Le château de Malbrouck est le seul château du XVe siècle intégralement conservé en Lorraine.
Depuis sa position dominante surplombant la vallée de Manderen, il offre un panorama incroyable. Situé au cœur du Pays des Trois Frontières, le Château de Malbrouck, propriété du Département de la Moselle, propose depuis 1998 une programmation culturelle riche dans un cadre exceptionnel.
À l’origine appelé « Château de Meinsberg« , l’histoire du château commence au début du XVème siècle. La Lorraine, à cette époque, comme à presque toutes les époques d’ailleurs, connaît des troubles et des guerres intestines.
Pour s’en prémunir, le seigneur local Arnold VI de Sierck, un descendant d’une des branches cadettes de la Maison ducale de Lorraine, choisit de faire édifier, sur une colline située à deux lieues à peine à l’Est de sa forteresse de Sierck, un nouveau château censé pouvoir soutenir un siège moderne.
Le chantier débute en 1419. Il durera quinze ans. De plan quadrangulaire et flanqué de larges tours elles-mêmes aménagées de meurtrières et de bouches-à-feu, le château est à la pointe de l’ingénierie militaire de l’époque.
Ultime bastion au Sud de l’Archevêché de Trèves, il doit défendre celui-ci contre les velléités des Ducs de Lorraine et de Luxembourg. Arnold VI devient seigneur de Sierck et de Meinsberg puis comte du Saint Empire romain germanique en 1442. Il est ainsi l’un des personnages les plus influents du duché de Lorraine.
Son fils Jacques III y est sacré archevêque de Trèves en 1439, fonction ecclésiastique la plus importante de la région. Le Château de Meinsberg est le centre de cette seigneurie, là où s’exercent la haute justice et le pouvoir seigneurial d’une famille comtale dont la renommée s’étend de la Lorraine à Coblence.
En 1492, à la mort du dernier des fils d‘Arnold VI de Sierck, la seigneurie et le Château de Meinsberg passent par héritage à la famille des contes de Sayn, originaires de la région de Coblence.
Endommagé au cours de la guerre de Trente Ans, conflit qui ravage l’Allemagne et une grande partie de l’Europe au XVIIe siècle, le château est restauré par le comte de Sulz.
Le Château de Meinsberg se retrouve au premier plan de la scène internationale en cours de la guerre de succession d’Espagne (1701-1714).
La France se retrouve « t-en guerre » contre une Europe coalisée et confrontée à l’un des plus brillants stratèges de l’histoire, John Churchill, duc de Marlborough, que les Français surnommeront Malbrouck.
Le 3 juin 1705, le château est investi par les troupes de John Churchill de Marlborough, un duc anglais qui n’est autre qu’un lointain ancêtre du premier ministre britannique Winston Churchill !
Maître d’une armée de coalition qui regroupe 100 000 soldats anglais, hollandais, allemands et espagnols, John Churchill de Marlborough entend alors envahir la France depuis la Vallée de la Moselle. Mais c’est sans compter sur la farouche détermination du Maréchal de Villars, fidèle homme de main de Louis XIV et qui, avec ses 50 000 hommes, est prêt à tout pour défendre la frontière.
Le combat pourrait avoir lieu. Mais Marlborough attend encore les renforts promis par le Prince de Bade. Il tente malgré tout d’obliger le Maréchal de Villars à sortir de ses positions. En vain. Les vivres viennent à manquer et, partant, les désertions se font de plus en plus nombreuses.
Si nombreuses même que John Churchill de Marlborough finit par se rendre à l’évidence : il n’est plus en mesure d’opposer suffisamment d’hommes au Maréchal de Villars pour espérer gagner la partie.
Du coup, le 17 juin, profitant d’une nuit pleine de brouillard, le voilà qui part. Il abandonne le château. Il laisse tout. C’est la débandade. De Villars a la surprise de constater la disparition des troupes ennemies. Malbrouck s’en est allé en laissant le souvenir d’une chanson enfantine et son nom à ce château : « Malbrouck s’en va-t-en guerre ». Il paraît que la mélodie était particulièrement prisée du futur Louis XV qui, pendant un temps, ne pouvait pas s’endormir sans que sa femme de chambre ne la lui chante.
Dès la deuxième moitié du XVIIe siècle, et à mesure que ses différents propriétaires se succèdent, le château devient une exploitation agricole. A la Révolution il est vendu comme bien national et devient une carrière. On assiste alors à un lent démembrement des terres et à la ruine progressive du château.
Cet état suscite néanmoins l’intérêt des érudits tout au long du XIXe siècle. Malheureusement, la première mais surtout la deuxième guerre mondiale et la pluie d’obus qui tombent sur la région achèvent de ruiner l’édifice . Le château est abandonné et livré au pillage.
En 1975, le Conseil Général de la Moselle décide de sauvegarder ce patrimoine et rachète le château. S’en suivent des années d’études archéologiques, historiques et architecturales du monument, qui aboutissent en 1989 à ce qui sera l’un des plus importants chantiers de restauration de Monument historique en France. Cinq tranches de travaux s’enchaîneront de 1989 à 1998, pour redonner vie au Château.
Une dizaine de corps de métiers différents se sont relayés pendant près de dix ans, avec parmi eux, de nombreux Compagnons du Devoir. Après avoir été le deuxième « chantier Monument historique » de France, le site est ouvert au public en septembre 1998 et prend le nom de « Château de Malbrouck ».
Le Château de Malbrouck possède quatre tours d’angle, un corps de logis à trois niveaux et une vaste cour centrale. Il est possible d’y effectuer un circuit complet par les niveaux supérieurs de chaque tour qui a un nom : la Tour de la Lanterne, la Tour de la Sorcière, la Tour du Rocher Chauve, et la Tour des Dames. Toutes ces tours sont reliées entre elles par des coursives, Les pièces sont relativement petites, donc assez faciles à chauffer, bien décorées.
Depuis 2017 et l’exceptionnelle exposition « les héros dessinés, de la Guerre de Troie à la Guerre des Étoiles », le Département de la Moselle a ouvert ses portes au neuvième Art, la bande dessinée, s’appuyant sur des collaborations et partenariats forts, tels Casterman entre autres et le premier festival de bande dessinée, festival qui désormais s’inscrit parmi les plus prestigieux de ce genre.
En 2018, l’exposition « Les 70 ans du Journal Tintin, les jours heureux » et la 2ème édition du festival ; En 2019, année des 90 ans du personnage Tintin, le Château de Malbrouck en collaboration étroite avec Moulinsart propose un évènement mondial : « Hergé, une vie, une œuvre »
Le château de Malbrouck, prête ses murs jusqu’à fin novembre 2021 à une exposition sans précédent « Astérix l’Européen » et met à l’honneur les nombreux voyages d’Astérix et Obélix durant l’Antiquité.
Répartie dans 7 salles, l’exposition se présente comme un tour d’Europe des aventures de nos deux irréductibles Gaulois. On peur découvrir des œuvres et des documents exceptionnels : 18 planches originales de La Serpe d’Or, dessinées par Albert Uderzo d’après le scénario de René Goscinny et prêtées par la Bibliothèque nationale de France, un manuscrit du même album, écrit par René Goscinny et prêté par l’Institut Goscinny, ainsi qu’un Romain, sculpture en bronze d’Auguste Bartholdi provenant du musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye.
Ouvert de mi-avril à fin novembre. Fermé les lundis. Des visites guidées ou des parcours ludiques y sont proposés ainsi qu’une exposition temporaire, des salles d’exposition permanente, des animations, des locations d’espaces, un auditorium, une boutique, un Café, etc.
Le château est classé « Monuments historiques » en 1930. (merci à Guizmo)
Pour plus d’information concernant le château ou le programme des activités culturelles : http://www.chateau-malbrouck.com/
Pueyo
8 octobre 2021 @ 08:29
Magnifique retrospective pour un magnifique château!
Florence-Marie
8 octobre 2021 @ 08:56
Merci beaucoup, Guizmo, pour cette intéressante visite d’un lieu qu’il me reste encore à découvrir.
HRC
8 octobre 2021 @ 08:59
J’ignorais complètement l’existence de ce château. Ravie que la collectivité locale et l’Etat l’aient sauvé.
Elsi
8 octobre 2021 @ 09:14
Je me souviens des annees 1989-1990, periode de reconstruction du chateau. Pas loin, il y avait un tres bon restaurant (peut-etre qu’il y est toujours). Plusieurs fois je m’y rendis le dimanche avec des amis pour y dejeuner. Ensuite, promenade sur le site du chateau. A chaque fois je profitais pour descendre dans les combles pour fouiller … mes amis restaient en haut et se moquaient a vive voix de mes vocations archeologiques. Peu importe, a chaque fois je remontais avec un objet, dont une dent de cheval et un morceau de vase en ceramique qui ornent encore aujourd’hui une etagere dans ma salle de bain.
Aldona
8 octobre 2021 @ 09:57
Forteresse impressionnante, merci pour ce reportage instructif
Jean Pierre
8 octobre 2021 @ 11:20
Les expositions sont toujours des succès, mais le château a toujours été le site culturel mosellan le plus visité.
Beque
8 octobre 2021 @ 12:31
Jean-Christian Petitfils écrit : « John Churchill, duc de Marlborough, « le bel Anglais », fut assurément le principal homme d’Etat de l’Angleterre du début du XVIII » siècle et le pilier central de l’alliance de La Haye. (…) « John, comme dit Taine, fut « l’un de plus grands coquins de l’Histoire » : un ambitieux, sans vergogne, rapace de haut vol, sans morale ni scrupule, assoiffé d’honneurs et d’argent, prête à tout pour atteindre son but. Il se poussa par les femmes. Sa sœur Arbella Churchill, maîtresse du duc d’York (le futur Jacques II), le fit nommer enseigne de la garde. (…) Sans avoir l’audace ni le génie militaire du prince Eugène, Marlborough était un excellent soldat ainsi qu’un redoutable tacticien. Il avait fait ses premières armes dans l’armée de Turenne. »
On connaît surtout son palais de Blenheim, construit en partie grâce à la générosité de la reine Anne, proche de Sarah, épouse du duc. Blenheim est le nom de la victoire en Bavière de Marlborough contre les Français lors de la guerre de Succession d’Espagne, en 1704.
Beque
8 octobre 2021 @ 12:41
prêt à tout ; Arabella
Alice
8 octobre 2021 @ 13:07
Superbe château et article très intéressant. Merci!
Danielle
8 octobre 2021 @ 14:29
Un château bien entretenu, merci Guizmo.
Gérard St-Louis
8 octobre 2021 @ 14:30
J’ai toujours pensé que dans la chanson « Malbrouck s’en va en guerre » on faisait référence au « Duc de Marlborough »… quelqu’un peut me démêler ?
Loffy
8 octobre 2021 @ 14:30
Merci Guizmo de nous faire connaître ce château, très bien restauré et dans lequel il semble avoir des activités culturelles très intéressantes.
Ciboulette
8 octobre 2021 @ 16:47
Voilà donc l’histoire de la chanson et du château ! Merci à Guizmo !
Gérard
8 octobre 2021 @ 16:52
Magnifique article et photos superbes. Merci à Guizmo.
Catherine
8 octobre 2021 @ 17:58
Merci pour cette histoire de chanson que j’ignorais totalement.
Carole 007
8 octobre 2021 @ 18:49
Merci pour cet article interessant.
La Moselle est un très beau département.
Baboula
9 octobre 2021 @ 07:37
Félicitations au Conseil Régional de Moselle pour avoir redresser ces ruines.C’est une superbe reconstitution .
Merci à Guizmo pour cette découverte.
Pistounette
9 octobre 2021 @ 09:05
Reportage bien intéressant, merci Guizmo
HRC
9 octobre 2021 @ 09:42
Un militaire de passage en Moselle et doté du sens de l’humour disait qu’il révisait son allemand (première langue) tous les jours ! Et que les casernes étaient faites pour qu’y résonnent les claquements de talon de l’empire bismarkien.