vous remercier de publier ces pages d’Histoire;
Brigitte Anne
29 février 2024 @ 17:25
Merci Guizmo , votre article est très intéressant car je ne connaissais pas l existence de ce château. La ville d Osny est à féliciter pour l excellent entretien de celui ci.