Après son remariage en 1900 avec le prince Elmer Lonyay de Nagy-Lonya et Vasaros Nameny, la princesse Stéphanie de Belgique, veuve de l’archiduc héritier Rodolphe d’Autriche, s’installe au château d’Oroszvar.
Le château a été construit dans les années 1750 par le comte Zichy puis transformé dans les années 1840 par le comte Emmanuel Zichy-Ferraris dans le style Tudor. Il fut hérité par le comte Félix Zichy et son épouse la comtesse Emilie Reichenbach. En 1872, le domaine fut vendu au comte Hugo Henckel von Donnersmarck. C’est dans le cadre de cette succession que le comte Elmer (titré ensuite prince) acheta le château en 1906.
Acquis dans un état qui nécessitait des travaux de rénovation, la princesse Stéphanie et son époux veillent à y créer un foyer chaleureux et digne de leur rang. Comme rapporté par les témoignages de leurs proches, l’étiquette était de mise au château d’Oroszvar. Née princesse de Belgique et ayant vécu à la cour impériale, la princesse aimait le décorum et menait un train de vie princier dans tous les sens du terme.
A l’intérieur, un imposant escalier de marbre, stuc et or conduit aux étages. Au niveau de la décoration : des portraits de la reine Victoria d’Angleterre, de l’impératrice Charlotte du Mexique, des vitrines remplies d’argenterie, des meubles florentins, des différents salons décorés selon des thèmes comme le salon turc, le salon rouge recouvert de tapis précieux et de nombreux vases contenant de gros bouquets de fleurs, des peaux de bête, de nombreuses fresques murales et des cheminées monumentales.
Le bâtiment est entouré par un vaste domaine allant jusqu’au Danube. Des chasses y sont organisées chaque année. L’archiduc François Ferdinand et son épouse Sophie aiment y séjourner car cette dernière y est toujours traitée avec beaucoup d’égard par la princesse Stéphanie. En 1919, le domaine se verra amputé d’une partie de ses forêts.
Entre deux voyages, le couple y réside de longues périodes, principalement entre mai et octobre et ce jusqu’à la Deuxième Guerre Mondiale. Agés le prince Elmer et la princesse Stéphanie, décident de ne pas quitter Oroszvar.
Ils voient ainsi à l’automne 1944 s’installer l’état-major des SS de Budapest, qui réquisitionne une grande partie du château et s’empare de documents d’archives de la princesse dont des lettres de l’archiduc Rodolphe. Puis en mars 1945, les troupes soviétiques leur succèdent.
Déjà très affaiblie, la princesse est alitée lorsque les soldats soviétiques viennent inspecter un jour le château. Elle cache sous ses draps deux fillettes du village. L’un des soldats demande à regarder également le lit et découvre avec surprise les deux fillettes transies de peur. Il quittera la pièce sans les inquiéter.
Suite à cette épisode qui terrifia la princesse (elle se signait sans arrêt lors de cette inspection de sa chambre), le couple parvient à trouver refuge à l’abbaye de Pannonhalma où la princesse Stéphanie s’éteint le 23 août 1945.
Le prince Elmer fera rapatrier tout ce qui reste encore au château d’Orozsvar (meubles, tableaux, vaisselles, archives,…) à l’abbaye de Pannonhalma. C’est dans la crypte de l’abbaye que le couple est enterré.
Depuis 1906, date à laquelle la princesse Stéphanie et le prince Elmer de Lonyay s’y établissent, le château va connaître des bouleversements de territoire. Tout d’abord sur sol austro-hongrois, puis hongrois, puis en 1947 sur territoire de la Tchécoslovaquie et aujourd’hui slovaque. Le château de Oroszvar (nom de la localité en langue hongroise) est aujourd’hui appelé « Rusovce Mansion » (nom du lieu en slovaque). Rusovce Mansion est située près de Bratislava et de la frontière hongroise. Il n’est pas accessible au public et a abrité (ou abrite encore ?) le collectif populaire artistique slovaque. (Source : « Stéphanie, princesse héritière dans l’ombre de Mayerling », Irmgard Schiel, Racine, Collection « Les racines de l’Histoire », réedition de 1998, 381 p. )
JAusten
1 septembre 2009 @ 06:21
et bien voilà un joli château doté d’une très belle histoire.
Il me semble que la princesse Stéphanie était plus heureuse avec son second mari.
Jean I
1 septembre 2009 @ 07:32
Merci pour cet article qui nous fait découvrir une partie (moins connue en ce qui me concerne) de la vie de Stéphanie de Belgique.
pierre-jean
1 septembre 2009 @ 07:58
Histoire vraiment très intéressante, ce château a l’air d’être immense, et la description de son intérieur donne envie de le visiter, dommage que ce ne soit pas possible; la fille de Léopold II n’a pas du être heureuse avec son premier mari en effet.
Sophie
1 septembre 2009 @ 08:17
Merci de nous faire découvrir ce château et la vie enfin heureuse de la princesse Stéphanie après son remariage
DANIELLE
1 septembre 2009 @ 08:27
Quelle histoire, tant pour le château que pour la princesse Stéphanie et les deux fillettes !
La rénovation avait été très réussie, dommage que s’ensuive une triste période.
Charlotte
1 septembre 2009 @ 08:31
Comme j’aurais aimé voir ce château à l’intérieur au temps où la princesse y vivait. La description donnée laisse imaginer un superbe décor très « Mittle Europa ».
Où se trouve l’abbaye de Pannonhalma aujourd’hui? En Slovaquie ou en Hongrie ? Peut-on la visiter et donc voir les tombes de la princesse Stéphanie et de son époux ?
Anne D
1 septembre 2009 @ 08:48
Pauvre femme, en plus rejetée par sa famille à cause de son second mariage !
Anais
1 septembre 2009 @ 10:46
A Charlotte
Voici un lien vers l’abbaye de Pannonhalma située en Hongrie et où sont enterrés la princesse Stéphanie et son époux
http://www.bences.hu/en/foapatsag
Des visites sont organisées mais je n’ai pas lu sur le site d’infos à propos des tombes de la princesse et de son époux
Hélène
1 septembre 2009 @ 10:48
La princesse Stéphanie ne pouvait plus avoir d’enfants,
après Elisabeth, cela n’a pas arranger son couple avec
Rodolphe.
Celui-ci lui avait transmis une maladie vénérienne ,cause de sa stérilité.
Actarus
1 septembre 2009 @ 10:56
Je croyais qu’il n’était que comte. Cf. les mémoires posthumes de Stéphanie de Belgique : »Je devais être impératrice », signés Stéphanie de Belgique, comtesse de Lonyay.
http://fr.wikipedia.org/wiki/St%C3%A9phanie_de_Belgique
Isabella
1 septembre 2009 @ 11:50
Quel bel endroit!
Mais pourquoi les héritiers de la princesse ne réclament-ils pas la restitution de ce bien?Ou peut-être l’ont-ils fait sans avoir encore rien obtenu?
pierre-jean
1 septembre 2009 @ 11:50
Merci Anais, c’est un monastère bénédictin d’ailleurs.
Régine
1 septembre 2009 @ 12:13
A Actarus,
Lors de son mariage avec Stéphanie, Elmer de Lonyay était comte. Il a ensuite été titré prince.
Anais
1 septembre 2009 @ 12:46
J’ai oublié de préciser que l’abbaye de Pannonhalma avait été classée par l’UNESCO
Caroline
1 septembre 2009 @ 14:28
Chere Regine,a cette epoque,ce chateau etat-il situe en Hongrie? si oui,si cette princesse avait cache ces deux fillettes dans son lit,etaient-elles des juives echappees du ghetto de Budapest? Avaient-elles eu la vie sauve grace a cette princesse,j’aimerais bien savoir si elle a recu une medaille posthume de ‘juste parmi les nations’ dans le monde juif comme la mere du prince d’Angleterre,mari de la reine Elizabeth II.
schoreisz
24 août 2017 @ 09:21
Bonjour
Ma mère etait une de ces fillettes. Elle m a raconté la scène. Elle était l enfant illégitime. Elle n était pas juive. Hélas rien ne peut plus prouver sa décendance.
AC
4 juillet 2020 @ 16:33
Elle était la fille illégitime de qui ? De Stéphanie ? Impossible ! Elle avait 81 ans quand elle est morte, peu de temps après l’arrivée des russes.
Elisabeth
3 juillet 2023 @ 09:19
bonjour,
elle est née en 1930 à Oroswar, ma grand mère avait fauté avec le Prince Elmer, c’est son père qui le lui a appris quand elle avait 30 ans.
elle a été elevé à la cour, m’a parlé de l’arrivée des russes.
Puis sa famille a fui, quand la gestapo venait les chercher .
Elle nous a raconté et nous ne l’avons pas cru.
Lire l’histoire de ce chateau me fait penser à elle , qui nous a quitté en 2015. Soit en paix ma princesse !
Vous avez vous avez du sang bleu les schoreisz,par votre grand mère Elisabeth née en 1931, à Orosvar appelé ensuite Rusovce .
Jocelyne
1 septembre 2009 @ 15:14
Reportage très intéressant, mais dommage que l’on ne puisse visiter le chateau et la propriété.
C’est vrai que l’archiduchesse n’a pas eu une belle vie au départ mais ce second mariage a tout changé.
pierre-jean
1 septembre 2009 @ 15:29
Caroline, en lisant le texte mit en ligne par Régine, vous vous rendrez compte que le château était en territoire hongrois jusqu’en 1947.
Charlanges
1 septembre 2009 @ 16:53
Une très bonne biographie de l’archiduchesse puisée aux meilleures sources a été publiée par Irmgard Schiel aux éditions Duculot en 1989 sous le titre « Stéphanie princesse héritière à l’ombre de Mayerling ». Elle aboutit indéniablement à une réhabilitation de la veuve de Rodolphe qui fut aussi calomniée qu’incomprise mais à laquelle François-Joseph puis l’empereur Charles manifestèrent toujours beaucoup d’affection. Le comte puis prince Lonyay qui eut toujours une attitude impeccable et sa femme allèrent assez souvent visiter l’impératrice Zita en exil à Lequeito puis à Steenockerzeel
Pour répondre à Caroline, les deux petites jeunes filles cachées dans le lit de Stéphanie étaient des enfants du village que l’arrivée des russes avaient affolées.
schoreisz
24 août 2017 @ 09:27
Ma mère était une de ces fillettes, elle s appelait Elisabeth, Herzebeth en hongrois..comment savez vous qu elles ont eu peur des russes?..c est en effet vrai..les russes violaient les jeunes filles..
Ma mère m a raconté cette scène.
Caroline
1 septembre 2009 @ 18:02
@Pierre-Jean,je vous remercie pour votre petite remarque,mais,je voulais savoir si ce chateau etait situe’ bien’ en territoire hongrois car il etait deja place sous la domination de plusieurs gouvernements etrangers ,specialement a l’interieur de Buda-Pest.
Caroline
1 septembre 2009 @ 18:03
@Charlanges,bien merci pour votre renseignement!
Colette C
1 septembre 2009 @ 18:31
Merci pour toutes ces précisions sur ce château : je suis passionnée par les Habsbourg, et j’ai lu la plupart des livres parus sur Mayerling, et je suis persuadée que ce n’était pas un double suicide, mais un assassinat.
cisca
2 septembre 2009 @ 19:24
le prince Elmer aviat-il des descendants directs ? Qui pourrait pretendre à la propriete du chateau aujourd’hui ?
schoreisz
24 août 2017 @ 09:39
Ma mère est descendante illégitime de ce comte. Mes grands parents étaient fomedtique ai chateau. Maman a eu 5 enfants, 7 petits enfants. Nous avons du sang bleu..sans pouvoir le prouver hélas.
Charlanges
2 septembre 2009 @ 20:56
Cisca, selon l’ouvrage d’Irmgard Schiele que j’ai déjà mentionné, la princesse Stéphanie qui n’entretenait plus aucun rapport avec sa fille « l’archiduchesse rouge » et qui était sans postérité de son mariage avec le prince Lonyay était financièrement gênée en 1944 (la rente versée par l’état autrichien avait été très dépréciée après 1918, le domaine d’Oroszvar avait beaucoup rapetissé après le premier remembrement de la Hongrie et les revenus confortables qu’elle touchait de Belgique étaient taris depuis 1940). En 1944, elle fit un testament au profit de l’ordre des Bénédictins auquel elle léguait ses biens immobiliers « à charge de régler les dettes et de contenter les héritiers ». La prise de pouvoir par les communistes et l’étatisation qui s’ensuivit réduisirent à néant les efforts de modernisation du domaine qu’avaient entrepris les moines qui en avaient pris la direction du vivant de Stéphanie. Après le décès de sa femme, le prince Lonyay qui avait 83 ans et qui ne lui survécut qu’une année parvint à faire rapatrier à l’abbaye de Pannonhalma les archives, la bibliothèque, les tableaux et quelques meubles d’Oroszvar (qui n’est plus qu’une coquille vide). Ils y sont toujours
AC
4 juillet 2020 @ 16:40
Stephanie n’a pas tout donné aux bénédictions. Par contre, ils n’ont pas rendu ce qui ne leur était pas destiné !
Caroline
2 septembre 2009 @ 23:25
@Charlanges,je ne peux pas resister a mon envie de vous demander comment vous etes bien savant pour etre toujours au courant de tout ce qui se passe dans le monde du Gotha!Etes-vous historien ou journaliste ou membre du Gotha?
Colette C.
3 septembre 2009 @ 18:58
Pour Cisca (22), je ne sais pas si l’époux de Stéphanie a des descendants, en tout cas ils n’ont pas eu d’enfants.Par contre, la fille de Rodolphe de Habsbourg
et de Stéphanie de Belgique,l’archiduchesse Elisabeth-Marie a une descendance par son premier mariage avec le prince Otto zu Windisch-Graetz .
petitjean
8 novembre 2010 @ 14:53
bonjour,
Stepahanie a déshérité sa fille Elisabeth-marie car celle-ci avait divorcé ( eh oui!) et ne s’entendait plus avec elle car elle etait social-democrate (un comble pour son rang- archiduchesse). De plus Elisbeth-Marie a egalement fait don de beaucoup de ses biens a l’Autriche afin que ceux-ci restent dans son pays.
Vous pouvez lire : L’Archiduchesse rouge.
lizzie van Nieuwenhuyse
27 mai 2013 @ 22:23
Pour la personne qui demandait où se trouvait Oroszvar:
Oroszvar se trouve actuellement en Slovaquie, autrefois partie de l’Autriche-Hongrie, et Pannonhalma se trouve en Hongrie au sud de Bratislava.
Merci, merci à Charlanges pour tout ce qu’il nous a transmis de ses connaissances.
Juliette
5 septembre 2016 @ 20:57
Article très intéressant, que je découvre ce jour, à l’occasion de la parution d’un article consacré à l’archiduchesse Elisabeth-Marie d’Autriche, fille de la princesse Stéphanie de Belgique et de l’archiduc Rodolphe d’Autriche.
En revanche la localisation de l’abbaye de Pannonhalma n’est pas très claire: l’article nous dit qu’il est proche de Bratislava (capitale de la Slovaquie, indépendante de l’ex Tchécoslovaquie depuis 1993). Le dernier intervenant a donc du commettre une erreur en le situant en Hongrie. Les modifications successives des frontières au cours du XXe siècle doivent expliquer la confusion. L’abbaye était en Hongrie en 1945, mais plus après, puisque son territoire a été rétréci.
kohller
5 octobre 2019 @ 19:22
L’abbaye de Pannonhalma est bien située en Hongrie, cela se vérifie sur tous les guide sur la Hongrie. Je l’ai visitée, elle est surtout réputée pour sa superbe bibliothèque . A l’époque je n’avais pas souvenir que les tombes de Stéphanie et de son mari étaient à l’abbaye. Après la première guerre mondiale les nouvelles frontières de la Hongrie ont été fixées arbitrairement sans prendre en compte les populations d’origine hongroise, c’est pour cela que de nombreux hongrois se sont retrouvés notamment en Tchechoslovaquie devenue pour partie la Slovaquie aujourd’hui et que l’on appelait auparavant la Haute Hongrie mais cela est un autre problème important qui perdure toujours aujourd’hui.