Situé sur la commune de Sandaucourt, dans le département des Vosges, en région Lorraine, de style Renaissance, le Château de Sandaucourt a été bâti entre 1549 et 1553 certainement par la famille de Beauvau.
Les Beauvau sont seigneurs de Sandaucourt. A la mort de Claude en 1553, le château passe en indivision à ses deux gendres Claude De Reinach et Jean de Damas. Claude de Reinach est un personnage important. Il est chambellan du duc de Lorraine Charles III et sénéchal du Barois. Cette indivision dure jusqu’en 1715.
On le surnomme château des Dames car longtemps il a été transmis par des héritières. La plus célèbre est sans nul doute l’héroïne de guerre amazone Madame de Saint-Baslemont.
Alberte Barbe d’Ernecourt est née en 1607 à Neuville-en-Verdunois, terre de l’évêché de Verdun, donc française. Toutefois, son père est chambellan du duc de Lorraine.
Elle est mariée en 1624 avec Jacob de Haraucourt. Ce dernier tient par sa mère les terres et le château de Saint-Baslemont et de Sandaucourt et il encourage son épouse dans ses goûts équestres, la perfectionnant même dans le maniement des armes.
Lorsqu’éclate en 1632 la guerre entre la France et la Lorraine, Alberte Barbe sert Louis XIII alors que son époux s’engage dans l’autre camp. Jacob de Haraucourt décède en 1644 au milieu des troupes du duc de Lorraine qui avaient établi leur camp près de Düren afin de combattre les Hessois alliés de la France. De son côté, plus de quinze ans après, le 22 mai 1660, Alberte Barbe meurt à Neuville-en-Verdunois.
À la mort de son mari, elle avait prononcé un vœu définitif de chasteté. En matière de morale publique, elle fait appliquer en ses domaines des peines diverses ; certaines frappent les commerces ouverts le dimanche pendant la messe, les blasphémateurs, les prêtres vivant en concubinage qu’elle chasse de leur église.
Barbe porte plus généralement l’esprit de la Contre-réforme. Dans une Lorraine ravagée par la Guerre de Trente ans, elle organise la défense de ses terres et de ses gens.
Avant d’être un château de plaisance à l’ordonnance classique, c’est d’abord un édifice de structure défensive comme en témoignent son plan carré et ses quatre tours rondes équipées de meurtrières à toiture à poivrière.
Au XVIIIème siècle un grand personnage, le cardinal de Retz rend périodiquement visite aux coseigneurs de Sandaucourt Louis des Armoises et Jean-Nicolas Fulligny-Damas qui sont ses amis. Sa présence y est avérée notamment le 3 novembre 1672 pour le baptême de son filleul Jean-François Paul de Fulligny-Damas.
En 1770 le château est vendu à François de Saint-Ligier, maréchal de camp au service du roi Louis XV. C’est à lui que nous devons le perron du château, le comblement des douves, l’agrandissement des fenêtres et l’édification des deux annexes encadrant la grille d’entrée.
Saint-Ligier est l’époux d’Agnès de Bry D’Artois, ancienne dame de compagnie de Marie Leszczynska épouse de Louis XV et fille de Stanislas.
Quand éclate la Révolution, Saint-Ligier émigre abandonnant sa famille à Sandaucourt. Après les événements et par mariage le château passe aux Scitivaux De Greische. Désormais, de larges fenêtres hautes scandent la façade principale et on distingue un balcon en ferronnerie ouvragé au-dessus du portail d’entrée.
En 1931, le château est acheté par la société Paul Couillard qui y installe une fromagerie qui fonctionnera jusqu’en 1969, date à laquelle le château devient un foyer pour travailleurs émigrés travaillant à l’usine Manuest (Manufacture de l’est de la France).
En 1976 les époux Kirch rachètent les lieux et commencent à les restaurer et surtout à les remeubler. En 2000 le docteur Kirch veut donner le monument au Musée Lorrain qui le refuse. Il est finalement acheté par le couple Cognet qui a entrepris d’importants travaux de rénovation.
Le château de Sandaucourt présente un état de conservation remarquable au milieu du village. Il est précédé par deux bâtiments. Celui de droite dit chapelle ou salle des colonnes avec ses colonnes monolithiques présente un musée des habits sacerdotaux qui rappellent les fastes des cérémonies célébrées avant Vatican II. Celui de gauche était la résidence habituelle du docteur Kirch. La vaste ferme du château est devenue un centre de production de miel.
Le rez-de-chaussée du château se visite en saison. Un beau couloir au dallage original noir et blanc conduit dans les différentes pièces de réception : salon de musique, salle de jeux, bureau. Une pièce a gardé son immense cheminée Renaissance, d’autres ont reçu des décors plus classiques avec des petites chemines XVIIIe et des boiseries. Un charmant oratoire se trouve dans une des tours. Un magnifique escalier mène à l’étage.
Le château abrite aussi une belle collection de véhicules Panhard et Levassor visitable durant la saison estivale. Dans le parc se trouve la tombe de Madame Kirch.
Il fait l’objet d’une inscription et d’un classement aux titres des monuments historiques depuis 1980. (merci à Guizmo)
Pistounette
1 septembre 2021 @ 05:53
Reportage très intéressant. Merci Guizmo
Brigitte - Anne
1 septembre 2021 @ 06:37
Merci beaucoup Guizmo. Votre description des lieux si vivante donne le sentiment d être à vos côtés.
Zulma
1 septembre 2021 @ 07:31
Les propriétaires actuels sont des gens absolument charmants.
Vitabel
1 septembre 2021 @ 08:30
Merci Guizmo.
Trianon
1 septembre 2021 @ 09:33
Merci Guizmo, l’architecture ressemble beaucoup à celle du château de Tumejus, ( également dans la région )appartenant à de vieux amis du reste .
Pourtant celui de Tumejus est du XV,mais remanié XVI.( si je ne dis pas de bêtises ).
Merci pour vos articles .
DEB
1 septembre 2021 @ 09:48
Une découverte grâce à vous Guizmo.
JAusten
1 septembre 2021 @ 09:54
Oh coquet ! suffisamment grand pour héberger la famille et des amis en villégiature, mais de taille correcte pour les travaux (et les finances nécessaires) qui ne manquent pas d’y avoir, un petit parc pour frolicker tous ensemble … j’aime beaucoup (à part la météo de là-haut). Merci pour ce reportage rafraichissant
Pascal
1 septembre 2021 @ 10:30
Je trouve à ce château un aspect « authentique » , « humain » , « habité » , des proportions agréables qui me le font paraître très sympathique .
Ciboulette
1 septembre 2021 @ 10:37
Ah ! Guizmo , que vous me faites plaisir de présenter ce joli château pas très loin de chez moi ! Lui aussi a connu bien des propriétaires et bien des mésaventures , mais heureusement , il existe des mécènes qui réparent dans l’esprit de l’époque .
L’intérieur aussi est attrayant .
Quant au club Panhard et Levassor , il est actif dans les Vosges et j’ai bien connu son président .Mais le club continue , avec succès !
Merci , Guizmo .
Caroline
1 septembre 2021 @ 11:50
Je pense que c’ est un joli château ‘ rustique ‘ !
Pascal
1 septembre 2021 @ 17:07
Oui vous avez trouvé le mot juste , c’est cette rusticité , toute relative au sens moderne mais plutôt dans son sens ancien qui fait son charme !
Lutèce
1 septembre 2021 @ 12:06
Très joli château, qui m’a donné envie d’en savoir plus sur l’amazone de Louis XIII ! Merci Guizmo
Danielle
1 septembre 2021 @ 12:57
Félicitations aux époux Kirch pour la restauration et le remeublement de ce château.
La France possède des pépites qu’il faut absolument conserver.
Merci Guizmo.
Aldona
1 septembre 2021 @ 13:29
Très joli château, merci pour cette visite
Mayg
1 septembre 2021 @ 13:43
Merci à Guizmo pour ce reportage.