Véritable forteresse médiévale embellie à la Renaissance, notamment par un magnifique pigeonnier, le château de Ratilly, dans le département de l’Yonne, offre un ensemble charmant qui abrite depuis 1951 un atelier artisanal de poterie et accueille des animations culturelles.
Ratilly, haute demeure du XIIIème siècle a été édifiée sur les fondations d’une forteresse du XIe. De forme quadrangulaire entourant une cour centrale ses quatre tours d’angle et les douves rappellent la vocation guerrière de la forteresse qui bénéficie d’une position dominante sur la vallée et le village de Treigny.
Les deux tours entourant le portail d’entrée du château, surmontées de leurs toitures de forme conique, donnent un charme très particulier à l’ensemble. Le grès de Puisaye, la roche locale servit à sa construction.
Durant la guerre de Cent Ans, entre 1357 et 1380, Ratilly est aux mains du seigneur Guy de Vallery, lequel entretient une bande d’aventuriers bretons qui pillent la région – c’est l’incendie du prieuré de Moutiers, par exemple.
En 1485, le Chevalier Jean de Chandiou est « seigneur de Treigny en Ratilly ». À sa mort en 1520, sa fille Anne épouse Jean de la Menue, d’origine bourbonnaise.
En 1567, c’est le début des guerres de religion. Les Huguenots s’emparent de Ratilly et en font leur place forte dans l’Auxerrois. Ils commettent « pillages, voleries, meurtres et saccagements » dans la région. Le calme revient à l’avènement d’Henri IV. Mary du Puy, seigneur d’Igny près de Palaiseau, fait restaurer Ratilly. Il fait ouvrir des fenêtres sur la cour intérieure, installer une cheminée dans la salle des Gardes. Il s’y installe en 1587.
En 1732, Louis Carré de Montgeron, conseiller au Parlement de Paris, achète Ratilly. Mais en 1735, Monsieur de Montgeron est embastillé, et Ratilly revendu. Il est acheté en 1740 par Pierre Frappier, seigneur de Dalinet, dont la fille épouse en 1755 André-Marie d’Avigneau, une famille noble d’Auxerre.
En 1849, le domaine échoit à Charles-Louis Vivien, Juge de Paix à St Fargeau, qui l’entretient magnifiquement. Il fait assécher les douves et planter des vergers. Le château est vendu en 1912 à Juliette-Ernestine Benard, veuve à vingt ans de Charles-Joseph d’Alincourt qui y vivra jusqu’à sa mort en 1945.
Jeanne et Norbert Pierlot, en 1951 décident de s’installer à Ratilly. Dès le départ, ils décident d’ouvrir le château à l’art et à la création. Ils y créent un atelier de poterie, un lieu de stages et un centre d’animation culturelle qui deviendra, à partir des années 60 et 70, l’un des premiers centres d’Art contemporain privé.
La première exposition ouvre ses portes en 1956. « Murailles et Laines en Bourgogne » présente des tapisseries modernes en collaboration avec la Galerie La Demeure et propose aussi « formes nouvelles et céramiques de Jouve » et « Grès de plein feu de Jeanne et Norbert Pierlot ».
La deuxième exposition en 1962 « Grès d’aujourd’hui, d’ici et d’ailleurs » réunit quelques-uns parmi les plus grands potiers du monde : le Japonais Hamada, l’Anglais Bernard Leach, l’Espagnol Cumella, qui exposent pour la première fois en France, la Finlandaise Raija Tuumi, le Belge Antoine de Vinck, les Français Francine Del Pierre, Jean Derval, Georges Jouve, Jacqueline et Jean Lerat, Monique et Yves Mohy, Jeanne et Norbert Pierlot, Daniel de Montmollin de l’atelier de Taizé.
L’exposition entière est accueillie l’hiver suivant au Musée des Arts Décoratifs sous le titre « Maitres potiers contemporains », catalogue préfacé par Michel Faré, Conservateur en chef du Musée des Arts Décoratifs.
En 1988, Nathalie Pierlot reprend l’ atelier de ses parents. Secondée par 4 compagnons elle poursuit la production de poteries usuelles : grès pour la table, pour la maison, ( lampes, jardinières), poterie culinaire , plats à tarte, à poisson, poêlon à vapeur etc… Les formes caractéristiques sont conservées, à côté de l’ émail gris emblématique et du bleu marine également utilisé par sa mère, Nathalie a développé le vert émeraude et un bleu clair.
La visite guidée du château aborde l’histoire et l’architecture des châteaux fort, avec les transformations de la Renaissance jusqu’à nos jours, la visite du pigeonnier, et la découverte d’un atelier de poterie en activité avec toutes les explications et démonstrations du métier de potier.
La Puisaye devient un centre de production de poterie de grès dès la fin du Moyen. La Puisaye est le creuset d’ une tradition et technique potière de grande réputation grâce à sa terre argileuse très plastique et l’ étendue de ses forêts. Elle exporta sa production d’utilitaires et de pièces décoratives vers Paris et le nord de la France jusqu’au début du XXe siècle.
Les grès réalisés au Château de Ratilly dans l’ Yonne utilisent la terre de Treigny mêlée à de l’ ocre locale. La renommée de l’atelier des Grès de Ratilly et de ses poteries signées d’une chouette a dépassé nos frontières.
Le château possède un magasin de poterie, où l’on peut acheter les grès de Ratilly.
Le château expose aussi une collection de grès anciens de Puisaye du XVIème au XXème siècle, bleus de St Vérain, grès émaillés au laitier brun. (Merci à Guizmo)
Château de Ratilly, 89520 Treigny-Perreuse-Sainte-Colombe
Ivoire
11 janvier 2024 @ 06:59
Merci pour toutes ces informations !
C’est très intéressant !
Cosmo
11 janvier 2024 @ 07:27
Très bel article. Merci à Guizmo de nous permettre de découvrir ce château et sa superbe production de grès.
😀Pistounette
11 janvier 2024 @ 07:37
Quel plaisir de vous lire, chère Guizmo, cela faisait si longtemps !
Et, comme d’habitude, vous nous emmenez dans une très belle promenade. Merci
Aristocrate
11 janvier 2024 @ 07:48
Vraiment charmant. Je ne suis pas fan de poterie mais c’est une tradition importante que le château et sa région s’emploient à conserver.
Florence-Marie
11 janvier 2024 @ 08:22
J’ai visité ce château l’an dernier, un peu par hasard, faut-il l’avouer, après avoir choisi de folâtrer au gré de mon humeur sur les routes bourguignonnes. Le hasard a décidément bien fait les choses tant cette visite libre m’a laissé d’excellents souvenirs: de l’accueil d’abord, sans chichis, avec un aspect maison de famille mais aussi par l’intérêt du lieu et de ses abords. Merci à Guizmo pour ce reportage qui reflète très bien l’endroit et l’ambiance.
Axelle
11 janvier 2024 @ 08:41
Quelle magnifique château ! Entretenir un tel site doit être compliqué financièrement.
BHJ
11 janvier 2024 @ 08:51
Merci à Guizmo.
Très intéressant et jolie découverte.
Benoite
11 janvier 2024 @ 09:08
Superbe voyage en cette belle terre de Bourgogne. Photos et récits palpitants de savoir-faire, de familles anciennes qui se succèdent dans des lieux chargés de souvenirs et d’Histoire. La poterie est un Art de patience, de doigté et de main experte, on peut tout envisager en poterie. La beauté y est toujours présente, et les articles se déclinent en toutes fantaisies de choix.. de matières aussi, et la décoration y est ce que l’on connait bien « la cerise sur le pot » sur le gateau…;)
les photos du château sont magnifiques. Merci Guizmo de nous faire partager vos beaux voyages.
Il y a beaucoup en France et ailleurs aussi, des weeks ends consacrés aux Artisans de Poterie, ils sont t rès suivis, car c’est gratuit généralement, (le circuit de visite) j’en connais un qui m’a beaucoup plu celui de Uzech-les Oules (LOT)
sa Majesté la reine Margrethe y venait y faire une belle visite l’été en Aout. et des achats aussi.. j’en ai parlé aussi sur NR.
les grès sont parmi les plus admirés, et leurs aspects « rustiques » plaisent beaucoup.
plume
11 janvier 2024 @ 09:34
Tout est beau. On imagine très bien l’assèchement des douves par la couleur des pierres. C’est la 1ère observation que j’ai eue en voyant les 1ères photos.
Pascal Hervé
11 janvier 2024 @ 09:54
Un pigeonnier de château typique avec l’échelle tournante pour aller visiter les boulins dont le nombre reflète en principe la superficie du domaine (mais cela est contesté).
J’aime beaucoup ces poteries, dommage que ce soit un peu loin .
Faire de la poterie culinaire est une excellente idée.
Arielle
11 janvier 2024 @ 09:57
Très intéressant chapitre. Merci.
Perlaine
11 janvier 2024 @ 10:22
Merci Guizmo pour cette découverte , vraiment intéressante . Magnifique le pigeonnier .
Passiflore
11 janvier 2024 @ 10:29
Merci, Guizmo, vous nous donnez vraiment envie de visiter ce château et, même, d’acheter quelques grès.
Alice
11 janvier 2024 @ 10:38
Magnifique château! Merci pour ce très interessant article. J’aime bien ces découvertes qui donnent envie de visiter.
Trianon
11 janvier 2024 @ 11:44
Merci Guizmo.
Quelle merveille ce château !
Brigitte Anne
11 janvier 2024 @ 14:10
Magnifique château. Merci beaucoup pour ce reportage qui nous le fait connaître 😀
Danielle
11 janvier 2024 @ 15:58
Merci Guizmo de me faire visiter ce château dont j’entends parler depuis longtemps.
Le pigeonnier est très beau.
Catherine
11 janvier 2024 @ 19:49
Beau. Bonne idée l’atelier.
Helix
12 janvier 2024 @ 17:58
Magnifique château ,un peu à l’écart . Rustique mais vraiment très harmonieux .Pigeonnier exceptionnel et accueil charmant.
Jean Pierre
13 janvier 2024 @ 07:28
C’est le pays de Colette.
Hervé J. VOLTO
13 janvier 2024 @ 18:31
D’accord avec Cosmo.
Très bel article, très interessant. Merci à Guizmo de nous permettre de découvrir ce grand et beau château et sa superbe production de grès.
A visiter, pour ma part…