Classé comme monument historique depuis 1993, situé à Montfort l’Amaury près de Rambouillet dans les Yvelines, le château de Groussay, à moins de 50 kilomètres de Paris a été construit en 1815 par la Duchesse de Charost, la fille de Madame de Tourzel, gouvernante des enfants du roi Louis XVI et de Marie-Antoinette.
Madame de Chârost meurt en 1840 et est inhumée au cimetière de Montfort-l’Amaury. En 1843, la comtesse Julie de Pahlen acquiert le domaine après la mort de son mari, Pierre Antonin Perry, survenue la même année. Elle y reçoit l’empereur Napoléon III et l’impératrice Eugénie. En 1873, elle vend à Henriette Dufour d’Hargeville, épouse du prince Soltikoff.
Racheté en 1938 par Charles de Beistegui, esthète inspiré, Groussay s’agrandit en 1952 de deux ailes dont l’une conduit au théâtre et de » Folies » conçues avec la complicité des artistes Emilio Terry et Alexandre Serebriakoff.
Charles de Beistegui naît en 1895 d’une famille d’origine basque, émigrée au Mexique au XIXe siècle, où elle fait fortune dans les mines d’argent. Carlos de son nom de baptême, « Charlie » pour les intimes, Beistegui fait ses études au collège d’Eton en Angleterre, pays dont le goût et l’art de vivre l’influencera énormément.
Jeune homme il entreprend avec son frère un tour du monde de plusieurs années, qui le conduit dans toute l’Europe, mais aussi en Inde qu’il parcourt dans un wagon prêté par le vice-roi, et en Chine d’où il rapportera des recueils de poèmes illustrés de sa main. En 1938, Jacques de Lacretelle, qui possède une maison à Montfort l’Amaury dans les Yvelines, village historique à 45 km de Paris lui signale que le château de Groussay est à vendre.. La bâtisse n’est pas encore classée monument historique et Charles de Beistegui apprécie cette liberté dont il usera pour la transformer radicalement en château, prolongé de deux ailes, d’un théâtre et d’une salle de bal dite « salle hollandaise ».
Le château après la mort de Beistegui survenue en 1970 a eu divers propriétaires. Parmi eux, signalons Jean-Louis Rémilleux, actuel réalisateur de l’émission Secrets d’Histoire, animée par Stéphane Bern, qui entreprit sa restauration après 2001, et ouvrit pour la première fois le parc du château à la visite.
S’il a été vidé de ses meubles d’origine, le château a gardé une grande partie de la décoration réalisée après 1950 par Charles de Beistegui. En effet, les petits éléments décoratifs et l’essentiel de l’ameublement ne datent pas de l’époque de Beistegui, car après sa mort, tout le contenu a été plus ou moins rapidement vendu et dispersé. Seuls quelques éléments « classés » ont été maintenus sur place.
Lorsqu’on entre, on découvre un prodigieux escalier créé par Charles de Beistegui, qui a complètement remanié l’entrée de la partie centrale du château qui date elle du début du XIX ème siècle. L’entrée est surmontée d’une ouverture circulaire qui donne sur l’étage supérieur.
Beistegui fit supprimer un plafond et deux chambres pour lui donner plus de hauteur. Plusieurs chaises en acajou ornées de son monogramme doré sont conservées dans le vestibule du château.
La magistrale bibliothèque est flanquée de deux escaliers en colimaçon, dans le style de certains châteaux anglais ou écossais. En acajou, placage d’acajou et pour certains morceaux en imitation d’acajou.
Les deux escaliers sont reliés par une passerelle, elle aussi en acajou qui permet d’accéder à d’autres rangés de livres, le tout éclairé par de grandes fenêtres.
La salle hollandaise, ancienne salle de bal, a été construite dans l’aile opposée au théâtre. Le sol et le plafond ont été dessinés par Charles de Beistegui lui même.
Créé dans les années cinquante, cet ensemble est un mélange de styles entre le style Louis XIII de la galerie, les grandes portes en acajou néo-classiques, une cheminée vénitienne, une salle à manger tout en longueur, des tissus verts bordés de faïence de Delft bleu et blanc, un procédé décoratif omniprésent au château , un magnifique plafond à caisson(dont la réplique en trompe l’oeil se trouve dans la bibliothèque), le tout éclairé par un colossal lustre hollandais en bronze de près d’un tonne !
Habillées de grandes tapisseries tissées spécialement par les gobelins pour le château de Groussay d’après les cartons de Goya conservés au Musée du Prado de Madrid, la galerie Goya mène au théâtre privé du Château.
Le petit théâtre est une pure merveille. Il fut inauguré en 1957 par la Comédie Française qui joua pour l’occasion « L’impromptu de Groussay » avec Jean-Claude Brialy et Annie Girardot, sous la direction de Marcel Achard. D’autres grands noms, comme Sacha Guitry, monteront sur scène.
Le théâtre de Groussay est inspiré du Théâtre de la Margravine à Bayreuth. 250 places sont réunies sous les étoffes bleues et rouges, à l’origine. La Troupe du Crâne est, depuis 2016 accueillie en résidence au théâtre du château de Groussay. Ils y ont présenté « le fil à la patte » de Feydeau et le « Bourgeois Gentilhomme » de Molière.
Les écuries datent de la création des bâtiments pour la duchesse de Charost entre 1815 et 1825. Les appliques lumineuses sont probablement ajoutées dans les années quarante par Emilio Terry sous la direction de Charles de Beistegui. Pendant la guerre, les écuries abritent un cheval de trait tirant un omnibus pour raccompagner les invités jusqu’à la gare.
Le parc du château, de plus de 30 hectares, est labélisé « jardin remarquable ». Inspiré par les parcs du XVIIIème siècle et les jardins anglo-chinois, Charles de Beistegui a multiplié les folies à Groussay dans les années 1950-1970. Les folies ou fabriques sont de petites constructions, souvent de caractère romantique, édifiées du XVIIe au XIXe siècle dans des parcs ou jardins (pavillon, pont, grotte, rotonde, pagode…).
Dans les jardins à l’anglaise elles servaient à articuler des points de vue. Les folies avaient aussi une dimension philosophique, elles devenaient un support à la réflexion : temple de la philosophie, ermitage…
Modifiant le terrain, creusant des lacs, édifiant des «fabriques», il a imaginé et réalisé en vingt ans une œuvre originale. On peut admirer la tente tartare, édifiée en 1960 et conçue en tôle peinte, elle abrite dix mille carreaux de Delft. Elle s’inspire de celle que le roi Gustave III de Suède a élevé en 1781 à Drottningholm; le théâtre de verdure, la pagode chinoise, le pont Palladien ou encore la Pyramide. C’est en 1968 que Beistegui conçut cette pyramide de briques roses.
L’originalité de la visite du parc de Groussay ne se limite pas à ses fabriques et ses jardins… La plupart des animaux habitant Groussay ont failli disparaître dans le monde : ânes baudets, chèvre Poitevine, Moutons Racka, Thônes et Marthod, mais aussi des paons ou les poules naines Sabelpoot Porcelaine, des oies et des bernaches,
La duchesse de Charost avait fait pousser ses légumes au début du XIXe siècle et fait construire une orangerie conservé par Charles de Beistegui et transformé en jardin d’agrément et de fleurs par son neveu Juan de Beistegui.
Dessiné et conçu par l’actuel chef jardinier de Groussay, Alain Picard, le potager, né en 2001, réunit toutes sortes de légumes, d’arbres fruitiers en espalier, de fruits noirs et rouges, le tout bordé de haies de petits buis.
Lors de sa vente en 1999 au producteur de télévision Jean-Louis Remilleux et jusqu’à sa revente en 2010 à Rubis International dont le gérant est l’homme d’affaires Rustam Madumarov, le château fut quelquefois transformé en une sorte de studio de télévision (la bibliothèque et le théâtre en avaient déjà les dimensions, avec de grandes hauteurs, et des facilités d’éclairage et de déplacement de matériel) où ont été enregistrées un certain nombre d’émissions télévisuelles, dont celle, hebdomadaire, de Frédéric Mitterrand, Plaisir de France (2001-2004). Depuis 2012, le parc abrite le tournage du Meilleur Pâtissier, diffusé sur M6.
Le château a servi de lieu de tournage pour plusieurs films et téléfilms, notamment « le bal du comte d’Orgel » (1970), « Nicolas Le Floch » (2008) et « Une jeunesse dorée (2017)
Pour les journées du Patrimoine 2020, le château a organisé un rassemblement de véhicules d’exception. Un regard sur l’Art des métiers de l’Automobile mis en valeur par l’association L’Art Automobile en partenariat avec l’association Patrimoine Aventure du Château de Groussay. Durant ces deux journées on pouvait découvrir un échantillon représentatif de l’histoire de l’automobile de collection ainsi que des motos de collection, le tout complétée par des expositions photographiques issues de cet univers.
Malheureusement, cette année, suite aux consignes de santé publique, les représentations du théâtre sont reportées à une date ultérieure et le château n’a ouvert ses portes que lors du week end des journées du patrimoine. (merci à Guizmo)
Juliette d
5 octobre 2020 @ 04:20
Magnifique château. J’adore.
Bambou
5 octobre 2020 @ 05:51
Magnifique château, très belle décoration….
Cela « rapportait » à l’époque d’être gouvernante d’enfants royaux…..mais quand on voit leur destin…!
HRC
5 octobre 2020 @ 06:34
Le gris et le blanc de la façade, que c’est joli.
Robespierre
5 octobre 2020 @ 07:37
Super intéressant. Je n’aime pas trop l’adjonction des deux ailes, et la décoration de certaines pièces. Parfois on regrette que l’argent amène à changer des choses harmonieuses et à les charger. La bibliothèque est superbe et les « folies » amusantes. Il y a une pièce gris bleu qui est une version plus moderne de la galerie des glaces et je me demande à quoi elle servait.
J’aurais préféré le château de la duchesse de Charost tel qu’il était au début. Sans doute plus épuré. On a une impression de « trop ». Mais c’est vraiment intéressant de voir les élucubrations architecturales d’un personnage tel tel que Bestegui et ne reculant devant aucune dépense. Comme par exemple le théâtre. Je trouve bien que ce château serve à des émissions ou des représentations théâtrale. Il faut faire vivre les demeures d’exception
PATRICIA
5 octobre 2020 @ 07:47
Ce château est une véritable « petite » merveille.
PATRICIA
5 octobre 2020 @ 07:48
J’aime beaucoup son architecture extérieure et la décoration intérieure.
Cosmo
5 octobre 2020 @ 09:25
Fallait-il être riche pour s’offrir une telle demeure et y mener la vie de château !
Jean Pierre
5 octobre 2020 @ 09:37
Voilà une description très complète de Groussay qui donne envie de visiter ce château. Beistegui était quand même un drôle de type.
Stéphane G.
5 octobre 2020 @ 09:46
les collections n’ont pas été dispersées à la mort de Carlos de Beistegui mais maintenues en l’état jusqu’à la vente, première house sale sur le sol français de Sothebys, une fois le monopole des commissaires priseurs, en 1999!
C’est une catastrophe de le voir dans son état actuel et cela me serre le cœur lorsqu’on l’aperçoit sur top chef
Vitabel
5 octobre 2020 @ 10:27
Reportage très intéressant, pour moi une découverte.
Mademoiselle Heloïse
5 octobre 2020 @ 10:29
Je suis toujours subjuguée par les châteaux. Extérieur il est magnifique, intérieur certaines pièces sont belles mais d’autres trop sombres mais c’était l’époque
Valérie C.
5 octobre 2020 @ 10:29
Je vis à Montfort L’Amaury et je connais très bien ce château. J’étais au théâtre samedi soir, dans le cadre d’un mini concert privé. C’est un lieu exceptionnel. Au sous-sol, il y a des petites loges, bien défraîchies mais pleines de souvenirs. On peut aussi voir les traces ds anciennes cuisines, les celliers…Un endroit hors du temps surtout avec ce fabuleux petit théâtre magique. Mon mari y a joué souvent avec sa troupe de théâtre amateur – pas celle du Crâne – et devant la petite salle comble, un vrai bonheur.
Alix-Emérente
5 octobre 2020 @ 10:41
Magnifique propriété dont j’ignorais l’existence ! Marquée par les propriétaires successifs, et des styles si différents et qui pourtant forment une superbe harmonie pour les yeux !
J’adore…
Pierre-Yves
5 octobre 2020 @ 10:47
Guizmo est un grand promeneur et un grand découvreur. Et en plus, il a la générosité de nous faire profiter de ses découvertes. Ce reportage sur Groussay est une réussite de plus à son actif ! Merci à lui (je dis lui, mais au fond, j’ignore si Guizmo et un monsieur ou une dame …)
Baboula
6 octobre 2020 @ 04:57
C’est aussi une qualité de. Guizmo de ne pas se mettre en avant .🙂
Mary
5 octobre 2020 @ 10:52
Merci Guizmo !
Quentin
5 octobre 2020 @ 10:55
Actuellement en vente !
Anto
5 octobre 2020 @ 10:57
Vraiment beau! J’aimerais bien voir ce film, « Le bal du comte d’Orgel »! Merci Guizmo!
Stéphane G.
5 octobre 2020 @ 12:01
je l’ai en dvd, vous pouvez passer…un truc à la Jean Claude Brialy sans intérêt avec une mauvaise comédienne dans mon souvenir et peu de vues somme toute du château; pendant le tournage Charlie de Beistegui se mourait à l’étage avec une infirmière tyrante « de l’eau… » « on verra »…
ciboulette
5 octobre 2020 @ 11:13
Ah ! Guizmo , si vous n’existiez pas , nous ne connaîtrions aucun de ces beaux endroits que nous visitons grâce à vous !
Grand merci donc à vous . Ce château est une merveille ( la bibliothèque , le théâtre ) , mais son entretien doit coûter fort cher .Est-ce pour cela qu’il change ( trop ) souvent de propriétaire ? Les animaux dans le parc sont une excellente idée . Les » folies » à la mode alors me plaisent moins , elles rompent l’harmonie d’ensemble .
Mais c’est un endroit fort beau à visiter .
Robespierre
5 octobre 2020 @ 11:20
Oui, l’entretien doit être un gouffre sans fond. Jean-Louis Remilleux qui a pu s’offrir cette merveille a quand même dû jeter l’éponge un jour.
Brigitte
5 octobre 2020 @ 19:29
Ah ah il n’a pas du tout jeté l’éponge. Ce fameux russe est arrivé en lui disant qu’il voulait acheter ce château. Jean-Louis Remilleux lui a répondu “faites moi une proposition totalement indécente j’y réfléchirai”. Au moment de l’offre la réponse de Monsieur Remilleux fut “laissez-moi faire mes bagages il est à vous !”
Robespierre
6 octobre 2020 @ 11:34
Ah bon … Merci pour ces précisions.
berton
5 octobre 2020 @ 11:31
Suivant l’émission « le meilleur pâtissier » j ‘ai repéré cette magnifique propriété. Je suis ravie d’en apprendre plus.
Avel
5 octobre 2020 @ 11:52
Je découvre! Merci Guizmo.
Pacific
5 octobre 2020 @ 12:02
Merci Guizmo pour ce reportage avec les nombreux détails sur l’intérieur.
La 8e photo, où les murs sont recouverts de glace, montre-t-elle la salle hollandaise ?
Guizmo avez-vous pu voir l’intérieur de la pyramide ? est-elle aménagée ?
Baia
5 octobre 2020 @ 12:58
Guizmo vous êtes formidable ! J’ai suivi toutes vos cartes postales cet été et vous m’avez donné plusieurs idées de visites.
Continuez à nous régaler avec vos ballades et découvertes et surtout tous vos articles passionnants sur N&R.
Mille mercis à vous.
Danielle
5 octobre 2020 @ 13:48
Superbe château que je visiterai l’année prochaine.
Merci Guizmo.
Benoite
5 octobre 2020 @ 13:53
moi aussi, cet APM , découverte de ce lieu, si beau. Merci Guizmo. On vous doit tant…
maman monique
5 octobre 2020 @ 14:08
magnifique château
merci pour ce reportage
bételgeuse70
5 octobre 2020 @ 15:48
C’est encore la bibliothèque qui me plaît le plus. Ceci dit, si l’endroit est vraiment à vendre, espérons qu’il passera entre des mains capables de le respecter.
nck
5 octobre 2020 @ 16:54
C’est rassurant de voir un château vivant. En espérant que la crise sanitaire et sociale ne nuise pas trop à la société qui l’exploite.
Muscate-Valeska de Lisabé
5 octobre 2020 @ 17:55
C’est un endroit que je qualifie de charmant.
Merci Guizmo.
Gérard
5 octobre 2020 @ 19:16
Merci et bravo Guizmo.
Teresa2424
5 octobre 2020 @ 22:42
Gracias Guizmo :el castillo es una maravilla
y Gracias REGINE
Olivier AM de Tokyo
6 octobre 2020 @ 06:49
Un immense merci pour ce magnifique et instructif article!!
Les photos sont un vrai régal pour les yeux!
miloumilou
6 octobre 2020 @ 07:10
Ce château est magnifiquement raffiné!
J’aime beaucoup!
La bibliothèque est incroyable!