À l’emplacement du château, s’élevait au XVe siècle, l’ancien mas de la Peyssine, mas qui a laissé son nom, un peu déformé au domaine actuel. Le domaine, de 44 hectares, était un rendez-vous de chasse appartenant à Charles de Boucicot, conseiller à la cour des comptes de Montpellier.
Le mariage de sa fille, Anne, avec Georges de Belleval fait passer le domaine aux mains de cette dernière famille, dont l’un des illustres membres n’est ni plus ni moins que le créateur du fameux Jardin des plantes. Dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, Joseph Philibert de Belleval, président de la Cour des Comptes Aides et Finances de Montpellier, confie à Jean Antoine Giral, le soin de construire le château actuel. L’édifice est terminé en 1771. La famille de Belleval reste propriétaire du château de la Peyssine jusqu’en 1817.
La propriété passe ensuite en diverses mains pour être acquise en 1883 par le collectionneur Alfred Henry Chaber. C’est à cette époque que le nom de l’édifice est transformé en « château de la Piscine ». Le fils d’Alfred Chaber, André, apportera tous ses soins à restituer les jardins à la française dans la première moitié du XXe siècle. C’est sa petite-fille qui veille aujourd’hui sur le château et ses jardins.
Protégée par deux belles grilles, cette élégante demeure ne dévoile dans un premier temps que sa façade nord à deux niveaux, ouvrant sur la cour d’honneur.
La demeure se constitue de 4 façades sobrement agencées. Le thème de la chasse est récurent dans le décor notamment dans les bas reliefs de la cour d’honneur et les sculptures du perron. On reconnaît d’un côté une tête de cerf et de l’autre un sanglier, au centre d’un ensemble d’accessoires de chasse, de glands et de feuilles de chênes. Ils rappellent la vocation première du mas de la Peyssine.
Les extérieurs du château, façades, y compris la porte principale d’entrée avec ses ferrures, les toitures, les intérieurs, l’ensemble du parc et des ouvrages d’art, en particulier la façade de l’ancienne chapelle, le petit pavillon à deux ailes, les bassins, les statues, les vases et la grande grille de la cour d’honneur font l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis 1942.
Parmi les pièces de réception, le grand salon est orné de gypseries évoquant les Fables de La Fontaine. Le cabinet vert avec sa cheminée en marbre et son trumeau, le vestibule, la rampe d’escalier en fer forgé sont aussi classés.
Le Château est placé sur une légère éminence qui permettait la surveillance des terres cultivées aux alentours. Il est vrai qu’au XVIIIe siècle, il n’y avait là que des vignes, qui rappelaient qu’on était encore en pleine campagne, entre Montpellier et le village de Celleneuve (aujourd’hui un quartier de la ville…)
Le domaine s’articule autour d’un axe nord-sud, sur lequel se trouve le château et une allée devant et derrière. La façade sud donne sur la magnifique perspective d’un jardin à la française avec ses vases de pierre monumentaux.
Allée d’ifs, bosquets, jardin à la française, pièce d’eau et sculptures créent un ensemble harmonieux avec la façade méridionale du château aux proportions parfaites.
Groupées autour d’un bassin, les allégories des saisons rappellent un thème fréquent dans les folies montpelliéraines.
Le bassin animé d’un jet d’eau se trouve au centre de la perspective nord-sud qui s’étend devant la façade méridionale du château, prolongeant ainsi l’axe créé par l’allée et la cour d’honneur. Derrière lui, se profile un long tapis vert, qui prolonge la perspective à l’infini, lointain rappel de l’effet voulu par le grand canal à Versailles.
Une description a été trouvée sur un manuscrit anonyme de 1768 : « Le Château ou Campagne de la Piscine doit être distingué par la beauté de ses jardins et bosquets qui sont d’une étendue immense et présentent un parterre continu.. ».
Au XIXe siècle, c’est toujours l’une des maisons de plaisance les plus remarquables des environs. En 1814, Elisa Bacciochi, grande-duchesse de Toscane et sœur de Napoléon Ier, fuyant ses états italiens envahis, le loue durant trois semaines. En avril 1965, le domaine reçoit la visite de Sa Majesté la reine Elizabeth, la reine mère, lors d’un voyage privé en France.
La chapelle du château possède un petit trésor: une Vierge à l’Enfant du célèbre céramiste de la Renaissance Lucas della Robbia. Elle est reconnaissable par ses éclatantes couleurs (surtout le bleu et le blanc), la finesse du modelé et la fraîcheur du dessin dans un style très reconnaissable.
Dans un coin du parc, l’orangerie et une serre (aujourd’hui disparue) abritaient des essences rares chères à la famille de Belleval. Une chaufferie y assurait une température constante tout au long de l’année.
Des bassins furent même aménagés pour créer des nymphéas mais souffrent aujourd’hui, comme le reste du domaine, d’un manque d’entretien. Aujourd’hui, le château est inséré dans l’urbanisation mais préserve dans ses retranchements un écrin de verdure riche aux essences variées.
Le domaine a en effet perdu de sa surface: à l’ouest c’est un centre commercial qui s’est installé, à l’est des quartiers d’habitations. Il est bordé au sud par une voie rapide et au nord, par une ligne de tramway.
Un vestige subsiste du passé: un élégant pigeonnier au toit de tuiles vernissées, a été conservé sur ce qui fut le territoire agricole du mas de la Peyssine. Aujourd’hui imbriqué au milieu des constructions hétéroclites du XXe siècle, il témoigne du passé de cette folie au milieu des champs. (Un grand merci à Francky pour ce reportage – Source: Association des parcs et jardins du Languedoc-Roussillon et Wikipédia. Photos: Francky)
JAY
2 septembre 2014 @ 07:53
Le CHATEAU et son domaine sont fort beaux mais ils semblent peu entretenus….
Marnie
2 septembre 2014 @ 09:24
Merci pour cette belle découverte d’un domaine de rêve, hors du temps et si raffiné. Malheureusement, je crains, au vu des images, que les propriétaires ne manquent de fonds pour l’entretenir… et vu l’environnement urbain, j’ai très peur pour l’avenir de ce domaine… car on sait qu’aujourd’hui un classement MH n’est plus le garant de la pérennité d’un monument… les pouvoirs publics étant les premiers à ne pas respecter ces règles.
Caroline
2 septembre 2014 @ 11:07
Francky,un grand merci pour votre article touristique!
Est-ce vrai pour le mauvais entretien de ce chateau d’après les derniers commentaires?
Francky
2 septembre 2014 @ 16:26
Caroline,
Les actuels propriétaires du château sont âgé et « entretiennent » avec peine ce vaste domaine. Mais leur neveu qui va hériter de l’ensemble a commencé quelques travaux.
Espérons qu’il pourra redonner tout son lustre à cette folie et que les frais de succession ne vont pas engloutir toute sa fortune…
Francky
2 septembre 2014 @ 16:27
Oups ! « …sont âgés… »
Zeugma
2 septembre 2014 @ 11:13
Merci à « Noblesse et royautés » pour ce beau reportage.
Le Lucas della Robbia est un peu abîmé mais il reste superbe.
Le Languedoc était « Pays d’Etat » et disposait donc d’une autonomie (toute relative) notamment en matière fiscale.
Quand le roi avait besoin d’argent – ce qui était chronique – il demandait aux parlements – sous forme d’une lettre très aimable – de lui faire un petit versement qui lui était toujours accordé après un vote qui était généralement placé en fin d’ordre du jour afin de manifester un peu de mauvaise humeur.
La famille Boucicot existe-t-elle encore ? Je n’en trouve aucune trace.
Rappelons que les parlementaires de l’ancien régime étaient nobles ipso facto.
Pierre-Yves
2 septembre 2014 @ 11:26
Et l’extension urbaine a peu à peu mangé la campagne et cette jolie demeure rectangulaire est à présent intégrée dans la banlieue de Montpellier, ce qui lui fait perdre sans doute un peu de son attrait.
Mais Francky a réussi une fois encore un beau reportage fourmillant de détails et de photos, et c’est un régal. Qu’il en soit remercié.
Danielle
2 septembre 2014 @ 12:18
Les jardins sont un petit Versailles et je souhaite qu’ils soient entretenus au plus vite et ouverts aux visites.
Actarus
2 septembre 2014 @ 12:23
C’est très beau mais le bassin à jets d’eau n’est pas une piscine… Le nom d’origine est plus joli.
Claude-Patricia
2 septembre 2014 @ 12:49
Bonjour à tous,
Il est vrai que cette région est magnifique, ces folies le sont tout autant. Mais il est vrai que leur coût d’entretien est élevé. Autrefois, c’était des familles entières qui y vivaient ensemble autour d’une personne qui avait, selon l’usage, une « charge honorifique » et qui était payé en conséquence. Comme si de nos jours en République Française un notable y vivait. Il faut effectivement se souvenir de ce qu’était la France avant la Révolution, pour comprendre qu’ensuite il y a eu l’émergence de la bourgeoisie.
J’essaye de faire un peu d’histoire pour que les personnes qui visitent ce site puissent se repérer dans l’espace-temps de notre pays. Parce que j’ai bien conscience que nous avons vécu, selon le terme consacré, une « fracture sociale » déjà à cette époque. Et qu’il est bon de temps en temps, de refaire une ligne temporelle pour que certaines personnes puissent comprendre comment nous avons évolué. Nous sommes passé d’une monarchie séculaire à une République et je peux comprendre que certaines personnes soient déroutées quand des articles passent à la fois sur les descendants des rois et lorsqu’il y a un article sur l’Empire et un autre sur la République.
Francine du Canada
2 septembre 2014 @ 15:27
Merci Claude-Patricia; je trouve effectivement très utile que vous fassiez des liens avec l’histoire… c’est intéressant et instructif. Heureusement, sur des articles comme celui-ci (domaines, châteaux, architecture, etc.) les râleurs et les râleuses nous épargnent leurs commentaires empoisonnés, insipides et dérisoires. Les vôtres prennent la place pour notre plus grand bonheur. Amitiés, FdC
Claude-Patricia
3 septembre 2014 @ 09:24
Bonjour Francine,
C’est très gentil de votre part, il est vrai que j’aime beaucoup l’histoire,et la pédagogie, parce que je fais partie d’une génération où nous avons eu des « sauts » dans le temps, et j’ai longtemps « ramé » avec le moyen âge!!
Tout est important, dans l’histoire d’un pays. C’est pour cela aussi que si je viens visiter un pays étranger j’aime en apprendre son passé et sa culture!!
Francine du Canada
2 septembre 2014 @ 14:20
Merci Régine et Francky pour ce magnifique reportage sur le château de la Piscine (Peyssine); ce château et ses jardins renferment des trésors, peut-il être visité? Bonne journée, FdC
Francky
2 septembre 2014 @ 16:29
Francine,
Le jardin est ouvert au public deux fois par an: pour les journées du Patrimoine et pour le Printemps des jardins. Mais seulement un après-midi…
Francine du Canada
3 septembre 2014 @ 05:07
Merci de votre réponse Francky; un seul après-midi c’est vraiment trop peu et je trouve cela bien dommage car je serai en France au printemps prochain et de Marseille, je devrai me rendre dans le Midi-Pyrénées donc passer par Montpellier (Languedoc Roussillon); je suis très peu familière avec les départements français et je m’en excuse. Si j’avais pu faire coïncider, je l’aurais fait car ce genre de château… j’aime beaucoup visiter.
Cette céramique de Lucas della Robbia (la Vierge et l’Enfant), j’aurais tellement aimé la voir snif, snif. Mais… j’ai de la suite dans les idées et je retournerai dans le sud de la France au printemps et cette fois, je planifierai pour visiter ces jardins et qui sait? peut-être le château? Bonne journée, FdC
Francky
4 septembre 2014 @ 16:55
Bonsoir Francine,
Le château de la Piscine est en effet très peu souvent ouvert vu l’âge de ses propriétaires. Mais il existe autour de Montpellier une « guirlande de folies » qui se visitent et parfois sont en accès libre et gratuit comme le château d’O.
Régine a encore plusieurs sujets que j’ai réalisés sur ces demeures et elle les aura publiées, je pense, avant votre venue en France.
Vous pourrez ainsi faire votre choix de visite. Les 4 précédentes déjà publiées ici sont visitables, à l’extérieur et à l’intérieur pour La Mogère et Flaugergues.
Bien cordialement.
Francky
Cosmo
3 septembre 2014 @ 17:22
Bravo pour ce reportage, Cher Francky ! Espérons que le futur propriétaire pourra faire face et sauver ce château si élégant.
Il serait temps que l’Etat français introduise la notion de trust dans notre droit et imite le National Trust. C’est la seule façon de sauver ces domaines car si nous attendons encore un peu, il ne restera plus rien de ce patrimoine.
Amicalement
Cosmo
Francky
4 septembre 2014 @ 16:56
Merci Cosmo !
Je vais vous écrire prochainement. ;)
Gérard
4 septembre 2014 @ 20:23
Oui Cher Cosmo et merci en effet pour ces beaux reportages sur les châteaux du Languedoc.
Maguelone
4 septembre 2014 @ 22:20
Jean Giral l’architecte de ce château s’est beaucoup inspiré du château de la Mogère dont il a conçu aussi les plans dans les années 1700/1710. Ce château est aussi un lieu remarquable dont les jardins sont superbement entretenus. La famille depuis sa construction a eu la chance de le conserver dans leur patrimoine et en assurent une gestion rigoureuse. Des visites sont organisées et aident à entretenir cette folie montpelliéraine en y organisant aussi des évènements.
On peut espérer qu’il en soit de même pour le château de la Piscine car c’est désolant de voir se délabrer de tels monuments et jardins.
Francky
5 septembre 2014 @ 13:37
Merci Maguelone,
Vous pouvez retrouver sur ce site, l’article publié sur La Mogère il y a quelques semaines.
Bonne lecture !
Maguelone
5 septembre 2014 @ 18:57
Je vais aller le lire. Merci Francky.
Maguelone
4 septembre 2014 @ 22:24
oups : dans « son » patrimoine et « assure ». Merci à Francky pour les superbes photos du domaine.
Francine du Canada
5 septembre 2014 @ 16:00
Merci Francky; je vous ai lu ainsi que Cosmo, Gérard et Maguelone et je visiterai tout ce que je pourrai (Château d’O, La Mogere, Flaugergues, la Piscine, etc.) Merci encore pour vos reportages; ils sont bien documentés et super intéressants. Amitiés, FdC
Augrie
14 août 2024 @ 09:13
Bonjour
Qu en est il de ce château 10 ans après ?